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Le vent d'octobre faisait danser les feuilles dorées autour du banc où Émile était assis. Il scrutait l'horizon d'un regard vide, son esprit flottant quelque part entre le passé et le présent. Il aimait cet endroit, du moins, il croyait l'aimer. Quelque chose en lui savait que ce parc avait une importance, mais il ne parvenait pas à se rappeler pourquoi.
Un bruissement attira son attention. Une femme s'assit à côté de lui. Ses yeux étaient doux, emplis d'une tendresse inquiète.
— Émile, tu veux rentrer ? Il commence à faire froid.
Il la fixa un instant, cherchant dans les replis de sa mémoire qui pouvait bien être cette dame qui connaissait son nom. Un frisson parcourut son échine, non pas à cause du froid, mais à cause du vide effrayant qui s'étendait en lui.
— Qui... qui êtes-vous ?
Les yeux de la femme s'embuèrent. Elle sourit pourtant, un sourire tremblant, fragile.
— C'est moi, Jeanne. Ta femme.
Un battement de silence. Émile détourna les yeux, tentant de capturer un souvenir qui refusait de venir. Jeanne. Ce nom résonnait au fond de lui, comme un écho déformé. Il l'avait aimée, il en était sûr, mais son visage lui était étranger.
— Je suis désolé, murmura-t-il. Je ne me souviens pas.
Jeanne posa une main légère sur la sienne.
— Ce n'est pas grave. Je me souviens pour deux.
Le silence retomba entre eux, ponctué par le bruissement des feuilles. Émile ferma les yeux un instant, tentant de s'accrocher à la chaleur de cette main sur la sienne. Peut-être que demain, ou l'instant d'après, il la reconnaîtrait.
Peut-être pas.
Mais tant qu'elle était là, il se sentait un peu moins perdu.
