Le soleil filtrait à travers la fenêtre de la petite chambre du centre. Aïden était réveillé depuis déjà quelques longues minutes et restait là, allongé, refusant de bouger. Il savait que s’il mettait un seul pied dehors il serait mal. Il ne voulait pas rencontrer le soi-disant alpha qui devait le prendre en charge. Il voulait juste rentrer chez lui et qu’on lui foute la paix. Il observa le plafond en bois. Les imperfections de celui-ci. Peut-être pouvait-il compter le nombre de planches présentes. Il soupira et s’asseya dans le lit. Il avait quand même vachement faim. Il n'avait pas mangé depuis un moment.
L’on frappa à sa porte et celle-ci s’ouvrit après un bip et le déclic du loquet. Il ne pouvait vraiment pas s’enfermer. Il s'allongea de nouveau, refusant de voir qui était là, d’obéir à quelqu’un.
Quand le dossier de l’oméga lui était parvenu la veille, Lughvar avait seulement levé les yeux de sa tablette et remercié le directeur. Mais quand, coucher dans son lit, il l’avait lu… il avait compris pourquoi c’était à lui que la nymphe était confiée. Le jeune adulte était récalcitrant et agressif par méfiance. D’après les relevés, il aurait été jusqu’à mordre son propre père pour essayer de partir en courant et ses propos démontreraient une aversion viscérale concernant son statut d’omega . Il voyait sur sa tablette la courbe de stress être bien trop haute, le cœur de la nymphe battait aussi bien trop vite. Le taux hormonal, lui, était plutôt normal, bien que plutôt basse pour un Ylèndr. Aïden était simplement en train de se battre contre sa nature même et s’il continuait ainsi… cela pouvait se révéler dangereux, voire létal.
Le Ghrul regarda le garçon couché dans le lit, dos à lui. Il baissa les yeux sur sa tablette et vit rapidement qu’il était réveillé. Il la rangea dans une pochette présente à sa hanche et s’approcha du lit.
— Monsieur Sauma, c’est l’heure de se lever.
— …
— Aïden, je sais que vous êtes réveillé. Vous avez cinq minutes pour vous lever et sortir de la pièce sinon c’est moi qui vais vous tirer d’ici et vous ne voulez certainement pas de cela, nous le savons tous les deux.
Aïden se redressa et tourna la tête vers l’intru. L’homme était grand, comme tous ceux de sa race. Ses cheveux blanc était plutôt long et attacher ensemble avec un simple ruban de couleur bleu nuit. Contrairement au directeur, ses yeux étaient d’un bleu océan et il portait une longue blouse verte pas fermé sur une chemise blanche et un pantalon en satin blanc tenu par une ceinture dorée. Celui-ci souleva un sourcil devant l’observation du jeune homme.
— Il te reste quatre minutes avant que je n’agisse.
— Et vous êtes qui pour me donner des ordres ? Je ne suis pas un esclave.
— Je suis votre Alpha référent. Celui qui va vous suivre tout au long de votre séjour.
— Génial et c’est quoi vot’ nom Monsieur le toubib ?
— Lughvar Borvuldor. Maintenant si les présentations sont terminées, il me semble que vous devez avoir faim alors vous allez lever votre postérieur du lit pour que je vous montre le réfectoire. Il vous reste trois minutes pour obéir avant que je n’agisse et vous y emmène de force.
— Pas besoin de baby-sitter, j’arrive.
Aïden s’étira avant de passer une main dans ses cheveux. Bordel, ses parents devaient lui avoir donné quelque chose pour qu’il soit encore endormi. Il enleva ses chaussettes qu’il n’avait pas enlevé la veille ainsi que son sweet à capuche, laissant voir un t-shirt noir avec des inscriptions rouge sang. Il passa ses mains sur son pantalon noir qui tombait légèrement et qui était troué.
— Jvous suit, grogna t-il.
Lughvar soupira en voyant la tenue de son patient. Cela allait être compliqué. Il ouvrit la porte et le fit passer devant lui. Il posa sa main sur la nuque, faisant tendre le garçon, et le mena de force vers le réfectoire.
— Pour se repérer il suffit de suivre la ligne rouge au sol. La flèche indique le sens.
— Lâchez-moi.
Lughvar le poussa vers la pièce où une petite vingtaine de personnes était déjà, avant de le lâcher. Il se mit devant lui les bras croisés.
— Je te laisse une heure pour manger, cela te suffira largement. Quand tu auras terminé, direction la douche, changement de vêtement et tu viendras me voir. C’est la ligne verte à suivre et mon cabinet porte le numéro 4. Tu ne pourras pas le manquer, il y a mon nom dessus. Je t’y attend dès terminée.
— Et vous espérez réellement que je vais vous obéir ? dit-il avant de le contourner pour se diriger vers les plateaux.
Lughvar le rattrapa par le vêtement et lui releva le retourna. Il approcha son visage près de la Nymphe.
— Tu as intérêt à obéir sinon je sévirais, murmura le Ghrul
— Et vous voulez faire ça comment ? En me criant dessus ? demanda Aïden moqueusement.
— Je ferais les choses par moi même. Je te traînerai jusqu’à la douche, te laverai entièrement avec un jet d’eau qui ne sera pas à ton goût avant de t’emmener jusque dans mon cabinet. Et une fois qu’on y sera, je t'ausculterai comme prévu, le tout en étant attaché.
— Vous ne pouvez pas me faire ça, ce serait contre les lois.
— Qu’est-ce qui serait contre les lois Aïden ?
— Me faire tout cela. Vous ne pouvez pas m’obliger à faire ce que je ne veux pas.
— Tu es mon patient et tout ceci est dans le cadre médical. Rien ne me l’interdit. Tu n’es pas le premier à venir ici dans un tel état de colère et haine envers ce que tu es. Alors crois moi… je sais ce que je fais. Obéis moi et tout ira bien, fais-moi confiance, okay?
Aïden renifla et fit lâcher la prise au médecin avant de se diriger pour manger. Il prit un plateau en métal de couleur bleuté et se dirigea vers le buffet. Il fut surpris du peu de choix. Aucune céréale, pas de chose “humaine”. Beaucoup de fruits découpés surtout ainsi que des jus. Il soupira et se servit dans un bol de plusieurs fruits variés jaune, ainsi que d’un verre de jus de pomme. Il prit place à une table où il n’y avait pas grand monde et, cuillère à la main, mangea tranquillement.
— Hey, mais t’es le nouveau arrivé hier, dit un faelen au cheveux vert clair.
— Ferme là la tafiole ailé ou je t’enfonce ma cuillère dans l’oeil.
Le faelen sursauta par l’agressivité de Aïden et s’éloigna d’une place sous le sourire mesquin de ce dernier. Il finit son repas de meilleure humeur. Quand il eut terminé, il laissa tout sur la table et sortit, les deux mains dans les poches. Il suivit le trait bleu et réussit à entrer dans sa chambre.
Il repensa à l’ordre du ghrul et se dit qu’il devait vraiment se doucher. Il se déshabilla et entre dans la salle d’eau. La douche était plutôt sommaire tout comme les toilettes. Il y fait un tour avant d’ouvrir le meuble pour trouver de quoi se laver. Tout était neutre, pas de senteur artificielle, rien. La nymphe soupira et prit les premiers produits qui vinrent.
Il resta un moment dans la douche, observant son corps sous l’eau et frottant son corps. Il avait pourtant tout fait pour se développer. Avoir des muscles, faire des étirements, manger correctement. Essayer de grandir aussi. Mais rien n’y avait fait. Il était juste légèrement plus musclé avec des hanches trop prononcées et une taille ridicule pour un homme.
L’on frappa à la porte de la salle de bain, le faisant sursauter.
— Tu n’as plus que 10 minutes. Quand tu sors, tu t’habilles et tu viens me voir.
Aïden se rinça et sortit de la douche, s’essuyant avec une rare serviette en coton. Il ouvrit légèrement la porte et vit que ses affaires avaient disparues. Le blond lâcha la serviette au sol et grogna. On lui volait sa liberté et maintenant ses affaires.
Il ouvrit l’armoir et mis les première affaires “passable” qu’il trouva. Un t-shirt bleu clair et un pantalon en toile blanc. Il soupira et décida de sortir du lieu afin de marcher un peu. Il faisait plutôt chaud et cela faisait un moment qu’il n’avait pas marché pied nu dans l’herbe. Il regarda les autres interagir entre eux, mais aussi avec les alphas et bêtas du centre. C’était niais et écoeurant. Il voyait d’ici que certains et certaines avaient un ventre un peu plus rond que les autres. Pour les femmes il pouvait comprendre, mais les hommes… c’était complètement hors nature.
Une poigne dans son cou le fit sursauter et figer. Il sentit un souffle près de son oreille.
— Il me semblait pourtant vous avoir dit d’être à l’heure, Monsieur Sauma. Pas un mot de plus, direction le cabinet.
Il fut poussé à travers le bâtiment jusqu’à une porte en bois sombre avec une plaque couleur or. La pièce était plutôt simple, un bureau avec une tablette plus grande, des dossiers rangés dans un meuble et une chaise de consultation en cuir entouré d’étranges plantes en pot à même le sol. Aïden fut assis sur la chaise de consultation. D’une pression du doigt du ghrull sur un bouton, les plantes prirent vie et s’allongèrent rapidement avant de s’enrouler autour des 4 membres de l’oméga qui sursauta. Les lianes végétales étaient connues pour leur solidité, il ne pouvait plus bouger.
— Je vois que cela commence bien. Tu menaces un camarade, laisse tes affaires traîner tel que le plateau repas ou tes vêtements et en plus tu es en retard pour le rendez-vous qui t’as été rappelé plusieurs fois. Je ne veux maintenant que de ta bouche ne sorte que les réponses à mes questions et la vérité sinon je commencerais à agir de façon plus sévère, c’est compris Aïden ?
— … Oui, dit-il en déglutissant.
— Donc, voyons ton dossier. Tu es Aïden Sauma, 18 ans dans 3 jours. Tu mesures 1 mètre 63 pour 59 kg. Vrai ?
— Oui.
— As-tu eu des symptômes particuliers ces quinze derniers jours ? Douleur, fatigue, repas plus axé ?
— Non.
— Vraiment ? demanda le médecin suspicieusement en regardant les battements du cœur s'accélérer.
— Je mange un peu plus de fruit jaune, mais rien de nouveau, répondit Aïden en levant les épaules.
— Je fais ça pour ta santé, je n’accepte que la vérité. Bien, je vais prendre d'autres mesures supplémentaires. si tu te bien, je n’aurais pas à te punir.
Lughvar fit défiler quelques menus sur sa tablette sous le regard presque rose de l’ylèndr. La table bougea légèrement, le faisant s’allonger et Aïden sentit quelque chose passer dans lui, un peu comme de légères ondes, ou un faible courant électrique. Son souffle se fit plus court et une légère douleur se fit au creux de ses reins. Qu’est-ce que l’alpha était en train de faire ? Il n’eut pas le loisir de poser la question que tout s’arrêtait.
— Bien, comme je le pressentais, à renier ta condition, ton corps à fait un déni complet jusqu’à récemment. Attends toi à être totalement chambouler émotionnellement, dit-il honnêtement. J’aurais aimé pouvoir te punir, voire même te mettre une fessée, mais ton état ne me le permet pas. Sache cependant que c’est ton dernier avertissement, la prochaine fois je le fais, compris ?
— Compris, répondit le blond les dents serrées.
Le ghrul activa une commande sur sa tablette et Aïden fut libre. À peine fut-il libéré qu’il sauta de la table et sortit de la pièce en courant. Lughvar ne fit rien pour le rattraper, il ne pouvait rien faire de plus pour le moment si ce n’était programmer une rencontre avec leur psychologue.