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Chapitre 1

Alors que le soleil commençait à se lever, illuminant la jolie ville italienne de Prato, réveillant gentiment ses habitants, Katia Rocchio-Darwin, avocate quadragénaire de renommée déjà levée, préparait le petit déjeuner pour sa fille.

Aujourd’hui n’était pas un jour comme les autres. Aujourd’hui, la cadette de la famille avait seize ans. Pour la jeune fille, ce n’était peut-être qu’un heureux jour de plus, mais pour cette mère, cela représentait énormément.

Une fois le repas servi, Katia se dirigea à la salle de bain pour se rincer le visage. Elle resta un moment accrochée au lavabo devant le miroir. Son reflet renvoyait une femme forte et fière. Il représentait l’image de la femme parfaite, c’était d’ailleurs souvent comme cela qu’on la considérait. Mais en ce jour, elle ne pouvait croiser son propre regard, elle ne pouvait endosser ce rôle. Une larme s’échappa du coin de son œil, elle prit alors une grande inspiration avant d’aller frapper à la porte de son enfant.

— Nela ? Réveille-toi, tu n’as plus beaucoup de temps.

Aucune réponse ne se fit entendre. Katia frappa à nouveau.

— C’est le grand jour, il faut te lever.

Un hurlement étouffé lui parvint de l’autre côté de la porte. La jeune maman détestait savoir sa fille triste, elle savait que celle-ci lui en voulait, mais elle n’avait pas le choix, c’était pour son bien.

Nela finit par quitter sa chambre, n’adressant qu’un bref regard à sa mère. Katia descendit alors à la cuisine, s’efforçant de ne pas pleurer en regardant les valises de sa fille devant la porte d’entrée. Elle s’assit, buvant son thé, l’attendant. Quand elle fut enfin prête, Nela vint se joindre à sa mère, dévorant ses tartines.

— Je suis vraiment obligée d’y aller ? Je n’en ai aucune envie.

L’avocate lui lança un regard attendri. À vrai dire, elle non plus ne désirait pas voir partir sa fille.

— Je suis désolée chérie. Tu as seize ans aujourd’hui, tu dois intégrer cette école. Mais, ne t’en fais pas, Joey est là-bas. Tu ne seras pas seule.

— Super… Je vais me retrouver dans un lycée à l’autre bout du monde pour satisfaire mon cher père et en plus de ça, je devrai supporter mon frère devenu bizarre.

— C’est pour ton bien. Tu comprendras une fois là-bas et… tu ne nous en voudras plus. Maintenant, dépêche-toi, le taxi t’attend dans la rue.

Accompagnée de sa génitrice, Nela prit alors la direction de la sortie. Elle chargea ses bagages dans le coffre de la voiture avant de se tourner une dernière fois vers Katia. Celle-ci, debout sur le palier de la grande villa, faisait tout son possible pour ne pas pleurer. La jeune fille, touchée par la sensibilité de sa mère, revint vers elle et, la serrant dans ses bras, murmura pour la rassurer :

— Ne t’en fais pas maman, ça va aller…

— Je t’aime chérie, sanglota sa mère. Nela lui répondit par un sourire réconfortant avant de partir pour l’aéroport.

L’adolescente, attristée et en colère de devoir quitter sa ville natale, se posa une centaine de questions durant le trajet. Curieuse de nature, elle détestait les surprises. Ne pas savoir ce qui l’attendait la rendait folle. Mais, en même temps, cette école cachait quelque chose d’excitant, elle était inconnue. Nela n’avait réussi à en obtenir aucune information. Tout ce qu’elle savait, c’était que cette école était sur une île et qu’elle transformait ses élèves en de nouvelles personnes très… étranges. Pour preuve, depuis que son frère ainé, Joey, s’y trouvait, il n’était plus du tout le même. Il était devenu sérieux et distant, alors qu’il avait toujours été un garçon moqueur et proche de sa famille, surtout avec sa petite sœur. Au moins, Nela pourrait découvrir pourquoi son frère avait tant changé.

Elle sortit de ses pensées quand le chauffeur ouvrit la portière. Il lui donna ses valises et Nela entra dans l’aéroport pour prendre son vol, direction l’île Atimude.

***

Assise près du hublot, coincée à côté d’un vieil homme ne cessant de se plaindre, Nela jugea ce voyage interminable. Les écouteurs dans ses oreilles, elle se perdit dans ses pensées, vagabondant au-dessus des nuages, réfléchissant à ce que l’avenir allait lui offrir. Les quinze heures de vol passèrent lentement. La jeune fille pensait ne jamais arriver. La nourriture était mauvaise, elle pouvait à peine bouger sur son siège étroit, sans oublier le bébé qui ne cessait de pleurer et donner des coups de pieds dans son siège. Très patiente, elle ne dit rien, elle finit par fermer les yeux, s’endormit pour ne se réveiller qu’au moment de l’atterrissage.

***

C’est le souffle court que Nela descendit de l’avion. Nerveuse, ce nouveau départ la terrifiait. Elle avançait lentement dans le hall des arrivées, observant attentivement toutes les pancartes dans la salle, à la recherche de son nom. Elle s’arrêta net lorsqu’elle l’aperçut enfin. Elle observa cette femme qui l’attendait. Elle semblait jeune. Le teint mat, un sourire aux lèvres, elle patientait. D’un pas lourd d’hésitations, Nela 11 rejoignit alors la jeune femme. Méfiante cependant, car, après tout, ce sourire, si beau fût-il, l’assurait-il que cette femme était une personne de confiance ?

— Bonjour Nela, fit la jeune femme d’une voix douce, je suis Juliana, la directrice de l’école. Bienvenue parmi nous !

— Enchantée, se contenta de répondre Nela, intimidée.

— La voiture est garée juste devant l’entrée, va donc t’installer, j’arrive. Un élève de seconde année revient d’un voyage familial, je dois l’attendre. Tu verras, il est très gentil, il sera ton mentor.

— Mon mentor ?

— Oui, cela signifie que si tu as besoin de quoi que ce soit, tu t’adresseras à lui, il te dira tout ce que tu dois savoir, il t’aidera à te sentir bien avec nous.

Nela acquiesça. C’était la première fois qu’elle allait avoir un mentor, elle ne savait pas du tout comment se comporter. Elle s’exécuta en remerciant sa nouvelle directrice et se dirigea vers la voiture. La voyant s’approcher, le chauffeur de la limousine descendit et la débarrassa de ses affaires. Puis, ouvrant la portière arrière, il la pria poliment de monter.

Mal à l’aise devant tout ce luxe, Nela s’installa sur la banquette de cuir, commençant à jouer avec une mèche de ses cheveux. Signe chez elle d’une certaine anxiété. La sensation que cela lui procurait lui rappelait ses souvenirs d’enfance, elle repensait à sa mère, caressant sa chevelure en lisant des contes magiques. Prise d’un coup de chaleur, elle entrouvrit sa fenêtre pour prendre l’air. Elle aperçut Juliana accompagnée d’un jeune homme. Une boule se forma dans son ventre ; les garçons, elle ne les connaissait pas très bien, aucun n’avait jamais fait attention à elle… d’où la panique qui s’empara d’elle quand elle vit celui-ci, avec ses beaux cheveux blonds en bataille… Elle se sentait déjà ridicule alors qu’elle ne lui avait même pas encore parlé.

Il arriva à la voiture, ouvrit la portière avant à Juliana puis vint s’installer sur la banquette arrière, face à Nela. D’un large sourire, il lui tendit la main tandis que la jeune fille sentait le feu monter à ses joues tant elle était mal à l’aise.

— Salut, lui lança-t-il simplement.

Elle se contenta de lui répondre par un sourire niais, n’arrivant pas à décrocher son regard de ses yeux verts, brillants. Timide devant le sexe opposé, elle ne savait même pas comment dire bonjour. Perdant tous ses moyens, elle baissa enfin les yeux, laissant trembloter sa jambe nerveusement.

— Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi nerveux.

Le jeune homme posa ses deux mains sur les genoux de Nela, stoppant ses tremblements. Un frisson la parcourut, cette proximité entre eux l’angoissait alors que, contrairement à elle, il paraissait confiant et tout à fait à son aise. Nela fixa les mains posées sur elle, 13 remontant lentement le regard jusqu’à croiser les iris de son mentor dans lesquels elle se perdit à nouveau. Le garçon se mit alors à rire, frottant sa nuque nerveusement. Le silence de Nela devenait gênant.

— En fait, je suis complètement affolée, finitelle par avouer.

Le garçon sourit, et faisant abstraction de sa remarque, il lui tendit à nouveau sa main.

— Jack Spellen, et toi ?

Ses efforts pour la détendre et son enthousiasme rendirent le sourire à Nela. Alors, à son tour, elle lui tendit la main, plus sereine.

— Nela Rocchio-Darwin. Où va-t-on exactement ?

— De l’autre côté de l’île, dans un coin tranquille.

— Pourquoi si loin ?

— Tu comprendras plus tard, mais ne t’en fais pas, ça va te plaire, et puis, si jamais ça ne va pas, tu pourras compter sur moi.

Jack avait les bons mots. Ils ne se connaissaient peutêtre pas encore, mais Nela avait déjà une entière confiance en lui ; il dégageait quelque chose de positif, il donnait envie de croire en lui.

— J’espère que tu dis vrai.

— Tu peux me croire. En attendant, tu devrais te reposer un peu, nous avons pas mal de chemin avant d’arriver.

Le blondinet s’étendit sur la banquette, fermant les yeux. En l’observant un instant, Nela se rendit compte que ce garçon avait quelque chose de particulier, elle ne savait pas quoi exactement, mais il n’était pas comme les autres. Elle se sentait étrangement bien en sa compagnie, se sentait soudain moins nerveuse. Elle appuya alors sa tête contre la fenêtre et se laissa porter dans les bras de Morphée à son tour.

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