Vouloir vivre comme une personne normale a toujours été son désir le plus profond. Son père, Chris Alvez, aussi connu sous le nom de El Fantasma dans le monde de sang et de pouvoir, de guerre et de souffrance, veut à tout prix protéger sa fille du danger du monde extérieur. Depuis la mort de sa femme, Andrea Alvez, Chris s'est renfermé sur lui-même et s'est plongé dans son cartel florissant, oubliant ses enfants: Camilea, Lorenzo et Chase Alvez. Ils ont essayé maintes et maintes fois de ne pas laisser leur père envahir par ses démons mais ils étaient loin, très loin de se douter que c'était déjà le cas...

Je continue de le courser à travers les immenses arbres de la forêt du domaine. Une balle traverse le vent que je réussis à éviter de justesse. Pour répondre à son attaque, je prépare mon arme et lui tire dessus. Le bruit sourd de l'arme qui se déclenche me fait plus de bien que je ne l'aurais pensé. Bien évidemment, il est bien trop rapide et esquive facilement ma balle.

— Pas mal petite sœur, mais je suis et je serai toujours le meilleur à ce jeu-là. Se flatte-t-il

— Ne sois pas si sûr de toi, je suis certaine qu'un jour je réussirai à t'avoir Lorenzo.

Il vient passer ses mains dans mes longs cheveux blancs que j'ai teint l'été dernier pour les ébouriffer. Mon père n'a pas été ravi de me voir avec les cheveux pour contraster avec mes yeux gris, lui qui les déteste.

— Tu sais que je n'aime pas quand tu fais ça avec mes cheveux, donc arrête ou je te tire une balle dans les couilles.

— On sait tous les deux que tu bluffe...

Je le coupe en avançant mon arme en direction de son entre-jambe, sans appuyer sur la gâchette.

On fait moins le malin maintenant.

— C'est bon, du calme, j'en ai besoin pour faire des gosses.

En face de nous, la silhouette de Chase, mon jumeau est en train d'accourir vers nous. J'entends vaguement ce qu'il me dit puisqu'il est encore bien trop loin pour que je puisse le comprendre.

— Papa m'a envoyé vous...il m... i...

Il est tellement essoufflé qu'il n'arrive même pas à prononcer une phrase correctement. Lorenzo et moi, nous nous lançons un regard intrigué mais surtout perdu. Pourquoi notre père voudrait nous parler sans qu'il ne nous ait pas prévenu avant? Chase reprend son souffle dans les quelques minutes qui suivirent avant de reprendre sa lancée:

— Réunion dans son bureau dans 5 minutes. Reprend-il

Sans que je puisse répondre quoi que ce soit, il fait volte-face pour retourner à l'intérieur du domaine.

— Je ne le sens pas du tout là Lorenzo. Pourquoi est-ce qu'il voudrait nous voir dans l'immédiat selon toi?

Il remonte légèrement ses épaules avec nonchalance, il est comme au courant d'une information que je ne détiens pas. Une boule commence à se former dans mon ventre et j'ai aussi du mal à respirer. J'ai comme un mauvais pressentiment concernant la raison de l'appel de mon père et je sens que cette boule n'est pas près de partir.

— On devrait peut-être se dépêcher avant que père ne s'énerve, tu ne penses pas? Me demande-t-il.

Je ne réponds rien et emprunte le même chemin que Chase avait pris tantôt. Moi qui étais d'humeur joyeuse et posée tout à l'heure, et bien, je suis revenue sur terre en un rien de temps. On va dire que c'est l'inconvénient d'être la fille d'un homme politique doublé d'un mafieux. Le bonheur ne dure jamais longtemps ici, encore moins si tu es une femme qui plus est de couleur. Je suis fière de ma couleur de peau, de mes yeux, de mes cheveux, mais les gens me voient plus comme un alien, une machine de guerre à cause de mes capacités, d'un monstre. Mis à part mes frères, personnes ne me considèrent comme leurs semblables.

En arrivant devant les grandes portes en bois lisse du bureau de mon père, je pouvais entendre des voix en train de discuter joyeusement. Après quelques secondes d'hésitation, je pousse la porte, interrompant la discussion.

À l'intérieur de la pièce, mon père est assis sur sa chaise en face de moi, son éternel verre de whisky en main. En face de lui, deux hommes sont assis. L'un d'entre eux a les cheveux gris et l'autre les cheveux noir corbeau. Une fois que mon père m'ait remarqué, celui dont les cheveux sont gris se tourne de moi et me dévisage de la tête aux pieds. Ses yeux d'un sont d'un magnifique bleu azur. Ils ne reflètent aucune émotion, que du vide.

— Camilea, tu es là !!! Messieurs, voici ma fille, Camilea, je te présente... des amis de la famille, Antonio et Leonardo Almeida.

Ce n'est pas la première fois que j'entends ce prénom-là. Les Almeida et ma famille sont des alliées de longues dates.

— Lorenzo, tu pourrais nous laisser quelques minutes?

Il obéit à ce que vient de dire mon père comme un automate. Il me lance un dernier regard avant de quitter la pièce. Après qu'il ait referme la porte derrière lui, mon père m'interpelle et me demande de m'asseoir sur sa chaise parce que, "Tu en auras besoin", avait-il murmurer.

— Comme tu le sais déjà, commence mon père, nos deux familles ont toujours été alliées et ont toujours collaborée ensemble. Comme la tradition le veut, les deux familles, pour perpétuer la tradition, doivent renouveler le contract à chaque 20 ans. C'est pourquoi, Leonardo, dit-il en pointant le type aux cheveux gris, et toi, vous allez vous mariez. annonce-t-il solennellement.

Je reste clouer sur la chaise, sidérée, le front plissé, par ce que mon père vient de m'annoncer. Je n'ai jamais été mise au courant que je devrais, un jour, m'unir avec un inconnu qu'on m'avait choisi comme époux. Je laisse échapper un rire amer, comme pour cacher ma surprise.

— C'est une blague j'espère ?! Une putain de caméra cachée ou un poisson d'avril en mars parce que tout ça ressemble à un foutage de gueule...

Tandis que j'essayais de comprendre ce qui m'arrivait, je pouvais remarquer Leonardo avec un sourire en coin sur le visage avant de se lever de sa chaise et de suivre son père que je n'avais pas remarquer en train de se lever.

— Camilea, tu ne peux pas juste la fermer et accepter ton destin? Grommèle mon père.

— Non justement, tu ne peux pas me choisir un mari qui plus est un parfait inconnu. Je ne lui connais ni père ni mère... Tu as peut-être réussi à formater Lorenzo à ton image, mais crois le ou non, ça n'arrivera jamais avec moi. Spoiler alerte: Bon courage pour me retrouver, vous en aurez besoin.

S'il pensait une seule seconde que j'allais être heureuse ou que j'allais lui obéir, il s'est vraiment trompé sur mon compte.

Je ne lui laisse pas l'occasion de répondre puisque je me lève de sa chaise et me dirige vers ma chambre pour préparer ma valise.

S'il tient tant à ce que j'épouse ce Leonardo, va falloir être persévérant.

⚔️

J'étais en train de fermer ma dernière valise lorsque j'entends des voix discuter non loin de ma porte. Pour mieux entendre et assouvir ma curiosité, je m'approche vers ma porte et l'ouvre légèrement pour voir et entendre les discussions.

— Désolé pour ce petit contre-temps, je peux vous assurer que ma fille sera prête pour le mariage de demain.

Parce qu'en plus la date du mariage était fixée pour demain ?!

La personne avec laquelle mon père discutait n'était pas Leonardo, mais son père. Où est-il? Comme si j'avais la capacite de faire apparaitre les gens, je le vois à quelques mètres, non loin de son père, appuyé contre un mur. Je peux mieux voir sa tenue qui est composée d'une simple chemise noire et un pantalon de la même couleur. A ses pieds, des chaussures de sports.

— Ne vous en fait pas, je vous fais confiance là-dessus... Bon, je ne vais pas rester plus longtemps, à demain pour la cérémonie. le salue-t-il

Il se serre tous les deux la main dans un geste sec et descendent les escaliers. J'allais refermer ma porte quand une main vient m'arrêter et la réouvrir.

— Camilea, on peut discuter, deux minutes. me demande Lorenzo.

Je me décale pour le laisser rentrer, curieuse de savoir ce qu'il avait à me dire.

— J'ai entendu ce que t'as dit, à propos de moi, dans le bureau de papa. Je ne m'en suis pas vraiment rendu compte, mais...

— Avant que tu ne continues, je tiens à dire que je ne suis pas désolée parce que ce que j'ai dit à ton sujet est vrai. Tu agis comme son petit toutou ou son robot à tout faire, S'il te demande d'aller te jeter sous les rails d'un train, tu le ferais Lorenzo et c'est ce qui me fait peur...

Je me tais, songeant à ce que j'allais dire. Il me regarde, les yeux remplis de tristesse. J'ai presque de la peine pour lui mais fallait que je le lui dise. J'aurais peut-être dû le lui dire autrement, avec plus de finesse, mais, parfois, il vaut mieux une vérité amère qu'un doux mensonge.

Il se racle la gorge a plusieurs reprises avant de reprendre là où je l'avais interrompue.

— Tu as sans doute raison, mais, ne fais pas ce que tu t'apprête à faire. implore-t-il

— Je ne peux pas et je ne veux pas épouser une personne que je viens à peine de rencontrer, on n'est pas dans un putain de Disney.

— Et tu comptes aller où? Je te signale que papa a des yeux et des oreilles partout.

Je le sais très bien ça, et c'est pourquoi je m'étais préparée au cas où je voudrais partir sans que personne ne puisse me retrouver, même pas mes frères.

— Ça Lorenzo, tu n'as pas besoin de le savoir.

Je compte bien leur filer du fil à retordre. Là où je vais, personne dans ma famille, encore moins mon père ne m'aurait cherché là-bas: La Jamaïque, me voilà... 

⚘️

Xoxo🩷