Un rendez-vous avec un psychologue. Il n’avait pas signé pour ça non plus. En fait, il n'avait signé nulle part depuis son arrivée. Il n’avait pas été au rendez-vous, agaçant encore plus l’alpha qui l’avait pris en charge. Alari, psychologue de profession, avait seulement souri et répondu que le temps d’une discussion ensemble viendrait, iel avait tout son temps. Être de race vampirique avait quelques avantages.
Aïden avait comme de légères crampes dans le ventre depuis la veille. Aujourd’hui, alors qu’il fêtait son anniversaire, il avait un peu plus mal et avait plutôt chaud. Il se leva comme depuis 4 jours maintenant et fila dans la salle de bain. Il en ressortit quelques minutes plus tard, ayant faim. Il ajusta son t-shirt fin de couleur blanc et son pantalon léger gris foncé, le seul foncé qu’il avait trouvé.
Il allait passer son anniversaire seul, sans ses deux amis, dans un centre pour oméga en chaleur. Il s’emmerdait et étrangement Lughvar l’avait lâché pour le moment, le surveillant que de loin ou via sa tablette. Le ghrul n’avait rien pu rien faire si ce n’était attendre ce jour-ci.
Aïden entra dans le réfectoire et se dirigea rapidement pour se servir. Comme depuis plusieurs jour il pris exclusivement des fruits jaunes. Il s’installa à une table vide et mangea avec appétit son repas. Concentré sur son bol et dans ses pensées, il ne vit pas une faelen aux cheveux rose s’installer devant lui avec un grand sourire.
— Bonne anniversaire Aïden ! dit-elle, le faisant sursauter.
— la ferme sin...
— Tu ne me feras rien, fit-elle toujours avec un grand sourire et des yeux vert pétillants. Tiens, c’est le cadeau de la part de tout le centre.
Elle déposa un sac en tissus un peu bombé devant lui et partit après avoir lui dit s’appeler Celeste, le tout sous le regard troublé de Aïden. Cette fille n'était vraiment pas bien. Il observa le sac du coin de l'œil avant de l’ouvrir, renversant le contenu sur la table. Ce qu’il vit, lui fit lâcher le sac au sol. C’était une tenu très légère, souvent donnée aux ylèndr, laissant voir tout le torse avec un pantalon stylisé de couleur blanc et un tour de taille transparent de couleur pourpre. Il ne pouvait pas. Il prit le sac, enfourna les deux pommes qui étaient sur son plateau dedans et sortit presque en courant en laissant tout derrière lui.
Il entra rapidement dans la chambre et se dirigea vers la salle de bain. Il se sentit tremblant, un peu nauséeux même. Il ouvrit le robinet du lavabo, ferma le syphon et s’aspergea vivement le visage. Quand le vasque fut suffisamment rempli, il arrêta l’eau et y plongea le visage, les yeux fermés. La respiration retenue, il n’atteint même pas les dix secondes compté avant qu’une poigne ferme ne le relève.
Aïden toussota un moment avant d’ouvrir les yeux, croisant dans le miroir le regard bleu de Lughvar.
— Je m’attendais à ce que ça arrive, dit-il en soufflant. Suis-moi.
— Non…Je…
— Aïden, suis-moi tout de suite. Tu ne vas pas bien et je peux te soigner, mais pour cela j’ai besoin de vérifier quelques informations supplémentaires.
— Vous allez me toucher, dit-il en se retournant finalement. Je ne veux pas que vous me touchiez.
— Je ne te ferais aucun mal, répondit le démon en s’approchant un peu. Mais, j’ai besoin de te toucher pour vérifier ta santé. Je ne ferais rien de plus que de regarder si tout va bien. Je ne toucherais rien de privé, Aïden.
— N… vous savez ce que j’ai, vous n'avez pas besoin de me toucher. Personne ne va me toucher, plus personne ne me touchera.
Aïden fit quelques pas de côté, essayant de s’éloigner le plus possible du démon. Il recula le plus possible, heurtant son dos contre la parois la plus éloignée de Lughvar. Le médecin se pinça les lèvres. Il sentait les émotions de la nymphe émaner par vague. Aïden émettait tous les signaux d’un oméga en détresse. Il devait vraiment l’emmener dans son cabinet ou du moins dans la chambre. Mais avant, il devait surtout le calmer. Il approcha doucement, le regardant dans les yeux. Il s’arrêta à une certaine distance et tendit sa main, palmée jusqu’aux premières phalanges.
— Calme toi, allez Aïden… tu le sais au fond de toi que je ne vais rien faire de mal. Viens, prend ma main.
— Non... non non, ne me touchez pas…
L’oméga se laissa tomber au sol, presque en boule, tremblant. Il murmurait comme une litanie de ne pas le toucher et qu’il n’avait rien fait. Le démon retint un grognement d’agacement, sa queue battant l’air dans son dos. Le comportement de Aïden était presque transparent maintenant. Il s’était passé quelque chose et le garçon avait sûrement été traumatisé. Aujourd’hui, il est devenu quelqu’un qui se défendait par la violence et maintenant que son sang de créature s’éveillait… sa carapace fondait comme de la glace près du feu.
Il s’approcha doucement, essayant d’être le plus près possible. Quand il fut à portée de bras, il se laissa tomber à genou et, d’un mouvement rapide, il l’attrapa, le plaquant contre lui. Il passa un bras dans le bas du dos et son autre main à l’arrière de la tête, la plaquant contre son cou. Sa queue s’enroula autour d’eux, assurant une troisième prise.
Aïden se figea un instant avant de se débattre, essayant, du moins, de le repousser.
— Calme toi Aïden, chut calme. Respire calmement. Je ne vais pas te faire de mal. Tu es en sécurité ici, il n’y a personne d’autre que moi dans la pièce.
— lâchez-moi… lâchez-moi !
— Pourquoi veux-tu que je te lâche ? demanda le médecin en caressant les cheveux du garçon.
— Parce qu'on ne doit pas me toucher ! Personne ne doit me toucher ! répondit la nymphe d’une voix angoissée.
Aïden serra inconsciemment sa prise contre le démon. Lughvar le resserra un peu contre lui. Il banda tous ses muscles et se redressa. Il plaqua l’oméga tremblant contre lui, le portant facilement, et passa la porte de la salle de bain. Il le déposa doucement sur son lit, lui faisant lâcher sa tenue entre ses doigts crispés.
— Tu vas rester allongé un moment et respirer calmement. Tu veux bien répondre à quelques questions pour moi ?
L’oméga tira seulement la couette pour la mettre au-dessus de lui, le couvrant totalement et resta en boule, légèrement tremblant. Lughvar soupira et resta debout. Il n’avait pas sa tablette sur lui. Pour cause, dès qu’il avait vu les constantes de Aïden changer aussi brutalement, il l’avait simplement lâché et partit le chercher.
— As-tu eu d’autre changement depuis notre dernière rencontre ?
— Hm.
— En plus de ta température qui a un peu montée, as-tu eu autre chose ? Des douleurs dans le bas du ventre ?
— Oui… Depuis hier j’ai mal, murmura t-il. Et je mange que des fruits jaunes. J’ai l’impression d’être un drogué à ça.
— Nous avons vu cela oui, répondit doucement le médecin en souriant. Tu n’as pas fini ton repas d’ailleurs, veux-tu que je t’apporte quelque chose ?
— Je peux rien avaler, cracha t-il.
— Je dois te poser une question plus intime, mais c’est important. As-tu déjà eu une relation sexuelle par le passé ?
— Cela ne vous regarde pas ! Dégagez et laissez-moi.
Aïden ferma les yeux et ne prononça plus un mot, frottant un peu sa peau avec ses mains. Lughvar eut beau poser plusieurs autres questions, aucun son ne sortit. Le démon soupira, le plus haut de la crise était au moins passée. Mais quelque chose n’allait pas. Il posa une main sur l’épaule de l’oméga à travers la couette, le faisant se crisper.
— Je vais te laisser tranquille pour la journée, dit doucement l’homme. Merci pour tes réponses, Aïden et merci de m’avoir fait confiance. Tu vois, comme promis, je ne t’ai pas fait mal.
Lughvar sortit de la pièce et se dirigea vers son bureau. Il devait remplir la fiche de l’oméga et aller rendre visite à d’autres pensionnaires du centre.
Dans la chambre, Aïden commençait à se calmer. Il ne savait pas vraiment ce qu’il s’était passé. Jamais il n’avait eu de crise aussi importante… surtout après tout ce temps. Il ne supportait pas qu’on le touche. Il avait été faible face à l’alpha. Il devait partir.
L’omega resta allongé quasiment toute la journée, ne mangeant le midi que les deux pommes qu’il avait pris le matin même. Dans l'après-midi, il ouvrit le meuble et prit quelques affaires neutres pour les fourrer dans le sac qu’il avait gardé. Il cacha le sac dans le meuble et alla à la douche. Il ne tenait plus, il devait se laver.
Sous l’eau il se frotta la peau, la grattant et laissant des traces rouges partout où il avait été touché. Le cou, le visage, les bras, les jambes et surtout le ventre qui lui faisait tellement mal. Il planta ses ongles au niveau de son cœur en déglutissant. Jamais il ne serait assez propre. Il prit le savon et frotta encore plus. Cela piquait un peu à certain endroit, mais il sentait doucement la sensation de reprendre le dessus sur ses émotions.
Quand il en sortit, toute sa peau était rouge et rare était les endroits qui étaient épargnés. Il se coucha de nouveau dans le lit et se dit que dormir jusqu’au moment de partir serait la meilleure solution. Oui, il partirait en pleine nuit.
Il s’éveilla alors qu’il faisait nuit. Sur la table de nuit il y avait un petit plateau avec un bol de compote et une cuillère. Quelqu’un était rentré ici alors qu’il dormait. Il espérait que les traces sur sa peau n'avaient pas été vues. Il lorgna vers le bol alors que son ventre grogna. Il pouvait bien manger avant de partir.
Il avala rapidement le bol, le buvant presque. Il se releva, prit le sac dans l'armoire et ouvrit doucement la porte de la chambre. Il n’y avait presque aucun bruit si ce n’était le léger vent dans les arbres et de l’eau. Il marcha rapidement, sur la pointe des pieds et sortit du bâtiment.
Il ne pouvait pas passer par la porte principale. Il devait donc trouver un passage ailleurs. Il contourna le centre et marcha, suivant le chemin de pavé au sol dont les pierres étaient encore chaudes de la journée. Il accéléra en passant devant des maisons tout aussi simple que le ceux du centre. Il grimaça en sentant un pic de douleur le traverser. Il s’arrêta, pressant son bras contre son ventre, se pliant presque en deux.
Il attendit un moment avant de se redresser et de marcher. Il ne vit cependant pas la personne face à lui et entra en collision, le faisant reculer. Elle était très grande et avait les cheveux brun, presque noir, plutôt court et légèrement ondulé. Ses yeux sombres avaient quelques nuances de rouge. Sa tenue ne tenait qu’un une chemise sombre légèrement ouverte sur un torse plat, un pantalon moulant noir et des chaussures à talon vernie. Aïden recula alors que la personne se mit à sourire, laissant voir deux dents parfaitement pointues. Vampire.
— Aïden, je suppose. Je me présente, Alari Karten, psychologue. Nous avons à parler tous les deux, dit-iel.
L’ylèndr déglutit et dépité, il acquiesça. Il ne pouvait pas fuir face à une telle créature.