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Chapitre 20


C’était donc un échec total pour le côté gestion de l’effort. Toutefois, l’objectif fut rempli, convaincre la liche que sa magie n’était pas fonctionnelle pour le moment. Et pourquoi tout cela ? Déjà parce que j’étais très loin d’avoir le niveau de maîtrise pour me mesurer à une liche en face à face. Et si je n’avais pas bloqué chacun de ses sorts, elle aurait poursuivi l’assaut jusqu’à la complète déroute de notre petite armée à grand renfort de maléfices de destruction massive à l’instar de tremblement de terre ou pluie d’éclairs. Considérant la distance nous séparant, si j’avais essayé une attaque directe comme pour avec les rois-squelette, elle aurait eu tout le temps du monde de voir les projectiles arriver sur elle, assez pour esquiver, ou juste d’utiliser les milliers de corps lui servant d’escortes comme bouclier. Aucun bénéfice à anéantir même des centaines de zombies si au final je ratais la cible principale avant de m’effondrer de fatigue. Pire, j’aurais ainsi signalé ma présence trop tôt, et sachant ceci, elle aurait agi en connaissance. Là, nous avions encore espoir de la voir commettre des imprudences, ce qui me laisserait une ouverture pour frapper. La première étape étant donc de protéger notre armée de la magie ennemie sans me montrer. Objectif accompli.

Désormais, soit elle lançait un assaut et acceptait les pertes dues à nos pièges, il faudrait alors moins d’une heure aux zombies pour arriver à portée de notre palissade de bois.

Soit elle poursuivait le jeu de la guérilla, pour tenter de limiter les dégâts, tout en tolérant le fait que nous détruisions autant que faire se peut les petits groupes de démineurs malgré eux qu’elle envoyait en éclaireur. Dans ce cas-là, on pouvait espérer voir un nouveau jour se lever. En plus, j’avais besoin de ce temps pour récupérer. Un besoin impératif. Inutile sinon d’engager le second round du combat magique, je m’effondrerais presque d’entrée de jeu.

Mais peut-être aurait-elle d’ici là compris que j’étais la responsable derrière l’échec de ses sorts. Peu probable, mais sait-on jamais ? Du moins, à défaut d’avoir des certitudes, elle pourrait avoir des suspicions et se montrer méfiante. Et si… Peut-être que… Je commençais à tourner en boucle. Il était grand temps que j’arrête de réfléchir sur du vent.

Elle décida de jouer le jeu de la guérilla et j’en soupirai d’aise.


***


Deux heures après l’aube, tous nos hommes étaient désormais dans notre fortin. Une simple palissade de troncs, percée d’une porte. Toujours mieux que rien et sûrement bien plus efficace au final que nos pièges à idiots de l’extérieur. La liche n’avait pas chômé. Une quantité invraisemblable de zombies s’étaient efforcés de combler tous nos fossés et de détruire chacun de nos traquenards sur le chemin qu’empruntait l’armée de monstres. Et ce, pendant que des groupes d’éclaireurs chassaient nos guérilleros et servaient de démineurs malgré eux. Il n’y avait désormais plus aucun obstacle entre la force ennemie et nous même si ce n’est notre palissade construite à la va-vite. Soudainement, la liche se lança dans l’incantation d’un sort. Presque prise par surprise, je fus à deux doigts de rater mon contre-sort, mais là encore, la magie se dispersa avant de prendre effet. J’imaginais bien l’état mental de mon adversaire devant ce phénomène persistant, surtout pour quelqu’un qui avait dédié sa vie entière à l’étude de ce pouvoir qui subitement faisait la sourde oreille.

Abaissant son bâton, la liche lança finalement sa force à l’assaut. Les premiers zombies, une fois au pied du mur, se positionnèrent pour que ceux derrière puissent escalader leur corps afin de monter plus haut. Les suivants venant s’amalgamer peu à peu chacun servant de rouage à l’ouvrage, fabriquant une rampe d’accès morte-vivante qui servait de cibles à nos arbaletriers.

Les quelques squelettes encore opérationnels entreprirent d’ouvrir une brèche dans la palissade avec leur arme de récupération. Pendant ce temps, du haut de notre petite muraille, nos gars utilisaient leurs hallebardes et autres piques pour repousser les zombies arrivant à leur portée. Cela pouvait durer des heures. Toutefois au fur et à mesure que la « rampe » deviendrait plus praticable et large, malgré leur lenteur, de plus en plus de monstres pourraient atteindre les défenseurs en même temps, prêt au combat, plutôt que d’être frappé en pleine escalade finale.

J’étais sûr aussi que la liche avait lancé la construction d’une sape passant sous la palissade. Ça serait plus long que la rampe, mais si un assaut direct devait échouer, ce n’était pas les moyens ni l’effectif qui lui manquaient pour pénétrer nos défenses. Il s’agissait surtout d’une histoire de temps. Ce n’était pas une bataille dont nous pouvions sortir victorieux, à moins de réussir à tuer cette créature.

Depuis ma tour de guet, je l’observais presque sans ciller, je ne voulais pas rater un seul de ses mouvements, juste au cas où elle se mettrait à relancer des sorts. Pour le moment, je patientais, il fallait qu’elle approche encore un peu plus, histoire d’accroitre les chances de la détruire par une attaque-surprise dévastatrice. À la distance actuelle, c’était peine perdue. Toujours la même rengaine, attendre la circonstance idéale. Elle devait avancer, si elle souhaitait conserver un tant soit peu de contrôle aussi fin que celui de l’équilibre pour la montagne de monstres constituant la rampe d’accès, elle était obligée d’approcher.

Je me faisais donc toute petite, seule désormais en haut de ma tour. Pourquoi abandonner un poste de tir ou les arbalétriers pourraient s’en donner à cœur joie ? Parce que cela ferait de cette tour une cible évidente pour la liche qui serait vraiment tentée d’y lâcher une boule de feu. Ce qui me forcerait à intervenir et autrement dit, me faire tuer pour des broutilles.

Le combat se poursuivait, et le déploiement de force que la liche lançait contre nous devenait ridicule. Je veux dire, sa rampe d’accès zombie mesurait présentement une cinquantaine de mètres de long, pire, la pente en était très douce pour faciliter la grimpette aux monstres. Chaque minute passée, la liche la rendait de plus en plus large et toujours plus de morts-vivants pouvaient ainsi attaquer en même temps, titubant dans la rampe. Ça en devenait grotesque, une prouesse architecturale macabre. En parallèle, au niveau du sol, une dizaine de squelettes continuaient inlassablement de frapper les troncs d’arbre de leurs petites épées rouillées. Avec de la chance et si leurs armes ne se brisaient pas d’ici là, ils devraient percer d’ici à quelques jours… autrement dit, jamais vu la situation actuelle. Il y avait probablement d’autres attaques en cours hors de notre champ de vision, ce qui expliquait sans doute pourquoi elle n’avait pas fait encercler notre camp et se contentait de mener l’assaut de front. À moins qu’elle ne soit totalement confiante dans sa victoire, ou se moque de nous voir tenter de fuir.

La situation devenant intenable, nos soldats abandonnèrent le chemin de ronde du haut de la palissade aux abords de la rampe zombie pour se regrouper en une longue ligne au centre de l’enceinte. Formant le mur et verrouillant les boucliers, crampons et barre de renforts en position.

Depuis le chemin de ronde désormais sans défenseurs, les monstres se jetèrent simplement dans le vide. Certains ne s’en relevèrent pas, mais les autres, aussitôt, entreprirent de constituer une nouvelle rampe inversée à l’intérieur de notre camp de fortune. Ridicule !

Évidemment, le capitaine n’allait pas les laisser faire en tout impunité. Quelques escouades de fantassins soutenues par nos hallebardiers s’avancèrent pour s’occuper des morts-vivants qui bougeaient encore, mais la pluie de corps constante sur un large cercle fournissait toujours plus de cibles en nombre sans cesse plus important. S’en fut rapidement au point que les hommes durent reculer vers notre ligne pour regagner les rangs avant de se voir submergés, ne pouvant, au final, empêcher les zombies de construire leur ouvrage.

En contrebas, à l’extérieur, la liche approchait du début de la rampe et entreprit de l’emprunter, grimpant lentement en même temps qu’un flot continu de monstres. Je ne perdais pas le moindre de ses gestes. Observatrice attentive, rongeant mon frein, c’est que je n’aurais pas de seconde chance.

À l’intérieur, la rampe était désormais suffisamment formée et solide pour que les zombies roulent et culbutent tout du long sans trop de dégâts. La vitesse acquise les propulsait presque jusqu’au mur de bouclier où ils étaient rapidement éliminés, mais la situation n’allait pas tarder à devenir bien plus dangereuse pour les soldats.

La liche allait sous peu atteindre le sommet de l’édifice mort-vivant, à sa place, j’essayerais alors de lancer un sort de zone sur la masse ennemie, devrais-je laisser passer son sort et attaquer en même qu’elle ? Ou bien la contrer puis enchaîner ?

J’avais fait défiler encore et encore le fil des événements de notre premier affrontement, tentant t’en tirer le plus d’enseignements possible. Mais je n’étais pas confiante quant au résultat. Surtout que même si j’arrivais à la contrer correctement une seconde fois, je ne tiendrais pas sur la durée. Je craignais aussi à juste titre qu’elle puisse contrer ma boule de feu si je devais m’en servir contre elle, c’était un tel classique… Et si je lui lançais un super projectile magique, aurait-elle le temps de se protéger derrière ses troupes ? Et sinon, cela suffirait-il à l’abattre ? Pouvais-je en enchaîner deux dans mon état ? Avait-elle vu mon intervention pour tuer les rois squelettes ? me tendait-elle un piège pour me faire sortir de ma cachette ? Les questions et remarques se bousculaient dans ma tête et la panique était pas loin à ce rythme-là, je la sentais monter. Stop !

« Dieux, vous m’avez pourri la vie à répétition depuis ma naissance, pour une fois, faites les choses bien ! »

La liche arriva au fait de la rampe, plongeant son regard vers nos troupes. Sans réfléchir plus avant, j’entamais une incantation. Lentement, elle leva les bras, brandissant son bâton vers les cieux, débutant elle aussi une incantation magique. Soudain, elle fixa son attention dans ma direction tout en continuant de s’agiter, n’interrompant pas son sort. Trop tard ! Elle ne put rien faire pour esquiver ma boule de feu.

L’explosion l’envoya voler un peu plus loin, brisant son sort alors que les zombies calcinés s’effondraient tout autour d’elle en même temps qu’un bon morceau de la rampe vivante.

La déflagration ignée fut aussitôt suivie d’un flash lumineux intense et il n’y eut plus que du blanc, dérobant le monde de toute espèce de repère.

« Aerende Demensum ! »

S’il devait exister une seule raison pour laquelle les gens ordinaires ne supportaient pas la présence des mages, cela tiendrait dans ses deux mots. Aerende Demensum, ce qui, en vieille langue locale, était vaguement traduisible par quelque chose ressemblant à « l’errance des fous », l’obstination des imbéciles à vouloir l’impossible et devant au final en payer le prix. Un phénomène somme toute assez rare désormais (il est loin l’époque de la découverte de la magie il y a de ça des millénaires), mais potentiellement cataclysmique, résultant de l’activation anormale d’un sortilège lacunaire.

Il ne se passe rien, la plupart du temps, du fait des protections dont je vous parlais il y a peu. Mais parfois, parfois, une liste d’instructions claire et viable par elle même reste compréhensible dans le charabia d’un schéma mental incomplet suivant l’interruption d’une incantation. Ça peut arriver aussi, en cas d’incompétence manifeste typique des novices. Majoritairement, par un effet statistique, l’impact est bénin, dangereux car imprévisible, mais rien de catastrophique pour les environs. Mais parfois, parfois, exceptionnellement, le monde en tombe sur la tête. On pourrait alors parler d’échec critique. Parmi la quasi-infinité des événements possibles, déjà filtrés pour avoir un lien même ténu avec le sort initial ayant raté, il a encore fallu que la malchance s’acharne pour sortir le phénomène le plus improbable ayant des retombés massives sur ce qui vous entoure.

J’en ai été témoin plus d’une fois, je l’ai vécu aussi avec terreur, la dernière en date étant pendant mon bourrage de crâne avec Yreen à la Guilde. La bourde qui me valut de copier mon petit texte ad aeternam.

Peu à peu, l’univers reprit des couleurs et je recouvrais mes sens, comme si une marée lumineuse inhibitrice qu’on pourrait saisir physiquement à pleine main se retirait graduellement pour regagner son point d’origine. Je pus alors me rendre compte que j’étais toujours sur ma plate forme, les yeux mi-clos, éblouie. Je clignais furieusement des yeux, cherchant ma cible. pas de cratère gigantesque, pas de ciel sanglants ou hordes de démons hurlant.Je vis des soldats, les zombies, rien ne semblait avoir changé, pas de trou dans la fabrique même du monde, juste un flash lumineux alors ? Mais où donc était cette fichue liche aussi ?

« Là ! »

Au pied de la rampe, à l’intérieur de l’enceinte, elle semblait sonnée. Je validais ma cible et terminais le schéma mental de mon sort suivant, qui prit effet dans l’instant, lâchant un projectile magique supérieur à la tête du sorcier ennemi. La nuée de sphères bleutées traversa en un instant la distance nous séparant et le corps de la liche tressauta sous les impacts.

Je vis trouble, manquais de peu rendre mon absence de déjeuner, éructant dans le vide. Dans un brouillard sanglant, je la vis pointer son bâton vers moi, ayant survécu. Je glissais comme dans un rêve vers le bord de la plate-forme avant de me laisser tomber.

Je devinais plus qu’autre chose sa boule de feu percuter la construction dans mon dos, puis l’explosion venant me souffler comme une brindille. Insensible, c’est à peine si je ressentis la vague de chaleur alors que je restais fixée sur la liche qui fut soudainement frappée par une multitude de carreaux d’arbalète. Tellement que c’était à croire que l’intégralité de nos tirailleurs l’avait prise pour cible. En un instant, la palissade derrière elle, la terre autour d’elle puis elle même, tout fut recouvert de projectiles mortels. Je la vis tomber en poussière et l’instant suivant, j’embrassais le sol. J’eus une dernière pensée avant de sombrer.

« Presque… »



Entracte




Nouveau réveil sous un plafond… sous une toile inconnue. Si j’en croyais les grincements et le fait que je me sentais ballotée en tout sens, je devais être dans un chariot. Des vagues de douleurs et nausées m’assaillaient à chaque tremblement de l’engin. Pas moyen de pratiquer un auto-examen sur moi-même. Cette fois, rien ne semblait répondre lorsque j’essayais de bouger et j’eus plutôt l’impression d’aggraver ma situation plus qu’autre chose à m’agiter ainsi.

Lâchant un soupir, je cessais de lutter et me laissais retomber dans l’inconscience avant que mon cerveau ne passe en mode panique.

Beaucoup de flous dans les jours qui suivirent, sinon qu’à chaque fois que j’émergeais, la douleur persistante me signalait que j’étais vraiment au plus mal. Avec le temps, je compris que je recevais régulièrement quelques soins magiques mineurs qui devaient me maintenir en vie.


Le chirurgien et son aide ne quittaient pas mon chevet, j’avais l’air d’être leur patiente préférée.

Le toubib ne me disait rien, toutefois l’assistant me révéla que lorsqu’ils trouvèrent mon corps, une fois que l’armée put prendre le dessus sur les zombies dans le camp, il y en avait deux qui se taillaient un steak sur ma cuisse pendant qu’un troisième me trifouillait les tripes. J’aurais préféré ne pas savoir. L’infection s’était mise dans les plaies et avait failli de peu me tuer en plus du reste. J’avais récolté tellement de fractures dans ma chute qu’ils avaient arrêté de compter au bout d’un moment.

Ce qui me fait penser, certains imaginent sans doute qu’avec la magie, pour soigner une blessure, c’est comme si vous remontiez le temps en arrière, d’avant le traumatisme, et pop, vous voilà tout guéri façon «il ne c’est rien passé». Certes, des sorts comme ça qui vous rafistolent intégralement de pied en tête quelque soit votre état, ça existe, mais on parle là d’arcane majeur de très haut niveau au point que les prêtres utilisent le terme d’interventions divines ou de miracle. Mais ce sont des exceptions, alors que cette croyance que le moindre sort de soin réalise des prodiges est au contraire très répandue. Ce qui me fait penser qu’un jour je devrais vous parler du pourquoi les mages ne peuvent pas se servir de sorts de soin et pourquoi cet office est abandonné à la magie divine ou j’en ai déjà parlé ? mais je vais oublier ce que je voulais dire si je digresse à ce point. Alors je passe !

Maintenant, imaginez que vous vous brisiez la jambe, le truc moche là, avec l’os qui est visible et tout avec un angle de fracture dans les quatre-vingt-dix degrés. D’après vous et suite à ce que je viens de dire. Essayez de visualiser ce qui arrivera si on lance un sort de soin classique sur ce genre de blessure.
Si vous avez en tête quelque chose de très dégueulasse comme la chair qui se referme et l’os qui se ressoude, mais toujours à un angle totalement aberrant, alors vous avez tout bon. Ouep, vraiment ! Très moche. Surtout lorsqu’il faudra tout trancher et briser pour y remettre de l’ordre.

Merci les dieux, le chirurgien se chargea de me reconstituer plus ou moins tout en supervisant les soins normaux comme magique me concernant afin que je guérisse correctement et ne finisse pas toute tordue. Certes, j’aurais alors eu le corps allant avec ma tête de monstre, mais bon, à choisir je préférerais éviter hein.

Au passage, il semblerait que j’ai à nouveau accumulé pas mal de dettes. La bataille gagnée et les blessés critiques capables de voyager, moi-même étant en tête de cette liste, la seconde armée s’était divisée en deux, une partie poursuivant la patrouille, pendant que l’autre moitié filait avec les blessées, droit sur la Guilde même si le Roc était plus prêt. Cette fois, l’affrontement fut plutôt rude, et la Guilde avait et de loin les meilleurs hôpitaux et capacité d’accueil. Pour nous permettre d’arriver à destination, là encore, j’étais en tête de liste, les gars s’étaient plus ou moins tous cotisés pour rassembler tous les soins magiques, potions et autres antidotes qu’ils possédaient à eux tous. Cela faisait en quelque sorte chaud au cœur. Évidemment, tous n’eurent pas forcément le caractère à partager, mais après une si belle victoire, personne ne voulait voir la gloire se ternir par des pertes additionnelles s’ils pouvaient l’éviter. Alors la majorité de ce tas commun parti avec nous et tout le monde fut maintenue en vie jusqu’à destination.

J’ai cru comprendre que l’affrontement s’était terminé de manière très compliquée, bloquée à l’intérieur du camp, et ne pouvant difficilement en sortir, l’armée avait dû batailler pied à pied pour éliminer les monstres un à un, sans pouvoir utiliser l’ensemble des tactiques usuelles. Malgré la perte de la liche, l’écroulement de la rampe et les zombies redevenus stupides, le combat dura plusieurs jours. Dieux merci, je fus récupérée une fois que l’ennemi à l’intérieur de l’enceinte fut anéanti, avant que la palissade ne s’effondre sous la masse ou que les piles de corps n’atteignent de tel sommet qu’elles dépassaient et de loin, la hauteur de la palissade d’origine.

Malgré tout, les morts-vivants furent détruits, sans que les renforts du Roc se montrent, le tout avec moins d’une trentaine de pertes dans notre camp. Un véritable exploit dont j’étais vraisemblablement la cause. Il semblerait qu’on m’ait attribué le statut d’héroïne pendant que je comatais sur une civière. Je ne savais trop que penser à ce sujet. Surtout que si l’on ajoutait les blessés graves aux morts, il n’y avait plus de quoi se réjouir. J’ai un vague souvenir d’avoir entendu dire qu’une armée est considérée comme anéantie après trente pour cent de pertes. Quelque chose dans ce goût-là. Évidemment, ils parlaient là des morts, mais bon. En prenant les chiffres des soldats hors combat, nous serions alors dans cette catégorie.

Les jours se succédèrent sans fin. Je terminais mon voyage dans un hopmili (comprendre un hôpital militaire) dans la partie ouest de la guilde. Quelqu’un du tirer quelques ficelles puisque j’eus droit à la visite du haut prêtre de la dame d’argent, la déesse de magie. Avec lui, suivait toute une procession de cléricaux en robes qui envahirent la grande salle de l’hopmili le temps de pratiquer un rituel sacré qui dura des heures. Évidemment, j’en étais la cible. Le sort qu’ils lancèrent alors était justement un de ses arcanes majeurs associés au terme de miracle. Après quoi, j’aurais pu me lever et aurais pu entreprendre un marathon sans souci, si ce n’est que la magie n’effaçait pas la fatigue ni les traumas liés à l’esprit, elle se contentait du côté physique de la chose. Les clercs en profitèrent pour soigner aussi tous les blessés présents dans la grande salle, certainement en vue de prosélytisme, bien qu’il s’agissait pour les autres de sorts plus classiques.

Quand tous furent repartis dans leur temple, je restais là sur mon lit, encore un peu hébétée par les événements, alors que mes voisins de chambrée retenaient à grand-peine leur plaisir au vu de ce « don » inespéré. Une partie de ma tête, quelque part, se demandait d’une petite voix qui venait de payer pour tout ça et combien de siècles il allait cette fois me falloir pour tout rembourser si c’était pour ma pomme.

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