Angel n'était resté qu'une semaine à l'hôpital, le temps d'examens approfondis. Il détestait les hôpitaux autant que l'infirmerie de Poudlard ! Mais il ne se plaignit pas. Severus, son Beau et Ténébreux Severus, était là tous les jours. Cela lui apportait le sourire. Même quand il le regardait avec une fine colère quand il n'arrivait pas à manger plus qu'une tranche de pain. Il faisait pourtant un effort. Il était à chaque fois au bord de la nausée.
— Une fois hors de cet établissement, je te donnerai des potions pour accélérer le processus, avait-il murmuré à son oreille.
— Je n'en doute pas, avait répondu Harry en retour avant de l'embrasser.
Quand il put enfin sortir, après avoir reçu des informations très strictes quant à son régime pour reprendre un poids normal ainsi que la santé, Severus lui demanda où il habitait. Il l'avait donc mené jusqu'à son petit studio non loin du club. Il hésita un instant devant la porte. Il n'avait encore invité personne chez lui. Pas même Loly. Elle savait où il habitait et l'avait souvent raccompagné quand il était plus jeune mais elle n'était jamais rentrée à l'intérieur. Severus crut le comprendre et patienta silencieusement, ne posant qu'une main rassurante sur son épaule.
Quand il vit dans quel espace réduit vivait son ancien élève, et à présent amant, le Serpentard fut surpris.
— Comment par Merlin un fils de Lord peut-il vivre dans un petit endroit aussi simple et pauvre que celui-ci ? ne put-il s'empêcher de demander.
Il entendit un petit ricanement, léger, pas spécialement joyeux. A peine amusé. Angel lui servit un verre d'eau, le jus d'orange qu'il avait dans son frigo n'était plus bon depuis longtemps. Il s'appuya contre l'évier et but une gorgée de son propre verre avant de répondre.
— C'était la seule façon de protéger mes biens de la cupidité de mon oncle. C'est le Patron qui me loue le studio et il fait souvent des inspections pour voir s'il n'y a aucune dégradation. Il est très pointilleux pour ce qui concerne ses biens.
Il haussa les épaules.
— Malheureusement pour moi, le Patron est le meilleur ami de mon oncle et lui rapporte beaucoup de choses. S'il avait vu que je vivais dans le grand luxe, il se serait douté de quelque chose. Alors je me contente de peu. Je n'ai jamais eu grand-chose avant de toute façon. Mes biens qui ont le plus de valeur, ou qui sont bien trop étranges aux yeux d'un Moldu sont dans ma malle. Le reste, je n'ai fait que les récupérer et marchander avec le temps. Parfois je piochais un peu dans mon héritage pour combler ce qui manquait mais jamais des tonnes. Je laissais mon compte pour gérer mes affaires sorcières. J'ai acheté quelques actions qui ont bien fructifié mais je n'ai rien touché en attendant de savoir ce que j'allais faire une fois mes vingt-cinq ans révolus.
— Et que comptes-tu faire à ce moment-là ? demanda Severus, curieux.
— J'en sais encore rien. J'aime bien mon métier. Je sais juste que je ne pourrais pas continuer au Magnolia Club. Mon oncle m'a déjà pris toute ma paie sous prétexte que j'étais devenu très doué et que je me faisais pas mal d'argent en pourboires. Tu parles...
Il s'arrêta un instant avant de jurer.
— Langage ! corrigea le Maître des Potions par mécanisme.
— J'avais envoyé un hibou aux Gobelins pour un rendez-vous, répondit le Gryffondor. Je n'ai pas pu payer toutes mes factures ce mois-ci. Pas assez d'argent...
Severus grimaça. Manquer un rendez-vous avec les Gobelins n'étaient vraiment pas bon. C'était une perte de temps pour eux. Et le temps, c'est de l'argent. Toutefois les circonstances étant telles qu'elles étaient...
— Si tu dis que tu as eu un malaise et que tu as passé ta semaine à l'hôpital, cela devrait aller, le rassura-t-il. Ce n'est pas comme si tu leur faisais perdre leur temps en général...
— Ouais... tu n'as pas tout à fait tort.
— Je n'ai jamais tort.
— Ah oui ? fit Angel en relevant un sourcil. Tu avais pourtant tort sur moi, il me semble...
Severus eut une nouvelle grimace, coupable cette fois, mais cela fit rire doucement le jeune homme qui vint s'installer à la table auprès de lui. Le son amusé apaisa les traits du Serpentard alors qu'ils se prenaient mutuellement la main. Le Maître des Potions observa encore un instant le studio qu'il trouvait bien trop impersonnel, même pour lui, avant de soupirer.
— Je ne te laisse pas ici, dit-il simplement.
— Et tu voudrais que j'aille où ? demanda le Gryffondor. Je n'ai pas envie de retourner chez mon oncle et récupérer le placard sous l'escalier ! C'est encore plus petit qu'ici ! Je ne sais même pas si je peux encore rentrer dedans tout seul en plus, alors avec mes aff...
Un doigt fut posé sur ses lèvres, le sommant au silence. Il se tut et plongea son regard dans les billes onyx qu'il aimait tant observer.
— Tu me fais confiance ? demanda-t-il.
— Hmm... Tu me demandes si j'ai confiance en l'homme qui a sacrifié sa vie pour moi alors qu'il faisait tout pour être détesté, ou est-ce que tu me demandes si j'ai confiance en mon Beau et Ténébreux Severus ? fit le plus jeune, incertain.
— Les deux.
— Alors oui, j'ai une absolue confiance en toi, sourit Angel avant de venir l'embrasser.
Maintenant qu'ils étaient en privé, ils ne se retinrent pas pour approfondir le baiser. Le Gryffondor arriva rapidement sur les genoux de son amant, les bras autour de sa nuque, fourrageant avec douceur et tendresse ses mains dans cette chevelure noire qui était toujours aussi... propre !
Il rompit le contact avec une question en tête, question qu'il avait depuis des mois.
— Dis, juste par curiosité, tu m'expliques pourquoi tes cheveux étaient toujours lamentables en cours et que là, ils sont propres et soyeux, » fit-il avec un sourire.
Severus rit doucement.
— Protection capillaire. Je passe ma vie au-dessus de chaudrons, je te rappelle. C'est mon art.
— Même si je n'y comprends vraiment rien, je ne vais pas discuter. Mon art est tout aussi étrange que le tien. Je n'ose imaginer ce que les autres penseraient en apprenant que je m'épanouis dans un club de strip-tease...
— Vu ce que tu fais, tu pourrais continuer dans un autre domaine que le strip-tease. Comme la danse par exemple et faire tes propres spectacles. Etre ton propre patron.
Il observa la moue réflexive d'Angel. Il prenait vraiment cette option au sérieux. Il était clairement tourné vers l'avenir afin de se détacher des crochets de son oncle.
— Peut-être, fit-il au bout de quelques minutes. J'ai encore un peu plus de quatre ans pour y réfléchir sérieusement.
— Un Gryffondor qui réfléchit, fit Severus, taquin. Voilà qui est étonnant.
Le visage du jeune homme se munit d'un sourire qui donna des frissons dans le dos du Serpentard.
— Tu veux que je te dise un secret ? dit-il simplement.
Severus hocha la tête. Angel s'approcha de son oreille pour le lui murmurer.
— J'aurais dû être à Serpentard à l'origine.
Le Maître des Potions se figea un instant alors que le Gryffondor se redressait pour voir une expression de surprise sur le visage de son amant. Il rit doucement et attendit qu'il se souvienne de comment faire pour respirer.
— Mais qu'est-ce que tu faisais à Gryffondor alors ?
— Pour résumer, Voldemort était un Serpentard, répondit Angel en comptant sur ses doigts. Ron m'avait dit dans le train juste avant la première année que tous les sorciers qui avaient mal tourné étaient des Serpentards, et j'ai rencontré Malfoy qui a agressé mon tout premier ami et qui, surprise, a atterri à Serpentard. J'ai supplié le Choixpeau de ne pas m'y envoyer, termina-t-il en haussant des épaules.
Severus se pinça l'arête du nez alors qu'il digérait l'information.
— Drago et toi, vous êtes comme chien et chat, soupira-t-il avec dépit.
— J'aurais dit lion et serpent, personnellement, plaisanta le plus jeune.
— J'espère que cela va se calmer d'ailleurs.
— Pourquoi ?
— Parce que c'est mon filleul et que je le vois souvent... Enfin, un peu moins maintenant qu'il passe son temps avec sa fiancée et moi au club...
— Toi ? Tu es le parrain de la fouine ?! Merlin...
Angel se releva pour se réinstaller sur sa chaise en soupirant.
— Lucius est mon meilleur ami depuis longtemps, Angel. Il me l'a demandé avant même sa naissance. Nous étions encore en guerre à l'époque et tous deux très actifs auprès du Seigneur des Ténèbres...
Moment de silence.
— Et d'où cela vient ce surnom ? La fouine ?
Il entendit un éclat de rire, clair et amusé. La lueur dans le regard du Gryffondor était plaisante à regarder même si c'était aux dépends de son filleul.
— Tu te souviens de Barty Croupton ?
— Oui ..., fit Severus sans comprendre.
— Eh bien quand il était enseignant sous polynectar, ben il est venu une fois me porter 'secours' quand Malfoy a attendu que j'ai le dos tourné pour me lancer un maléfice. Il l'a transformé en fouine et lui a appris ce que c'est que de voler sans balai et... ah oui ! Quelle était la couleur du slip de Crabbe !
Il repartit dans un éclat de rire. Severus ne put s'empêcher d'avoir un rictus amusé. Pauvre Drago...
— Il me semblait pourtant que l'on ne devait pas utiliser la métamorphose comme punition, fit-il remarquer. Si j'avais su, je me serais moi-même amusé...
— Le professeur McGonagall lui en a touché deux mots quand elle est intervenue, répliqua Angel qui ne put réprimer un frisson à l'idée d'être puni par Severus par le biais de la métamorphose.
Ce dernier se releva.
— Allez ! dit-il. Prends ce dont tu penses avoir besoin pour une quinzaine, je t'emmène.
— M'emmener où ?
— Tu verras, fit le Maître des Potions, énigmatique.