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Seocha
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VIII. Un dragon. Un dragon ?!

Asthar

Aëna m'a planté pour la journée. En fait, peut-être même un peu plus. Elle est juste venu me dire, avant son départ dans la nuit, qu'elle avait une mission qui devrait lui prendre un peu plus d'une journée, et m'a dit de courir comme tous les jours au même niveau de la montagne.

Elle a beau me fatiguer, m'énerver et me fasciner, je commence à me rendre compte de mes efforts. Je sens respire mieux malgré l'altitude où se trouvait l'avant-garde, et elle me fait courir plus haut depuis peu. Il faut dire aussi que mes muscles me démangent pour courir. Cela m'étonne car je n'ai jamais eu l'âme d'un sportif. Et pourtant mon corps commence à apprécier cette course quotidienne qui se termine toujours en repoussant une limite, fût-ce un seul pas.

Il n'empêche que je me demande si je peux y aller plus tranquillement ou pas. Je me convaincs de faire le juste nécessaire, assez pour que mon corps se dépense sans aller dans l'excès de fatigue.

Le ciel est merveilleux, ce matin. Le temps est clément et tout me parait tranquille, voir même apaisant, le rythme de mes pas crissant à peine sur la neige fraîche.

Je me surpris à trouver un coin parfait pour m'installer et prendre des notes. J'aime dessiner. L'occasion est rare de pouvoir avoir un tel jeu de lumière, et bien que je sois peu muni en matériel, je garde toujours sur moi mon précieux carnet de notes à la couverture de cuir tressé et un crayon de bois qui y est attaché.
Je m'assieds donc et me mets à croquer la vue. Je me rends compte, entre le soleil, les nuages et les pentes que je suis déjà bien haut dans les montagnes. Ces pics sont reconnus pour leur hauteur qui dépassent les nuages.

J'ignore combien de temps je suis resté ainsi, entre mes notes et mes croquis. Mais juste assez pour que les insectes me prennent pour un joli perchoir. J'avais des fourmis sur mes chaussures, une sorte de libellule sur mon genou et un petit lézard des neiges sur mon épaule. Je soupire, peu surpris de mon état. En soi, comme aucun d'eux ne m'a gêné, je ne les ai pas senti. Il faut dire que la seule chose qui a eu raison de ma concentration est une raideur de la nuque. À force de me pencher, ma tête est devenu trop lourde, et je perçois les prémices de la fin de journée.

Je passe alors une main pour me masser le cou et bouger la tête lorsque j'entends des mots sortant de nulle part.

"Holà ! Faut prévenir avant de bouger, là-dessous!"

La voix résonne dans ma tête, à la même manière que Japnar. Quelque chose dans la voix y ressemble, même, à l'oreille. Je regarde de partout, mais je ne vois rien ni autour, ni au dessus de moi.

" Pour un érudit, tu n'écoutes guère ! Je ne suis pas au dessus dans le ciel, juste au dessus de ta tête !"

C'est là que je remarque une légère ombre qui me fait, d'instinct, passer mes mains sur ma tête pour en chasser la bestiole qui s'y est accroché. Ma tête s'allège alors, laissant planer une sorte de lézard de cuivre qui se pose sur mon genou, d'où la libellule s'est envolé lorsque j'ai commencé à bouger.
De surprise, je sursaute en arrière, obligeant le lézard à se poser sur une grosse pierre sur laquelle je me suis adossé.

Le lézard me dévisage comme si j'étais divertissant. Le vrai lézard qui était sur mon épaule a, quand à lui, disparu à mon premier sursaut. Je regarde alors celui-là, minuscule, mais magnifique. Il ressemble à une sculpture finement ciselé dans le bronze, le poitrail serti d'émeraude. Seuls ses yeux noirs étincelants trahit la vie en lui. Il est magnifique, mais si petit comparé à un dragon que je ne m'étonne pas de ne pas l'avoir senti grimper sur moi.

La créature fait un mouvement de tête, comme pour soupirer d'agacement, et reprit la parole.

"Je sais que je suis petit. Et alors ? Te trouves-tu si grand comparé à tes congénères ? Il me semble que même les femmes Draconistes sont plus grandes que toi.
- Je ne voulais pas me montrer impoli, mais déjà qu'un dragon est surprenant, voir un mini dragon, il y a de quoi se perdre dans ses réactions !
- Heureusement pour toi, je sais ce que je suis. Et au moins, tu ne m'as confondu avec une stupide salamandre, rien que pour ça, je ne te brûlerai pas les cheveux. Alors comme ça, tu es la victime d'Aëna ?
- Je n'oserai pas me montrer irrespectueux envers elle, répondis-je.
- Mais tu n'en penses pas moins. On m'a dit que tu étais si chétif qu'elle perdait patience. Oh non, n'essaye ni de nier ni de la défendre, je connais Aëna. Et toi, j'aimerais bien t'entendre un peu, Asthar de Minthe, enfant de Tohrin Mar.
- Heu, je ne saurais pas quoi dire, vous avez l'air de me connaître déjà assez. Mais moi, je ne connais pas votre nom.
- Laisse tomber le vouvoiement, gamin. Sois aussi franc et naturel avec moi qu'avec tes amis d'enfance. Je ne mâcherai pas mes mots avec toi non plus. Je me nomme Boggan.
- Je me trompe peut-être, mais j'avais remarqué que tous les Draconistes et les Dragons avaient des titres qui complétaient leur nom.
- Oh, oui, exactement. Mais moi, je n'en ai rien à faire. Je suis largement reconnaissable parmi les miens, personne ne peut me mélanger avec un autre, ni dans l'apparence, ni dans le sang, ni dans les faits. D'où ça vient, pour toi, Asthar de Minthe ?
- Je suis né pendant une pluie d'étoiles filantes, ma mère a donc choisit ce prénom. C'était dans la vallée de Minthe, d'où je viens. Chez les érudits, lorsqu'on a fait ses preuves, on revendique le lieu qui nous a vu naître comme nom de famille. Je ne suis pas le seul de Minthe à Tohrin Mar, mais je ne les connais pas pour autant.
- C'est cohérent. Et ta famille de sang alors, comment est-elle ?
- Je l'ignore. Ma mère m'a confié si tôt aux érudits que je ne me souviens presque plus d'elle. A mon souvenir, je n'ai ni frère, ni sœur. Mais je me souviens de mon nom de famille, celui qu'on hérite de nos parents.
- Quel est-il ?
- Puis-je le garder pour moi ? Dis-je un peu gêné. Je ne suis plus sensé le prononcer..."

Les règles sont clairs: les érudits abandonnent famille et passé dès lors qu'ils ont été diplômés. Mais j'aime l'endroit d'où je viens. Je n'ai jamais oublié les champs de blé de la vallée, ni les champs de fleurs pour la ville au loin. J'étais si petit, et tout me semblait si loin... ce nom qui me reste est l'ancre de mes racines, là où j'espère revenir un jour avant qu'il ne soit trop tard, afin de savoir la vie de ma mère et ce que j'ai comme famille.
Personne ne me l'a jamais demandé, et je ne me souviens même pas l'avoir dit à haute voix, ne serait-ce qu'une fois. En cela, Boggan a mis la griffe sur quelque chose de sensible si facilement que c'en est déconcertant.

"Je ne suis pas de ceux que tu dois craindre, Asthar. Parle et dis-moi qui tu es.
- Je... je me nomme Asthar de Minthe, mais avant, j'étais... Asthar Ian Ar Daragan."

Boggan frémit, alors que j'ai comme l'étrange impression d'avoir jeté un sort. En fait, le soleil vient de descendre assez bas pour se cacher derrière une montagne au loin. Il fait froid, et sans doute est-ce pour ça que le même frisson nous a parcouru tous les deux.

" Je vais me poser sur ta tête pendant quelques temps. Je crois nous serions chacun de bonne compagnie."

Il joint le geste à la parole, et c'est en me sentant un peu idiot que nous partons rejoindre le camp.

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