Isha
Sa main... elle tremble légèrement, comme la mienne. Une humanité inattendue. Ses yeux sombres ne mentent pas, je le sens. Une urgence sincère, un désespoir qui fait écho au mien.
- D'accord, murmurai-je, ma voix à peine audible, un souffle fragile dans le silence tendu.
L'arme glisse de ma main engourdie, tombant sur le plancher avec un bruit sourd qui semble briser la tension palpable.
Les hommes à la porte grognent, leurs armes toujours pointées. La méfiance et la colère se lisent sur leurs visages.
- Tu deviens fou, Angel ! crache l'un d'eux.
Angel ne les quitte pas des yeux, mais sa main reste tendue vers moi, une ancre dans la tempête. J'hésite un instant, la peur me retenant. Mais l'idée de rester ici, à la merci d'Aleksander, est plus terrifiante encore.
Je tends la main à mon tour, mes doigts effleurent les siens. Le contact est électrique, une étrange connexion dans ce chaos. Sa prise est douce mais ferme.
- On doit y aller, murmure-t-il, ses yeux fixés dans les miens. - Maintenant.
Il se tourne vers ses hommes, son visage soudainement durci, impitoyable. - Si vous faites un seul mouvement pour nous arrêter, je vous jure que vous le regretterez amèrement. Vous travaillez pour Aleksander, mais n'oubliez pas qui vous donne vos ordres directs.
Son autorité, même dans cette situation désespérée, est palpable. Les deux hommes hésitent, visiblement pris au dépourvu par ce revirement de situation.
Angel me tire doucement vers lui, me plaçant derrière son dos, comme pour me protéger. Son corps est tendu, prêt à réagir à la moindre menace.
- Partez ! ordonne-t-il à ses hommes, sa voix tranchante comme une lame. Dites à Aleksander qu'il devra me tuer lui-même s'il veut la revoir.
Les deux hommes échangent un regard incrédule, puis, visiblement conscients du danger qu'ils encourent en s'opposant à Angel dans cet état, ils finissent par reculer lentement, disparaissant dans la nuit.
Le silence retombe, lourd de conséquences. Je suis derrière Angel, son odeur familière et dangereuse m'enveloppe. L'arme que je tenais quelques instants auparavant gît sur le sol, symbole de mon désespoir passé.
- Où allons-nous ? murmurai-je, ma voix encore tremblante.
Angel se tourne légèrement, ses yeux sombres croisent les miens. Une lueur étrange y brille, un mélange de détermination et d'une autre émotion que je ne parviens pas à déchiffrer.
- Loin d'ici, petite ombre, répond-il, sa voix rauque mais assurée. Très loin.