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Seocha
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XIX. Altercation

"Père, tu ne m'as jamais parlé de ma mère. L'as-tu connu au même âge moi et Lulli ?"

En reprenant leur route, le cœur de Yugo était clairement plus léger. Savoir que la merveilleuse jeune fille à la chevelure d'or l'attendrait lui faisait voler des milliers de papillons dans le ventre.

Il reviendrait le plus vite possible.

Et il l'épouserait.

Cela faisait une heure maintenant qu'ils étaient entrés dans la forêt de Civère. Jusque là, les arbres étaient plutôt clairs, et le chemin sûr. Aussi, c'était l'occasion parfaite de discuter un peu.

Charon ne lui avait jamais parlé de sa mère. Il n'avait jamais parlé d'amour non plus. Maintenant que ces sujets concernaient le jeune homme, ile se sentait légitime de poser ses questions.

Son père ne laissait jamais ses questions sans réponse.

"J'ai été amoureux, à ton âge, c'est vrai. Mais pas de ta mère. Celle que j'ai connu alors s'appelait Alinor. Elle avait de longs cheveux noirs qui ondoyaient au vent. Mon coeur a été ravi par elle en un instant.

- Elle t'avait jeté un regard pétillant ? Elle dansait ? Que faisait-elle ?

- Elle m'a rossé sans ménagement ! C'était la première fois que je voyais une fille qui voulait combattre, et clairement, je n'étais pas à la hauteur face à elle ! Et clairement, un peu trop arrogant. J'ai mérité ma déculottée, et c'est pour être enfin à sa hauteur que j'ai pris l'escrime et les arts militaires au sérieux.

- Tu voulais lui prouver que tu étais le meilleur ? Je ne pensais pas que tu étais compétitif, quand tu avais mon âge! s'étonna Yugo.

- Non, ce n'est pas tout à fait ça. Mais je savais qu'elle deviendrait forte, je voulais exister dans ses yeux. Elle allait faire partie des meilleurs guerriers  du royaume. Je ne pouvais pas rester à la traine. D'une certaine manière, c'est grâce à elle que je suis aujourd'hui le maître des Lames.

- Et qu'est-elle devenue, cette Alinor ?

- Elle est décédée peu de temps après. Un jeune comte a tenté d'obtenir son cœur sans succès. Il a tenté de la manipuler, aussi. Quand elle ne put plus rien faire, elle a avalé sa langue. Quel gâchis. Elle aurait été une plus grande Lame que moi, j'en suis certain.

- C'est horrible! Ce qu'a fait ce comte... et cette fille! Mourir ne rend pas libre, ça prive juste d'autres possibilités ! "

Le choc se lisait clairement sur le visage de Yugo, ainsi que la marque d'un profond dégoût. Cela rappela de lointains souvenirs à Charon, dont il était trop tôt pour en parler à Yugo. 

Ce garçon avait un amour profond pour la vie. Qu'on préfère y mettre un terme, peu importait la raison, était inconcevable pour lui. Il ne connaissait que cela: se battre pour sa vie était dans son sang. Alors comment une personne aussi forte que ce que pouvait décrire Charon avait pu simplement abandonner ? Qu'avait-il bien pu se passer pour qu'elle se retrouve ainsi au pied du mur ?

Yugo aller bombarder son vieux père de questions au sujet de cette Alinor quand il se rappela le sujet qu'il voulait connaître à l'origine: sa mère.

Il renfrogna sa colère et, après s'être donné quelques petites claques sur les joues pour s'aider à se changer les idées, il reprit.

"Alinor n'était pas le sujet. Qui était ma mère ?"

Charon dévisagea un instant Yugo. Quelle était la meilleure réponse à donner à ce jeune homme qui avait soif de vérité? Il était un beau jeune homme maintenant, mais pouvait-il entendre certaines choses venant de sa part ?

"C'est un sujet qu'il ne me plaît pas d'aborder, articula-t-il enfin après un long silence. Il faut que tu comprennes que je..."

Les mots moururent entre ses lèvres, plongeant les deux hommes dans un profond silence.

Un silence si grand que même les oiseaux ne chantaient plus.

Les chevaux, sous eux, piaffaient dans un boucan d'enfer. 

Un frisson glacé parcourut l'échine de Charon, fouillant du regard où apparaîtrait l'ennemi. Yugo faisait de même, Une main prête à dégainer son épée courte, l'autre sur son poignard.

Le bruit léger d'un froissement de feuilles indiqua la position de l'intrus. Il semblait recouvert de ténèbres, son long manteau en peau de loup noir tombant sur ses épaules, dissimulant tout le reste de son corps. Le visage long et émacié, la peau grise et les yeux entièrement recouverts d'encre et une peinture sur le front faisant disparaître la base des cheveux sombres et sauvages.

Il n'avait de vaguement humain que cette apparence.

Yugo aurait juré qu'un loup se tenait debout.

"Maître des Lames... Ein..."

La voix de l'individu rappelait la craie qui crissait sur l'ardoise.

"Père, qui est-ce ?" osa demander Yugo, rempli d'effroi sans lâcher l'étranger du regard.

Charon descendit si vite de son cheval que l'adolescent se demanda s'il n'usait pas de quelque magie. L'homme, sur ses gardes, avait déjà dégainé.

"Tu es bien loin de tout territoire de Loups, l'ami.

- Et toi, bien loin de tes alliés. Sais-tu qu'on demande ta tête ?

- Qui donc voudrait ma vieille carne en décoration chez lui ?"

Cette image donnait des hauts le cœur à Yugo, qui suivait l'échange avec attention. Autour d'eux, le soleil ne semblait plus être en mesure de percer les feuillages pourtant clairs de la forêt. l'air se faisait glacé, figeant les poumons du jeune homme. 

"Tu as plus d'un ennemi, quel importance ?

- C'est vrai... mais tu es bien impudent de venir ainsi, seul, devant moi."

Les dents du Loup se dévoilèrent le long d'un sourire infiniment mauvais.

"Qui a dit que j'étais seul ?"

Ce fut à cet instant que Yugo sentit le souffle chaud et âpre de l'odeur d'un autre intrus qui tentait de refermer sa mâchoire plus lupine qu'humaine autour de son coup.

D'un geste vif, et ce sans même y penser, le jeune homme se soustraya de l'ennemi et le saisit violemment par le cou, le faisant valser devant lui dans un "crac assourdissant. Ce qui avait voulu le tuer gisait soudain près des sabots de son cheval, vêtu d'une fourrure plus sale que celle qui les menaçait.

Une dizaine de ces effroyables hommes-loups les encerclaient, et Yugo avait déclenché les hostilités. Charon croisa le fer avec l'alpha devant lui, pendant que les autres s'avançaient afin de leur bondir dessus.

Yugo tenta de descendre de son destrier aussi rapidement que l'eût fait son père un peu plus tôt, mais son pied resta coincé dans l'étrier, le faisant tomber au sol lourdement. Ce qui empêcha le loup de le blesser à la tête, mais le mordit violemment à la jambe accrochée. Le jeune homme ne put réprimer un cri de douleur : les dents n'avaient pas percé le cuir qui protégeaient ses jambes mais la pression qui saisissait sa jambe allait lui broyer l'os. Il planta son poignard dans la mâchoire à une vitesse folle, plantant la lame dans le crâne avec une force qu'il ne se connaissaient pas.

Yugo dégagea son pied en un éclair, qu'un autre loup se jetait sur lui. Cette fois-ci, il put dégainer son épée, et se défendre, pourfendant l'homme-loup devant lui de part en part, faisant hésiter ceux derrière lui à s'approcher.

Soudain, un coup fit tomber le garçon: l'un des hommes lui avait jeté une pierre de la taille d'un poing dans la tête, lui faisant perdre à demi conscience.

Yugo savait que s'il fermait les yeux, il était foutu.

Les loups le dévoreraient.

Il ne danserait jamais avec Lulli.

Je ne dois pas mourir.

Je ne dois pas mourir.

Je ne dois pas mourir.

Ils n'auront pas ma peau!

Était-ce bien Yugo qui se releva ?

Il n'y avait plus de peur en lui.

Qu'une rage folle qui ne demandait qu'à se déchaîner.

Avec une puissance sans nom, il se précipita vers les loups, les déchiqueteur comme de vulgaires poupées de tissus. Les loups n'étaient pas assez rapides pour le fuir.

Des iris rouges, ivres de sang, changeaient les couleurs de la forêt autour d'eux.

Seul Charon était encore debout, seul survivant de cette soudaine boucherie.

Les deux hommes se dévisagèrent. Le père avait le cœur tremblant, mais n'en laissait rien paraître.

"S'il te plaît, rends-le. Rends-moi mon fils."

La voix du maître des Lames était maîtrisé, mais son âme était suppliante.

Yugo était profondément bon. Ce qui venait de se passez n'aurait jamais dû arriver. Pas encore, dumoins.

Il n'avait encore rien vu du monde.

L'autre le toisa.

"N'oublie pas ta promesse."

Charon hocha la tête.

Il n'avait jamais oublié.

Puis, le corps du jeune homme s'écroula sur le sol.

Charon se précipita vers lui, dévoré d'inquiétude.

"Père..."

Le vieil homme sourit. Son cœur pouvait enfin batte de nouveau.

"Tout va bien, fils. Je vais te soigner."

L'adolescent ferma les yeux paisiblement, sentant à peine les larmes de son père qui s'écoulaient sur son front.

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