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Chapitre 5 - Agatha

Agatha

De sa main libre, elle réussit à attraper la dague cachée dans sa cuissarde. 

— Je vais vous apprendre à respecter les femmes comme il se doit, cracha-t-elle à la tête de son assaillant, tandis que l’argent de sa lame se couvrait du rouge de son sang.

L’homme, surpris, fit quelques pas en arrière. Grosse erreur stratégique. Maintenant libre de ses mouvements, elle dégaina son épée. 

— Qui êtes-vous ? demanda le voleur de mauvaise fortune, désormais acculé contre le carrosse qu’il avait attaqué.

— Narcissa Helen de Vasilikos, la reine de ce royaume, et aujourd’hui celle qui vous condamne à mort.

Sur ses mots, elle abat son épée. L’homme retire sa capuche. 

— Si je dois mourir, je veux regarder la mort dans les yeux.

Il attendit le coup fatal, résolu. L’épée demeure figée dans les airs. Est-ce le bleu de ses yeux qui l'empêche de… Quelqu’un frappa à porte.

Agatha fut brusquement rappelée à la réalité. Elle ferma son livre, le posa sur son lit, et d’un pas lourd se dirigea jusqu’à la porte. Personne. Les lumières à détection de mouvement du couloir ne s’étaient même pas allumées. Elle entendait de la musique et des rires dans l’appartement d’en face. Son voisin avait encore une fois organisé une soirée, comme l'éternel étudiant qu'il est dans sa tête.

C’est sans doute leurs enceintes connectées que j’ai entendues, se dit-elle. Elle tentait de calmer sa respiration. Depuis le matin où Christie l'avait appelé pour l'aider à cacher un corps, Agatha était devenu un peu plus parano qu'habituellement. Elle voyait des gyrophares dans les rétros de sa voiture à chaque virage. Elle entendait le clic d'un appareil photo quand elle sortait ses poubelles. Et surtout, elle n'avait pas eu de nouvelles d’Hercule depuis, ce qui ne faisait augmenter son anxiété. Elle avait hâte qu'il lui dise en quoi consisterait la faveur qu'elle lui doit à présent pour enlever cette épée de Damoclès au-dessus de sa tête. Une semaine déjà était passée, et silence radio. Elle en devenait folle.

En regagnant son lit, elle fulminait. Le nombre de fois où elle avait voulu appeler les propriétaires de l'immeuble pour dénoncer son voisin. Elle n’a jamais eu le courage pourtant.

Parfois, les soirs comme celui-ci, sa maison de famille lui manquait, le village de son enfance. Elle dramatisait un peu, si elle le voulait elle pouvait rejoindre sa mère en à peine plus de quarante-cinq minutes de route. Mais parfois, ça lui semblait une distance infranchissable. Depuis qu’elle avait quitté le foyer familiale pour poursuivre ses études, elle se sentait dépérir. Sa nouvelle ville était si triste, si grise, si froide, tout comme les gens qui y habitaient. Elle, qui n’avait pas voulu étudier à la capitale, espérant que les plus petites villes seraient plus chaleureuses, est tombée des nues. Elle déprimait un peu. La seule consolation, c’était le prix des crèmes aux œufs, si bas qu’elle pouvait en prendre un à chaque repas. 

Certes, elle ne faisait pas d’effort non plus. Elle ne quittait son studio que pour se rendre à son stage, aller à la bibliothèque, faire ses recherches, faire des courses, et occasionnellement sortir un cadavre du lit de sa sœur. Elle n'essayait pas vraiment de communiquer avec les autres, ni ne se rendait en soirée. Déjà étudiante, elle préférait le confort de son lit à la musique trop forte et à l'alcool premier prix. Les peu de personnes qu’elle côtoyait étaient ses partenaires de TD, qui avec le temps étaient devenus des amis par habitude, et sa psy. Aujourd'hui, chacun était trop occupé pour prendre le temps de se voir, un message de temps en temps suffisait à maintenir un semblant de lien. Elle pouvait toujours compter sur Mellie, sa seule amie d'enfance. Mais dernièrement, Agatha se sentait coupable, elle avait l'impression de l'appeler que pour se plaindre, et elle détestait l'idée d'être l'amie triste. Agatha était, ce soir, terriblement seule. Or, cette année, elle avait la pression. Elle devait pour la première fois faire un choix important pour sa future carrière, et Agatha était incapable de faire des choix. Ses parents ne l’avaient pas aidé. Depuis son enfance, quand elle hésitait, ils répondaient toujours la même chose : tu n’as qu’à prendre les deux. On mange des lasagnes ce soir, ou on fait des sandwichs et on va pique-niquer sur la plage ? On pique nique des lasagnes sur la plage. Sans doute que si elle avait demandé un poney et un yacht privé, on lui aurait demandé de faire un choix. Mais souvent, ses désirs étaient raisonnables. C’est ainsi qu’elle avait été élevée. 

Comme à chaque fois qu’une idée angoissante taraudait son esprit, elle respirait un bon coup, ouvrait un livre, et remettait l’idée au lendemain. Ce soir, elle venait à peine de commencer un roman fantastique recommandé par de nombreux lecteurs sur les réseaux sociaux. Tenant elle-même un blog de lecture, elle était obligée de lire cette petite merveille et de partager son avis. Sans attendre, elle se remit sous ses couvertures.

Si je dois mourir, je veux regarder la mort dans les yeux.

Il attendit le coup fatal, résolu. L’épée demeure figée dans les airs. Est-ce le bleu de… On frappe de nouveau. S’il y avait bien une qualité que Agatha ne possédait pas, c’était la patience. Vingt-sept années à être la sœur de Christie l’avait usée jusqu’à la moelle. Enervée, elle jeta le livre sur le lit et se précipita à la porte.

Personne. 

Elle resta dans l’antre quelques minutes, l’oreille à l'affût. A par la musique trop forte de son voisin, elle n’entendit rien. Par dépit, elle regagna son lit. Elle n’avait même pas encore eu le temps de s’allonger qu’un nouveau coup la fit sursauter. A grands pas, elle gagna la porte. Sans surprise, personne derrière. Agatha commençait vraiment à en avoir marre. Elle avait l’impression que quelqu’un la faisait tourner en bourrique. Elle récupère son livre sur son lit, prend sa chaise de bureau, et vient s'asseoir juste derrière sa porte. Si quelqu’un frappe, il n’aura pas le temps de s’enfuir pensa-t-elle. Elle regrettait de ne pas avoir de judas. Elle serait restée l'œil collé à la lentille afin de voir le fauteur de trouble la main dans le sac. Elle pouvait se montrer un poil excessive de temps en temps. Elle attend quelque minutes, comme aucun bruit ne se fait entendre, elle décide d’ouvrir son livre à nouveau. Ne jamais dérangé une femme qui lit, cela devrait être une regle d’or. Elle détestait être dérangée pendant sa lecture. Surtout alors qu’elle arrivait enfin au moment de la grande révélation de l’histoire. Peut-être que la personne qui s’amusait à lui faire cette mauvaise blague s’était lassée, ou avait-elle trouvé un truc plus intelligent à faire, comme tomber dans les escaliers et lui foutre la paix.

 Sur ses mots, elle abat son épée. L’homme retire sa capuche. 

— Si je dois mourir, je veux regarder la mort dans les yeux.

Il attendit le coup fatal, résolu. L’épée demeure figée dans les airs. Est-ce le bleu de ses yeux qui l'empêche de lui ôter la… Trois coups bien distincts. Elle ouvrit la porte sur le troisième coup. Personne. Devenait-elle vraiment folle ? Comme lady MacBeth qui nettoie le sang invisible sur ses mains, est-ce qu'elle est en train de s'imaginer des coups à la porte ? Est-ce le bruit de sa conscience ? Agatha n’avait jamais enfreint les règles. Elle vivait donc assez mal le fait d’avoir aidé à dissimuler un meurtre. Hercule leur avait ordonné à sa sœur et elle de vivre normalement, comme si de rien n’était. Mais lorsqu’elle fermait les yeux, Agatha voyait le regard vide du cadavre dans le lit de sa sœur, et l’odeur du sang revenait douloureusement à ses narines, menaçant de la faire vomir à chaque fois. Oui, elle se sentait coupable. Mais, au point d’halluciner des coups à sa porte ?

Elle fait valser sa chaise de bureau à l’autre bout de la pièce afin d’ouvrir la porte en grand. Le couloir n’était même pas allumé. Pour s’assurer que les ampoules fonctionnaient, elle fit quelques pas à l’extérieur de son studio. Et la lumière fut. Elle prit son courage à deux mains, et toqua chez son voisin. Le silence se fit soudainement de l’autre côté. Un jeune homme passa la tête par la porte. La nervosité qui se lisait dans ses yeux s’envola dès qu’il vit Agatha sur le pas de sa porte.

— Ce n’est que la voisine ! dit-il à ses invités, tu nous a foutu la frousse, on a cru que c’était le concierge. Nala, c’est ça ?

— Pardon ?

— Ton nom, c’est bien Nala.

— Agatha. On n'est pas dans le roi lion, dit-elle les dents serrées.

— Ah oui, Agatha, Nala, à une lettre près c’est la même chose.

— Il y a plus d'une lettre de différence…

— Quoi ?

— Rien. Je peux te demander de baisser un peu le son ? J’entends de ma chambre et ça me dérange.

— Tu ne veux pas venir boire un verre avec nous plutôt ? Il avait ouvert la porte en grand cette fois, pour l'inviter à entrer.

— Non merci, je ne préfère pas.

— Mais si, viens. Tu ne sors jamais de ta piaule et tu n’invites jamais personne, ça te ferait du bien de t’amuser un peu. Tu es timide ? Je suis sûre que tu sais bien danser, tu pourrais m’apprendre.

— Je préfère me détendre tranquillement chez moi.

— Tu n’es pas drôle. Viens au moins boire un verre. Promis, juste un verre, reste dix minutes et si ça ne te plait pas, je ne te retiens pas plus longtemps.

— Je n'en ai pas vraiment envie.

Elle sentit la main de son voisin se refermer sur son poignet. Il tira pour l’emmener à lui.

— Allez, lui murmura-t-il à l’oreille, juste un verre.

Elle était assez proche pour sentir l’haleine anisée de son interlocuteur. Elle détestait l'anis.

— J’ai dit non, souffla-t-elle, la mâchoire crispée. Avant qu’il ne l'emmène plus loin dans le studio et ne ferme la porte, elle profite du fait qu’il l’avait collé à elle. Son poignet était toujours prisonnier, elle serra ses coudes, et de toutes ses forces, les enfonça dans le bas ventre de son ravisseur. Il lui lâcha le poignet pour porter ses mains à ses bijoux de famille. Dingue que les mecs ne puissent jamais se contenter d'un non poli, il faut toujours ajouter une menace ou un coup de poing pour qu'ils comprennent le message. Agatha courut vite jusqu’à son studio, et ferma sa porte à double tour. Son cœur battait à vive allure, ses mains tremblaient et elle avait du mal à reprendre son souffle. De l’autre côté, elle entendait son voisin crier dans le couloir.

— Espèce de cinglé, j’essayais juste d’être gentil. Cette salope vient de me défoncer les boules. Je vais la saigner.

Les martèlements à sa porte se faisaient de plus en plus oppressants. Accroupie contre celle-ci, les mains toujours sur la poignée, Agatha pleurait. Décidément, ce n'était pas sa semaine. Elle avait peur. Sa maison lui manquait. Sa famille lui manquait. Ses amis lui manquait. Même ce psychopathe d’Hercule lui manquait. Elle ne voulait plus vivre ici. Elle en avait marre d’avoir peur quand elle rentrait tard de la bibliothèque le soir. Elle en avait marre des regards lubriques dans le métro. Elle en avait plus qu’assez des réflexions quotidiennes sur la taille de sa poitrine ou de sa jupe. Elle désirait retourner dans son petit cocon, dans sa petite campagne. Là où elle se sentait protégée par les siens. Elle avait vingt-sept ans, mais ce soir, elle se sentait adolescente à nouveau, comme lorsqu'elle avait dû passer trois heures cachée dans les toilettes du lycée pour que Dylan la laisse tranquille après leur premier baiser. Elle revoit ses mains sur son corps, elle entend ses supplications quand elle lui demande d'arrêter, son rire en réponse, et l'odeur forte du tabac et de l'alcool lorsqu'il presse ses lèvres aux siennes. Les coups à la porte la ramènent au présent. De l’autre côté, dans le couloir, elle entendait des bruits de voix. Certains essayaient de raisonner son voisin, lui disait de laisser tomber.

— ça ne sert à rien de s’énerver pour une chienne pareille.

Une chienne. Parce qu’elle n’avait pas voulu le suivre dans la fumée bruyante de son appartement. Une chienne. Parce qu’elle avait osé lui dire non. Une chienne. Parce qu’elle s’était défendue lorsqu’il avait voulu la forcer à faire une chose qu’elle ne voulait pas. Une chienne. Agatha avait envie de mordre. Elle serra les dents et les poings, s'empêchant de faire quelque chose qu’elle regretterait, comme ouvrir la porte en grand, et exploser la gueule de ces connards dans le couloir. Elle se força à prendre de grandes inspirations. L’impulsivité, c’était Christie, elle, elle était réfléchie.

— Ne va pas te mettre dans la merde pour une salope.

Agatha se leva. Cette fois prête à en découdre. Il y eut trois coups violents à sa porte. Des coups de pied. Elle se figea, son courage se dégonflant comme un ballon de baudruche. Quelques injures hurlées. Agatha se recroqueville à nouveau contre la porte, s’assurant qu’elle est bien fermée. Puis, des bruits de pas qui s’éloignent, et une porte qui claque. Son voisin avait dû lâcher l’affaire et était retourné à sa soirée. Seulement là, Agatha s’autorisa à relâcher son souffle. La peur faisait encore trembler ses doigts. Elle serra ses poings contre sa poitrine pour tenter de se calmer. Elle se détestait parfois d’être aussi faible, aussi effrayée par tout. Et elle détestait ce monde pour lui rappeler chaque jour qu’elle n’avait jamais réussi à assez s’endurcir. Elle vivait sa vie comme si elle risquait de se faire renverser par un chauffard à chaque coin de rue. Et, au contraire de Christie qui en profitait pour n’en faire qu’à sa tête, Agatha redoublait de vigilance, faisant passer sa sécurité avant tout. C’est pour ça qu’elle avait emménagé dans cette immeuble, avec service de gardiennage, code de sécurité, caméra de surveillance, et visiteurs autorisés. Si seulement ils faisaient un meilleur choix dans la sélection de leurs résidents, elle ne serait pas en train de pleurer de frustration sur le sol de son studio, les mains tremblantes, et l’estomac au bord de l’explosion. Elle avait au moins obtenu que ce connard baisse légèrement la musique.

C’est là qu’elle se rendit compte de son erreur. Les coups n’avaient pas cessé. Mais, ce n’était pas à sa porte que l’on toquait. Les coups venaient de l’intérieur de son appartement. La panique qui commençait à descendre petit à petit remonta en flèche. Elle n’était pas seule dans sa chambre. Elle se saisit de la première chose lourde qui lui tombait sous la main, à l'occurrence le trophée qu’elle avait remporté à neuf ans, lors d’un tournoi de tire l’arc. Avec son arme de fortune, elle s’avança doucement dans son appartement. Elle retient son souffle en ouvrant son armoire, le trophée en l’air prêt à s’abattre. Rien, si ce n’est des robes et des pulls. Une brève expiration de soulagement passa ses lèvres. Elle n’était pas au bout de sa peine. Les coups se faisaient toujours entendre. Après avoir adressé une prière silencieuse à tous les dieux dont elle connaissait le nom, elle se mit lentement à genoux. Rapidement, elle passa la tête sous le lit, son arme toujours à la main. Trop rapidement. Elle n’eut rien eu le temps de voir. S’il est caché sous le lit, je serais déjà morte, se dit-elle. Elle donna un coup de trophée sous le lit. Elle ne rencontra aucun obstacle. La tête posée sur le sol, elle ne vit rien, à part le fait qu’elle devait passer un bon coup d’aspirateur. 

Prochaine étape : la salle de bain. Si on pouvait appeler cette pièce ainsi. Il s’agissait d’un embranchement derrière son bureau, de 2m par 2m, avec une douche, des toilettes et un évier. Le tout était séparé du reste de la pièce par un rideau couleur émeraude. La pièce était si petite qu’elle pouvait se brosser les dents assises sur les toilettes. Souvent quand elle prenait sa douche, toute la pièce se trouvait inondée. Mais elle économisait tellement sur le loyer, qu'elle pouvait se payer des vêtements de créateurs, et Agatha savait où étaient ses priorités. Son bras toujours armé de son trophée, elle tira d’un coup sec sur le rideau. Encore une fois, il n’y avait personne. Agatha ne comprenait plus rien. Elle venait de faire toute les cachettes possibles que permettait son 20m2. Qui toquait ? 

Le bruit pouvait venir des voisins, se disait-elle. Non pas celui d’en face, mais peut-être celui de sa gauche ou de sa droite. Après tout, elle les entendait bien quand ils éternuaient, urinaient ou quand ils ramenaient des conquêtes. Elle ferma les yeux afin de localiser précisément l’origine du son. A l’aveuglette, elle se fia à son oreille pour se déplacer. Ses pas l'amènent rapidement à l’étagère qui lui tenait lieu de bibliothèque. Le bruit provenait d’un des livres. Ou du moins, derrière les livres. Les yeux toujours fermés, l’oreille collée contre chaque tranche, elle se concentrait. Elle le tenait. Il venait de là. Elle prit le livre entre ses mains et ouvrit les yeux pour en déchiffrer le titre : Les grandes femmes tueuses de l’Histoire. Quelle ironie. Il s’agissait d’une encyclopédie de plus de mille pages qu’elle avait emprunté à la bibliothèque municipale. Elle se souvient que la bibliothécaire s’était plainte que quelqu’un avait mal enregistré ce livre, et il avait fallu qu’elle la supplie pour qu’elle puisse l’emprunter. Elle examinait le livre. Sur la page de garde, la peinture d’une femme mettant un poison dans un verre semblait lui sourire. La quatrième de couverture était rouge, sans aucune écriture. Elle se demandait toujours ce qui avait pu l'intriguer à ce point chez ce bouquin. Trois coups retentirent à nouveau dans la pièce silencieuse. Elle posa le livre sur son bureau, et attrapa ce qui semblait être un petit coffre caché derrière l'énorme volume. Elle l'ouvrit, l’esprit en ébullition. À l'intérieur, se trouvait un cœur mécanique, relié à une pile. A fréquence régulière, elle entendait les toc toc toc reconnaissables d'un cœur qui bat, et la maquette de l’organe semblait se gonfler et se dégonfler en rythme. Un liquide rouge suintait de la boîte, imitant probablement du sang. Une note A4 était pliée sous le cœur. Agatha détestait l'idée de toucher à ce truc tordu, mais sa curiosité était piqué au vif. Elle alla chercher sa pince à épiler dans sa salle de bain, et s'en servir pour attraper la feuille. Elle n'était pas assez bête pour risquer de compromettre les éventuelles preuves et empreintes. En dépliant la feuille à carreaux tachée de ce même liquide rouge, trois mots, écrits grâce à des petits bouts de journaux découpés : Ton cœur m’appartient.

Si Agatha avait contenu la panique toute la soirée, cette dernière l'enveloppa totalement. Quelqu'un s'était introduit chez elle pour y laisser ceci. Quelqu'un d'assez fou pour écrire des lettres anonymes à l'aide de papiers journaux comme les psychopathes dans les films. Adieu, le sentiment de sécurité qu'elle ressentait dans son appartement, son cocon avait été violé, souillé. 

Ça en était trop. Sa tête se mit à lui tourner, ses poumons tentèrent en vain de faire entrer un peu d’air, mais sa poitrine était trop comprimée pour ça. Agatha porta la main à son sein. Suis-je vraiment en train de faire une crise cardiaque à cause d’un cœur en plastique ? Quelle ironie, pensa-t-elle. Bientôt, sa vision se parsema de petits points blancs. Respire, idiote, s’ordonna-t-elle, respire. La crise de panique redoubla d’intensité, et Agatha s’y abandonna totalement. Des larmes coulèrent sous ses joues alors qu’elle se sentait tomber. Sa tête heurta son bureau dans sa chute, et la douleur eut raison d’elle.

Sur son lit, son téléphone sonnait. Mais personne pour y répondre.

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