Harry entra par la porte de service et ôta immédiatement ses lunettes, pour devenir celui qu'il aimait être, à savoir Angel. Il se dévêtit rapidement. Il enfila son pantalon moulant noir en similicuir – qui mettait largement ses formes en valeur – et une chemise blanche légèrement chiffonnée mais exprès, stylée, avec juste les manches relevées juste au-dessus du coude et à moitié ouverte devant, révélant sa musculature fine. Sa peau était pâle, signe qu'il n'allait pas souvent au soleil et on pouvait voir quelques fines cicatrices, traces de la guerre contre le Seigneur des Ténèbres, mais qui n'enlaidissait pas son corps d'athlète, ou d'artiste. Cela dépend du point de vue. Il était de toute façon les deux.

Il se dirigea vers la glace et sortit une petite boîte de son sac. Il en sortit ses lentilles et les mit rapidement, habitué à le faire et s'aidant légèrement de sa magie quand elles étaient légèrement capricieuses. Il arrangea du mieux qu'il put ses cheveux – qu'il soit Harry Potter ou Angel, les cheveux étaient toujours aussi désespérants ... – tâchant de dissimuler sa cicatrice dans la foulée. Il n'en avait pas honte mais même ici, il suffisait quelqu'un le regarde alors qu'il travaillait en salle ou au bar et qui venait du monde magique et il était foutu. Il voulait garder cette partie de sa vie secrète, loin de ces vautours de journalistes. Le club, c'était son jardin secret. Enfin, celui de son Patron mais ... enfin vous avez compris où je veux en venir. Angel voulait rester hors des radars, anonyme du monde sorcier, tout en restant l'étoile, le Joyau du Magnolia Club.

Il sentit une main venir dans ses cheveux et il grogna doucement.

— Bonjour, Angie ! fit une danseuse du club.

— Salut Loly ! répondit-il avec un sourire. C'est quoi le programme aujourd'hui ? 

— Tu t'occuperas du bar et de la salle. 

Le jeune homme fronça les sourcils alors qu'il se tournait pour la fixer. Elle était grande et fine, aux belles formes, du moins pour qui serait de ce bord-là... Métisse, cheveux bruns, les yeux chocolat, la femme était une précieuse amie qui avait appris à Angel l'art de la pole dance. Et elle était aussi la cheffe de service. C'était elle qui gérait tous les programmes. En général, elle mettait le petit prodige sur scène mais il arrivait qu'elle doive le mettre autre part par question de nécessité. Il fallait que le club tourne et Angel savait tout faire, en temps, en heures, sans se plaindre et le Patron était toujours ravi de lui et ce depuis des années.

— Autant ? 

— Marc est malade et Anna a eu un accident. 

— Ouille ! Grave ? 

— Disons qu'elle ne viendra pas pendant quelques semaines. Elle s'est tordu la cheville. 

— Oh, soupira-t-il, rassuré. Ca va encore, j'ai cru à un accident de voiture ou un truc du genre. 

— Non, non, rien de tel, pouffa Loly. Dépêche-toi de préparer la salle pour l'ouverture. Tu sais que le Patron n'aime pas qu'on ouvre en retard. 

— Ouais, ouais, je sais. Mais je n'ai jamais ouvert une seule fois en retard, même en étant à la bourre. 

— Tu n'as d'ailleurs jamais expliqué ton secret. 

— Normal, c'est de la magie ! rit-il en entrant dans la salle avec elle.

— Mais oui, c'est cela... Je vais voir pour trouver rapidement quelqu'un pour la salle et te soulager de ça. 

— Merci, ma belle. Ce serait avec plaisir. Mais si jamais ce n'est pas possible, ce n'est pas grave. 

Angel prépara rapidement toutes les tables, allumant quelques fausses bougies colorées et vidant les cendriers qui avaient été oubliés la nuit précédente lors de la fermeture. Il changea toutes les nappes à la vitesse de l'éclair et arrangea quelques fauteuils. Il alluma la musique, les lampes et les spots, donnant une ambiance tamisée, propice aux spectacles qui se donnaient sur les scènes, les cages et les barres. Il en caressa une pendant un moment en souriant avant de se diriger vers la porte pour ouvrir. Il pouvait très bien s'occuper de terminer de préparer le bar en même temps que d'éventuels clients se pointent. Les heures d'ouverture et de fermeture étaient toujours ainsi : la préparation de la soirée ou débarrasser les déchets ou autres saletés.

Le videur, Greg, vêtu de son costard chic brun clair, sans pour autant paraître trop habillé, le salua et se plaça à l'entrée afin de surveiller la clientèle. Certains n'avaient plus le droit de franchir les portes du club pour quelques problèmes évidents ... Dans ce lieu, ils faisaient du strip-tease. C'était clair et ils ne se cachaient pas. Mais ils ne faisaient rien de plus. Ils s'agitaient, se mettaient en valeur mais jamais, jamais, ils n'offraient plus de service à la clientèle. Ils étaient des artistes, pas des putes ! C'était la loi de la maison, la loi du Patron. Certains ne l'avaient pas compris et ont été jetés dehors.

Il prépara le bar selon son système de fonctionnement, ayant à portée de main les alcools et quelques suppléments qui étaient les plus populaires. Il renfloua le congélateur en glaçon venant de l'arrière-bar et salua ses collègues de la main quand ils entraient pour se mettre à leur place.

Hommes et femmes dansaient dans le club devant les clients. Il y avait trois cages, sept barres verticales, une scène avec une huitième barre un peu spéciale que l'on pouvait remplacer par un anneau suspendu à l'occasion et en fonction des artistes et leur performance.

Il servit avec le sourire les clients, flirtant pour s'amuser avec certains d'entre eux qui avaient commencé au préalable à lui faire des avances. Il veillait toutefois à toujours rester inaccessible, mystérieux. Il était Angel.

— Allez, Angie, fit Steeve, un client régulier depuis six mois.

Pas moche à regarder, cheveux châtains, des yeux bleus perçants, un corps banal mais un magnifique sourire. Sans parler de son sens de l'humour et de la drague.

— C'est quoi ton numéro ? demanda-t-il.

— Mon seul numéro est celui du club, répondit Angel.

— Tu dois bien avoir un téléphone ! 

— Peut-être... Peut-être pas..., rit l'artiste derrière son bar. Mais je ne le donne pas facilement, encore moins à mon travail. Je ne confonds pas vie privée et professionnelle, mon mignon. J'aime m'amuser mais toujours dans les limites du raisonnable. 

Il vit l'homme soupirer, faignant le désespoir. Son sourire s'agrandit devant tant de théâtralité.

— Bon, il ne me reste plus qu'à trouver un autre magnifique bijou dans cette caverne d'Ali Baba, fit Steeve avec un sourire, pas le moins du monde vexé.

— Je t'en prie, répondit Angel en faisant un geste ample et gracieux du bras vers le club où bon nombre de spécimens, hommes et femmes, étaient présents. Tu as l'embarras du choix. 

Ils rirent ensemble et le barman continua à travailler dans la joie et la bonne humeur. Comme chaque jour depuis que la guerre contre Voldemort était finie et qu'il n'avait plus cette épée de Damoclès au-dessus de la tête.

— Salut Angel ! fit une voix familière derrière lui.

Ce dernier se retourna avec un sourire.

— Salut Mia ! dit-il en l'embrassant sur les joues. Tu n'étais pas en congé ? 

—Si mais Loly m'a téléphonée pour me dire que tu étais tout seul pour le bar et la salle. Je ne voulais pas te laisser comme ça. 

— Oh, tu sais... Ce n'est pas grave si je ne danse pas. On gère un peu tous le club... 

— Taratata ! écarta-t-elle de la main avant de se pencher sur son bon de commande. Il me faut deux Kiwizz, un Bora bora, une Margarita et trois Sex on the Beach ! 

— Ca marche ! répondit Angel en prenant le bon. Je te fais ça tout de suite. 

Ainsi se passa une bonne partie de sa soirée, préparant verre sur verre, servant l'une ou l'autre bière et apéritifs, flirtant, riant, blaguant, parfois rappelant certains clients à l'ordre sans jamais hausser vraiment le ton. Il utilisait juste une petite impulsion de sa magie pour intimider les petits fauteurs de trouble et si jamais cela continuait malgré tout, il faisait appeler le videur.

Alors qu'il nettoyait quelques verres qui venaient de revenir, Loly vint le voir.

— Et Angie ! fit-elle enthousiaste.

— Oui, Loly chérie ? demanda-t-il curieux.

— Il y a un gentilhomme qui vient de payer cash cinq cent livres pour voir le Joyau pour son grand show ! Il veut changer les idées de son ami, tout aussi gentleman, bien qu'un peu ronchon... 

— Euh ... moi, je veux bien... mais et le bar ? Qui va gérer ? 

— Je vais demander à Mushu dès qu'il sort de scène. 

— Okay. 

Dix minutes plus tard, Mushu, un artiste d'origine asiatique vint le remplacer au bar afin qu'il puisse rejoindre les coulisses. Il retira ses lentilles de contact de peur de les perdre lors de sa performance. De plus, il préférait de loin ne pas voir avec précision ce qu'il faisait, encore moins le visage des spectateurs. Cela lui permettait de se consacrer uniquement à son art. Son show, sa spécialité était la pole dance.

Il n'eut pas le temps d'enlever sa chemise pour se mettre plus à l'aise que Loly lui tirait déjà le bras et l'amenait sur scène. Il sourit devant son enthousiasme comme à chaque fois. Il regarda la foule sans la voir, le regard étincelant alors qu'il sentait son amie, collègue et mentor retirer sa chemise.

— Et voici ... Angel !