Une semaine plus tard, je trainais derrière moi quarante de nos gars, dix de chaque compagnie de mon bataillon. Je devais rejoindre le lieutenant Tierfeuille au camp de la cinquième pour une réunion d’information. Visiblement, certains de ses hommes avaient eu un accrochage avec une patrouille ducale. Autrement dit, on leur avait tendu une embuscade gratuite pour passer le temps. À moi de voir avec Tierfeuille le meilleur moyen de régler le problème. À cause de cet incident, toute l’armée était quasiment à l’arrêt, ce qui n’allait pas arranger nos difficultés d’intendance.
Il nous fallut un peu plus d’une demi-journée pour trouver le camp du lieutenant qui me confirma la situation avec bien plus de détails. Je reçus aussi mes ordres, rallier la septième compagnie, puis avec elle, faire la jonction avec la huitième, probablement la cible suivante de l’ennemi, puis dans un délai raisonnable, reprendre la marche une fois la sécurité du parcours restaurée. J’avais déjà des doutes face au capitaine quand il m’avait confié cette mission, mais là, ça en devenait évident. Surtout en y ajoutant la mine contrite de Tierfeuille, et son regard scrutateur, vérifiant si j’avais bien compris ou il voulait en venir avec ses allusions et son énorme non-dit.
Sans attendre, nous reprîmes la route, pour plusieurs heures plus tard, opérer la jonction avec la septième qui se préparait à passer la nuit sur place. Je nous fis lever le camp, malgré les protestations de tout ce beau monde, pour gagner la position de la huitième compagnie, normalement la plus proche de la frontière avec le duché.
Quand nous arrivâmes au milieu de la nuit, ils étaient prêts au combat, mais visiblement pas encore assez. Qu’est-ce qui me fait dire ça ? C’était simple, j’avais laissé les soldats en arrière avant de m’inviter dans le camp à grand renfort de sons assourdissants et lumières magiques, un vrai feu d’artifice. Et la réponse en retour me sembla bien molle. Autant nos gars excellaient dans la lutte contre les morts-vivants, mais quand il s’agissait de la magie ou d’affronter d’autres hommes, manifestement, ils étaient plus que novice. En même temps, j’essayais en vain de faire taire une petite voix qui me soufflait aux oreilles que je n’avais pas vraiment plus d’expérience qu’eux en la matière.
Et donc, après avoir paniqué tout le monde, repoussé quelques carreaux d’arbalètes d’un bouclier puis jeté à terre à l’aide d’un vent cinglant les premiers soldats qui cherchèrent à m’embrocher sur leur épée. Je pus enfin me présenter au chef de la huitième, à peine sorti du lit et toujours en vêtements de nuit. Il mit bien trop longtemps, vraiment trop, à comprendre ce qui venait de se passer et à voir sa mine, il m’en voulait visiblement beaucoup pour ce coup de hum, éclat. Avais-je besoin d’autant d’actions et de parader ainsi ? Il faut croire que oui.
Deux heures plus tard de tête à tête avec les responsables des sept et huitième compagnie, j'eux au bout du compte l’entièreté de l’histoire. Cela pouvait se résumer en une attaque-surprise nocturne, de plusieurs volées de carreaux d’arbalète bien ciblées qui mirent aussitôt hors de combat quasi toutes les sentinelles ainsi que les premiers de nos gars à intervenir, tirés de leurs sommeils en urgence. Une force de probablement dix à vingt hommes qui avaient contourné la huitième pour frapper la septième, plus éloignée de la frontière et donc se sentant plus en sécurité. Leurs tâches accomplies, ils avaient pris la fuite.
Malgré les protestations et la fatigue, j’ordonnais à tout ce beau monde de faire marche dans l’instant vers l’ouest, jusqu’à être en vue du mur limitrophe avec le duché, puis de monter un camp fortifié. Ils devraient se préparer à combattre en attendant mon retour. La petite troupe ennemie était peut-être toujours dans les environs, et pouvait encore frapper s’ils estimaient leurs défenses laxistes. Sans parler du nid de frelons où j’allais donner de grands coups de bâtons. Mais plus vraisemblablement, si j’avais bien compris le mode de fonctionnement de ces gens, ils devaient être en train de fêter leur victoire et n’avaient pas trainé de notre côté de la frontière.
Je m’excusais mentalement auprès de mes hommes qui avaient déjà marché toute la journée sans interruption et qui repartaient pour un bout de chemin en pleine nuit. Mais on ne pouvait pas perdre plus de temps ici. Je pris bien avant tout le monde la direction de l’ouest, lançant ma monture au petit trot. Je laissais derrière mon groupe d’escortes dont le rôle était autant de renflouer les pertes que de remonter le moral. Ils avaient reçu leurs ordres, à moi d’exécuter les miens.
L’aube pointait à peine à l’horizon que j’arrivais en vue du mur frontalier.
J'abandonnais là ma jument. Après l’avoir bichonnée un peu et remerciée pour ses efforts, je poursuivis mon chemin à pied, m’enveloppant d’une magie de camouflage pour me fondre dans le décor. Je possédais aussi un sort d’invisibilité qui aurait été plus efficace. Mais « invisibilité » est un sort à durée limitée quand « camouflage » peut être maintenu en permanence tant que le mage se concentre pour prolonger l’effet actif.
Une fois au pied du mur, je constatais avec maints détails que ce mot était trop usurpé puisque je pus l’escalader en quelques mouvements et sans forcer. Il s’agissait en fait surtout d’une construction avec les matériaux du bord, prévue pour faire deux fois la taille d’un homme. Rien qui ne puisse réellement aider en cas de véritable assaut, mais bien assez pour empêcher le passage des zombies et monstres ou animaux sauvages.
Régulièrement placées pour être en limite de portée visuelle les unes des autres, le mur était renforcé de tours de guet pouvant aussi servir de tours d’alerte. Chaque structure devait avoir une petite garnison d’hommes dont la tâche était de patrouiller le long de la frontière. Et si je ne me trompais pas, l’une d’elles devait présentement fêter sa soi-disant grandiose victoire de la veille.
Maintenant, j’allais pouvoir effectuer ma mission, la véritable. Pas celle des mots prononcés, mais celle sous-jacente, de la posture, des attentes, transmise par un regard. Du genre, qu’un capitaine de l’armée royal ne pouvait pas donner, car il ne lui appartenait pas d’attaquer ou non un pays voisin, même hostile, même en représailles. Surtout qu’il existait des sorts de détection du mensonge pour découvrir le vrai du faux si la situation devait salement dégénérer.
Sauf que je ne suis pas du royaume, juste une mercenaire engagée et ça permettait bien des choses dans le cadre du déni plausible. C’est pour une raison identique que mon escorte était restée en arrière. Ainsi tout le monde pourra jurer ne pas avoir participé. En bref, j’allais venger nos morts, titiller comme une folle le nid de frelons et profiter du chaos pour réaliser le plus de dégâts possible avant de filer. J'espérais occuper l'ennemi suffisamment longtemps pour qu'il en oublie d'entraver notre marche. Ne me sentais-je pas un peu seule pour la tâche ? D’un certain point de vue, sans doute, et oui c’était risqué, mais assurément pas plus que chasser le zombie. Qui plus est, l’adversaire ne me paraissait guère plus intelligent.
En plus, j’étais plus que curieuse de voir ces hommes, capables de faire l’autruche devant la mort elle-même. De ce que j’avais compris, seule l’élite du duché s’acharnait à se garantir une après vie à leur envergure en cajolant des divinités de sinistre augure. Pour le reste de la population, le quotidien n’était que servitude et certitude d’un trépas horrible. Mais pour les gardes, pivot de ce système ? Que gagnaient-ils eux ? Sexe et alcool ? Ça ne devait pas être très commun ici sur la frontière. Alors pourquoi ? Sachant qu’une fois le royaume vaincu, ce sera leur tour d’affronter leur fin sans aucun espoir de victoire, et ce, tout en étant méprisé par leurs dirigeants. Pourtant, ils restaient là, et se permettaient en outre d’affaiblir sciemment ceux qui luttaient à leur place. Réellement, je ne comprenais pas. Qu’était-ce ? Un suicide de masse lucide ?
Toute la question désormais était de savoir si j’allais frapper les mêmes personnes qui avaient lancé ce raid contre nous ou non. Serais-je assez chanceuse pour tomber sur eux du premier coup ou non ? Vu la position des camps, l’ennemi provenait vraisemblablement d’une des trois tours les plus proches. Si je visais juste, tant mieux, mais sinon, accepterais-je le risque de me diriger sur le suivant ? D’accumuler encore de la fatigue, d’augmenter le danger pour les hommes qui attendaient mon signal ? À quoi reconnaîtrais-je le bon groupe une fois qu’ils auraient terminé leur beuverie et se seraient remis au travail normalement ? Espionner leur propos prendrait sans doute trop de temps. Une partie de mon esprit s’interrogeait ainsi pendant que je progressais.
J’avais escaladé le mur sur une position relativement voisine d’une des tours de garde. À mesure que j’approchais du camp, je tentais de ralentir un peu l’allure de ma marche, histoire de renforcer l’efficacité du sort de camouflage en supprimant les mouvements trop vifs que la magie peinait à compenser.
Le campement était habité, j’apercevais de la fumée s’échapper des baraquements. Pour autant, rien ne bougeait. La matinée était déjà bien entamée. Je devrais être en train d’observer des gars s’activer de partout à préparer leur équipement pour les patrouilles. Sortir des provisions du garde-manger pour nourrir tout ce monde, tourner en rond en haut de la tour à surveiller les environs ou simplement vaquer à leurs corvées quotidiennes. Toutefois, je n’avais personne en vue. Feraient-ils la grasse matinée ? Ou était-ce un lendemain de beuverie ? Ou juste un manque pathologique d’enthousiasme à accomplir leur tâche ? Toujours est-il que je n’aurais pas meilleures occasions.
Sautant au sol, j’avançais dorénavant à l’ombre du mur au petit pas de course. J’avais encore trois cents mètres à parcourir. Bientôt deux cents. Toujours aucun mouvement. Surveillant sans cesse les environs, je mettais au point mon plan d’action.
J’avais les fortifications sur ma gauche, la prochaine tour de guet était à quelque chose comme une centaine de mètres désormais. En face, un bâtiment d’où ne s’échappait aucune fumée. Vraisemblablement, un dépôt de fournitures. À l’équerre sur sa droite, ce qui me semblait être les baraquements de la troupe de gardes. Plus loin toujours sur la droite, un vague enclos à chevaux contenant quelques vieilles carnes visiblement négligées par leurs maîtres. Partout, des détritus divers de forme indéfinissables jonchaient le sol.
L’ensemble m'apparaissait miteux au possible, des bâtiments sans ouvertures, ni fenêtres sinon de vilaines portes branlantes, fabriqués avec les moyens du bord, tout comme le mur voisin. Je pouvais presque imaginer les courants d’air glacés s’infiltrer au travers des planches disjointes en hiver, et les toits de laisser entrer l’eau par seaux entiers en cas de pluie.
Je ralentis sur les derniers mètres pour éviter d’être trop bruyante dans mes déplacements, puis ouvris tranquillement la porte du baraquement, y pénétrant comme si c’était la chose la plus naturelle du monde.
L’intérieur était pire que ce que je pouvais avoir en tête. Des paillasses à même le sol où les soldats étaient étendus, dans toutes les positions, ils dormaient habillés, vêtus d’une espèce d’uniforme grossier, trop peu possédaient une sorte de couverture criblée de trous plus ou moins importants.
Pas d’armes en vue.
Sans réfléchir plus avant, je lâchais mentalement un sort que je nommais "lance-flamme". Le même en fait que j’avais utilisé contre le tas de zombies, mais sans décorum cette fois. Me contentant d’incendier les lieux et ses habitants en commençant par les plus éloignés de moi dans la pièce.
Je relançais le sort, ciblant ce coup-ci les paillasses plus proches de la porte alors que s’éveillaient les premiers soldats ennemis. En sortant du baraquement, je balayais l’entrée d’un troisième "lance-flamme" pendant que les premiers hurlements retentissaient dans le bâtiment. Je claquais la porte dans mon dos, et dus m’y reprendre à deux fois, avec l’aide d’un sort de force, pour déplacer un baril à moitié vide, vraisemblablement la récupération de l’eau de pluie des toits, pour bloquer l'ouverture.
Puis je reculais, faisant la sourde oreille aux cris et vociférations ininterrompus alors que les flammes envahissaient l’intérieur du baraquement. Il y eut des coups contre la porte qui vola partiellement en éclat suivi d’un de mes projectiles magiques qui vint cueillir l’homme tentant de s’extirper de l’enfer dans son dos. Il finit la tête dans le baril, mort. Suite à ça, d’autres coups retentirent contre les murs du bâtiment un peu plus loin. Puis il y eut un cri « le baril d’eau ! À la porte ! » qui fut repris en chœur et couvrit presque les hurlements.
Je surveillais tranquillement les quelques survivants, un masque d’indifférence plaqué sur le visage, s’acharnant à dégager le cadavre du baril d’eau. À la suite de quoi, je ne sais pas vraiment ce qu’ils essayèrent d’entreprendre. Toujours est-il qu’ils semblèrent se battre les uns contre les autres pour accéder au précieux liquide pour s’en asperger de deux ou trois gouttes avant d’être repoussés par leurs camarades. Pendant ce temps, derrière eux, les flammes montaient de plus en plus haut, commençant même à se frayer un chemin entre les planches du plafond pour jaillirent vers le ciel matinal. En parallèle, je surveillais aussi les environs, juste au cas où un soldat ou deux aurait passé la nuit ailleurs que sur sa paillasse. En tout cas, j’étais parée à tuer tous ceux qui arriveraient à s'échapper.
Les hommes continuaient de se battre entre eux pour l’eau alors que les hurlements s’éteignaient peu à peu de même que les coups d’un dernier obstiné contre la paroi du bâtiment.
J’observais, prête à intervenir,mais hormis ce premier homme qui avait fini dans le baril, la chose était moins probable de seconde en seconde. Ils étaient bien trop obnubilés par les quelques gouttes qu’ils réussissaient à glaner entre deux bourre-pifs pour penser à s’échapper désormais.
J’estimai que certains auraient pu défoncer les planches des cloisons du baraquement s’ils avaient pu travailler ensemble, mais ils avaient vraisemblablement manqué de temps, ou de volonté après la découverte de l’eau. Faux espoirs conduisant directement à une mort plus lente et douloureuse que celle des simples flammes.
Sadisme ou indifférence de ma part ? Je ne peux pas vraiment me créditer ces titres en fait. Je pensais avant tout à bloquer la porte avec ce qui pouvait me tomber sous la main. Et le baril fut l’objet par évidence, ne serait-ce que par sa taille, plus que son contenu. Ce n’est qu’ensuite et en les voyant agir que j’ai compris à quel point la présence de cette eau pouvait former un piège sadique.
Brûlant à petit feu, humide et fumant par endroit, les soldats continuaient de se frapper, et se repousser, leur nombre diminuant peu à peu alors que, certains, projetés dans le brasier, n’en ressortaient que sous forme de torches humaines hurlantes, aux mouvements imprévisibles. Ils ne furent bientôt plus que deux, penchés autant que possible sur le bidon, se blessant contre les échardes de bois du trou dans la porte. Luttant encore entre eux pour être le premier à y basculer, le dos et les jambes en feu.
Considérant ma tâche presque terminée, je lançais une variante d’un sort de bruit assourdissant, modifiant ledit bruit en un long sifflement, porté par magie, le son se propagerait loin.
J’appelais simplement mon cheval, mais ça eut aussi le mérite de faire s’interrompre les deux soldats à moitié carbonisés. Ils me fixèrent, l’air surpris, comme s’ils sortaient d’un cauchemar.
Je leur fis coucou de la main tout en esquissant un faux sourire alors que de mon autre main jaillissait une volée de projectiles magiques.
« Merci de vous êtes entre-tués pour moi et de m’avoir épargné la besogne »
Sur ces mots, j’avançais vers la réserve, alors que leur corps s’effondrait au sol.
Même au galop, il allait falloir un moment à mon cheval pour arriver jusque là. J’avais donc un peu de temps pour fouiller le camp, voir s’il y avait des choses à récupérer. Au besoin, je pouvais toujours harnacher les carnes de l’enclos et leur faire porter quelques sacs. Je devrais percer un trou dans le mur ensuite, mais ça devrait pouvoir se faire, a priori. Mais examinons déjà le contenu de cette réserve.
Armes rouillées ou fracassées, détritus dans tous les coins, une épaisse couche de poussières sur ce gros tas-là, indiquant que personne n’y avait touché depuis des années. Il y avait en tout cas l’équipement qu’utilisaient les soldats au quotidien. Je fourrais quelques épées dans un sac, puis liais ensemble un faisceau de lances semblant en bon état. Quelques arbalètes rejoignirent les épées, et j’en remplis un second sac qui finit aussi sa course devant la porte avec ses congénères. Plus utiles furent les quatre caisses de munitions pour les arbalètes qui vinrent compléter le reste de mon butin. Si je parvenais à ramener ces caisses, vraisemblablement, à la fin de notre patrouille, elles iraient alimenter les armes d'une place forte sur la frontière où ils affrontaient bien pire que des zombies. On allait devoir inventer une excuse plausible quant à cette "découverte", mais bon, on trouvera bien. Après tout, on pouvait difficilement dire qu'il s'agissait de pillage. En tout cas pas de manière officielle.
De l’autre côté de la réserve, quelques barils contenaient de la viande séchée et si les trois sacs de grains puaient le moisi, ils avaient l'air comestibles. Je n’avais pas vraiment le temps de vérifier en détail de toute manière, nos gars feront le tri plus tard. Je venais d’entendre le baraquement s’effondrer et déjà je sentais la chaleur filtrer au travers des planches et je constatais qu’elles commençaient à fumer légèrement. Quelques étincelles par-ci par-là en prime et bientôt elles aussi s'embraseraient.
À l’aide d’un autre sort de force, je sortis et éloignais du feu mon butin de guerre, m’interrogeant sur le peu de vivres que cela représentait. Il devait y avoir autre chose. Pas moyen qu'ils ne vivent que de grains et viandes séchées, pas à l’année. C’est en allant chercher les vieilles carnes dans leur enclos que j'aperçus le gros potager derrière la réserve ainsi qu’un puits dont l’enceinte de pierre était en partie effondrée.
Bon, d’abord, emmener les chevaux au butin, trouver quelques sacs ou caisses vides en plus avant que tout ne parte en fumée, ramasser trois légumes, percer le mur, attacher tout le monde ensemble, monter en selle, et enfin dormir !
Le plus fatiguant fut, non pas de faire un trou à coup de boule de feu assez imposant pour le passage de ma nouvelle horde, non pas de charger chaque monture avec mon trésor de guerre, mais plutôt de se pencher pour récolter les trois légumes assez mûrs pour ça. Ce qui donnait un rang d'oignons plus un tas de carottes et panais. Et rapidement s’il vous plaît !
Les autres garnisons avaient forcément remarqué la fumée âcre de l'incendie et allaient envoyer des patrouilles, voir reporter l’alerte qui se propagera de tour en tour jusqu’au quartier général du duché. Quoiqu’il en soit, sous peu, le coin allait grouiller d’ennemis, et moi j’étais là à me casser le dos pour ramasser trois carottes.
Toujours est-il que je venais à peine de me mettre en selle que je dormais déjà. Ma jument connaissait le chemin et les autres chevaux suivraient… enfin, j’espérais.