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Chapitre 2

Fox

Un humain.

Je ressasse cette pensée horrifique depuis maintenant deux jours. Deux journées séparées d'une longue nuit où je n'ai pas fermé l'œil car cette créature méprisable se tient trop près de moi. D'innombrables heures tonitruantes durant lesquelles j'ai dû supporter sa présence au prix de revoir mon frère.

Je suis peut être emplie de haine vis à vis des êtres mortels cependant, je ne suis pas idiote pour autant. Il peut réussir à duper qui il veut avec son sort de dissimulation mais pas le Grand Sorcier. Ce dernier devait le savoir, ce qui rend le fait qu'il ai mis son meilleur élément —sans être vaniteuse, je suis tout de même la seule chevalier rouge à avoir ramener vivante deux Pierres Sacrées— avec cette saleté d'humain d'autant plus intriguant.

Ça veut sûrement dire que j'aurais besoin de mon coéquipier, ainsi que de son absence de magie et que je ne peux pas faire bande appart. Je déteste ça. Parce que ce n'était pas dans mes plans. Or, je contrôle tout. Je dois tout contrôler.

Après ce qui doit être le cent douzième regard noir de la journée que je lui jette, l'humain se place devant moi et me bloque la route en soufflant l'air franchement contrarié.

— Qu'est ce qu'il vous prends à la fin ?!

Seulement, je n'en ai rien à carrer de ses états d'âmes —et il devrait en faire la même chose des miens— alors, je le contourne et continue ma route. La bestiole me bloque à nouveau la route comme un toutou en manque d'affection toujours dans les pattes de sa personne préférée. J'inspire profondément en fermant les yeux quelques secondes bien que l'ouïe toujours en alerte. Je souffle ensuite doucement en replongeant mes yeux dans le dangereux océan de l'humain.

— Vous savez, je ne pense pas que vous ayez pu subir un choc à la tête jusqu'à en oublier qu'il ne vaut mieux pas me contrarier alors je vous conseille vivement de dégager de mon chemin.

Il me regarde un instant essayant en vain d'étouffer un rire en mordant sa lèvre inférieure. Les sourcils froncés, j'imagine cent une façons de mettre fin à sa misérable existence qui, on ne va pas se mentir, n'est pas faite pour durer.

— J'aimerais que ce regard me soit privilégié mais il semble être votre regard naturel, se reprend-t-il changeant de sujet, non discrètement.

J'enroule doucement mon doigt autour de la chaîne qu'il porte au cou et joue avec l'acier froid. L'image de feu ardent dans mes mains apparaît dans ma tête et mes yeux restent fixés à ceux de mon coéquipier lorsque sa chaîne prend une teinte orange flamboyante. Ses yeux s'écarquillent d'abord de stupeur, sûrement aussi de frayeur, en voyant la teinte rouge que devaient prendre mes yeux à l'usage de ma magie de feu. Cependant, cette surprise fut vite balayée par la souffrance qu'il ne tardait pas à hurler.

— Putain !! Mais t'es tarée ma parole !

— Dites moi, Côme, pensez vous que c'est un jeu ? Vous trouvez tout ça amusant ?, demandais-je, ignorant ses gémissements de douleur et serrant si fort l'acier ardent dans ma main que ses tentatives de s'en aller furent vaines. Car si c'est le cas, vous feriez mieux de retourner d'où vous venez. Je ne suis pas là pour jouer, j'en ai passé l'âge depuis bien longtemps.

À mes six ans en fait. Quand l'apprentissage du contrôle de mes pouvoirs est passé d'un jeu à une arme contrôlée par mon père à ses propres fins. Je chassa rapidement ses pensées indésirables et les détourna plutôt vers ma rage envers l'humain.

Un sourire satisfait pointait au bout de mes lèvres lorsque je le lâchais enfin. Il recula si rapidement qu'il failli tomber à la renverse, s'emmêlant les jambes. Le jeune homme s'était rattrapé à un arbre environnant et avait aussitôt arraché sa chaîne, la jetant au sol. Les doigts se recroquevillants d'eux mêmes et le regard flou par la montée de larmes dues à la douleur atroce qu'il ressentait et que malgré moi je comprenais, il me maudit entre ses dents.

Malheureusement pour vous, je suis déjà maudite de sang.

T'as perdu la tête ?! Je suis brûlé au dixième degré au moins là ! Je suis ton coéquipier, t'as oublié ?

Que la Védresse me vienne en aide, NON, JE N'AI PAS OUBLIÉ ! Et je ne risque pas de le faire de si tôt..

Si vous m'aviez écouté, on en serait pas là. Et si vous commenciez à me témoigner du respect, vous n'aurez plus à subir ce genre de choses. La suite de votre misérable existence ne tient qu'à vous.

J'avance sans me retourner, ne prenant pas la peine de vérifier s'il me suit ou s'il abandonne, bien qu'intérieurement je priais la Védresse qu'il choisisse la dernière option. Au loin, je repère la chaumière à moitié enterrée que j'espère voir depuis trente six heures de marche. Une fois arrivée sur le porche poussiéreux, mes pas font grincer le vieux bois.

Elle sait qu'on est ici.

Comme pour faire écho à mes pensées, la porte s'ouvre d'un coup sec sur...et bien personne.

Je connais ce coup-là ma belle, tu ne me fais pas peur.

Oh merde.

Lui, en revanche, n'a pas l'air de connaître le personnage qu'on s'apprête à rencontrer, ce qui ne m'étonne point. Les humains meurent bien trop tôt pour pouvoir rencontrer ce genre de créatures démoniaques ou même simplement en entendre parler.

— Entrez mes petits.

Le crâne d'enfant qui sert de poignée de porte nous délivre ce message tout droit ordonné d'Annis. Cette sorcière aime terrifier son public. Je secoue la tête, exaspérée par son cinéma, en poussant un peu plus la porte, ignorant les joyaux tape à l'œil engoncés dedans qui piquent ma paume.

Je jette un rapide coup d'œil par-dessus mon épaule pour voir que l'effet de la mâchoire enfantine qui se décroche presque pour piailler à fait son effet sur l'humain. Ses yeux tant écarquillés qu'ils semblent sortir de leurs orbites tandis qu'une mine horrifiée pâli son visage habituellement assez bronzé.

Je roule des yeux dissimulant mon sourire moqueur en entrant dans la chaumière tant redoutée. Reconnaissant immédiatement la silhouette de jeune fille d'Annis, je m'approche jusqu'à m'arrêter à distance respectable. Elle sait qui je suis et les retombées qui l'attend si elle s'en prend à moi mais je ne suis pas dupe. Cette vieille femme sous sa peau de jeune adolescente est imprévisible, vicieuse créature dénuée de sens moral.

— Que me vaut l'honneur de cette exquise visite ?

Elle passe ses immenses griffes dans ses longs cheveux d'or et les ramène sur son épaule, nous découvrant son dos à la peau bleu granuleuse comme si elle avait été brûlée vive à certains endroits.

Ce que beaucoup d'entre nous avons subi. En effet, les humains ne sont pas les seuls à avoir de mauvais rapport avec les gens semblant comporter des pouvoirs magiques puissants.

— On a vraiment besoin de l'aide d'une...enfant... ?!, s'exclame à voix basse le mortel trop près de mon oreille.

Un frisson de dégoût me parcourt en sentant le souffle de cet humain sur ma peau. Je m'éloigne d'un pas raide après lui avoir flanquer un coup sec dans le ventre avec mon coude qui a eu pour effet de lui couper le souffle. Les humains se fient décidément bien trop aux apparences, tant que c'en est tout bonnement ridicule.

— Je t'entends, mon garçon. Et bien que j'adore la comparaison avec l'enfant, je n'en suis pas un. Toi, en revanche...je parie que tu as la peau assez tendre.

Annis se tourne et se présente alors face à nous, ses yeux entièrement gris détaillent l'homme comme le bout de viande qu'il est pour elle.

— Pas assez jeune pour vous, je vous assure. Vous risquez d'avoir une indigestion, la prévenais-je. Surtout avec celui-ci.

Elle daigne enfin m'accorder de l'attention, ignorant les bougonnements vexés de mon coéquipier à mon commentaire, et s'approche à pas du prédateur qu'elle est pour finalement s'arrêter à deux dizaines de centimètres de moi.

Sauf que moi, je ne suis la proie de personne.

La sorcière enroule une mèche de mes cheveux polaires autour de la griffe de son index et je dois baisser la tête pour la regarder dans les yeux. Le bout de ses autres ongles laisse leur trace sur mon cou.

Je ne bouge pas, ne réagissant pas à la douleur qui émane de ma gorge tailladée en trois traits parallèles. J'entends un hoquet d'horreur à ma droite mais rien ne me perturbe, j'observe la créature devant moi attendant qu'elle m'accorde la voix pour ma demande.

— Parle, jolie candide, concède-t-elle enfin.

— J'aimerais que vous lanciez un sort d'emplacement.

La réaction fusa à ma droite et Côme attrapa mon coude. Son contact me brûla si fort que le tissu de ma chemise blanche prit feu et il retira sa main aussi vite qu'elle était arrivée. D'un regard j'éteignis la flamme tout en me maudissant intérieurement de ne pas avoir pu contrôler ma magie à ce point par deux fois à cause de lui.

— On sait où est ce dont on a besoin Fox. Pourquoi voulez-vous le localiser ?

Son ton et son regard indiquaient clairement ce qu'il voulait vraiment prononcer : "Pourquoi on est venu chez cette folle ?!" Et la manière dont il prononça mon nom de code me fit serrer les dents, je n'imagine pas ce que ça ferait si c'était mon prénom. Je chassais rapidement cette pensée plus qu'irritante.

— Parce que ce n'est pas ça que je veux localiser mais un cadavre.

Il cligna des yeux quatre fois, recula d'un pas, ouvrit la bouche, la ferma, puis se retourna et fit les cents pas. Pendant qu'il passait sa main sur sa mâchoire dénudée ou dans ses cheveux, je me retournais vers notre hôte et précisa :

— Je veux savoir où est le corps de Baile Morvangoff, articulais-je distinctement.

Côme se figea, plus aucun muscle de son corps ne sembla fonctionner et un lourd silence prit place dans la tanière de la dévoreuse d'âmes pures. Cette dernière m'observa, amusée, et un sourire dépravé étira ses lèvres bleu pâle contrastant avec sa peau qui a une teinte de nuit approchante.

— Je suis prête à accepter. En échange de son âme dans un de mes bocaux.

Sur ces mots, elle pointa du doigt mon coéquipier et, comme si elle prévoyait déjà une réponse qui ne lui conviendrait pas, portes et fenêtres se fermèrent toutes en un seul claquement, nous plongeant dans le noir complet.

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