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Iamemzy

Chapitre 4

Matteo avait désespéré d'entendre le son de la voix de sa belle avant qu'elle ne se plaigne. Son regard était toujours fermé, son sourcil gauche arqué de surprise rimait parfaitement avec sa bouche dont les lèvres s'étaient incurvées en un sourire amusé.

Il la considéra pendant un bref instant alors qu'elle gardait toujours sa tête baissée, signe de soumission.

— Moi qui pensais que vous étiez muette, dit-il. Pourquoi vouloir me torturer en me privant de votre voix mélodieuse ?

La taquina-t-il dans l'espoir qu'elle puisse enfin relever son regard azuré qui l'avait aimanté la première fois.

Comme escompté, elle cessa de creuser le sol avec ses yeux et les porta sur lui avec hésitation.

— Dio ! s'exclama-t-il admiratif devant cette Vénus à la peau miel doré.

Matteo, qui avait été subjugué la première fois que ses yeux s'étaient posés sur elle à distance, était à présent qu'il l'avait à une poussière de mètres face à lui, envoûté.

Métisse, les cheveux dorés sombres aux boucles souples et soyeuses retombaient en cascade sur ses omoplates. Elle avait un visage en forme de cœur illuminé par ses magnifiques yeux d'un bleu azur qui brillaient de peur.

Son petit nez était rattaché à une appétissante bouche aux lèvres sensuelles et charnues, peintes naturellement d'une couleur rouge sang, prêtes à être cueillies et dégustées.

Son port de tête gracile rattachait sa tête à son corps mince et fragile, sublimé par une belle poitrine généreuse, mais aussi par une taille fine soulignant la rondeur parfaite de ses hanches gainées grossièrement dans cette robe trop moulante qui ternait difficilement sa beauté divine.

En la regardant encore de plus près, il pouvait lire sa gêne ; elle essayait tant bien que mal de cacher ses jambes exposées avec sa main.

Un goût amer coula dans sa gorge lorsqu'il se rendit compte que ce qu'il prenait depuis pour un collier extravagant n'était rien d'autre qu'un collier pour chien.

Cette conclusion le fit entrer dans une colère noire ; il avait envie de broyer les os de celui qui lui avait fait ça, la ramener à la misérable place d'animal de compagnie.

Son costume l'étriqua soudainement, trop petit pour contenir les muscles de ses bras tendus et lazardés de veines gonflées sous l'influence de l'adrénaline que produisait la rage qui l'oppressait.

Son sang bouillit et afflua dans ses larges mains tatouées ; cogna ses tempes alors qu'il sentait une tension s'installer dans sa mâchoire serrée, ses traits commençant à se déformer à cause de la rage qui s'était emparée de lui.

Matteo avait du mal à maintenir son self-control ; pourtant, il le fallait. Il ne devait pas montrer le monstre qui sommeillait en lui ; la jeune femme était déjà assez apeurée pour en rajouter.

Un homme avait osé la traiter ainsi, la déshumaniser, lui faire subir cette humiliation. Il était certes un monstre, mais il avait assez de valeurs pour savoir que les femmes devaient être respectées... enfin, certaines.

Penser qu'un homme avait la chance de l'avoir dans ses bras et qu'il s'amusait à la dévaloriser lui donnait des envies de meurtre.

Il porta sa cigarette à sa bouche et tira dessus pour calmer ses nerfs et son esprit irrité. Redevenu maître de lui, il écrasa la clope sous ses semelles en cuir et fit un mouvement avec son index courbé vers elle pour lui ordonner de le rejoindre, ce qu'elle fit toujours avec cette peur qui commençait sérieusement à l'agacer plus qu'autre chose.

— Asseyez-vous à côté de moi, lui ordonna-t-il d'une voix rauque et posée.

Malkia traîna des pieds et rejoignit l'homme à la beauté bestiale pour prendre place à ses côtés.

Le regard braqué sur le fauteuil d'en face, elle essuyait ses mains mouillées par la peur sur ses genoux qui commençaient déjà à geler à cause du climat froid.

À moitié gelée, elle détaillait ses larges mains veineuses aux doigts longs dont les ongles courts étaient soignés. Sa paume de main même à distance semblait dure comme du roc.

Il avait écrasé sa cigarette qu'il tenait dans sa main gauche au dos tatoué d'une rose ; sans aucun doute, c'était quelqu'un de dangereux, mais à quel point ? Elle ne voulait pas le savoir.

Son poignet velu était orné d'une Rolex Daytona en acier et en or qui reflétait son opulence.

L'homme était d'une élégance à couper le souffle, le rendant encore plus redoutable et sexy.

Elle déglutit plusieurs fois en le guettant du coin de l'œil pour voir sa réaction.

Il avait toujours ce regard énigmatique qui n'indiquait rien sur ses pensées qu'il se gardait pour lui.

Attendait-il une réponse d'elle ?

L'homme qui n'avait cessé de la déshabiller du regard porta l'une de ses jambes sur l'autre et étendit ses bras sur le haut du canapé, ce qui l'obligea à arquer le dos pour éviter d'être à son contact et ressentir plus d'émotions que celles qui la submergeaient déjà.

Et cette réaction ne passa pas inaperçue.

— Je ne mords pas, vous savez, la rassura-t-il d'une voix amusée, un sourire en coin aux lèvres.

— Je sais... souffla-t-elle pour seule répartie, avec l'espoir qu'il n'aille pas plus loin et qu'il puisse enfin mettre un terme à cette torture qu'il lui faisait subir.

Une douce torture qui mettait à l'épreuve chaque millimètre de sa peau et enflammait ses organes.

Mais l'homme ne l'entendait pas de cette oreille.

Il déposa sa grande main droite sur sa cheville portée par son autre pied et se racla la gorge avant de reprendre la parole.

— Je vous trouve trop tendue et silencieuse. Bien que j'aime les femmes réservées, je dois avouer que votre mutisme m'agace, confia-t-il d'un ton où ressortait une pointe d'agacement.

— Vous me faites peur, monsieur, avoua-t-elle d'une voix tremblante, sur le point de se briser.

— Ça, je l'avais compris. Bon sang, arrêtez de trembler comme ça, je ne vous ferai aucun mal ! s'emporta-t-il à bout de nerfs. Il commençait peu à peu à perdre patience.

— C'est plus facile à dire qu'à faire, risqua-t-elle de riposter..Vous vous êtes regardé ? On dirait un... 

Elle s'arrêta, confuse, ayant l'impression d'avoir été trop loin.

— Un ? Lui demanda-t-il d'une voix plus amène, l'incitant à continuer dans sa lancée.

— Vous ne me ferez aucun mal si je le dis ? J'ai votre parole ? s'assura-t-elle avant de se jeter dans la gueule du loup.

— Je vous écoute.

— Bien...

Elle hésita un moment avant de se lancer.

— Vous ressemblez à un dieu des enfers, lui confia Malkia d'une voix expéditive, avant de reprendre son souffle sans baisser la garde.

L'homme partit dans un éclat de rire, le même que celui qui avait brisé le silence des minutes en arrière, mais plus profond et détendu.

— Vous avez le sens de l'humour et de l'observation très chère, releva l'homme admiratif, qui n'était pas le moins du monde contrarié par son aveu ; au contraire, cela l'amusait.

Elle écarquilla les yeux, touchée par ce compliment qui l'avait fait rougir.

— Vous n'êtes pas fâché ? demanda-t-elle, prise au dépourvu par cette déclaration.

— Non, j'aime les gens francs, la rassura-t-il.

— Et qui vous dit que je ne vous décris pas ainsi pour que vous me laissiez tranquille ? s'enquit-elle de plus en plus à l'aise.

— Je sais à quoi je ressemble, je suis intimidant. J'aimerais que vous me regardiez dans les yeux quand vous me parlez, exigea-t-il d'une voix qui n'attendait aucune protestation.

— Vos yeux sont si ténébreux que j'ai l'impression d'y être englouti à chaque fois que je vous regarde. On dirait un trou noir grand, profond et vide, monsieur, murmura la belle métisse.

— Comme c'est l'heure des confidences... 

Matteo se cala un peu plus sur le dossier en tissu bleu et blanc du canapé avant de continuer :

— ...Permettez-moi de vous dire que les vôtres sont envoûtants et que j'ai l'impression de me perdre chaque fois que j'y plonge les miens. Ce bleu si pur et calme comme la mer sous un ciel éclairé m'apaise et...

— C'est bon, je crois que nous nous sommes assez confiés des choses pour... ce soir, bredouilla Malkia mal à l'aise devant cette déclaration qui avait une note poétique et trop intime.

Jamais on ne lui avait parlé ainsi ; cet homme maniait l'art de la séduction et l'exerçait sans difficulté sur elle, et le pire, c'est que ça marchait, ce qu'il ne fallait pas.

Elle ne voulait pas être le quart d'heure de ce dieu des enfers et allonger la liste de ses conquêtes. Elle était bien déjà assez dans le pétrin comme ça, s'admonesta-t-elle.

Matteo, qui avait décidé de laisser parler son côté séducteur, n'avait pas apprécié cette interruption de la part de la jeune femme.

— Je déteste que l'on me coupe la parole, l'informa-t-il d'une voix froide mais contenue.

— Désolée, je ne voulais pas vous énerver, s'excusa-t-elle contrite.

— Vous me faites vraiment perdre toutes mes manières, tesoro.

— Est-ce une bonne chose ? demanda-t-elle sans être sûre de sa question.

— Le temps nous le dira, mais pour le moment, j'aimerais mieux vous connaître.

— Me connaître ? répéta-t-elle perdue

Elle pencha la tête sur le côté, réfléchissant à ce que l'homme venait de lui confier.

— Mais pourquoi ? demanda-t-elle enfin.

— Parce que vous m'intriguez, mia bella, lui susurra-t-il avec son ton italien qui faisait courir des frissons sur sa peau lisse.

Malkia tourna la tête vers son Roméo. Elle resta un moment interdite, la bouche formée en un « o » parfait, son cœur s'était arrêté de battre sur le coup de la surprise.

Était-il sérieux ? Elle le scruta pour déceler une once d'amusement dans ses traits détendus mais toujours indéchiffrables.

Il avait le sourcil gauche toujours haussé, l'extrémité de son œil droit était subtilement contractée et sa bouche se formait en pli sensuel lui donnant un air encore plus mystérieux et profond.

Elle essaya de se concentrer sur sa respiration pour déterminer ce qu'il ressentait, mais elles étaient régulières, signifiant qu'il avait l'esprit posé et serein.

— Vous cherchez à me faire mourir de gêne, pas vrai ? lui demanda-t-elle pour comprendre son attitude qui était tout sauf ce que l'on pourrait qualifier de normale.

— Vous l'êtes déjà assez, lui donna-t-il comme réponse.

Une réponse qui ne l'avançait en rien ; voulait-elle répliquer, mais elle se tut, jugeant le moment mal choisi.

— Vous avez froid ? reprit-il pour changer de sujet qui commençait à plomber l'ambiance.

— Oui, bafouilla-t-elle.

Sans qu'elle ne s'y attende, il se redressa et enleva son long manteau en cachemire noir pour venir le poser sur ses épaules avant de reprendre sa place.

— Merci, murmura Malkia ébahie par la réaction de l'homme.

— Votre petit ami ne devrait pas vous laisser sortir dans ce type de tenue en plein hiver, c'est inconscient. Vous pouvez mourir de froid.

Il l'avait dit en dardant un regard désapprobateur sur le mince tissu qui couvrait sa peau.

— Ce n'est pas de ma faute ! s'offusqua-t-elle choquée qu'il puisse avoir de telles pensées à son sujet.

Consciente qu'elle en avait trop dit, elle se pinça la lèvre inférieure et réajusta le manteau sur ses épaules.

Matteo fronça les sourcils et cet aveu titilla son esprit curieux.

Il voulait en savoir plus et userait de tous les moyens pour lui tirer les vers du petit nez.

— J'ai comme l'impression que vous me cachez quelque chose.

— Mais non ! objecta Malkia avec véhémence, bien décidée à garder son secret ; elle avait tiré les leçons de sa dernière tentative.

— Vous mentez très mal, mademoiselle, insista-t-il d'une voix sifflante qui était durcie par la colère.

— Je vous dis que non, persista-t-elle dans son mensonge.

Mais pour qui se prenait-il pour la traiter de menteuse, même si c'était le cas ?

Indignée par son audace, elle se leva d'un bond et laissa choir le manteau de l'homme qui tomba sur le bois froid.

D'un pas décisif, elle était sur le point de lui fausser compagnie quand une paume de main ferme et chaude lui empoigna le bras.

Malkia laissa échapper un hoquet de surprise et sentit son cœur battre à se rompre ; les jambes coupées lui empêchaient de prendre la poudre d'escampette.

Elle se tenait là, interdite, sans savoir comment sortir de cette situation qui venait de prendre un virage plus dangereux pour elle.

Elle essaya de se dégager, mais d'un geste brusque, l'homme l'obligea à confronter son visage crispé par la colère qui la fusillait du regard.

Matteo avait assez gardé son sang froid ; il avait voulu se montrer doux, mais cette tactique s'était soldée par un lamentable échec.

Cette femme réveillait quelque chose en lui qui lui faisait peur et l'obligeait à avoir un comportement qui lui était étranger.

Quand elle avait décidé de partir, il avait senti un nœud lui nouer la gorge en sachant qu'elle allait retrouver cet homme qui n'avait aucun respect pour elle.

La rage s'était insinuée sournoisement en lui et son côté bestial s'était réveillé immédiatement.

Quelque chose n'allait pas et il le sentait.

Il pouvait lire en elle comme un livre ouvert et il était clair qu'elle fuyait, qu'elle n'était pas là de bon cœur et il était prêt à parier jusqu'à son dernier billet que Damon Salvatore, ce judas, y était pour quelque chose. Et cette peur qu'il avait nourri en elle allait peut-être l'aider à trouver des réponses à ses questions.

Sa captive avait le visage tourné dans le vide, se refusant de lui montrer la peur qui se peignait sur son visage, même si son corps le lui communiquait déjà.

Elle avait peur, tant mieux, même si au fond cela ne le réjouissait pas.

— Regardez-moi... siffla-t-il entre ses crocs acérés.

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