Esquivant différents passants, Ashlay et l'inconnu, suivis de près par Gwenval, traversaient le parc en courant. C'était si soudain. Le cœur de Gwenval battait à cent à l'heure. La personne qui le menaçait se montrait enfin. Le suspect jetait plusieurs obstacles sur son passage. Qu'il s'agisse de petites installations ou de personnes, pour entraver la route de ceux qui le poursuivaient. Tout à coup, après un virage, il disparut.
— Où est-il passé ? s'écria Gwenval en arrivant au niveau d'Ashlay.
Les deux hommes prirent quelques secondes pour observer autour d'eux. « Il » ne pouvait pas s'être évaporé dans les airs.
— Là-bas !
Gwenval avait repéré le fuyard dont la tête dépassait de derrière un arbre. La course-poursuite reprit. En un rien de temps, ils arrivèrent à l'une des sorties du parc. Un passage piéton se trouvait à proximité. Des personnes venaient de finir de traverser et le feu tricolore passa au vert pour les voitures. L'homme inconnu ne se soucia pas du code de la route et traversa en courant, évitant plusieurs véhicules.
Le musicien, qui avait pris les devants, s'apprêtait à franchir la route, ignorant le danger auquel il était exposé.
— Gwenval !
Dans son élan, le musicien n'avait pas vu qu'une voiture arrivait tout droit vers lui. Ashlay qui avait réussi à le rattraper, l'avait brusquement tiré vers lui pour éviter un accident. L'homme qu'ils pourchassaient s'était engouffré dans une bouche de métro.
Une fois le feu pour piétons devenu vert, Ashlay et Gwenval se précipitèrent à l'intérieur de la station de métro, mais il était trop tard. La foule rendait difficile toute tentative de repérer clairement qui que ce soit. Le duo essaya tout de même de trouver l'inconnu, mais sans succès.
— Allons-y... annonça Gwenval sans émotion.
— Gwen...
Les deux hommes prirent donc le chemin inverse pour retourner à la voiture d'Ashlay.
Proche d'une autre sortie de ce même métro, dissimulé près d'une ruelle, une ombre observait le duo s'éloigner.
— Je te le ferai payer. Je te le ferai payer. Meurs. Disparais...l'homme sinistre grommelait en boucle ces mots tout en gardant son regard fixé sur le musicien.
Un lourd silence régna durant tout le trajet pour raccompagner Gwenval chez lui. Une fois arrivé à destination, Gwenval n'avait toujours pas prononcé un mot.
— Gwen Gwen ? demanda doucement Ashlay.
— Hmm ? Gwenval sortit d'une profonde réflexion...
— Est-ce que ça va aller ?
— Oui. Ça va...
Gwenval hocha la tête, restant silencieux à nouveau.
— ... Merci pour tout à l'heure... remercia doucement le musicien.
— Tout à l'heure ?
— Sur le passage piéton...
— Ah ! Ashlay se rappela la scène. De rien, Gwen Gwen. Ashlay lui adressa un sourire.
Dans un moment comme celui-ci, Ashlay aurait aimé prendre Gwenval dans ses bras ou même lui tenir la main.
Le son d'une notification brisa le silence. Il venait du portable d'Ashlay.
— Mon secrétaire m'a envoyé un résumé de tout ce qui a été organisé pour l'exposition. Il m'a aussi transmis un visuel de l'invitation qui sera envoyée à tous les invités, regarde. il s'inclina légèrement vers Gwenval pour lui montrer les différents messages.
Gwenval jeta un bref coup d'œil au téléphone, mais n'eut pas vraiment de réflexion à faire. Il porta alors ses yeux sur Ashlay un instant. Le jeune héritier fut troublé par cette attention soudaine et fixa le musicien quelques secondes avant de reculer, un peu gêné.
— Il y a quelque chose qui te dérange ? Je peux demander à faire des changements.
— Non, ce n'est pas la peine. Tout est parfait. J'espère que tout se passera bien... Désolé, je me sens fatigué. On se voit demain... déclara Gwenval en ouvrant la portière.
Ashlay eut juste le temps de prononcer un faible « À demain » au musicien. Il garda son regard sur lui jusqu'à ce que celui-ci entre dans l'immeuble résidentiel. Il prit ensuite son téléphone et composa un numéro.
— Allô, secrétaire Shin, vous pouvez envoyer les invitations.
Ne t'en fais pas, Gwen Gwen...
De retour chez lui, Gwenval resta silencieux un long moment, dans le noir. Il avait envie d'exploser quelque chose. Soudain, il sentit une masse chaude au niveau de ses jambes. Il finit par allumer la lumière et attrapa ce qui se trouvait à ses pieds.
— Miaou...
— Bonsoir, Eika.
La femelle Maine Coon au pelage noir, miaula gentiment en regardant son maître. Elle semblait vouloir le réconforter. Gwenval la porta jusqu'au canapé et la blottit contre lui. Tout en la caressant, il commençait à se sentir un peu mieux.
Vers vingt et une heures trente, dans le quartier de Hongdae, une file d'attente s'était déjà formée devant l'une des boîtes de nuit les plus populaires du moment. Des jeunes aux tenues aussi affriolantes les unes que les autres ne désiraient qu'une chose : faire la fête toute la nuit.
Deux hommes vêtus de costumes noirs et plutôt baraqués étaient postés à l'entrée en tant que videurs.
Deux filles discutaient joyeusement dans la queue lorsque l'une d'elles fut distraite par quelque chose de l'autre côté de la route. Elle interpella directement son amie qui se retourna pour voir ce qu'il y avait. D'autres jeunes femmes observaient, très intéressées, dans cette même direction.
Une Hyundai Nexo noire venait de se garer sur le petit parking en face du club. Un beau jeune homme d'environ 1,90 m, dans la vingtaine, en était le conducteur. Il traversa la route en direction de l'entrée du club. Tout le monde, surtout la gent féminine, était intrigué par cet homme. Cependant, certains semblaient légèrement mal à l'aise.
Vêtu d'un pull col montant, d'un pantalon et d'un manteau long, son ensemble était entièrement noir.
Le ténébreux inconnu s'arrêta à quelques mètres des videurs, puis sortit son téléphone pour composer un numéro.
— Je suis arrivé...dit-il d'un ton nonchalant.
Il raccrocha après avoir entendu la réponse de son interlocuteur et rangea son téléphone dans son manteau. Il se rapprocha ensuite des videurs. Contrairement aux clubbeurs habituels, le jeune homme ne paraissait pas très enthousiaste d'être là. On pouvait presque lire sur son front : " Je veux rentrer chez moi."
Quelques secondes après l'appel, l'un des videurs reçut un message via son oreillette. Il jeta ensuite son regard sur le jeune homme mystérieux et l'examina de bas en haut avant de se décaler, avec son collègue, pour lui laisser la possibilité de rentrer.
— Passez une bonne soirée. souhaitèrent machinalement les deux videurs à l'homme.
Il y avait de la musique à fond, des jeux de lumières aveuglantes et psychédéliques, et des gens qui dansaient et buvaient partout, indifférents à tout. Le jeune homme ne se sentait vraiment pas à sa place.
— Bai ! Mon sauveur ! Tu es enfin arrivé ! Allez, viens, ne perdons pas de temps. J'ai un business à faire tourner. cria joyeusement un homme venant d'un couloir à droite d'Hao Ming.
Hao Ming salua la personne qui l'avait si chaleureusement accueilli et ne dit rien. Il se contenta de le suivre. C'était le gérant de la boîte de nuit et devait avoir cinq ou six ans de plus qu'Hao Ming.
Tout comme les personnes à l'extérieur, certaines personnes à l'intérieur affichaient des expressions de malaise en croisant Hao Ming.
Avec la tenue qu'il portait, additionnée à ses cheveux noirs plaqués en arrière et à son regard perçant, Hao Ming ressemblait à s'y méprendre à un jeune mafieux chinois venu faire affaire avec le patron des lieux. Personne ne se doutait de la vraie raison de sa présence.
Quelques minutes plus tard, Hao Ming et l'homme qui le guidait arrivèrent à la salle de contrôle informatique du club. Deux agents de sécurité les attendaient sur place.
Premier constat : plusieurs écrans affichaient un écran bleu.
— Tu penses que ça prendra combien de temps pour tout réparer ? demanda nerveusement l'homme.
— Ça dépend des dégâts...
Hao Ming ôta son manteau, retroussa les manches de son pull, puis s'assit devant l'ordinateur principal pour analyser le système informatique.
En préparant l'ouverture du club aujourd'hui, le gérant avait été informé qu'une grande partie du système informatique de l'établissement avait été corrompue par un virus inconnu. Il avait soupçonné un concurrent d'être derrière cette attaque informatique.
Ne sachant pas quoi faire, il avait appelé Hao Ming à la rescousse. Ils n'étaient pas amis, mais ils se connaissaient depuis un moment. Hao Ming avait accepté de l'aider sans contrepartie, car le gérant l'avait aidé à obtenir des clients pour Jade Shielding à ses débuts...
— Dix minutes. annonça Hao Ming.
Il ouvrit ensuite une commande sur l'ordinateur central, effectua plusieurs manipulations et saisit une suite de lignes de codes.
Ainsi, tout revint à la normale en presque dix minutes. Hao Ming prit ensuite la liberté d'installer un programme personnel pour renforcer le système.
— Tu es formidable, Bai ! Un vrai magicien ! Qu'est-ce que j'aurais fait sans toi ? le gérant était encore plus heureux que tout à l'heure.
— Maintenant que c'est fait, je rentre. notifia Hao Ming au gérant alors qu'il remettait son manteau, en bâillant.
— Quoi ?! Non ! La nuit ne fait que commencer et je dois te remercier comme il se doit. le gérant poussa un peu Hao Ming.
— Mais...
— Pas de mais ! Les gars, amenez plus de bouteilles dans ma loge VIP ! ordonna-t-il aux agents avec qui ils étaient entré plus tôt. Bai, dans la vie, il faut savoir s'amuser de temps en temps.
Les deux hommes s'inclinèrent et sortirent pour mettre à exécution l'ordre qu'on venait de leur donner. Le gérant et Hao Ming sortirent aussi de la pièce pour se diriger vers la loge VIP, à l'étage.
— , ce n'est pas la peine de faire tout ça.
— J'insiste. Des amis à moi sont aussi présents. Ils ont très envie de te rencontrer. Tu ne peux pas me laisser tomber maintenant, Bai.
( * renard ou personne sournoise et traîtresse )
Hao Ming inspira un bon coup et accepta, à contrecœur, de suivre le gérant. Celui-ci avait la mauvaise habitude de tisser des liens avec des personnes influentes uniquement pour flatter son ego et donner l'impression de faire partie de la haute société. Dans la pièce VIP, il y avait quatre autres hommes, qui paraissaient dans leur trentaine et qui portaient des accessoires de luxe. Il y avait une ou deux femmes à leurs côtés et aussi beaucoup d'alcool et d'amuse-bouches sur la table au centre de la salle. Les hommes étaient déjà bien éméchés.
— Tu es déjà de retour ! s'exclama l'un d'eux.
— Qui est ton nouvel ami ? demanda un autre.
— C'est le PDG de Jade Shielding, Bai Hao Ming! On se connaît depuis un moment, on s'entraide de temps en temps.
— Oh ! C'est lui ?! Il est bien plus jeune que je le pensais ! Tu as quel âge ?
— J'ai 24 ans.
— Ouah ! Viens t'asseoir avec nous ! réagit le quatrième homme.
Avec le gérant, Hao Ming alla trouver une place. Il se mit sur le bord du canapé, de manière à être proche de la sortie. Peu après, les agents de sécurité de tout à l'heure entrèrent dans la pièce avec des bouteilles d'alcool et de quoi manger. Ils étaient également accompagnés de deux jeunes femmes ravissantes. Elles étaient venues pour s'amuser entre copines dans le club. Lorsqu'on leur a proposé de venir dans cette salle, où les consommations seraient gratuites pour elles, elles ont sauté sur l'occasion. Elles se placèrent de chaque côté d'Hao Ming et l'une d'elles lui servit un verre de whisky.
— Non merci, je suis venu en voiture. refusa-t-il gentiment.
— Allez Bai, un verre ! On appellera un chauffeur si nécessaire. indiqua le gérant.
Hao Ming but un verre, puis fit semblant d'en avaler d'autres. Le temps passa et tout le monde, sauf Hao Ming, se retrouva fortement alcoolisé. Il en profita pour s'éclipser, prétextant qu'il devait aux toilettes.
À l'extérieur de la salle VIP, il interpella l'un des deux agents de sécurité postés devant la porte.
— Bonsoir, si Monsieur Choi me cherche, dites-lui que je ne me sentais pas bien et que je suis parti.
À la suite de cette phrase, il sortit quelques billets de son porte-monnaie et les partagea entre les deux agents, puis se dirigea vers l'escalier pour descendre.
De sa position, il remarqua qu'une serveuse paraissait avoir des problèmes avec des jeunes hommes. L'un d'eux tenait son poignet droit et voulait la forcer à boire avec lui, ce qu'elle refusait.
— Viens prendre quelques verres, ça ne te fera pas de mal. proposa lourdement l'homme qui tenait la serveuse.
— Je suis désolé, monsieur, je suis toujours en service, je ne peux pas... tenta vainement d'expliquer la jeune femme.
L'homme, déjà très ivre, ne voulait rien entendre. Il sortit de l'argent de sa veste et tenta de le mettre dans la chemise de la serveuse. Par réflexe, celle-ci poussa l'homme sur le canapé derrière lui.
— Pour qui tu te prends sale p*** ?!
Dans un élan de rage, l'homme se releva, prit un verre d'alcool encore plein sur sa table et fit un geste pour envoyer le contenu du verre sur la serveuse qui cria par anticipation.
Quelques personnes autour de la table furent interpellées par le cri et la musique s'arrêta. Des agents de sécurité entourèrent alors la table où se déroulait l'incident.
La serveuse, qui avait fermé les yeux, fut surprise de voir, en les ouvrant, que ses vêtements étaient secs et qu'une personne se tenait devant elle.
— Qui es-tu ?! Son copain ? Tu... tu vas faire quoi ?
Hao Ming essuya d'une main le whisky qui dégoulinait sur son visage. Il était encore plus agacé qu'il ne l'était tout à l'heure.
— Je suis juste un gars qui veut rentrer chez lui pour dormir. répondit nonchalamment Hao Ming.
Sans raison apparente, l'homme tenta de frapper Hao Ming qui le maîtrisa sans effort. L'homme fut ensuite remis aux agents de sécurité qui le jetèrent hors du club. Les personnes qui l'accompagnaient le suivirent. L'ambiance musicale revint peu à peu et tout le monde oublia vite l'incident. La serveuse remercia chaleureusement Hao Ming et se remit au travail.
Hao Ming se rendit finalement aux toilettes pour laver son visage et se débarrasser de l'odeur d'alcool.
— Tu as été vraiment héroïque à l'instant. déclara une voix mielleuse derrière lui.
En se redressant, Hao Ming fut étonné par l'apparence de la personne qui se tenait derrière lui.
Un ange !