Quand Lucius revint en Angleterre après un voyage d'affaires, il fut surpris de voir Severus dans son salon avec un verre de Whisky PurFeu en main. Il semblait d'humeur vraiment morose. Il releva un sourcil.

— Que s'est-il passé ? demanda-t-il directement en posant sa mallette.

— Potter ! cracha le Maître des Potions.

— Qu'est-ce qu'il a encore fait pour te mettre dans cet état ? » demanda le blond en levant les yeux au ciel. Potter ne fait presque plus parler de lui et évite les médias comme la peste. 

— Vu ses activités actuelles, rien n'est moins étonnant ! 

— Ses activités actuelles ? demanda Lucius en allant s'installer devant son vieil ami.

Il claqua des doigts et ordonna à un elfe de lui servir un verre de Whisky à lui aussi.

— C'est Angel. 

— Je te demande pardon ? 

— Harry foutu Potter, le Sauveur du monde sorcier, notre héros national n'est autre qu'Angel, le Joyau du Magnolia Club ! 

Lucius s'immobilisa totalement, les yeux écarquillés, le verre à mi-chemin de ses lèvres.

— Tu plaisantes là ? 

— Est-ce que j'ai l'air de plaisanter ?! s'énerva Severus en se levant brusquement. J'ai flirté avec ce sale garnement ! Je suis tombé sous son charme ! Je suis tombé amoureux d'Angel ! Et il savait ! Il savait ! Il s'est joué de moi ! 

La magie de son ami tourbillonnait dangereusement autour de lui, signe qu'il était vraiment fou de rage.

— Est-ce que tu en es sûr, Severus ? demanda l'aristocrate.

— Certain ! J'ai vu sa cicatrice ! Il me l'a avoué !

— Est-ce que tu lui as laissé une chance de s'expliquer ?

— J'aurais tué ce gamin avant. On aurait immédiatement engagé un duel si j'étais resté sur place une minute de plus ! siffla le Maître des Potions. Je déteste qu'on se foute de ma gueule ! 

Lucius tenta d'avoir plus d'informations mais baissa rapidement les bras. Du moins pour le moment. Severus était tellement en rogne qu'il ne pouvait tout simplement pas en savoir plus. Il devrait aussi voir Angel au club pour connaître sa version de l'histoire.

Par Salazar, il s'absentait pendant une petite quinzaine de jours et le monde partait en vrille ! N'y avait-il pas moyen d'avoir un peu de stabilité dans ce monde pour une fois ?!

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Loly observait son petit protégé depuis une semaine. Elle s'inquiétait. Il n'y avait plus cet éclat de joie dans ses yeux, quant à son sourire, elle le sentait faux. Il faisait toujours son travail de manière impeccable. Il était très professionnel. Il l'avait toujours été du plus loin qu'elle se souvienne. Mais à côté de cela, l'enfant rieur qu'elle avait vu grandir avait perdu toute lumière. Cela se ressentait même dans ses prestations.

Elles étaient toutes sublimes mais d'une autre manière. Au lieu d'être dynamiques et empreintes de cette chaleur qui lui était si caractéristique, on sentait la tristesse et le désespoir dans ses mouvements qui se faisaient parfois brusques. Tout en restant gracieux et livré totalement à son art, il changeait progressivement son style, porté par ses émotions.

La métisse en était sûre, il s'était passé quelque chose de sérieux dans la vie de son petit protégé. Encore pire que quand il était adolescent. Elle se demandait toutefois si cette fois-ci elle pourrait lui arracher les vers du nez. Il avait refusé à l'époque de lui expliquer pourquoi il était stressé et sursautant facilement de surprise et même de peur pour quelques broutilles. Ici, c'était différent... Ce n'était pas de la peur, c'était ... quelque chose de bien plus profond et qui touchait son coeur. Il n'y avait pas d'autres explications pour éteindre la lueur de ses yeux.

Loly avait étrangement la sensation qu'Angel avait commencé une descente aux enfers.

Elle l'observait depuis le bar alors qu'il faisait son show gracieux et dans les airs. Son visage n'exprimait que tristesse, même de là où elle était, elle pouvait voir la lumière des spots se refléter sur ses larmes. Elle prit la décision de venir plus tôt le lendemain afin d'avoir une discussion avec lui pendant qu'ils prépareraient le club.

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Harry pleurait silencieusement dans son lit. Il repensait à ses sourires, à son rire, à sa manière dont il l'appelait, la manière dont il le regardait. Ses prunelles si noires et si pénétrantes qui étaient si vives. Il ne voulait pas de cette haine soudaine. Il ne voulait pas de cette chauve-souris des cachots, de cette menace noire, du Mangemort aigri. Lui ce qu'il voulait c'était son Beau et Ténébreux Severus.

Il sanglota encore, la tête dans l'oreiller, incapable de dormir. Quand il se laissait submerger par le sommeil, il dansait pour lui, il virevoltait pour lui, il voyait son sourire et il ne faisait cela que pour lui faire plaisir. Il savait qu'il aimait le regarder ainsi tournoyer sur sa barre. Mais une fois qu'il remettait pied à terre, il se retrouvait de nouveau en uniforme de Poudlard et faisait face au l'austère et froid professeur de potions. Il n'y avait plus de Severus, il n'y avait plus de Beau Ténébreux, il ne restait plus que l'enfoiré de Snape qui prenait un malin plaisir à faire de sa vie un enfer.

Pourquoi a-t-il fallu qu'il lui ouvre son cœur ? Pourquoi a-t-il fallu qu'il tombe amoureux de lui ? N'avait-il pas déjà assez souffert ? N'avait-il pas déjà suffisamment perdu ?

Il pleura encore, le flot de ses larmes ne se tarissant pas alors qu'il laissait son cœur saigner et exprimer son désespoir.

Son réveil sonna. Il l'attrapa avec violence et le balança à travers la pièce. L'appareil explosa en mille morceaux contre le mur, comme tous les jours depuis maintenant dix jours, depuis que Severus n'éprouvait plus que haine pour lui.

Mais haine ou pas, désespoir ou pas, coeur brisé ou pas, il devait se lever pour aller travailler. Il alla se prendre une douche rapide et se regarda dans le miroir. Il avait d'horribles cernes sombres sous les yeux, cerclés de rouge à force de pleurer. Ses yeux étaient irrités. Il arrangea ses cheveux et se dirigea vers sa malle. Il avait eu l'idée au vu de son état, histoire de rester opérationnel pour son travail malgré son manque de sommeil, de faire des potions énergisantes en masse, ainsi que des potions calmantes pour les moments où il pourrait justement perdre le contrôle sur ses émotions.

Avoir quelques larmes silencieuses durant son show ne le dérangeait pas, mais craquer au bar ou en salle serait bien plus problématique et nuirait à l'image du club. Et si cela nuit au club, cela lui retomberait immanquablement dessus.

Il but les deux infâmes potions et se regarda encore dans le miroir. Il sentit rapidement leurs effets. S'il se sentait à nouveau en forme, cela ne se voyait pas sur son visage. Il avait l'air d'un zombie dans ces mauvaises séries télévisées. Il passa une main devant son visage et se mit un glamour. Il se regarda à nouveau. Il avait l'air ... normal. Le regard certes terne mais pour le reste, il était comme d'habitude. Il prit ses affaires et partit travailler sans manger. Il n'avait pas faim, son estomac était tellement noué qu'il ne pourrait de toute façon rien avaler.

Il arriva à l'heure comme toujours, mais il n'avait pas le coeur à travailler. Il se forçait. Il se changea en silence, répondant uniquement par un semi-bonjour, semi-grognement quand Loly arriva également.

— Angie, fit-elle en posant sa main sur son bras.

Il posa son regard émeraude sur elle, attendant son assignement du jour. Sauf qu'elle ne semblait pas vouloir parler de cela. Ses yeux reflétaient son inquiétude.

— Qu'est-ce qui t'arrive, trésor ? demanda-t-elle doucement. Tu n'es plus toi-même depuis une semaine. 

— Rien...,  soupira-t-il.

— Non, Angel... 

Elle le vit se détourner. Elle soupira et fit ce qu'elle n'avait plus fait depuis longtemps.

— Harry...

Ce dernier se tendit.

— Je suis inquiète pour toi. Il se passe quelque chose et ne me dis pas le contraire. Tu ne rayonnes plus. Quand tu es sur ta barre, tu n'éprouves plus que tristesse, ton style même est différent. Tu ne joues même plus avec les clients qui cherchent à flirter avec toi, tu les ignores totalement. Tu ignores tout sauf les commandes ! Alors s'il te plait, dis-moi ce qui se passe. Est-ce que je peux t'aider ? 

Le jeune homme soupira en se retournant à moitié. Plus vite, il en aurait fini avec cette discussion plus vite, ils iraient travailler.

— Non, tu ne peux rien faire. J'ai été stupide de croire en quelque chose et je me suis juste brûlé les ailes. C'est tout. 

— Que s'est-il passé, Angie ? redemanda-t-elle doucement en glissant une main sur sa joue. Dis-moi... 

— Je suis tombé amoureux. Et il est en colère contre moi. Il me déteste même. 

— Tu es sûr ? 

— Si tu avais vu son visage... son regard... 

Elle le vit fermer les yeux et secouer la tête, malheureux. Elle le prit dans ses bras et lui embrassa la tête, maternelle. C'est qu'elle était presque cela pour lui, depuis l'enfance.

— Tu sais ce qu'on dit à propos de l'amour ? fit-elle en s'écartant pour prendre son visage entre ses mains. Un de perdu, dix de retrouvés ! 

— Il n'y en aura jamais deux comme lui, Loly, soupira Angel avec dépit. Il est unique. J'ai tout fait foirer. Je fais toujours tout foirer. Bienvenue dans la vie d'Harry foutu Potter. Je n'ai pas le droit d'être heureux...

Il s'écarta totalement et se dirigea vers la porte menant au club, fermant son visage afin de ne faire transparaître aucune de ses véritables émotions. Il avait mis son nouveau masque. Celui de l'Angel heureux, un peu comme il mettait autrefois celui du Survivant. Il ne faisait que jouer un rôle qui n'était pas sa réalité. Il ne serait plus que cela finalement. Condamné à être ce qu'il n'était pas. Quelqu'un d'heureux et épanoui.