Il était de nouveau dans la chambre, le bol de nourriture traînait encore sur le plateau. Son sac était au sol, près de la porte, et il était assis sur le lit, là où lae vampire était assis, assis à une certaine distance.
Alari n’avait pas été surpris quand iel avait senti le jeune oméga passer près des maisons du personnel. Lughvar lui avait dit ce qu’il s’était passé dans la journée et quand iel voyait les traces rouges sur le corps de la nymphe, Alari se dit qu’une discussion devait vraiment avoir lieu dès maintenant. Les réactions de Aïden avaient clairement une raison quelconque.
— Qu’est-ce qui se passe dans votre tête ?
— Rien.
— Parlez Aïden, hurlez même si cela peut vous soulager. Vous pouvez tout me dire. Critiquer le directeur ou votre médecin. Même moi si cela vous dit. Mais je ne partirais pas sans savoir ce qu’il se passe.
Le jeune blond soupira et se leva, observant le ciel à travers la petite fenêtre mais aussi pour s’éloigner de Alari. Pouvait-il vraiment parler après tout ce temps, avec un parfait inconnu de surcroît ?
Alari observe la jeune nymphe et sait alors qu’iel devait parler avant. Assis sur le lit, iel prit une inspiration à son tour et parla.
— Si vous ne voulez pas parler, je peux commencer si vous le voulez.
Aïden releva ses épaules. Si cela amusait lae vampire de déballer sa vie, grand bien lui fasse. Alari croisa ses jambes.
— Je suis né humain. Je suis né il y a une centaine d'années de cela. Sachez que ma famille n’était pas heureuse de mon statut d’humain. Je suis parti en médecine avec mon frère, le seul autre enfant de notre fratrie. Nous étions sur le campus avec des amis quand on a été attaqué par des vampires fous.
Iel baisse les yeux sur ses mains, les faisant glisser l’une contre l’autre de façon nerveuse. Ce n’était pas la première fois qu’iel racontait l’histoire, mais c’était toujours aussi frais dans son esprit. Alari déglutit une autre fois avant de continuer, sachant pertinemment qu’Aïden l’écoutait.
— Je me suis réveillé dans une morgue, au milieu de centaine de cadavres dont parmi eux mon frère prodige et mes amis. Je te passe les détails de mes années avec ces scientifiques complètement détraqués avant que je sois libéré par un clan de vampires. Mais je n’avais plus personne, Aïden. Ma famille m'aurait tuée pour être en vie et pas Elric. fit-iel en relevant les épaules. Mais j’étais en vie et j’ai avancé malgré le fait que je ne croyais plus en personne. J’ai affronté mes démons, ma peur du monde. Être simplement avec quelqu’un dans une même pièce me faisait paniquer. Je suis aujourd’hui psychologue et cela me convient.
Alari laissa flotter le silence après le résumé plus que limité de sa vie passée. Iel ne devait pas en dire plus, de peur de traumatiser la nymphe plus que prévu. Iel avait simplement instauré un climat de confiance avec une histoire qui, iel le savait, serait possiblement semblable.
Aïden se mordit la lèvre du bas et baissa ses yeux sur ses propres mains tremblantes avant de se décider de parler à son tour. Peut-être que, finalement, ce vampire le comprendrait.
— Je croyais être humain, murmura t-il. On me l’a toujours dit. Enfin, on m’a jamais dit le contraire. Quand je suis rentré des derniers cours pour enfin être en vacances, mes parents m’ont attendu dans le salon. Ils devaient normalement être en train de bosser. Ils m’ont annoncé que j’étais une créature magique, un ylèndr oméga et que le soir même j’allais intégrer le centre pour avoir mes chaleurs. Je n’accepte toujours pas… d’être ici, de force, au milieu de nulle part et sans même pouvoir discuter avec quelqu’un que je connais.
— C’est quelque chose de grave qu’on fait vos parents. Cela vous met grandement en danger. Surtout que j’ai vu votre dossier ainsi que le courrier qu’ils ont envoyé.
— J’aurais fait un déni, dit-il en grimaçant.
— Ce fut involontaire dans votre cas, vous ne saviez pas et on vous l’a caché. Voulez vous me dire autre chose ?
— Je…
Aïden croisa ses bras comme pour se protéger et se tourna un peu vers lae vampire. Alari l’observa simplement.
— Je n’aime pas qu’on me touche. Et depuis que je suis arrivé, on me touche tout le temps. Pour me calmer… pour me soigner.
— Et d’où vient cette peur du toucher ?
— Je… J’avais dix ans. Je sortais de l’école en avance ce jour-là et j’aimais beaucoup être avec les plus grands. J’étais plus à l’aise. Mais ils avaient encore cours alors j’ai attendu sur un banc.
Aïden ferma les yeux, déglutit avant de les ouvrir de nouveau. Il s’approcha du lit et s’y assis finalement, un peu plus proche de Alari qu’au début. La nymphe baissa les yeux sur ses bras où l’on voyait quelques traces de griffures.
— Trois hommes m’ont approchés. Surement des alphas et des betas. Au départ, ils m’ont juste parlé et j’essayais vraiment de parler le plus possible pour gagner du temps. Puis un m’a attrapé et m’a dit… des trucs.
— Qu'a-t-il dit ?
— Que j’avais l’air délicieux, que mon corps était encore jeune mais que je l'attirait déjà. Je ne pouvais pas crier et il m’a traîné dans un coin. Ils m'ont touché partout, puis on… sur moi.
— Que s’est-il passé après ?
— Mes amis du moment m'ont retrouvés. L’un d’eux m’a emmené chez lui et j’ai pu me laver et me changer avant de rentrer chez moi.
— Personne ne l’a su ? demanda lae vampire surpris, en décroisant ses longues jambes.
— Personne, murmura la nymphe. Qu’est-ce que je pouvais dire ? J’étais déjà un enfant à problème d’après certains de mes professeurs et mes parents ne croyaient pas vraiment ce que je disais.
Alari soupira et passa une main dans ses cheveux. Cela rendait les choses encore plus difficiles. Le garçon n’avait pas vraiment de problème pour être touché, mais s’il l’était trop cela se terminait en une douche quasi sanglante. Iel l’observa un moment puis tendit sa main dans la direction du blond.
— Je ne peux pas vous toucher, mais pouvez-vous me toucher moi ?
— Je ne sais pas. Peut-être, je…
— Tentez et si cela ne va pas, vous irez vous laver les mains.
Aïden souleva sa main tremblante et la tendit avec hésitation. Lae psychologue ne bougea pas, attendit tout simplement. La plus petite main se posa sur l’autre. Un instant. Le blond resta interdit. C’était étrange. Son corps semblait aimer, mais sa peur lui dictait de la retirer. Ses yeux ne pouvaient pas quitter les deux mains l’une sur l’autre.
— Comment vous le sentez ?
— Je… je ne sais pas. Je ne sais vraiment pas.
— Vous avez grandi, Aïden. Regardez-vous, réellement. Vous êtes un oméga, vous avez dix-huit ans et votre vous de dix ans n’est plus là depuis un moment. Personne ne vous veut de mal ici. L’on vous touchera jamais sans votre accord au préalable. Mais vous devez passer au-delà de votre peur, au moins envers Lughvar. Il sera celui qui vous soignera et il doit pouvoir vous toucher pour cela.
— Je… Je veux bien essayer mais je… je ne sais pas. Je n’arrive pas à me voir comme un … oméga. Puis, mon corps accepte les caresses, je sens au fond de moi que je ne crains rien… mais j’ai…
— Vous avez peur de salir les autres si l’on vous touche.
Aïden releva la tête. Il se sentit comme poignardé par cette vérité dont il n’avait pas conscience jusqu’à présent. Alari lui fit un doux sourire.
— Vous n’êtes pas la première personne, dit-iel fatalement. J’ai cent deux ans et j’ai, malheureusement, vu trop de personnes dans votre cas. Pas seulement des omégas. Acceptez ce que veut votre corps. Écoutez-le et reprenez le contrôle dès que vous pensez salir les autres. Suis-je sale ?
— N.. non ?
— Et est-ce que je vous fais du mal ?
— Non plus… je...
— Et pourtant, depuis que vous avez relevé le regard sur moi, je vous tiens la main.
Alari releva leur main enlacer devant les yeux de la nymphe avant d’ouvrir la main. La deuxième tomba mollement sur les jambes du plus jeune, complètement ébahis. Lae vampire se releva et épousseta ses jambes.
— Je sais que vous êtes perdu, mais gardez en tête que vous seul à le contrôle et que si votre créature veut quelque chose, c’est possiblement pour votre bien car VOUS êtes la créature. Puis en cas de doute, demander, je vous promets je ne mors pas. Dormez maintenant et demain, pensez à demander à Lughvar quelque chose pour vos marques.
— Je… merci, dit-il dans un souffle.
— Mon bureau se trouve presque au bout de la ligne verte. Si vous voulez encore discuter, vraiment, n’hésitez surtout pas.
Aïden acquiesça, étrangement au bord des larmes. Alari passa la porte, laissant la nymphe seule dans la chambre. Il observa sa main qui avait été maintenue et ne ressentit pas ce besoin viscéral de la laver. Non, au contraire, ce fut agréable. Il secoua un peu la tête, avant d’essuyer ses yeux en baillant. Il était fatigué. Il retira ses affaires, restant en caleçon et se coucha dans le lit avec pour seule lumière la lune qui allait bientôt disparaître.
De retour dans sa chambre, lae vampire prit sa tablette et entra ses observations ainsi qu’une partie des paroles qui avait été échangée. Aïden souffrait d’un traumatisme qui n’avait pas été traité à temps et d’une négligence concernant la nature de sa créature. Les chaleurs allaient réellement se déclencher dès le lendemain, ou le jour même au vu de la date du rapport, compliquant les choses. Le toucher était quelque chose de nécessaire au quotidien. Rien que pour les soins pour calmer les chaleurs, l’on palpait souvent le ventre, le torse au niveau des seins, mais aussi le périnée. Ce dernier étant la région où la cavité s’ouvrait permettant alors d’enfanter.
Qu’est-ce qu’iel pouvait détester son travail parfois.