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Iamemzy

Chapitre 2

Malkia, debout au milieu de la chambre, attendait que Damon revienne lui annoncer le début de la comédie. Étroitement serrée dans la robe rouge qui moulait vulgairement ses formes, elle se dirigea vers le grand miroir accroché au mur pour examiner une énième fois son reflet.

Elle avait l'air d'une prostituée, vêtue ainsi. En plus de coller à son corps, la robe s'arrêtait au milieu de ses cuisses, cachant de justesse ses fesses et dévoilant ainsi ses belles jambes fines. Les bretelles, aussi fines qu'un fil de soie, laissaient à leur portée ses bras minces, et le décolleté plongeant en V offrirait une belle vue sur sa poitrine généreuse, dont un mince grillage essayait de retenir les contours.

En conclusion, il ne l'avait pas épargnée ; elle était presque nue dans cette robe. Il fallait à tout prix qu'elle trouve un moyen d'échapper à cette torture. Elle s'observa une dernière fois avant que la porte ne s'ouvre sur l'homme responsable de sa détresse.

Il jeta sur elle un regard qui lui donna froid dans le dos. Il la regardait comme un loup prêt à sauter sur sa proie ; ses yeux brillaient d'une lueur dangereuse et sa respiration erratique ne faisait que renforcer le sentiment de terreur qui hantait son être. Et quand il se lécha les lèvres, elle crut que sa fin était venue ; elle implora le sol de s'ouvrir et de l'engloutir avant que l'homme qui se tenait devant elle ne le fasse.

— C'est l'heure, rappelle-toi de ce que je t'ai dit, la prévint-il une seconde fois, tout en continuant à la regarder avec appétit.

— Euh... hmm... bredouilla-t-elle avant de prendre son courage à deux mains.

— Je crois que je ne pourrais pas assister au dîner, dit-elle d'une voix mal assurée, pas plus haute qu'un murmure.

L'homme, qui depuis avait le visage détendu, changea brutalement. Ses yeux étaient à présent rouges, sa mâchoire serrée. Sa bouche avait pris un pli sévère, comme s'il s'apprêtait à se déverser sur elle comme une tempête.

Prenant conscience de ce qui se passait, elle s'empressa de rajouter :

— J'ai du mal à rester assise, mes fesses me font mal, argua-t-elle d'une voix tremblante.

— Il fallait y penser avant de défier mon autorité. Mais je ne vais pas te forcer.

Elle leva les yeux en rond, surprise qu'il se résigne si vite. Partagée entre la joie et le doute, elle resta sur ses gardes tout de même, les oreilles accrochées à ses lèvres répugnantes qui ne s'ouvraient que pour laisser échapper une odeur dégoûtante que même les pastilles à la menthe avaient du mal à camoufler.

Tout en continuant à la dévorer du regard, il la contourna pour venir se placer derrière elle, accentuant ainsi sa crainte. Damon était debout derrière elle ; elle pouvait sentir son souffle qui sortait de ses narines. Elle imaginait parfaitement ses yeux de prédateur posés sur ses fesses remontées par la robe ; qu'avait-il en tête ? Que s'apprêtait-il à faire ?

— Tu es si délicieuse dans cette robe rouge, mia cosa, lui susurra-t-il à l'oreille.

Cette déclaration, qui aurait ravie n'importe quelle femme si on supprimait ses deux derniers mots, lui fit l'effet d'une bombe. Elle se sentait sale, vide, nue, à la merci de cet homme répugnant qui ne cachait pas son désir déplacé pour elle, un désir qu'il allait bientôt combler... peut-être cette nuit.

Son souffle se déposa sur sa peau dorée et satinée comme une buée sur des vitres ; elle n'avait qu'une seule envie : vomir. Mais vomir quoi ? Cela faisait deux jours qu'elle n'avait rien mis sous la dent, refusant de manger une nouvelle fois la pâtée pour chien qu'il lui servait depuis sa maladresse.

Elle n'eut pas le temps de s'appesantir sur ce jour-là quand elle sentit un coup sur ses fesses ; il venait de lui donner une fessée avec sa large main taillée dans la pierre. Un cri de douleur s'échappa de ses lèvres sous le rire moqueur de son geôlier, qui se délectait de la voir souffrir.

— Oups ! Je voulais juste vérifier, s'excusa-t-il sur un ton faussement désolé, où on pouvait clairement sentir de la moquerie.

— Tu as raison, tu ne peux pas t'asseoir, continua-t-il d'une voix mystérieuse qui laissait croire qu'il avait une idée derrière la tête.

Malkia resta tout de même en alerte ; elle ne s'accorderait aucun soulagement jusqu'à ce qu'il en soit définitivement terminé avec ce sujet. Sa sentence ne tarda pas à arriver.

— Tu resteras donc debout durant les cinq prochaines heures, ta santé avant tout, conclut Damon d'un ton tranchant.

Consternée, elle ouvrit la bouche en "O" sans savoir quoi dire ; il venait de l'avoir à son propre jeu. Damon un, elle zéro, pointé. Elle ne pouvait plus faire marche arrière ; la boucle était bouclée et tout était de sa faute.

Elle avait cru pouvoir l'entourlouper avec cette excuse bidon, et c'est elle maintenant qui se trouvait prise au piège. Cinq heures, cinq longues et interminables heures debout, devant ces hommes qu'elle détestait sans même savoir qui ils étaient. Elle se justifiait par l'adage "qui s'assemble se ressemble" ou encore "dis-moi avec qui tu marches et je te dirai qui tu es".

Sa tante les lui avait répétés tellement de fois pour l'amener à mieux choisir son entourage : "On ne choisissait pas sa famille, mais on pouvait choisir ses amis", lui disait-elle.

Malkia sentait sa fin approcher à grand pas. Elle n'allait pas pouvoir tenir dans ces conditions, debout sur ses talons aussi hauts que des échasses, et même si elle avait l'habitude des talons, ceux-ci étaient vertigineux. Un sourire idiot figé aux lèvres, faisant mine d'être intéressée par leur conversation et jouer la femme amoureuse... c'était trop pour elle.

— J'ai un petit cadeau pour toi, reprit l'homme d'une voix plus douce, en mettant sa main à l'intérieur de sa veste d'où il sortit un écrin en velours de couleur bleue et lui tendit.

Il croyait vraiment pouvoir l'amadouer avec des bijoux ? Connaissant le personnage, valait mieux rester sur ses gardes. Le cœur battant à se rompre, elle leva sa main moite qui tremblait près de sa robe et lui prit l'écrin des mains avec appréhension.

— Je suis sûr que ça va te plaire, rajouta-t-il d'une voix malicieuse.

Malkia garda ses lèvres scellées et essaya de ne pas lui montrer sa peur. D'une main fébrile, elle ouvrit la boîte, et son cœur faillit rater un battement en découvrant son contenu. C'était certain, il était fou, complètement déséquilibré.

Elle posa une main sur son cœur pour se calmer ; ses jambes avaient du mal à porter son corps. Ce n'était plus seulement sa main qui tremblait, mais toute son enveloppe charnelle. De rage, la peur avait laissé place à de la colère. Elle sentait son sang en ébullition dans ses veines, prêt à les transpercer pour se déverser sur lui comme de la lave.

Malkia voyait rouge ; sa main libre se forma en un poing, sa respiration changea, et ses expirations devinrent longues et appuyées. Tout son être fulminait de l'intérieur.

Elle regarda le contenu de la boîte et fantasma de lui envoyer l'objet au visage. Elle détacha lentement les yeux du collier pour chien en métal sur lequel était gravé en petit caractère "Propriété de Damon Salvatore" que contenait l'écrin et les porta sur lui.

Il affichait un grand sourire vainqueur qu'elle avait envie de lui enlever sur-le-champ.

— Je peux savoir ce que ça signifie ? parvint-elle à dire d'un ton plus sec qu'elle n'aurait voulu.

L'homme, trop heureux d'avoir réussi son coup, ne prêta pas attention à son manque de retenue et inspira un bon coup avant de lui répondre.

— Comme ça, les choses sont bien claires : on voit mais on ne touche pas... enfin, pas sans mon accord, lui expliqua-t-il d'une voix si posée qu'elle faillit s'écrouler sur le sol froid.

— C'est un collier pour chien ! s'écria-t-elle, trop furieuse pour garder son self-control.

— Tu commences par baisser d'un ton. Tu m'appartiens, et je fais de toi ce que je veux ! répliqua-t-il avec une indifférence glaçante, comme s'il était dénué de toute sensibilité.

Cet homme n'avait-il pas de cœur ? Une once d'humanité ? Comment pouvait-on traiter son semblable comme de la merde ? Comment pouvait-on se montrer si froid et indifférent ? Il la traitait comme un animal, sans aucune pitié ni regrets.

Il se fichait de savoir si elle était blessée, encore moins de son avis.

Elle le dévisagea un instant comme si elle avait en face d'elle un spécimen d'une extrême rareté. Il continuait de la scruter lui aussi avec ce sourire fier et machiavélique qui lui donnait des hauts-le-cœur.

Combien de temps allait-elle tenir ?

Toujours plongée dans ses pensées, elle ne se rendit pas compte qu'il venait de prendre le collier "spécial" de l'écrin, et ce n'est quand elle sentit le fer froid entrer en contact avec son cou gracile qu'elle comprit qu'il venait de faire d'elle son animal de compagnie, pire encore, plusieurs personnes la verraient ainsi : souillée, déshonorée, dépossédée de son humanité, de sa dignité.

Dès qu'il eut fini, il se replanta devant elle, tel un artiste observant son œuvre, et quand il fut satisfait, il s'en alla, faisant claquer sous ses pas les semelles de ses chaussures sur le sol en marbre.

À présent seule, elle resta là debout, comme clouée au sol. Malkia n'avait plus la force de lever ne serait-ce que le petit doigt.

Elle regardait avec une concentration sans faille un point imaginaire au loin sans ciller, les lèvres toujours scellées par un cadenas invisible ; sa respiration était redevenue régulière, plus posée, son cœur battait sourdement.

La jeune femme avait l'impression que tout autour d'elle était figé ; elle n'entendait plus rien, aucun son ne parvenait à ses oreilles,si ce n'étaient les battements répétés de son cœur qui lui rappelaient qu'elle était toujours... en vie et, par conséquent, qu'elle ne pouvait échapper à cette énième humiliation.

Figée pendant plusieurs minutes qui lui avaient semblé être une éternité, elle déglutit et s'autorisa un geste. Elle porta sa main sur la laisse qui lui enlevait toute trace d'humanité et, lorsque la naissance de ses doigts se posa sur l'objet en fer, elle sentit un froid glacial parcourir son échine.

Elle avait envie de hurler, mais aucun son ne franchit ses lèvres entrouvertes. Son cœur déchiré en mille morceaux comme une feuille de papier, elle laissa une larme, une seule et solitaire, rouler sur ses joues pour s'écraser sur le sol froid comme le monstre qui était propriétaire des lieux.

Malkia se détestait d'avoir été trop naïve. Elle caressa d'une main tremblante le collier et des souvenirs de cette nuit où tout avait basculé dans sa vie lui revinrent.

Flashback :

Il était bientôt dix-huit heures ; la rue commençait à prendre des couleurs, signe que l'obscurité ne tarderait pas à assombrir la ville.

Malkia, le sourire jusqu'aux oreilles, venait d'achever les comptes de la journée. Elle avait fait plus de ventes qu'elle ne l'avait espéré et pouvait songer à prendre des vacances bien méritées, mieux encore, à s'approvisionner un peu plus, et la cerise sur le gâteau, Antonella l'avait appelée pour lui proposer de dîner à la maison afin d'enterrer la hache de guerre.

La joie au cœur, elle ferma la boutique et monta quatre à quatre les escaliers en chantonnant jusqu'à son petit appartement pour se préparer. En cette période de fête de fin d'années, les rues étaient illuminées par des décorations de Noël ; les arbres nus portaient des couches de neige sur leurs branches déshabillées ; le trottoir était recouvert de sable blanc qui serait bientôt dégagé par les chasse-neige, et devant quelques maisons, on pouvait admirer les bonshommes de neige que les enfants s'amusaient à faire.

Contrairement aux jours précédents, la neige tombait à ne plus finir, comme si elle avait pour mission d'enterrer la ville déjà submergée. À bord de sa petite voiture, Malkia passa près de l'église du quartier d'où l'on pouvait se laisser bercer par les chants de Noël entonnés par la chorale. Le verglas sur la route lui avait rendu la tâche difficile, mais elle avait pu s'en sortir.

Garée en bas du trottoir, elle observait de sa voiture la petite maison où elle avait grandi et qui se démarquait des autres car étant la seule à être sombre en ce mois spécial. Son courage à deux mains, elle sortit de la voiture et regretta immédiatement de n'avoir qu'un pull en laine sous le dos.

Elle réprima l'idée de courir jusqu'au porche et dut supporter un peu plus ce froid glacial qui paralysait ses os. Après avoir été accueillie chaleureusement par sa marâtre, elle avait été conduite jusqu'à la salle à manger où un homme était déjà attablé. Ses traits tirés s'illuminèrent d'une lueur étrange à son arrivée.

Antonella, un sourire chaleureux aux lèvres, se chargea de faire les présentations.

— Malkia, ma chérie, je te présente Damon Salvatore, un ancien ami de ton père.

— Bonjour, monsieur, le salua-t-elle comme le voulait la politesse.

L'homme n'avait pas bougé ; il se contenta d'acquiescer de la tête, et le dîner se passa dans de bonnes conditions, de trop bonnes conditions même. L'accueil, la bienveillance, la gentillesse et l'attention d'Antonella auraient dû l'alerter quelques heures plus tard. Après avoir pris le café, elle se retrouva dans une pièce sombre, sans vie, sans savoir comment elle avait atterri là.

Mais elle avait pu compter sur la bienveillance de son bourreau, qui se chargea de lui expliquer qu'elle lui avait été offerte par sa belle-mère en contrepartie d'une dette de plus de dix ans contractée par son père. Il n'avait pas manqué de souligner qu'elle lui appartenait maintenant et ce jusqu'à ce qu'il le décide.

Depuis ce jour, sa vie avait pris un autre tournant.

Fin du Flashback.

— Malkia ! gronda l'homme qui venait d'entrer dans la chambre. 

Extirpée de ses souvenirs, elle dut bredouiller quelques excuses avant de le suivre jusqu'au salon où les invités attendaient.

Du haut des marches, une main appuyée sur la rampe, elle observait avec dégoût tous ces hommes qui s'extasiaient de leur richesse. Elle continua à les scruter jusqu'à ce que son attention se porte sur l'un d'eux, qui était différent et qui la regardait avec une insistance déplacée.

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