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Petitefleur707
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CHAPITRE:10 UNE VIELLE AMIE

Ivy où et tu?

THE VIXEN

FLASHBACK

Les flammes
Cette odeur qui infecte mes narines jusqu'au moindre recoin.
Le goût métallique de la fumée me brûle la gorge.
Il aurait suffi d'une seconde de trop pour que tout soit fini.

C'est drôle, non ?
Comment une simple action peut changer votre vie à jamais...

Ma tête tourne, j'ai un mal de chien.
Mes oreilles sifflent, ma peau pique.
Je sens encore la chaleur des flammes me lécher les talons.
Si je ferme les yeux, je les revois. Elles dansent. Elles hurlent. Elles engloutissent tout.

J'entends Isabela respirer vite à côté de moi.
Elle serre contre elle son serpent son bébé, comme elle l'appelle.
Elle a eu le réflexe, elle aussi.
On a couru. Sans réfléchir. Sans se retourner.

Et maintenant, on est là. Essoufflées. Sales. Tremblantes.
Mais vivantes.

À deux doigts de crever.

***

La soirée est calme. Trop calme, peut-être.

Isabela est affalée sur le canapé, son serpent enroulé contre sa poitrine comme un enfant épuisé. Elle a passé la journée à bosser sur son manuscrit. Je l'ai taquinée toute la soirée pour qu'elle décroche un peu. Résultat : on a commandé chinois, on a regardé un film nul, et maintenant, elle baille à moitié, les yeux déjà mi-clos.

Moi, je traîne encore un peu dans la cuisine, mon bol de riz froid à la main, à fixer le néon qui clignote au plafond. Un détail me chiffonne, sans que je sache pourquoi. Cette sensation... familière. Comme un pressentiment qui me colle à la peau.

Je pose le bol, avance jusqu'au salon.
— Tu vas te coucher ? je demande.
Isabela hoche la tête sans parler, les paupières lourdes.

Je fais un tour dans l'appartement, machinalement. Un réflexe que j'ai jamais perdu, même après trois ans de calme relatif. Je vérifie les fenêtres, la porte, les interrupteurs. Tout est à sa place. Pourtant... un bruit. Un petit tic-tic, presque imperceptible, attire mon attention dans le couloir.

Je fronce les sourcils. Je m'agenouille près du mur.
Et là, je le vois.
Un boîtier minuscule, dissimulé derrière la plinthe, juste sous le radiateur.
Avec une lumière rouge. Clignotante.
Une putain de lumière rouge.

Mon cœur se serre d'un coup.

— Isa ?! je hurle.

Elle sursaute, se redresse d'un bond.
— Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

— On doit partir. Maintenant. Y'a une bombe.

Je la vois blêmir. Elle serre son serpent contre elle, choquée, sans bouger.

— Putain, Isa ! Bouge ! On n'a pas le temps !

Je la chope par le bras, je l'entraîne vers la porte. Mes mains tremblent. J'entends le tic-tic s'accélérer. Chaque seconde est une lame sur ma nuque.

On dévale les escaliers. Je la pousse presque. On atteint la rue.

Et là...
BOUM.

La détonation me soulève les pieds. Une onde de choc nous plaque au sol.
Je sens la chaleur me griffer le dos. Une pluie de verre et de cendres tombe tout autour de nous.

Je tourne la tête. L'appartement. Ce qu'il en reste. Un brasier.

Mais on est vivantes.

— C'était pas un accident... murmure-t-elle.

— Non. Quelqu'un a voulu nous faire sauter. Et pas à moitié.

Elle se tourne vers moi, les yeux grands ouverts.
— Est-ce que... est-ce que c'est eux ? Est-ce que c'est l'Organisation ?

Je bloque. Mon souffle se suspend. J'ai pas de réponse. Juste des doutes. Trop de doutes.

— J'en sais rien, Isa. J'en sais vraiment rien. Peut-être que c'est eux... peut-être que quelqu'un d'autre nous a trouvées.

Je m'interromps, puis je reprends plus bas :
— J'avais l'autorisation d'Ange. Il m'avait dit que c'était fini, que je pouvais partir, que je pouvais vivre. Alors... ça m'étonnerait. Mais...
Je serre les poings.

— J'aurais dû être plus prudente. C'est ma faute si t'es en danger. C'est moi qu'ils veulent.

Je baisse les yeux. La honte me ronge.

Mais Isabela attrape mon visage entre ses mains. Elle me force à la regarder.

— Tu crois que je m'en fous ? Tu crois que j'ai pas choisi d'être ici, avec toi ? Peu importe ce qui se passera, Sam...

Sa voix tremble, mais ses yeux sont solides.
— Je préfère mourir que d'être loin de toi.

Un silence s'installe. Bruyant. Chargé.

Je sens ma gorge se nouer. Je pourrais dire que c'est stupide. Que c'est dangereux. Que je la mets en péril rien qu'en respirant à côté d'elle.

Mais je dis rien. Parce qu'au fond... je ressens exactement la même chose.

FIN DU FLASHBACK

Le téléphone vibre à nouveau dans ma poche. J'ai à peine le temps de décrocher que sa voix me parvient, douce, tranquille, comme si le monde n'était pas en train de brûler.

— Sam ?

— Ouais, Isa. T'es à l'abri ?

— Pour l'instant, oui, Je suis dans ma chambre. Tout va bien.

Je ferme les yeux un instant, adossée contre le mur froid du couloir. J'écoute sa respiration de l'autre côté, ce rythme familier qui m'a accompagnée toute ma vie.

— Et la mission ? je demande, le ton bas.

— Tout est en place. Je sais ce que je fais. T'as pas besoin de t'inquiéter.

Je soupire.
— C'est justement pour ça que je m'inquiète. Je te connais, Isa. Tu fonces. T'attends pas toujours. Et ce soir... y'aura du monde.

Un silence. Puis elle comprend.

— Tu parles de lui. Il sera là ?

Je hoche la tête, même si elle ne peut pas me voir.

— Rhys a été invité à une réception caritative sur l'art. Soirée blindée, mondaine, mais il fallait qu'il vienne accompagné. Il t'a invitée, et je sais que tu comptes profiter de l'occasion, mais... Isa. Cette personne sera présente et je veux que ...

Je sens à l'autre bout du fil le changement subtil dans son ton. La douceur qui se transforme en glace.

— Je sais. Et c'est parfait.

Je me redresse, l'estomac noué.
— Isa, je t'en prie...

— J'ai déjà le poison, Sam. Celui dont on a parlé. Il est discret. Rapide. Indétectable. Elle ne sera plus un problème avant la fin de la soirée.

Ma mâchoire se serre.
— Et si ça tourne mal ? Si quelqu'un te voit ? Si Rhys s'en rend compte ?

— Alors je m'adapte. Comme toujours. Je fais ce qu'il faut.

Je ferme les yeux. J'ai envie de lui hurler de fuir, de disparaître avec moi à l'autre bout du monde. Mais on n'a plus ce luxe. Pas depuis longtemps.

Pas depuis que j'ai dis revenir pour la mission à la con d'Enzo.

— Je devrais être là avec toi, je murmure.

— Tu es là, Sam. Toujours. T'es la seule chose qui me raccroche. La seule famille qu'il me reste.

Ma gorge se serre.
— Promets-moi que tu feras ça proprement.

— Je te le promets.

Un court silence, puis elle ajoute, plus doucement :

— Et toi... fais attention. T'es pas invincible, même si tu te prends pour une super-héroïne cassée.

Je souris malgré moi.
— Cassée ou pas, je serai toujours là pour te sortir des flammes.

— C'est pour ça que je respire encore.

Je raccroche.

L'écran s'éteint, et avec lui, le seul moment où j'ai réussi à respirer depuis des heures.

Je reste là, le dos contre le mur, le téléphone toujours dans ma main, comme si je refusais de le lâcher, comme si garder ce contact avec elle pouvait repousser l'évidence.

Mais la vérité me revient comme un uppercut dans le ventre.

J'ai la boule au ventre.

Je viens de lui dire que tout va bien. Que je gère. Que je suis forte.
Mais c'est du vent.

La mission est un désastre.
Et le pire, c'est que j'ai pas le contrôle.
Je l'ai toujours eu. Toujours.
Mais là ? Là, je suis à la ramasse.

Infiltrer la DEA pour servir un gang ? Facile, qu'ils disaient.
Faux.

Parce que Carter est pas comme les autres. Carter, c'est pas juste un flic. C'est une foutue alarme incendie humaine.
Le genre de mec qui dort avec un œil ouvert, qui note chaque geste, chaque regard, chaque mot mal calibré.
Et là... il commence à me regarder autrement. Pas comme un collègue. Pas comme un agent.
Comme un problème.

Je le sens dans ses silences. Dans la façon dont ses questions deviennent plus précises. Dans ses regards quand il pense que je ne vois pas. Il se méfie. Et ça, c'est presque pire qu'un flingue sur la tempe.

Je pourrais peut-être manipuler un peu. Faire diversion. Jouer sur... l'attirance. Parce qu'elle est là, ouais. Faut pas se mentir.
Je le vois. Je le sens. Ce petit truc électrique quand nos épaules se frôlent ou qu'il me lance ce regard mi-sévère, mi-perturbé.

Mais c'est pas suffisant.
Le désir, ça te sauve pas la peau quand quelqu'un cherche la vérité.

Et moi ? J'en ai trop. Trop à cacher. Trop à perdre.

Je souffle un coup, rouvre les yeux et me redresse.

Je dois trouver un plan B. Un truc solide. Un moyen de détourner Carter sans foutre tout en l'air.

Parce que si lui découvre qui je suis vraiment...

Je suis morte.

Et Isabela aussi.

Je suis encore plantée là, à ruminer des scénarios impossibles, quand la porte claque dans un grand fracas.

— J'AI RAMENÉ LES TACOS !!!

Je sursaute, le cœur en vrac, la main déjà sur la crosse de mon flingue.

— Putain, Lukas ! Tu peux pas faire ça comme une personne normale ?

Il entre comme une tornade, deux sacs en papier dans les mains, avec ce sourire insolent vissé sur le visage.

— Normal, c'est chiant. Et j'aime trop voir ta tête quand t'as peur que ce soit un agent fédéral qui débarque.

Il pose les sacs sur la table basse, balance sa veste sur le canapé, puis me jette un regard en coin.

— T'as la gueule d'une meuf qui va pas toucher à ses tacos.

Je ne réponds pas. Il capte direct que ça va pas. Il le sent toujours.

— Sam...

Je soupire. Me laisse tomber sur le canapé, les coudes sur les genoux, les mains qui se frottent machinalement.

— Carter commence à se douter. Il me lâche pas d'une semelle. Il fait genre c'est mon pote, mais il me sonde, il m'analyse, il attend que je fasse une connerie.

Lukas s'installe à côté de moi, croque dans un taco, mâche lentement.

— Et donc ? On l'élimine ?

Je le regarde. Il est sérieux. Enfin... avec Lukas, on sait jamais. Mais là, je crois qu'il l'est vraiment.

— Non. Impossible.

— Pourquoi ?

— Parce que ça soulèverait encore plus de soupçons. Il est clean. Zéro faille. Si quelqu'un comme lui disparaît, y'aura une putain d'enquête fédérale, médiatique, politique. Tout le monde va retourner chaque pierre.
Et moi, j'ai pas envie de finir sur CNN avec mon vrai nom et la moitié de mes missions exposées au monde.

Il fronce les sourcils, mastique encore.

— Ok. Donc on peut pas le buter. T'as essayé la technique du charme ?

Je lève les yeux au ciel.

— Tu crois que je vais me taper un flic juste pour détourner son attention ?

— C'est pas ce que j'ai dit. Mais s'il y a une tension, un flirt... ça peut ralentir sa méfiance. Le distraire. Et toi, t'as déjà survécu à pire qu'un regard brûlant d'un mec à la mâchoire carrée.

Un silence. Puis il ajoute, plus doucement :

— Tu veux que je m'en occupe à ma manière ? Pas le tuer. Le brouiller. Le faire douter d'autre chose. L'envoyer sur une fausse piste.

Je le regarde. Ce connard insolent et loyal.
Ce frère que je me suis choisi dans la merde.

Je hoche la tête.

— Pas tout de suite. Mais peut-être. Si ça continue comme ça.

Il sourit enfin, se ressert un taco.

— Dis-moi quand. Je ferai ça avec amour et oignons grillés.

Je lâche un rire. Un vrai. Court, fatigué. Mais sincère.

— Merci, connard.

— Toujours là, trésor.

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