« Ils croyaient écrire leur propre histoire.
Ils n'étaient que des pions sur l'échiquier d'une couronne ensanglantée.
Une nuit, une valse, un coup de feu...
Désormais, il ne reste que des choix impossibles, des serments empoisonnés, et des rêves aussi dangereux que la réalité. »
***
Leonardo
Le lendemain
Je me suis rué à mon bureau après l'incident qui s'est produit hier soir. Des questions fusent dans mon esprit à mesure que je réfléchis à l'identité de l'inconnu qui a interrompu le bal. Pourquoi semblait-il nous connaitre personnellement, Camilea et moi? Pourquoi a-t-il fait cette promesse à Camilea? Pourquoi a-t-il choisi de venir cette soirée-là ? Pourquoi pas un autre jour? Pour...
— Je suis là! J'ai fait aussi vite que j'ai pu. Qu'est ce qui s'est passé? lance Jason essoufflé.
Dès l'instant ou je me dirigeais vers mon bureau, je l'ai directement appelé pour qu'il puisse m'aider dans mes recherches et à la protection de Camilea. Bien que nous ayons plusieurs gardes du corps au palais, Jason est le seul en qui j'ai confiance pour confier la vie de quelqu'un.
— Ca a été le bal? Me questionne-t-il après avoir repris son souffle.
— Non, justement figure toi qu'au moment de notre valse pour ouvrir le bal, comme le veut la tradition, un inconnu masqué nous a tiré dessus.
Il se tient accroupi par-dessus le fauteuil sur lequel il allait surement s'asseoir, les mains de part et d'autre sur les appuis coude.
— Vous allez bien? Il n'y a pas eu de blessé?
— Non, tout va bien. J'ai directement raccompagné Camilea dans sa chambre.
Je me dirige vers la petite étagère qui contenait du whisky, du rhum et autre alcool. Je bois rarement, voir jamais, ce qui fait que les bouteilles paraissent presque neuf. Je nous sers des verres de Gin tandis que j'observe mon ami du coi de l'œil dans sa réflexion.
— Penses-tu que cette personne aurait un quelconque lien avec Camilea, toi, ou même vous deux?
Il prend le verre que je lui tends et en boit une gorgée. Je l'imite et laisse la sensation de la boisson me piquer la gorge avant de répliquer:
— Justement, c'est que j'essaie de savoir. Je pars pour Madrid ce soir et j...
— Tu pars avec Camilea je suppose?
A peine a-t-il fini de prononcer son prénom que celle-ci apparait en trombe, essoufflée avec une enveloppe dans les mains. Avant de dire quoique ce soit, elle reprend son souffle et se redresse dans sa posture habituelle.
— J'ai trouvé ça sous ma porte en rentrant. explique-t-elle en me tendant l'enveloppe.
Elle part s'asseoir sur mon siège et se sert un Gin.
Vas-y, fait comme chez toi !!!
C'est aussi chez elle maintenant.
— En rentrant, ou est-ce que tu étais?
— Balade avec ta sœur. répond-t-elle du tac au tac
Elle colle ses lèvres sur le bord du récipient et prend une gorgée de sa boisson, avant de continuer:
— On s'est fait poursuivre par un type ayant un tatouage de lotus sur le cou et...
Je laisse tomber mon verre a moitie rempli, qui se brise en plusieurs petits morceaux sur le sol. Les seules personnes que je connaisse et qui ont ce tatouage sont les membres de Black Ashes. Leur chef et moi n'avons jamais été en bon terme parce que selon lui, je serais trop faible et illégitime de recevoir et d'avoir tout ce que j'ai.
— Pourquoi tu ne m'as pas prévenu? Tu sais que vous auriez pu y passer?
— Comme tu le vois Leonardo, je n'ai rien, je suis en vie, alors pas la peine de commencer à me faire la morale, de plus je sais me battre et me défendre.
Elle sait peut-être se battre, se défendre ou je ne sais quoi d'autre mais elle a tout de même mis sa vie ainsi que celle de ma sœur en danger, d'autant plus que le type qui les suivait les aurait surement emmenées de force à leur chef pour me faire chanter.
— On devrait peut-être regarder le contenue de l'enveloppe au lieu de commencer à vous prendre la tête. propose Jason qui n'avait rien dit jusqu'à présent.
Je l'écoute et ouvre l'enveloppe. A l'intérieur, une lettre écrite à la main avec une calligraphie digne des anciens. Jason et Camilea, qui étaient assis jusqu'à présent, viennent chacun se mettre d'un côté de ma personne et commence à lire la lettre.
"À toi, qui as cru voir l'aube avant la nuit,
Il existe des rêves si doux qu'ils en deviennent dangereux.
Tu t'es aventurée là où même les étoiles se cachent, croyant qu'elles t'illumineraient. Mais elles ne font que t'aveugler.
Le pouvoir, chérie, n'est pas ce que l'on t'a fait croire. Il ne danse pas dans les bras d'un prince charmant ni sous le voile d'une couronne scintillante. Il se cache derrière des sourires pleins de fausses promesses, et des poignards ornés d'or.
Tes illusions sont fragiles, mais l'histoire te dévorera, comme elle a dévoré tant d'autres avant toi. Ce que tu cherches n'est pas un rêve, mais un piège parfaitement tissé.
Lorsque le voile de la réalité se soulèvera, tu verras que l'ombre est tout ce que tu as toujours connu. Et, lorsque la dernière lumière s'éteindra, tu sauras que tu as toujours été prisonnière de ce qui semblait t'en libérer.
Respectueusement... ou ce qu'il en reste."
Je relis plusieurs fois la lettre en essayant de trouver un nom, un indice qui me permettrai de savoir de qui elle provenait, mais rien, c'étaient toujours les mêmes mots, les mêmes tournures de phrases. Je suis à la fois intrigué et inquiet à la suite de ma lecture de cette lettre qui s'adresse à coup sûr à Camilea.
— On fait quoi? nous demande Camilea
— Toi, tu restes ici avec Jason, moi je pars pour Madrid.
Je tends la lettre a celui-ci et m'apprête à sortir de la pièce quand je me fais arrêter par la voix de Camilea:
— Excuse-moi mais la situation me concerne aussi donc je ne resterai pas ici, les bras croisés en attendant que tu reviennes ou qu'il m'arrive quelque chose.
—Je suis d'accord avec elle Leonardo, vous êtes tous les deux des cibles d'un ennemi dont nous ne savons rien et encore de quoi il ou elle serait capable.
De leur point de vue, ils n'ont pas totalement tort, d'autant plus que la personne masquée d'hier soir semblait nous connaitre tous les deux. C'est donc à contre cœur que je leur réponds:
— Vous n'avez pas totalement tort, mais si vous venez, vous ne vous faites pas remarquez, c'est compris?
Un sourire apparait sur le visage de mon ami, ainsi que sur celui de Camilea. Mais les deux étaient différents, l'un me disait que j'avais fait le bon choix, l'autre semblait nerveux.
— Faites vos valises, on part ce soir.