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Hazel_Nash
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Partie II

Elle ne voyait plus rien de son œil droit. D'une main tremblotante, elle vint essuyer les larmes qui coulaient de son œil aveuglé pour voir, au lieu de gouttes cristallines, une tache rouge sur ses mains.

De sa bouche sortaient toujours des cris de douleur, et les femmes autour d'elle, voyant le moment s'empirer, la prirent dessous les bras et sortirent le plus vite possible de la chambre.
— On t'emmène à l'infirmerie — répondit Yules face à son regard tétanisé.

Sur leur chemin, elles furent arrêtées par une troupe de la garde royale.
— Que faites-vous ici à cette heure ? — parla l'un d'eux face à l'attroupement de servantes.
— On l'emmène à l'infirmerie.
— Vous avez une autorisation ?
— Regardez-la, vous pensez qu'on a le temps pour ça ?

Pour la première fois, le garde se concentra sur le visage d'Ygritte, et une expression de dégoût se forma sur ses traits.
— Emmenez-la, et rapidement — finit-il par dire. Les filles se relançèrent dans leur course immédiatement après ses paroles.

Elles traversèrent les couloirs rapidement jusqu'à ce que bientôt elles n'arrivent devant une grande porte en bois. Une des servantes s'avança et avec des mouvements désespérés, elle martela la porte. À ses côtés, Ygritte criait toujours de douleur d'une telle manière que tout le château avait déjà dû être réveillé par sa peine.

Une des infirmières ouvrit la porte et, voyant l'état de la fille, la prit entre ses bras immédiatement pour la poser sur le premier lit visible.
— Qu'est-ce qui lui est arrivé ? — parla-t-elle tandis que d'autres infirmières se réunirent autour du lit.

Une des servantes prit la parole :
— On ne sait pas, pendant qu'elle dormait, elle a commencé à faire des bruits bizarres, puis elle s'est soudainement réveillée en hurlant de douleur et avec l'œil qui saignait.

Un silence plomba la salle.
— Rien d'autre ? — demanda l'infirmière.

Les filles nièrent et les soignantes se mirent au travail. Au fil de la nuit, les cris commencèrent à s'apaiser jusqu'à ce que bientôt Ygritte ne tombe dans un profond sommeil, suivie de ses camarades qui à leur tour rentrèrent dans leur chambre.

Quand la fille se réveilla, le soleil s'était déjà levé dans le ciel et une des infirmières était à ses côtés, endormie sur le lit.
— On a bien cru que tu ne te réveillerais pas — parla Solange, la soignante qui s'était occupée d'elle il y a une semaine.
— Je ne vois toujours rien de l'œil droit — furent les premiers mots qui sortirent de la bouche d'Ygritte.
— Oui, je suis désolée, il n'y a rien que l'on a pu faire. L'œil était trop endommagé.

D'une main tremblante, la fille vint caresser sa joue droite, là où avait coulé du sang la nuit dernière, et elle dut retenir ses larmes face aux souvenirs.
— Je ne comprends pas — dit-elle d'une voix tremblotante.
— Oui, nous non plus, mais je pense que l'accident d'il y a une semaine a peut-être quelque chose à voir. C'était bien trop bizarre que tu sois la seule non blessée.

Ygritte savait bien que ce n'était pas la vraie raison, mais elle ne dit rien.

— Quelle heure est-il ? murmura-t-elle.

— Tu auras un peu de retard, mais j'en ai déjà parlé avec la gouvernante. Va vite dans ta chambre et change tes vêtements, tu rejoindras tes camarades après.

Ainsi, Ygritte se leva délicatement de son lit, et après avoir remercié celles qui s'étaient occupées d'elle, elle rejoignit son quartier. Faire les choses sans la vision d'un œil résultait plus compliqué que prévu. Mais la fille s'adapta peu à peu, reconnaissante de ne pas avoir été emmenée dans un monastère à son tour. Ses gestes étaient plus lents, plus indécis, mais elle se contenta de faire ses tâches du mieux qu'elle pouvait sous les regards curieux des autres domestiques. Néanmoins, pendant qu'elle s'occupait de nettoyer l'une des colonnes des jardins, une ombre noire lui fit rater un battements de son cœur.

La silhouette devint bientôt celle du chat noir et l'animal s'avança doucement pour montrer un petit visage dont l'œil droit était ensanglanté.

— On l'a retrouvée comme ça ce matin, les enfants de l'empereur lui ont percé l'œil, pauvre bête, parla Yules quand elle vit l'expression endolorie d'Ygritte.

D'une main tremblotante, la fille vint caresser le pelage du chat et, croisant son regard, elle aurait pu jurer voir une partie de son âme, là, interloquée au plus profond de l'animal. Alors ses plus grandes craintes étaient bien réelles. Ce dont elle avait passé maintes journées à se convaincre que cela n'était pas possible, était tout de même la réalité, et la solution était là, juste sous son œil. La peur lui serra les entrailles rien qu'à l'idée d'y penser, et tandis que le chat continua sa course et disparut bientôt derrière un buisson, Ygritte s'obligea à affronter la réalité.

Ses rêves si lucides n'étaient pas réellement des bribes de son imagination loufoque, mais bien une réalité qu'elle vivait, depuis les yeux de ce petit chat noir. La fille ne savait rien en magie occulte, et ce même fait lui paraissait complètement irréel. Pourtant elle avait la preuve même, sur son visage. Il y avait un lien entre elle et ce chat, quelque chose de bien dangereux et qui lui avait coûté son œil hier soir. Cela, Ygritte le voyait bien maintenant.

En même temps que ses idées partaient dans tous les sens

, la fille se força à reprendre les occupations qu'elle avait désobligées. À présent qu'elle avait compris l'origine de ses rêves, cette réalité devenait encore plus dangereuse pour elle et elle le savait. Un mot de ses idées et les flammes seraient déjà prêtes à la consumer, comme Lyana quelques mois auparavant.

Malgré ses pensées perturbées, la journée continua et se déroula comme toutes celles qui l'avaient précédée. Ainsi, bientôt, le soleil vint se coucher, et si avant Ygritte avait toujours envisagé ses nuits comme un brin de liberté, maintenant elle ne pouvait s'empêcher d'y penser avec nervosité.

Pour y remédier, la fille prit plus de temps à se préparer que normalement, jusqu'à bientôt finir la dernière des filles debout, devant son miroir à se peigner les cheveux. Après un moment, elle hésita quelques instants, avant d'éteindre la bougie d'un souffle et de se diriger vers son lit.

Dans celui-ci, elle ferma les yeux et inspira d'un coup. Elle attendit et attendit, mais rien ne se passa. Cela dura ainsi toute la nuit, jusqu'à ce que bientôt la fille ne se réveille à l'aube, sans la trace de souvenirs de course dans de l'herbe fraîche.

Et de cette maniere se déroula la nuit d'après et la nuit d'après, jusqu'à ce que bientôt trois jours passent sans un instant de rêve. Le chat aussi avait disparu et ne réapparut plus après sa dernière rencontre avec la fille, quelque chose qui ne la rassura pas. La perte de son œil n'avait pas été une expérience plaisante, pourtant Ygritte n'était pas encore prête à revenir à son ancienne vie si monotone. Heureusement, le quatrième soir, elle rêva enfin.

Ce soir-là, elle était allée se coucher avec la tristesse d'avoir perdu sûrement sa capacité à jamais. Néanmoins, alors qu'Ygritte fermait les yeux avec l'attente d'être consumée par le noir, elle eut une vision d'une forêt. L'expérience était différente maintenant qu'il lui manquait un œil, pourtant rien n'égalaient la sensation de pouvoir courir librement sur ses quatre pattes. Après les premières appréhensions, la fille reprit peu à peu sa confiance en elle jusqu'à ce qu'elle reprenne ses occupations du soir. C'est-à-dire courir jusqu'à en perdre l'haleine. Maintenant qu'elle avait vécu le pire, elle n'avait plus peur de rien et elle était bien décidée à en profiter. Pendant qu'elle traversait un jardin, elle croisa les silhouettes de ce qu'elle reconnut être les enfants de l'empereur. Un frisson la prit tandis qu'elle s'échappait à toute vitesse. Ainsi, elle traversa le quartier des nobles et des endroits dont elle n'avait jamais posé l'œil, jusqu'à ce que bientôt de légères voix n'arrivent à ses oreilles. Ygritte avait déjà passé des nuits entières à explorer le château, et la seule fois qu'elle avait croiser des humains, elle c'etait retrouver blessée. Ce fut pour cela que, quand elle s'approcha, ce fut avec des pas légers. Son pelage était hérissé de peur. Pourtant elle tenta de son mieux pour être la plus silencieuse possible au fur et à mesure qu'elle s'avançait. C'étaient deux voix d'hommes, de ce qu'elle pouvait entendre, le lieu était assez lointain des quartiers généraux, presque à la lisière de la forêt, et Ygritte se demanda ce que des nobles de la cour pouvaient bien faire là. Furtivement, elle s'avança jusqu'à arriver à voir la silhouette des personnages. Comme elle l'avait prédit, c'étaient deux aristocrate. Elle les reconnut grâce à leurs badges en or massif qui réfléchissaient avec la lumière de la lune. L'endroit était miteux, pourtant les deux hommes discutaient à voix basse. L'un d'eux était un des individu les plus riches du pays, un noble reconnu et dont Ygritte reconnaissait vaguement le visage lors de promenades dans les jardins. Même si son faciès était à peine visible dans le noir. L'autre, à son tour, semblait être en position d'infériorité vu ses habits moins luxueux et son expression agitée.

— Madame Pompidou est une femme respectable, mais jamais je n'aurais osé faire une telle chose.—

— Pourtant, cher ami, j'ai des yeux partout, et ce que je sais, c'est la même chose que ta très chère amie m'a dit, — répondit le plus dominant. À cette réponse, l'autre homme sembla à court de mots.

— Ne vous inquiétez pas, je suis une âme pardonnable, cette discussion n'a pas besoin de finir mal pour aucun d'entre nous.— En entendant cela, il tomba à genoux.

— Je vous en supplie, j'ai été en tort, pardonnez-moi.—

— Tes mots ne me valent rien, c'est ta fille que je veux ; la deuxième en succession, plus particulièrement.— Le visage du père se crispa en horreur, sa bouche s'ouvrant grande ouverte et tremblotante sans savoir quoi dire. Pourtant, avant qu'il ne puisse agir, un bruit affreux résonna dans la nuit : celui de chair s'ouvrant en deux. L'homme en face de lui retira sa main de son cœur et en ressortit une vérité bouleversante. La main était grande et longue, et n'avait rien d'humain selon Ygritte. Le bout des doigts, qui finissait en de longs ongles noirs, était totalement couvert de sang alors que la victime, sans vie, tomba au sol. Des veines noires s'étendaient dans la main, et ses doigts, devaient sûrement couper plus qu'un couteau.

-Dommage pour toi que je n'aie pas de patience, parla l'homme pour lui-même en s'essuyant les mains sur ses habits luxueux. Puis il s'élança sur lui et des bruits de chair se faisant déchiqueter commencèrent à se faire entendre.

Ygritte était pétrifiée. Son corps complètement paralysé l'empêchait de faire le moindre mouvement. Quand elle avait décidé de s'aventurer dans le quartier des nobles, jamais elle n'aurait cru être témoin d'une scène de ce genre. L'homme était en train de manger le cadavre, et Ygritte, à quelques mètres, ne savait pas quoi faire. Pourtant, alors qu'elle reprenait une inspiration, essayant de faire passer de l'air dans ses poumons secs, le noble souleva soudainement le visage. Juste au même moment la lune illumina la scène et ce que vit Ygritte fut bien pire que tout ce qu'elle aurait pu imaginer. L'homme, qui à la lumière de la journée avait toujours paru comme un homme riche des plus banals, était maintenant possédé d'une laideur qui l'atrophiait. Les veines noires qu'elle avait vues sur ses mains recouvraient toute la moitié de son corps, celles-ci contrastant avec sa peau claire, alors que son œil gauche paraissait presque noir. Sa peau, était écailleuse, presque se détachant du corps. Si la fille avait été dans son corps véritable, elle aurait surement poussé un cri effroyable. Heureusement, elle n'était pas dans sa forme naturelle, et de sa bouche ne sortit que de l'air, même si cela fut suffisant pour que l'homme ne relève la tête, révélant son visage venimeux et croisant les yeux du chat. À la lumière de la lune, il était encore plus effroyable, et à la seconde où leurs regards se croisèrent, Ygritte partit en courant. Elle traversa le jardin sans regarder une seule fois derrière elle. Ce ne fut que quand elle arriva à la lisière de la forêt qu'elle commença à ralentir. Ygritte savait très bien que le noble ne l'avait jamais vue et qu'un chat errant n'éveillerait aucun soupçon. Pourtant elle ne pouvait pas arrêter d'y penser. Ses traces de sang sur ses mains, ses veines noires, le dernier cri de l'homme avant d'être abattu. Tout lui revenait, et pour y remédier, la fille erra dans la forêt toute la nuit sans avoir le courage de revenir au château. Heureusement pour elle, la nuit se finit vite, et avec le retour dans son corps. Pourtant, la peur qu'elle avait vécue à ce moment-là ne s'effaça pas, et cela continua encore pendant quelques jours. Pendant les nuits, Ygritte se cachais dans la forêt et quelques fois elle s'aventurer dans les jardins, juste pour vite disparaître après. Jamais elle ne pourrait oublier ce qu'elle avait vu. Cela, elle le comprit au bout du sixième jour, lorsque, dans l'après-midi, elle aperçut une silhouette reconnaissable. Le noble avait tourné la tête, et bientôt son visage, absent de veines noires ou de peau effritée, c'était présenter à elle. Leurs yeux c'étaient croisèrer au même moment que son souffle c'etait coincer dans sa gorge. L'instant n'avais durait que quelques secondes, puis l'homme avait tourner la tête pour continuer sa discussion. Alors ça l'avais frappait. Elle n'était qu'une simple servante et son pouvoir avait peu d'importance. Même si elle partageait ce qu'elle avait vu, personne ne croirait à des mains aiguisées ou à des veines noires. Pourtant, ce qu'elle avait là, c'était une chance de découvrir les plus grands secrets du royaume, ou au moins de comprendre ce qu'elle avait vu la nuit précédente. Ainsi, le soir même, elle prit une décision. Elle n'allait plus avoir peur de ce qui circulait dans les couloirs. Elle allait puiser dans ce qu'on lui avait reproché depuis toute petite : sa curiosité. Dès lors, cette nuit-là, elle la passa à errer dans les quartiers de la cour à la recherche de n'importe quel indice. Et la nuit d'après et la nuit d'après cela. Cependant, pas la trace d'homme monstrueux ou de secrets royaux, ce qui pena bien la fille. Pourtant, elle continua et au fur et à mesure, elle commença à prendre connaissance des lieux où les murs avaient des oreilles. Si avant elle pensait que les informations étaient dures à obtenir, elle se rendit bientôt compte que les duchesses ne se méfiaient pas d'où elles parlaient et encore moins avec la présence d'un chat. Ainsi, au fur et à mesure des semaines, Ygritte commença à ramasser un amas de secrets et de murmures dans les couloirs. Elle apprit les rivalités entre les nobles. Les enfants illégitimes qu'ils avaient et ce qu'ils faisaient d'eux. Elle apprit que depuis des années, le trésor royal était vide et que chaque jour était une dette de plus à la plus grande banque du royaume. Quelles guerres avaient vraiment existé et quelles non. Pourtant, pas une trace de l'assassinat qu'elle avait vu. Et même si elle tenta tant bien que mal de l'oublier en cherchant d'autres secrets plus scandaleux, les images qu'elle avait vues ce soir-là n'arrivaient pas à s'effacer de sa mémoire. Quand elle fermait les yeux, elle revoyait le sang, le cri, le regard, et pour empirer son état d'esprit, la présence du noble aux cheveux blonds s'était vue répétitive au fil des jours. Ygritte avait appris son nom. Il était le duc Leighe, et de ce qu'elle avait compris de sa réputation, l'image cauchemardesque de lui était de loin ce qui lui ressemblait. On parlait de lui comme un homme juste, narcissique et extravagant. Pourtant, le poids de tous ses secrets commençait à être lourd. Plus lourd que celui de ne toujours pas comprendre cet assassinat, et les journées d'Ygritte commençaient à devenir de plus en plus longues au fur et à mesure que son esprit commençait à être progressivement fatigué.

Pourtant, elle ne pouvait en parler à personne. Un mot de son récit et elle se verrait brûler par ses camarades. Cependant, un soir, entre deux murmures, elle entendit parler d'une solution. La lune était pleine et lumineuse ce soir-là, et comme à son habitude, elle se promenait entre les couloirs du château jusqu'à ce que, dans une salle, elle commence à entendre des voix. C'étaient deux jeunes nobles qui parlaient sur un balcon, en buvant un verre de vin. L'une d'entre elles était une jeune arrivée à la cour, récemment mariée, quelque chose que Ygritte se souvenait d'avoir entendu dans des récits précédents.

— La sorcière habite au fond de la forêt de Brumenoir, dans une hutte entourée de fleurs bleues. C'est elle qui m'a donné le parchemin.—

— Dans cette forêt maudite ?! Comment tu as fait pour y parvenir ?—

— J'y suis allée avec un chaman, la forêt n'est accessible que pendant certaines phases lunaires et, de ce qu'on raconte, si on y rentre un mauvais jour, on dit que la brume ne te laisse pas passer et t'enveloppe éternellement.—

— Oh mon Dieu ! parla son amie.—

— Quand on est rentrée, j'ai bien cru qu'on allait y rester, mais un corbeau est apparu et nous l'avons suivie pour y rentrer.—

— Tu es vraiment vaillante— , lui répondit-elle. Mais Ygritte n'eut pas le temps d'entendre ce que continuait à dire la noble qu'elle s'échappa, un nouvel objectif fixé dans la tête. Ce qu'elle avait vu allait plus loin que l'entendement humain et si elle lui fallait des réponses, c'était à une sorcière qu'il fallait qu'elle en parle. Ygritte n'avait jamais connu une telle femme à part par les récits qui en parlaient. On disait qu'elles avaient des longs nez courbés et des yeux rouges, et qu'elles étaient plus vieilles que toute les pierres du monde reunis. Rien que l'image mentale lui glaçait le sang. Pourtant c'était trop tard, la fille s'était déjà décidée.


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