Isha 

Mon cœur bat la chamade tandis que je me faufile à travers les ruelles obscures, chaque ombre me semblent être une menace. Mon appartement, théâtre de mon évasion précipitée, m'attire comme un aimant. J'ai laissé derrière moi des informations cruciales, un arsenal de secrets capables de me protéger, voire de renverser la situation.

Le risque est immense, mais chaque seconde compte, Angel pourrait revenir à tout moment.

L'immeuble se dresse, silencieux et inquiétant. Je retiens mon souffle, chaque pas, une prière silencieuse. La porte, entrouverte, m'accueille dans l'obscurité. Je me glisse à l'intérieur, les mains tremblantes, les sens en alerte, prête à affronter l'inconnu.

Dans ma chambre, je récupère mon sac, vérifie son contenu avec une précision chirurgicale. La clé USB, dissimulée dans ma boîte à bijoux, brille comme une promesse. Dans le salon, je retrouve mon livre, caché sous une pile de vêtements, un vestige de mon ancienne vie. Un frisson me parcourt.

Une fois en possession de mes trésors, je m'éclipse, laissant derrière moi les fantômes de ma vie passée. Dehors, la ville s'étend, pleine de dangers. Je sais que je dois disparaître, me fondre dans la masse.

Mes yeux scrutent les voitures garées le long de la rue, à la recherche d'une échappatoire. Mon regard s'arrête sur une berline ancienne, vulnérable, accessible. Un tournevis, un crochet métallique, des outils familiers que je récupère dans mon sac.

Je regarde autour de moi, personne.

Je sors un tournevis de mon sac et un crochet métallique. J'écarte la portière avec le tournevis, le laissant assez d'espace pour y passer mon crochet et lever de loquet. 

La portière s'ouvre avec un grincement discret.

À l'intérieur, l'odeur de cuir et de poussière mélangé à celle de la cigarette de mon père me ramène à des souvenirs lointains. J'arrache le cache sous le volant, repère les bons faisceaux et je m'encourage moi-même.

- Allez Isha ! Tu peux y arriver ! Ce n'est pas la première fois que tu fais ça.

Je choisis les bons câbles, arrache avec les dents la partie isolante du fil du démarreur et celui de la batterie. 

Je me recule légèrement et passe rapidement les deux fils ensemble dans une précision instinctive. Le moteur rugit, une symphonie de liberté. 

Je m'attache, démarre, disparais dans la nuit.

Quelques kilomètres plus loin, je m'arrête, le moteur ronronnant. Je me penche et saisis le livre, récupéré avec tant de risques. Je l'ouvre, le petit papier froissé entre mes doigts. Les mots de mon père résonnent dans ma mémoire, un écho du passé. Inconsciemment, je me perds dans mes souvenirs. 

5 ans plus tôt 

Je l'ai vu... 

Le souvenir me brûle encore les rétines, comme une cicatrice indélébile. 

Je l'ai vu, Aleksander Baker, l'homme aux yeux d'argent, abattre un homme de sang-froid. Pas une once de pitié dans son regard métallique. Juste le reflet froid de la mort. Et il m'a vue. Il sait que je suis un témoin, une menace pour son empire souterrain.

La peur me glace le sang, mais la colère gronde en moi. Je connais trop de choses sur lui, ses affaires louches, ses secrets inavouables. Il ne me laissera jamais en vie. Je suis une bombe à retardement, prête à faire exploser son monde.

Je me suis rendue chez mon père, mon dernier refuge. La maison, chaleureuse et familière, contraste violemment avec le chaos qui me poursuit. J'ai sonné, plusieurs fois, le cœur battant la chamade. La porte s'est ouverte, et je me suis jetée dans ses bras, brisée par les larmes.

- Papa...

- Isha ? Qu'est-ce qu'il se passe ma chérie ? M'a-t-il demandé, une note d'inquiétude dans sa voix.

Ma voix étranglée par les sanglots, je lui ai raconté l'horreur dont j'avais été témoin. Mon travail, les informations compromettantes que j'avais découvertes, le meurtre. Son visage s'est figé, l'inquiétude creusant des sillons profonds. Il a compris le danger, l'ombre d'Aleksander Baker planant sur nous.

Mais il s'est levé, a pris un bout de papier et griffonnai dessus.

Il me l'a tendu avec une urgence silencieuse.

- Elias, un vieil ami. Il t'aidera.

Mais le répit était de courte durée, avant que je ne puisse poser plus de questions à mon père, des crissements de pneus ont déchiré le silence, annonçant l'arrivée d'Aleksander Baker. Mon père m'a poussée vers la sortie, ses yeux brillants de larmes.

- Va t'en Isha ! Et ne te retourne pas, jamais tu m'entends ? Va t'en MAINTENANT ! 

Les yeux flous par mes larmes, je me dirigeai vers la sortie côté jardin de la maison. Au même moment, la détonation a retenti, un coup de tonnerre dans la nuit. J'ai hurlé, le corps de mon père s'effondrant devant mes yeux. Aleksander Baker se tenait là, impassible, son regard argenté perçant l'obscurité. J'ai fui, laissant derrière moi mon passé, mon innocence, et la promesse silencieuse de la vengeance.

Moment présent 

Je froisse le papier sous mes doigts, les larmes coulant librement. Aleksander a détruit ma vie, alors je vais détruire la sienne !