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Chapitre 2 - Agatha

Agatha

Agatha se rongeait les ongles. La veille, elle s’était promise d’effacer ce numéro de son téléphone une bonne fois pour toute, que c’était la dernière fois. Et voilà qu’elle craquait à nouveau. Voilà qu’elle l’appelait. Et il eut l’audace de répondre à la première sonnerie.

— Qu’est-ce qu’il se passe ? Tu as un problème ? dit-il d’une voix rauque et tendue. Il semblait essoufflé. Agatha ne voulait pas savoir ce qu’il était entrain de faire pour avoir du mal à reprendre son souffle de la sorte. Son imagination avait tendance à être un peu trop créative pour son propre bien lorsqu’elle dérivait sur lui.

Son coeur battait étrangement trop vite au tutoiement soudain de son interlocuteur. Elle se força à réinstaller la distance qui a toujours existé entre eux.

— Pourquoi imaginez vous tout de suite que j’ai un problème ? ria nerveusement Agatha, tout en lançant un regard noir à sa jumelle, trop subjuguée par la situation pour dire quoi que ce soit. 

— Il est 6h47 du matin, Trésor, et on sait tous les deux que vous préférez vous couper un bras plutôt que de m’appeler de votre plein gré. 

Adieu la familiarité, bonjour les relations professionnelles. Agatha tenta d'ignorer son traître de cœur. Il n'avait pas le droit de se serrer autant. Trésor. C’est ringard. Cent fois elle lui a dit d’arrêter de l’appeler ainsi. Pourtant, elle devait lutter contre le sourire qui tentait de déformer ses lèvres. Idiote.

— Et n'empêche, vous répondez aussitôt, répliqua Agatha. Comme si vous n’aviez pas des trucs de grands méchants de film de gangster à faire comme décapiter un cheval et le mettre dans le lit de votre pire ennemi. 

Elle l’entendit rire à l’autre bout du fil. 

— Vous avez cinq minutes pour m’envoyer votre localisation gps, Trésor, je suis en route.

Comme pour confirmer ses propos, un moteur de voiture rugit à travers l’haut-parleur avant que la conversation ne soit coupée. Agatha pianote rapidement sur les touches de son téléphone afin d’envoyer l’adresse de Christie. Christie toujours sidérée par le retournement de situation, la chaussette encore fourrée dans la bouche, les yeux écarquillés comme si elle avait vu des extra-terrestres sortir du sac à main Chanel de sa sœur et se mettre à danser la chorégraphie d’audition de Flashdance. Depuis quand sa jumelle avait-elle les moyens de s'offrir un sac Chanel d’ailleurs ? Une fois le choc passé, elle cracha la chaussette.

— Je parie qu’il est sexy, commença Christie, ça s’entendait à sa voix qu’il doit être carrément sexy !

Agatha ne répondit pas. Elle se demandait encore comment elle avait pu se retrouver dans cette situation. Et comment elle allait s’en sortir. Et comment elle allait expliquer tout ça. 

— Je suis quand même légèrement inquiète que tu appelles ton plan cul pour nettoyer une scène de crime… C’est plutôt mon genre que le tien ça… commenta Christie.

— Ne l’appelle pas comme ça.

— Comment dois-je appeler monsieur plan cul alors ?

Agatha n’eut pas le temps de répondre qu’un coup, un seul, frappa à la porte. Il n’y avait plus de retour en arrière possible. Il était là. 

— Il est rapide, commenta Christie, j’espère qu’il n’est pas aussi rapide dans tous les domaines de sa vie, poursuivit-elle en ouvrant la porte et en lançant un regard appuyé à sa sœur.

Agatha ne pensait pas qu’elle pourrait virer plus au rouge. Mais c’était sans compter sur le large sourire de l’homme derrière la porte. Il était toujours aussi ridiculeusement beau, et grand, et musclé. Agatha aurait voulu se cacher dans un trou de souris. Elle était convaincue qu’elle n’aurait pas beaucoup à chercher pour trouver des souris dans le studios en bazar de sa soeur.

— Je ne m’attendais pas à devoir parler de mes performances, dit-il de son timbre grave, tranchant avec son regard taquin. Il n'était même pas encore entré dans l'appartement qu’Agatha regrettait déjà de l'avoir appelé.

Il ferma la porte derrière lui, et se précipita sur Agatha pour s’assurer qu’elle n’était pas blessée. Après un bref détail de son visage et de son corps, il scanna la pièce à la recherche de ce qui clochait. Qu’est-ce qui a pu motiver la femme qui le méprise le plus au monde à l'appeler aux aurores si elle n'est pas blessée ou sous la menace d'une arme ? Il enregistre lentement tous les détails de la scène devant lui. Le corps sur le lit, le sang sur les draps, les vêtements éparpillés partout sur le sol, la vaisselle pas faite dans l’évier, Agatha au bord de la crise de nerfs, et Christie tout sourire. Il retient de justesse un rire devant l'absurde de la situation. Il se tourna vers Agatha, un sourcil arqué.

— Une sœur ? Jumelle ? Il fronça les sourcils. Vous ne m’en avez jamais parlé.

— C’est tout ce qui vous choque ? souffla Agatha, au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, il y a un homme nu et mort dans le lit de ma sœur. Elle accompagne sa remarque de grand geste en direction du cadavre.

En effet, l’homme mort était difficile à louper. Il était si grand, que ses pieds dépassaient du lit king size. Il était tout de fois rassuré en voyant l'appartement mal rangé, et les bibelots entreposés sur chaque surface possible, même au-dessus du frigo. Ce n'était pas l'appartement d’Agatha, ce n'était pas son lit. Il se rapprocha du macabé pour mieux l'observer. Mis à part son abdomen déchiré par des coups de couteaux, son corps était intact. Ce n'était pas le rencard d’Agatha, il n'était pas son genre, un jean troué, une veste en cuir et des tatouages tribaux ? Ce mec était un tocard.

— Vous auriez pu ramener mieux, commenta-t-il à l’intention de Christie.

— Je sais, répondit cette dernière tout en analysant sa manucure et fronçant son nez arlequin à la vue d’un ongle cassé, mais j’étais fatiguée hier soir. 

Christie leva les yeux, dans un geste de défi.

— Je peux vous demander votre nom, puisque ma sœur est trop impolie pour faire les présentations, ou dois-je me contenter de votre surnom Plan Cul ?

L’homme souriait franchement maintenant. Il se tourna vers Agatha, la scannant de ses yeux noirs. Comme ça, elle avait parlé de lui à sa sœur. Cette dernière se mortifia. Enfin, elle aurait aimé mourir là, sur place. Mais non, elle était bien vivante. Et morte de honte. Elle ou Christie, l’une des deux ne survivraient pas à cette journée. Elle se racla la gorge. Tu as déjà un cadavre à t’occuper Agatha, s’exhorta-t-elle, n’en rajoute pas un deuxième à la liste, ça ferait tache sur ton cv.

— Hercule Mavrommatis, PDG de Marple Industry, introduit Agatha, et voici mon inconséquente et inconsciente sœur, Christie.

— J’aime dire que je suis la partie fun dans sa vie, compléta Christie.

— Je dirais plutôt chaotique, mais si tu veux, admis sa jumelle.

Les yeux d’Hercule passaient de l’une à l’autre, comme s’ils essayaient de les scanner pour les enregistrer dans sa matrix. Ce mec était un robot. Agatha sentit sa poitrine se serrer en imaginant Hercule entrain de les comparer. Elles avaient beau être jumelle, Christie et Agatha étaient des mondes opposés. Les mêmes cheveux blonds bouclés, même si Christie gardait les siens dans un carré élaboré pour donner l’impression d’être désordonné alors que ça lui prenait une heure chaque matin, et Agatha gardait ses cheveux longs toujours relevés en un chignon sophistiqué. Les mêmes grands yeux verts, qu’Agatha soulignait d'une couche de mascara, là où Christie jouait avec toutes les palettes de l’arc-en-ciel sur ses paupières. Des lunettes, rectangulaires et noires pour Agatha, de couleurs vives et toujours plus fantaisiste pour Christie. De combien de paires de lunettes une seule personne pouvait avoir besoin ? Les deux sœurs faisaient la même taille. Mais là où Christie avait une silhouette élancée digne d’un top modèle de lingerie de luxe, Agatha avait eu tendance ces dernières années à gérer son stress en s’accordant des petites douceurs de çi de là. Et les séances de kickboxing deux fois par semaine étaient plus pour évacuer la pression que pour se sculpter un corps de rêve. Agatha tira sur le bas de sa chemise, tout à coup mal à l’aise. Christie en soi était une version moins coincée, plus drôle et plus affirmée qu’elle. Exactement le genre de fille qui paradait au bras d’Hercule lors des cocktails. Non pas qu’elle prête attention aux photos des magazines à scandale, mais elle passe devant un tabac/presse tous les jours en allant au cabinet. Un pli se forma sur le front d’Hercule, et elle frissonna sous son regard. Il rompit le silence.

— Donc… Laquelle d’entre vous l’a tué ? demanda-t-il prudemment.

Les deux soeurs s’offusquèrent au même moment.

— Bien, disons que je vais vous croire, répondit Hercule d’une voix qui signifiait qu’il ne les croyait pas du tout. Résumons, vous, mademoiselle Poirot, bras de la justice, vous voulez que moi, Hercule Marple, petite pourriture surprotégée par l’argent de mon père, je vous aide à cacher un meurtre ?

Christie fit un pas en arrière. Elle savait quand un combat n’était pas le sien. Et très clairement, peu importe ce qu’il se passait dans son appartement, ça ne l’a concernait plus du tout. Agatha déglutit péniblement. Elle se souvient d’avoir traité Hercule de “petite pourriture surprotégée par l’argent de son père” lors de leur première rencontre, trois ans auparavant.

— Vous avez oublié “égocentrique.”

— Pardon ? Un sourire se dessina franchement sur les traits sévères d’Hercule.

— Je vous ai traité de petite pourriture égocentrique… corrigea Agatha.

Christie lui donna un coup de coude dans les côtes. Ce n’était peut-être pas le meilleur moment pour provoquer l’homme qui pouvait leur sauver la mise.

— Mais oui, répondit Agatha, j’apprécierais votre aide.

Hercule fit un pas en avant, et Agatha un pas en arrière. Jusqu’à ce que l’îlot central de la cuisine ne bloque sa progression, et qu’elle se retrouve dangereusement proche d’Hercule. Elle savait qu’il était stupide de le provoquer. Hercule avait tout de la gueule d’ange, mais il était dangereux. Pas dans un sens violent, elle ne l’imaginait pas lever la main sur quique ce soit, encore moins sur une femme, mais s’il voulait la détruire, il pouvait étouffer sa carrière dans l’oeuf avec un seul coup de téléphone. Hercule lui servi un sourire carnassier, ceux qu’il ne donnait normalement qu’à ses concurents avant de les avaler.

— Bien. Alors je vais rédiger le contrat.

Et c’est ainsi, pour sauver sa soeur, qu’Agatha signa un pacte avec le diable.

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2 Comments

1 month ago
Ohhh très mystérieux ce hercule 👀
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1 month ago
Et ce n'est que la surface visible de l'iceberg 🙃
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