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Chapitre 1 - En route pour l'Académie

Un cahot plus violent que les autres réveilla en sursaut la jeune fille qui dormait au fond de l’autocar. Ses orbes d’un turquoise profond se posèrent sur la route. Un panneau bleu passa sur le coté de la route mais n’eut pas le temps de le lire. Cependant un regard sur les voies lui apprit qu'ils étaient toujours sur l'autoroute.

Elle retint un bâillement alors qu'elle se redressait sur son siège. Elle ajusta quelques mèches sombres sous son casque audio rose pâle et sortit son téléphone de son épais manteau brun. Le nez dans l’écharpe et les yeux rivés sur l'écran cassé, les titres défilaient sous son doigt avec lenteur. Son ongle immobilisa la liste. Un nom accrochait plus que les autres. Elle le tapota et se laissa porter sur les ondulations du violon de Lindsey Stirling. Cela lui permettait de se vider la tête des problèmes de sa vie actuelle.

Elle avisa l’heure avant de resserrer un peu plus son manteau par-dessus son sweat acajou. Elle souffla dans son écharpe, dépitée, mais apprécia la soudaine chaleur qui se diffusait dans la laine. Quinze heures. Cela faisait plus de quinze heures qu’elle se trouvait dans ce maudit autocar avec d’autres adolescents. La destination : une académie. Et pas n’importe laquelle ! Une école de magie.

Espoir, toute positive qu’elle était, n’en croyait pas un seul instant. Cela ne pouvait pas exister ! Cela expliquerait bien des choses pourtant…

Elle frissonna et souffla dans ses mains pour se réchauffer. Malgré le soleil éclatant et les 23°C qu’indiquait le voyant juste au-dessus du conducteur, elle avait toujours froid. Mais elle ne gelait pas encore. C’était bon signe dans un sens. C’est quand elle grelottait à s’en claquer les dents que les problèmes survenaient. 

Espoir attrapa son sac et se rendit dans les toilettes du car. Elle s’attendait à quelque chose de bien sale mais au moins isolé. Cependant, elle fut surprise d’y trouver une propreté impeccable et même pas nauséabonde comme elle avait pu souvent le constater dans les espaces publics confinés réservés à cet effet. Non, ici, c’était propre et immaculé. 

Elle posa son sac sur la planche rabattue et avisa son visage dans la glace. Sous ses mèches corbeau, son visage en cœur était bien pâle. Elle passa les mains sur ses joues et fit une légère grimace. Elle devrait faire assez rapidement un soin hydratant complet. Elle se contenta d’un peu de crème sur les mains et apposa le reste sur les endroits les plus secs et sensibles de son visage. Une fois que les crevasses apparaissaient, c'était une calamité de les faire disparaître.

Son attention se porta ensuite sur ses longs cheveux noirs. Elle ignora ses pointes rouges, à la recherche d’une couleur bien spécifique, qui pour son plus grand soulagement n’était pas là. Un autre bon signe que les problèmes étaient loin. Elle sortit alors son tube de beurre de cacao et s’en appliqua sur les lèvres avant de retourner à sa place au fond de l’autocar. 

Elle avisa à nouveau l’écran. Elle commençait vraiment à avoir faim. Si elle en croyait le planning, elle arriverait bientôt à destination. 

Un message arriva. ‘Remplaçant du Vieux Chou’, disait son écran. Que lui voulait encore cet oiseau de malheur ? Espoir trouvait déjà suffisant qu’il l’envoie dans une prison pour mineurs, un internat d’une académie dont elle fuguerait bientôt, comme elle avait fugué de tous les foyers où elle avait été placée ces trois dernières années. Elle aurait juste besoin d’attendre que la surveillance baisse. 

Techniquement, elle avait déjà eu la possibilité de fuir cet autocar. Deux fois. Mais elle était quand même intriguée par le discours que lui avait servi le Remplaçant du Vieux Chou. Comme ce dernier était parti à la retraite, le dossier d’Espoir était tombé entre de nouvelles mains, le Remplaçant dont elle n’avait pas encore retenu le nom. Avec le Vieux Chou, c’était facile. Il s’appelait Robert. Un nom banal pour un vieux. Facile à retenir. Mais pour le jeune qui devait avoir trente ans maximum, son nom en S n’aidait pas du tout à le retenir. 

Mais elle avait retenu le peu qu’il lui avait raconté. Il avait parfaitement su comment la convaincre. Il n’avait eu qu’à dire deux mots : froid et glace. Cela la suivait depuis des mois, des années. Elle en avait peur. Depuis ce jour où elle avait malencontreusement blessé la vieille dame qui la gardait chez elle en babysitting. Espoir avait douze ans. Depuis, elle était constamment en fuite, jusqu’à ce que les services sociaux la retrouvent pour la mettre dans un autre foyer et qu’elle fugue encore. Cela avait duré longtemps comme ça. C’était difficile.

Jamais personne avant le Remplaçant n’avait su parler du froid et de la glace comme lui. Comme s’il savait quelque chose. Mais sa réponse avait été simple, concise tout en restant si vague et mystérieuse. 

– Tu apprendras tout à l’Académie Primeral, tout comme moi. On passe tous par là. 

Alors Espoir avait accepté d’y aller, curieuse de savoir ce qui s’y cachait. Et si cela ne lui plaisait pas, elle pourrait toujours partir. Elle le faisait tout le temps. 

Elle ouvrit le message. 

‘Rencontre avec Emma Park à l’entrée du bâtiment principal. Ne t’avise pas de le manquer. Sylvain Leroy.’

Il s’appelait Sylvain Leroy, cela lui revenait. Et si elle l’oubliait, elle avait dorénavant un message de lui pour lui rappeler. Ca passerait mieux que le Remplaçant du Vieux Chou dans une conversation avec un adulte. 

Elle sortit un thermos de son sac et se servit une tasse. Elle soupira en constatant que son thé était tiède. Ce ne serait pas avec ça qu’elle resterait au chaud. Le froid lui faisait peur.

– Salut ! s’exclama soudain une fille à côté d’elle. Je m’appelle Ambre. Je peux m’asseoir ?

Espoir sursauta et porta sur Ambre ses yeux turquoise. Souriante, elle semblait un peu plus jeune qu’elle. Peut-être onze ou douze ans. Une petite brune aux cheveux mi-longs habillée avec un t-shirt rose sur un short en jeans délavé. Avec son large sourire et ses yeux rieurs, Ambre était presque comme un rayon de soleil. 

– Euh… oui, sourit Espoir. 

Elle dégagea son sac et lui laissa la place. 

– Comment tu t’appelles ? Tu as déjà été à Primeral ? Comment c’est ? C’est quoi ton élément ? Est-ce que c’est vrai que Mme Perrier a combattu la Sorcière des glaces ?

Espoir fut soufflée par tant d’énergie. Elle avait l’impression d’être face à une pile électrique.

– Hmmm… Je n’ai jamais été à Primeral, confia-t-elle en baissant son casque pour l’écouter. Je suis désolée. 

– Ah bon ? Pourtant tu sembles… plus âgée. 

– J’ai quinze ans. 

– C’est bizarre. On rentre entre neuf et douze ans à l’école. Cela dépend de notre éveil. 

– Notre éveil ? 

– Oui. Notre éveil. C’est quand ton pouvoir se manifeste pour la première fois. Pour moi, ma maison s’est allumée comme un sapin de Noël. Et toi ? Cela s’est passé comment ? 

Espoir réfléchit un instant à comment le Remplaçant du Vieux Chou l’avait retrouvée. D’abord par la police pour une affaire étrange et remplie de merde. Littéralement. Elle fronça le nez tout en le plongeant dans son écharpe pour cacher son malaise. 

– J’ai fait exploser des toilettes, révéla-t-elle. 

– Tu es hydrokinésiste ! Ou peut-être vaporokinésiste !

– Hydro, c’est l’eau, non ? 

– Oui. 

– Est-ce qu’il y a un élément glace ? 

– Hmmm… Disons que c’est une spécialité, fit Ambre, un peu plus mal à l’aise. 

– Qu’est-ce qu’il y a ? 

– Rien. Tu manipules la glace ? 

Espoir sentit qu’il y avait un problème et elle frissonna. 

– Je n’en sais rien. Je ne sais pas comment j’ai fait exploser les toilettes. 

– Quel est l’élément de tes parents ? Souvent, c’est lié. 

– Je… Je n’ai pas de parent. Je suis orpheline. 

Elle souffla. Ses parents étaient des… des… magiciens ? Ils manipulaient un élément ? Hélas, il s’agissait d’informations dont elle n’aurait probablement jamais les réponses. 

Le visage d’Ambre se flétrit. 

– Oh ! Je suis désolée ! Je ne voulais pas te faire de la peine ! Je te ju…

– C’est pas grave, coupa Espoir avec un petit sourire. Je ne les ai pas connus. 

– Oh ! Ma pauvre ! 

Espoir fut surprise d’être prise dans un énorme câlin. Elle en fut un moment mal à l’aise. Cette fille, elle ne la connaissait pas et elle venait comme ça, se jetait sur elle pour la câliner. Une boule d’énergie comme elle n’en avait encore jamais vue. 

Espoir lui tapota l’épaule. Puis, elle s’écarta un peu à contrecœur car Ambre était une source de chaleur bienvenue. Espoir lui offrit un sourire plus large.

– Ca va. Je ne le vis pas mal. Enfin… pas plus qu’avant. Et toi ? Comment tu sais tout ça ? 

– Mes parents sont foudre et métal. Ca conduit, comme on dit ! 

Ambre rit de sa propre blague mais Espoir n’en comprit pas la teneur. Elle ne fit que sourire poliment en se servant une autre tasse de thé. Sa dernière. Et elle était froide. 

– Tu sais quand on arrive ? demanda-t-elle à l’électrokinésiste. 

– On ne devrait pas tarder. J’habite juste à côté de l’Académie. 

– Ah oui ? Pourquoi tu n’y es pas allée en voiture alors ? 

– Parce que mes parents n’ont pas de voiture. On ne voyage pas en voiture quand on maîtrise son élément. 

Espoir la fixa avec des yeux ronds. 

– Tu comprendras quand tu auras été initiée à ton élément. Mais pour faire simple, je dirais que comme on retrouve notre élément presque partout, il nous suffit de nous y connecter, d’entrer en symbiose avec lui et quand on l’aura pleinement compris, on pourra voyager à travers lui. Enfin, c’est comme ça que je le comprends quand mon père en parle. 

Espoir la fixa quelques instants par-dessus sa tasse vide avant de souffler. C’était beaucoup à digérer. Soit on l’avait envoyé dans une école d’illuminés du cerveau, soit il y avait vraiment un truc étrange et magique derrière tout cela. 

– Oh ! Regarde ! C’est le portail de l’école ! 

– Où ça ? 

– Là, les arbres.

L’autocar longeait un champ de fleurs sauvage. En plein milieu, un chemin de terre était marqué par des traces de roues et quelques nids de poules encore remplis d’eau de la dernière pluie. Au-delà, il y avait une forêt dense sans aucun chemin. 

– Je ne vois rien, fit-elle remarquer. 

– Parce que les dendro n’ont pas encore ouvert le passage, informa un adolescent, presque un adulte, sur le siège juste devant celui d’Espoir. Ils vont l’ouvrir quand le car sera dans le champ. 

– Les quoi ? Pourquoi ? 

– Les dendrokinésistes, les élémentalistes de bois, expliqua Ambre. Pour notre sécurité mais aussi celle des humains. 

– Mais… nous sommes humains. 

– Si on veut, admit Ambre en souriant. Mais nous sommes aussi plus que ça. Nous sommes des élémentaux. Ou élémentalistes. On accepte les deux termes. Cela dépend si tu viens du Québec ou d’ici. Et les Anglais disent elementals ou un truc du genre. Je sais plus. Je suis une bille en anglais. 

– Quoi qu’il en soit, on arrive dans dix minutes, informa le garçon en face des deux jeunes filles. 

Alors que l’autocar s’engageait sur le chemin de terre et approchait des arbres, ces derniers s'écartèrent et dégagèrent un espace suffisamment large pour lui permettre de passer.

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2 Comments

2 months
Ambre est tellement adorable ! On en envie d'en savoir plus, la coupure est pile au bon endroit 🥶 j'avais froid pour elle.
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2 months
Oui, moi aussi j'ai froid à chaque fois que je travaille sur Espoir. Merci pour ton retour <3
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