Isha
Mes doigts tremblent sur la détente, partagés entre la rage et une étrange fascination. Je suis une ombre, une arme, une revenante.
- Retourne-toi, ordonnai-je, ma voix plus ferme cette fois.
Le silence se prolonge, lourd de tension, les secondes semblent s'étirer à l'infini.
- Pourquoi Isha ? demande-t-il enfin, sa voix douce et dangereuse.
- Retourne-toi ! criai-je, ma voix brisée par la rage.
Angel se retourne lentement, me faisant face. Ses yeux sombres et perçants me transpercent, cherchent à lire en moi. Le canon de mon arme, toujours pointé sur lui, ne tremblait plus.
- Jette ton arme, ordonnai-je, ma voix rauque et menaçante.
Il ne discute pas, obéit à mon ordre sans un mot. Son arme tombe au sol, résonnant dans le silence de la pièce. Il lève les mains, un sourire énigmatique s'esquisse sur ses lèvres. Un sourire qui ne touche pas ses yeux.
- J'ai toujours préféré cette couleur de cheveux, dit-il dans un murmure, sa voix douce comme une caresse venimeuse.
Alors, petite ombre, qu'est-ce qui se passe maintenant ?
- Tais-toi ! Hurlai-je, ma voix brisée par la rage et la douleur.
Mes doigts sont crispés sur la détente, prêts à appuyer. Mais quelque chose me retient. Un souvenir, un murmure, une sensation familière qui me paralyse.
5 ans plus tôt
Il était là, devant moi, son sourire en coin, ses yeux sombres et perçants qui me fixaient avec une intensité troublante. L'odeur d'épices et de tabac emplissait mes narines, un mélange enivrant et dangereux, qui court-circuitait ma raison. Je ne pouvais détacher mon regard du sien, comme si j'étais prise au piège dans un tourbillon d'émotions contradictoires.
- Tu es magnifique, petite ombre, murmura-t-il, sa voix douce comme une caresse.
Tu es trop dangereuse... pour moi.
Il se rapprocha de moi, sa main effleurant ma joue, un contact brûlant qui me fit frissonner.
Je fermai les yeux et je sentis ses lèvres se poser sur les miennes.
Aujourd’hui
Je rouvre les yeux, le visage d'Angel toujours devant moi, illuminé par la pâle lumière de la lune. La confusion et la colère se disputaient mon cœur, un maelström d'émotions contradictoires.
Comment pouvais-je le haïr et le désirer en même temps ? Comment pouvais-je le tuer après ce baiser ?
- Pourquoi as-tu fait ça, Angel ? Je lui demande, ma voix tremblante. Pourquoi m'as-tu embrassée ?
Il sourit, un sourire triste et résigné qui me serre le cœur.
- Parce que je ne pouvais pas m'en empêcher, petite ombre. Parce que tu es la seule chose qui me fait sentir vivant.
Une pause, puis ses yeux se fixèrent dans les miens.
- Et c'est toi qui m'as embrassé la première.
Je secouai la tête, refusant de croire à ses paroles.
- Tu mens ! Je siffle, ma rage luttant contre ma confusion. Tu essaies de me manipuler !
Angel ne bouge pas, ses yeux sombres fixés sur les miens.
- Te manipuler ? Petite ombre, je n'en ai plus la force. Ni l'envie.
Son regard est étrangement sincère, désarmant. Une partie de moi, la partie qui se souvient de la douceur éphémère de ses lèvres, veut y croire.
Mais la raison, la douleur de la trahison, me retient.
Je resserre ma prise sur l'arme, la pointant plus fermement sur son torse.
- Ne fais pas un pas de plus.
Un éclair de tristesse traverse ses yeux. Lentement, il leva une main, paume ouverte, en signe de paix.
- Tu as peur, Isha.
- Toi aussi, tu devrais avoir peur, je rétorque, ma voix tremble malgré mes efforts pour la contrôler.
Soudain, son mouvement fut rapide, presque imperceptible. Avant que je ne puisse réagir, il fait un pas en avant, sa main s'abat sur mon poignet. La douleur irradie dans mon bras, mes doigts se crispent involontairement, et l'arme tombe au sol avec un bruit sourd.
Je halète, surprise et désarmée. Angel se tient juste devant moi, son souffle chaud sur mon visage. Ses yeux n'expriment ni triomphe ni menace, mais une sorte de mélancolie résignée.
- Tu vois, petite ombre, murmure-t-il, sa voix rauque. Nous sommes tous les deux trop fatigués pour nous battre.
Je tente de reculer, mais il maintient sa prise sur mon poignet, une force étonnante dans sa main. Mon cœur bat la chamade, un mélange de peur et d'une autre émotion que je refuse de nommer.
Je suis désarmée, vulnérable, piégée dans son étreinte, enveloppée de son odeur familière et dangereuse.