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Prologue

Inspirer lentement,

Retenir son souffle deux légères secondes,

Expirer précautionneusement,

Répéter l'opération pour permettre de ralentir les battements du cœur.

. . .

Inspirer une immense goulée d'air.

Plonger.

Sombrer.

C'est dans l'abysse de cette eau d'ancre que la magie s'éveilla dans ses veines où Le Sang Sacré coulait. Elle ressentait l'écume de sa chaleur se déposer sur chacune de ses cellules. Quand les doigts de la jeune femme la picorèrent, elle su qu'elle était juste là, en elle, l'extension de son âme, son identité. Puis, ses poumons la brûlèrent, la ramenant à cette horrible sensation de lente chute libre. La pression de l'eau appuyait de plus en plus contre son crâne et formait un étau autour de son corps à mesure qu'elle coulait. Les dernières particules d'oxygène dans ses poumons furent consumées, elle se força à ne pas aspirer l'eau et se débattre pour remonter à la surface déjà bien loin au-dessus de sa tête.

L'air. Elle avait besoin de l'air.

C'est tout au fond de ses poumons qu'elle puisa, elle les imaginait se gonfler d'O2 et le recracher, formant une bulle d'air autour d'elle. Mais, quand elle souffla dans l'eau onyx le seul résultat fut que la substance liquide s'infiltra jusqu'au fond de sa gorge. Prise de panique et sûrement par réflexe elle en avala une si grande quantité qu'elle s'étouffait de plus en plus. Bientôt, elle toucherait le fond de ce trou béant au beau milieu de La Forêt Éveillée — peut-être pas en vie. La jeune femme y trouvera alors ce pourquoi elle défiait sa vie chaque jour ou plus précisément une des choses pour lesquelles elle donnerait corps et âme. Tout ce qu'elle désirait était que son frère puisse enfin revivre, respirer à nouveau. Cet espoir s'affaiblit quand sa tête se mit à tourner violemment et qu'elle se sentit partir. La mort tirait de toute ses forces mais rien ne lui arracherait entièrement cet espoir —pas même La Mort en personne. Elle visualisait son frère reprendre sa première respiration depuis des décennies, cette pensée lui redonna une bouffée d'air. Elle pensait que ce n'était qu'au sens figuré jusqu'à ce qu'elle sente parfaitement le fond du plus profond précipice de ce monde juste sous ses pieds. Au début elle n'y croyait pas, puis quand elle tâtonna autour d'elle, elle toucha une paroi invisible. La sensation qu'elle éprouvait au bout de ses doigts était d'une douceur qu'elle n'avait jamais connue auparavant. Elle inspira un grand coup de peur que cet oxygène lui soit de nouveau supprimer des poumons. Sa magie était incontrôlée, elle farfouilla et retourna donc la terre sous ses pieds le plus rapidement possible jusqu'à ce que la peau de ses paumes éprouve une sensation plus glacée encore que l'eau noire dans laquelle elle baignait.

. . .

Les lèvres encore bleues, la peau aussi rêche et froide que les écailles d'un serpent, la jeune chevalière rouge balança La Pierre Sacrée de l'Eau sur la grande table ovale du donjon tout en imprégnant son regard de glace dans celui du Grand Sorcier.

— Je réclame mon dû à présent.

Le silence fut la seule réponse que le Grand Sorcier lui offrit, ses mains gantés —exactement comme celles de la jeune femme— se promenaient sur la surface rigide et rugueuse de la Pierre Sacrée. Il sentait la puissance qui l'animait —c'était certain— pas besoin de voir son visage caché sous son lourd masque pour le savoir. Les doigts de l'homme à l'âge incertain frétillaient d'impatience contre la matière minérale, aussi subtile soit le geste, la jeune femme le remarqua et sûrement presque tous les autres chevaliers rouges présents.
Après ce qui lui sembla une éternité, le Grand Sorcier déposa au creux de sa main ce pour quoi elle avait risqué et presque donné sa vie. La Bague de Renaissance. Son cœur battait la chamade alors qu'elle s'empêchait de sourire car son masque à elle ne cachait pas sa bouche ni ses yeux, les autres chevaliers rouges ont le même —du moins les femmes. La dentelle rouge épaisse sur la plupart de la surface et fine —au point de tirer vers la transparence— aux extrémités la démangeait, surtout quand il faisait trop chaud. Mais cela était nécessaire, c'était le code d'honneur ici : tout chevalier rouge doit être anonyme. La jeune femme remarqua quand elle allait refermer la main sur l'objet qu'il en manquait une partie, une partie vraiment importante. Son souffle s'affaissa dans sa cage thoracique et son cœur semblait battre plus fort contre celle-ci —de rage cette fois.

— Il manque la pierre, il n'y a que l'anneau.

Sa voix était basse pourtant on aurait dit un grondement. Quelques-uns ici frémirent. Elle était la plus ancienne chevalière et avait déjà rapporté deux des cinq Pierres Sacrées ce qui n'avait jamais été accompli avant. Seul un autre individu avait réussi à en ramener une et évidemment on ne connaît pas son identité car un chevalier rouge n'en a pas d'autre que son titre. Le Grand Sorcier émit un faible rire —faible mais effroyable.

— Mauvais compte, il faut, en fait, cinq pierres qui n'en constituent qu'une seule pour compléter l'anneau. On n'a certainement pas la même fin cependant, on a les mêmes moyens, petite.

Cinq... ? En une... ? La chevalière ne mit pas plus longtemps à assembler ces bouts d'information. Il lui fallait un extrait des cinq Pierres Sacrées pour pouvoir revoir sa seule vraie famille.

La Pierre Sacrée du Feu.
La Pierre Sacrée de la Terre.
Ensuite, je te ramènerais petit frère.

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