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14 - - ÉPILOGUE -
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LeLapinaPlumes

- 6 -

— Eliott, qu’est-ce tu fous ?

— Je… sais pas ?

Mathis se mordilla la lèvre un instant, dévisageant intensément l’étudiant. Puis il effleura sa joue, du dos de la main, et l’attira vers l’intérieur de son appartement en le soutenant par la taille.

— Viens boire un peu d’eau. Assieds-toi.

Eliott se laissa tomber dans le canapé et gloussa avant de se caler dans les coussins.

— J’ai jamais eu quelque chose d’aussi confortable sous moi !

Mathis s’installa près de lui puis se tourna, passant une jambe sous lui pour faire face au brun. Il lui glissa un verre dans la main.

— Content que ça te plaise. Bois un peu.

Eliott vida son verre d’un trait, et l’abandonna sur la table basse. Il resta penché en avant, le visage entre les mains. Mathis posa une paume dans le haut de son dos, vaguement inquiet. Le brun marmonna quelque chose d’inintelligible puis se redressa brusquement.

— Je vais être malade.

Mathis esquissa un sourire, se demandant si le cycle « ramasser Eliott ivre — se faire embrasser — lui tenir les cheveux au-dessus de la cuvette des WC » allait se répéter à chaque fois à laquelle le jeune homme se forcerait à participer à une sortie avec ses camarades. Pourtant, se disait-il en caressant les boucles brunes qu’il maintenait loin de la faïence en ce moment même, la dernière étape peu ragoûtante de la soirée valait le coup, si cela signifiait qu’il pouvait passer un peu de temps avec Eliott une fois de temps en temps.

— Je suis pathétique.

Eliott était assis sur le carrelage froid de la salle de bain, adossé au mur, et s’essuyait la bouche d’un revers de main. Mathis s’accroupit face à lui pour lui tendre un gant d’eau fraîche, et l’étudiant s’en empara fébrilement.

— Tu n’es pas pathétique, tu es ivre. Ça arrive à tout le monde. Tu vas te sentir mieux rapidement maintenant, t’as plus d’alcool dans l’estomac déjà. Tu veux te brosser les dents ?

— Il ne faut pas se brosser les dents quand on vient juste de vomir. L’émail des dents est…

— Je sais, Doc ! Mathis lui sourit, un brin amusé, et le débarrassa du linge humide avant de préciser : mais parfois on a envie de se sentir mieux même si ça fait une entorse à ce que préconise le dentiste, hein.

— Mmh.

— Tu viens ? On sera mieux au salon.

Eliott secoua le nez.

— Vas-y. Je vais rester là encore un peu.

— Bon.

Le boulanger se glissa près de l’étudiant et passa un bras autour de ses épaules pour l’attirer contre lui. Eliott se raidit brièvement, pour finalement se laisser aller et nicher sa tête au creux du cou du blond.

— Je suis pas homo.

— Je sais. Tu l’as déjà dit.

Mathis effleurait du bout des doigts le bras nu du garçon qu’il enlaçait. Il planta un baiser dans les boucles brunes et murmura :

— Arrête juste de réfléchir et repose-toi. Ça va aller.

Il ne cessa pas ses caresses sur l’avant-bras du jeune homme, puisque ce dernier ne le repoussait pas. De la pulpe, il allait du poignet jusqu’au creux du coude. Au retour, ses ongles effleuraient la peau sèche jusqu’à l’os saillant du poignet.

Peu à peu, le souffle d’Eliott devint plus régulier, et plus profond : il dormait. Mathis le souleva, rassemblant les longues jambes osseuses, s’inquiétant une fois encore de le sentir si léger contre lui pour se réjouir la seconde suivante de le voir se blottir contre lui pour ne pas tomber.

C’est le cœur battant un peu trop vite qu’il le déposa dans son lit. Il déboutonna le jean de l’étudiant et remonta la couette sur lui avant de tourner les talons, pour aller finir sa nuit dans son canapé. Mais les longs doigts d’Eliott se refermèrent sur son t-shirt et ce dernier marmonna :

— Est-ce que… tu peux… euh… rester ? Tu sais, au cas où… si je… je me sens pas…

— Chuuut. Dors. Je reste avec toi.

— Mmh.

Dans un demi-sommeil, Eliott se débarrassa de son pantalon et l’aurait laissé en boule dans le lit si Mathis ne s’en était pas emparé pour le plier avec soin sur le tapis, prêt à être enfilé au matin. Le blond saisit une seconde couette dans un placard et éteignit les lumières avant de s’enrouler dedans, abandonnant la sienne à Eliott, qui dormait déjà profondément. Mathis refréna une furieuse envie de caresser les boucles brunes de l’endormi et se tourna de l’autre côté, frileusement emmitouflé dans son édredon. Il soupira de contentement, et ferma les yeux, épuisé par sa trop longue journée. Il espérait bien pouvoir faire une grasse matinée le lendemain. Et avec un peu de chance, ce réveil-ci serait moins… tonitruant.

**

— Pourquoi t’as deux couettes ?

Mathis se frotta un œil de la paume.

— Tu t’demandes de ces trucs au petit jour toi la vache…

Il se redressa lentement, et Eliott glissa d’une couverture à l’autre pour nicher sa tête au creux de son épaule. Mathis l’enlaça sans poser de question, puis il finit par répondre :

— Parce que parfois j’ai froid. Parce que parfois je partage mon lit avec un pote et que c’est plus confortable comme ça. Parce que parfois je ne veux pas terrifier une seconde fois un garçon qui n’est pas gay. Tu prends quoi le matin ?

Il avait fait exprès de parler sur le ton de la banalité et d’enchaîner avec un changement de sujet, mais il sentit Eliott se raidir contre lui, puis s’éloigner. Le jeune homme baissa le nez et lui tourna le dos pour sortir du lit en murmurant :

— Pardon. Je suis désolé. Je suis toujours… je… je vais rentrer.

Mathis le retint par le poignet, et l’attira de nouveau contre lui pour l’enlacer. Curieusement, Eliott ne résista pas. Le boulanger ferma brièvement les yeux, essayant de rassembler ses pensées qui s’éparpillaient dans tous les sens.

— C’est moi. J’ai parlé trop vite. Je… parfois, je n’ai pas de filtre, Eliott, je suis désolé. Je ne voulais pas te mettre mal à l’aise. C’est la vérité cela dit, je ne voulais pas que tu te sentes mal en te réveillant. Par ma faute, c’est loupé.

Eliott secoua la tête contre lui, et une main aux doigts maigres se referma sur le t-shirt du boulanger.

— Non, c’est pas loupé. Et chez moi je bois du café, mais n’importe quoi de chaud et sans sucre me convient.

— Et à manger ?

— Je ne mange jamais le matin. Pas le temps.

Le boulanger tiqua, mais se retint de dire qu’en une heure de bus on avait le temps de manger quelques tartines ou un fruit. La maigreur du corps serré contre le sien l’effrayait, mais l’information qu’il choisit de mémoriser c’est que ce corps se serrait contre le sien. Il s’autorisa encore quelques secondes à en profiter en silence avant de murmurer, le nez dans les boucles brunes :

— J’ai du café, je vais te chercher ça maintenant ?

— Mmmoui merci. Euh… Non, je vais me lever ! Enfin je… je t’ai déjà trop dérangé, je vais rentrer.

Mathis le retint à nouveau, mais cette fois se redressa, quittant le lit :

— J’en ai pour cinq minutes, reste là. J’arrive. Café, sans sucre. C’est noté.

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1 Comment

2 days ago
Je. Fonds.
Argh
C'est vraiment un plaisir de lire ce livre, je suis contente de l'avoir commencé. (Fin, j'avais pas de doutes, mais j'aime beaucoup ce chapitre particulièrement).
Les protagonistes font un pas en avant et deux en arrière, ils se tournent autour, hésitent, se repoussent. Cette évolution en dents de scie, encouragée par les maladresses de l'un et les réticences de l'autre, j'adore.
En plus de ça, Mathis et Elliott ont des défauts. C'est génial, les défauts. Pour Elliott, j'en ai déjà parlé, je ne m'étends pas plus. Mais c'est vraiment chouette que Mathis commette aussi des erreurs. J'avais un peu peur qu'il devienne un protagoniste "parfait", toujours sain, toujours là pour Elliott, qui dit toujours ce qu'il faut exactement au bon moment... Du coup, cette fin de chapitre toute en hésitation et en tâtonnements me fait vraiment chaud au coeur.
"Je suis pas homo.
- Je sais. Tu l'as déjà dit." Ca m'a bien fait rire.
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