Isha
Je me lève d'un bond, la note serrée dans ma main, et me précipite vers la porte. Je dois prévenir Elias, le seul allié dans ce labyrinthe de mensonges.
Mais un coup de feu éclata, déchirant le silence de la nuit. Le son, sec et brutal, me glace le sang.
Trop tard. Il est déjà là.
La peur, une bête sauvage, me saisit à la gorge. Je recule, les yeux rivés sur la porte close. L'arme d'Elias, froide et rassurante, repose sur la table de chevet. Je la saisis, les doigts tremblants, et me glisse dans l'ombre, me fondant avec l'obscurité.
- ISHA !! La voix d'Angel, rauque et menaçante, résonne dans le chalet. Son appel, un écho funeste, me fait frissonner.
Mon cœur bat la chamade, menace d'exploser dans ma poitrine. Ma respiration, saccadée et bruyante, trahis ma présence. Je dois me calmer, me contrôler. Je suis une ombre.
Je me déplace silencieusement, mes pieds nus effleurent le plancher de bois. Le bruit des vagues, autrefois apaisant, se transforme en un murmure menaçant, un complice de l'ombre qui se rapproche.
- ISHA ! Angel répète mon nom, sa voix plus proche, cette fois.
Je peux entendre le craquement de ses pas sur le sable, le bruit de sa respiration haletante. Il est à quelques mètres de moi.
Je me cache derrière un rideau déchiré, les yeux rivés sur la porte-fenêtre. La lumière de la lune, pâle et froide, dessine des ombres mouvantes sur le sable. Je vois sa silhouette, sombre et menaçante, se profiler à travers la vitre.
Il brise le silence avec un coup de pied violent dans la porte, elle claque contre le mur, faisant trembler les murs du chalet. Il avance lentement, son arme à la main, ses yeux balaye la pièce.
- Où es-tu, petite ombre ? murmure-t-il, sa voix chargée de désir et de menace.
Je sais que tu es là.
Je retiens mon souffle, le doigt sur la détente.
Il est proche, trop proche. Je peux sentir son odeur, un mélange d'épices, de tabac et de métal.
Je me souviens trop bien de cette odeur...
6 ans plus tôt
Je venais de quitter le bureau d'Aleksander, les chiffres du jour gravés dans ma mémoire.
Mon bureau, mon sanctuaire, m'attendait. Je devais récupérer mes affaires, mon livre usé, ma seule échappatoire. Mais en me retournant, il était là.
Angel.
Son nom, un murmure délicieux, résonna dans ma tête. Il était étrange, mystérieux, attirant, mais dangereux. Je le voyais dans son regard, sombre et perçant comme une lame. Malgré son allure soignée, ses cheveux blancs décoloré rasés sur les côtés, son visage aux traits angéliques, il émanait de lui une aura de menace.
Ses yeux noirs, des puits d'obscurité insondables, étaient un avertissement silencieux, un abîme dans lequel je risquais de me perdre. Ses tatouages, visibles sur ses mains et son cou, des symboles gravés dans sa peau, des cicatrices de guerre appelaient à la vigilance. Un langage secret, un code de danger.
L'odeur d'Angel, un mélange d'épices exotiques, de tabac âpre et d'une note métallique froide, envahit mes narines. Un parfum étrange, entêtant qui appelait à une luxure interdite.
- Quel chapitre aujourd'hui ? Dit-il en brisant le silence, sa voix grave résonnant dans le bureau.
Je regardai mon livre, la couverture usée entre mes mains, et relevai les yeux vers lui, méfiante.
- Chapitre 34.
Il sourit, un sourire qui ne touchait pas ses yeux, et se rapprocha de moi, envahissant mon espace personnel.
- « Vainement je cherche à me vaincre, je ne le puis, il m’est impossible de dissimuler mes sentiments ; il faut que vous me permettiez de vous dire combien je vous estime, combien je vous aime. » dit-il sans bégayer, sa voix douce et dangereuse. (extrait du livre Orgueil et Préjugés de Jane Austen)
Je ne pus m'empêcher de sourire, un sourire mêlé de confusion et de curiosité.
- Alors tu l'as lu ?
Il était maintenant à quelques centimètres de moi, son souffle chaud effleurant mon visage.
Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça. Peut-être était-ce la tension, peut-être la curiosité, peut-être une pulsion irrépressible. Mais je me suis rapprochée de lui, et je l'ai embrassé.
Un baiser volé, un défi silencieux, une danse dangereuse entre le désir et la peur.
Aujourd’hui
Le moment est venu.
Je sors de ma cachette discrètement, l’arme pointée contre sa nuque.
- Je suis juste là, Angel. Murmurai-je