Playlist d'Isha : 34 min
1 * "Numb" - Linkin Park
2 * "Boulevard of Broken Dreams" - Green Day
3 * "The Sound of Silence" - Disturbed, CYRIL
4 * "Paint It Black" - The Rolling Stones
5 * "Moonlight Shadow" - Sound of Legend
6 * "Runnin'" - Beyoncé ft. Naughty Boy & Arrow Benjamin
7 * "Control" - Halsey
8 * "Glory and Gore" - Lorde
9 * "Personal Jesus" - Depeche Mode
10 * "Something in the Way" - Nirvana
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Isha
Mes doigts voltigent sur le clavier, une danse instinctive que le temps n'a pas effacée. Les commandes familières reviennent, les lignes de code défilent comme un dialecte secret que mon esprit redécouvre avec une jubilation étrange.
La tension dans le sous-sol est électrique, les respirations d'Angel et d'Ilan derrière moi sont suspendues, presque imperceptibles.
Je commence par sonder les maigres informations qu'Ilan a dénichées. Des bribes de transactions louches, des noms de sociétés fantômes, des adresses perdues au bout du monde. C'est un labyrinthe tortueux, méticuleusement dissimulé. Mais chaque forteresse numérique a ses failles, des passages secrets pour ceux qui savent les débusquer.
Puis, je me lance dans l'incursion. L'idée de m'immiscer dans les entrailles des systèmes d'Aleksander est une folie audacieuse, flirtant avec le suicide numérique. Mais la rage froide et le désir inextinguible de justice me guident. J'emploie les techniques rudimentaires que mon père m'a enseignées, les astuces d'un temps révolu pour tester les blindages des géants. Des outils peut-être obsolètes, mais qui, je l'espère, suffiront à forcer une brèche dans sa muraille.
Les minutes s'étirent en une éternité silencieuse. L'écran vomit des torrents de lignes de code complexes, des tentatives avortées, des messages d'erreur frustrants qui me brûlent les yeux. Le silence derrière moi est un poids oppressant, chargé d'une attente anxieuse.
Je sens le regard d'Angel, une brûlure invisible sur ma nuque.
Soudain, une ligne de code se colore d'un vert éclatant. Une fissure. Un point d'accès minuscule, précaire, mais une ouverture béante dans l'obscurité. Un murmure d'excitation, à peine audible, s'échappe de mes lèvres crispées.
- J'ai quelque chose, soufflai-je, mes doigts tapent plus vite.
Ilan se penche au-dessus de mon épaule, ses yeux s'écarquillent.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Un point d'entrée, expliquai-je, mon cœur battant la chamade. - Un serveur... peut-être un serveur de messagerie cryptée qu'il utilise.
Je navigue avec la prudence d'un fantôme, évitant les pièges numériques, me faufilant comme une ombre dans les recoins les plus sombres du réseau d'Aleksander. Des emails cryptés défilent, un charabia illisible au premier abord. Mais certains schémas, certaines signatures numériques me sont familières.
Avec une patience infinie, je tente de déverrouiller le premier message. L'ordinateur d'Ilan halète, luttant avec la complexité du blindage. Puis, lentement, des mots commencent à s'agencer, des bribes de vérité émergent de l'obscurité.
Ilan retient son souffle, ses doigts crispés sur le dossier de ma chaise.
Angel s'est approché furtivement, ses pupilles sombres dilatées, rivées sur le moniteur.
Les mots qui s'assemblent à l'écran sont une déflagration silencieuse. Des noms de politiciens véreux, des détails de transactions illégales d'une ampleur vertigineuse, des références codées à des coffres-forts offshore.
Des informations explosives, capables de pulvériser l'édifice que Aleksander a mis tant d'années à ériger.
- Putain de merde... murmure Ilan, son visage illuminé par la lueur froide de l'écran, une incrédulité béate peignant ses traits. - Tu... tu fais ça en quelques putains de minutes ? Isha tu... tu es...
- A moi ! Le coupe Angel.
Les mots d'Angel me figent. Je crois qu'il s'en rend compte.
- Voyez vous ça ! On dirait que quelqu'un est jaloux, dit Ilan en riant.
- Je ... je vais fumer, je reviens, répond Angel en quittant rapidement le sous-sol.
- Et en plus, il fait son timide... Reviens Angel ! Se marre Ilan à côté de moi.
Ilan continue de rigoler et se tourne vers moi, il se stoppe immédiatement. Je suis figée, les doigts suspendus au-dessus du clavier.
- Eh... Isha... tu vas bien ? S'inquiète Ilan.