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Chapitre 28 - Aubrey

Si vous m'aviez annoncé ce matin-là que j'allais retrouver Kieran Parker et l'embrasser comme si c'était le dernier jour que je passais sur Terre, je vous aurais ri au nez en vous disant d'aller vous faire foutre. Alors, dire que je ne m'attendais pas à voir Kieran à Chicago aurait été un euphémisme. Je n'aurais jamais pensé, même dans mes plus grands fantasmes, qu'il viendra à un événement américain. D'autant que j'étais plutôt en colère contre lui et que je nourrissais une rancœur particulière. Bien loin de la douleur que j'avais ressentie la première fois, le fait que nous nous soyons embrassé et qu'il ait tout de même décidé de me mettre à l'écart de sa vie m'avait coupé le souffle. J'avais passé des mois entiers à me renfermer sur moi-même, plus intéressé par le fait de passer mes nuits dans les bras de Jack Daniels et Johnnie Walker1 qu'autre chose.

Quand je l'ai aperçu ce matin-là, j'avais emmagasiné assez de colère pour alimenter une centrale électrique. J'avais prévu de lui envoyer dans les dents cette histoire dès que je me retrouverais seul avec lui. Quelle ne fut pas ma surprise de le trouver dans le même hôtel que moi.

Pourtant, je suis bien là, contre lui, dans sa chambre, dévorant ses lèvres et découvrant son corps qui m'a hanté pendant des mois. Je laisse tomber ma veste en jean quand il m'en débarrasse, toujours attentif à mes gestes. J'embrasse sa mâchoire lentement avant de descendre petit à petit le long de sa carotide, mordillant la chair tendre de sa peau à qui le fait gémir. C'est une douce mélodie à mon oreille alors je recommence, je décide même de m'attarder légèrement pour marquer cette peau, montrer que je suis passé par là et lui ôter l'envie de me mettre à nouveau de côté. Même si j'ai compris qu'il ne l'avait pas fait, la colère coule toujours dans mes veines. Contre moi, contre lui, contre l'informatique. Je n'ai aucune idée de la manière dont son message ne m'est pas arrivé mais ça me tue qu'on se soit blessé ainsi pour rien.

Je m'éloigne une seconde pour qu'il enlève sa veste, revenant lui voler un léger baiser. Et je lâche les armes, je refuse de rester en colère alors que je suis en train de passer ce moment avec lui. Alors j'effleure ses joues du bout des doigts, gravant dans mon esprit ce visage, ces lèvres pleines qui m'appellent à la luxure, ces yeux pétillants dans lesquels je pourrais passer des heures à me perdre, cette posture alanguie contre la porte qui me rend fou.

Je prends ses mains doucement pour l'attirer jusqu'au centre de la pièce. Sa chambre est plus petite que la mienne mais ça n'a pas d'importance.

— Est-ce que je peux t'enlever ta chemise ?

Ses joues se teintent de rouge immédiatement et il détourne les yeux en portant ses doigts à ses boutons. Je fronce le nez et l'arrêter doucement.

— Qu'est-ce qui ne va pas ?
— Rien, marmonne-t-il dans sa barbe alors qu'il essaie de se défaire de mon emprise.
— Kieran.
— On peut peut-être éteindre la lumière avant ?

Mon cœur se serre parce que je sais ce que cette demande signifie et ça me brise le cœur. Je prends son menton entre deux doigts pour qu'il me regarde et me plonge dans ses yeux pour tenter de le rassurer d'un sourire.

— Et si j'ai envie d'observer chaque partie de ce corps merveilleux ?
— Arrête, Bree. On est loin d'un corps merveilleux.

Je fronce les sourcils en venant poser mon front contre le sien, les yeux clos. Je ne sais pas comment agir avec lui, pas sur ce sujet. Parce que depuis que j'ai croisé son regard, j'ai trouvé Kieran beau. Ça n'a jamais été autrement. Malheureusement, je comprends que Kieran soit bloqué à cause d'éventuelles précédentes expériences et ça me remet en colère. Alors je m'éloigne de lui et m'assieds sur le lit, réajustant mon pantalon qui commence à être étroit, mais avec l'envie d'en discuter avant tout.

— Viens. Assieds-toi avec moi.

Il hésite un instant avant de se poser sur le bord du lit. J'attrape sa main et mêle mes doigts aux siens, doucement, prenant le temps de caresser sa peau. J'ai été séparé de cet homme pendant des mois injustement, il est hors de question que je le laisse maintenant.

— Tu es beau.
— Je suis gros.
— Et alors ? Ça ne t'empêche pas d'être beau.
— Pourquoi ?
— Parce que tes yeux pétillent quand je te taquine, que ta bouche appelle à ce qu'on lui fasse les choses les plus douces comme les plus dures, que tu as les bras les plus forts que je n'ai jamais vus. J'aime cette posture sûre de toi que tu abordes lorsque tu règles un souci sur ton événement, et ça te rend incroyablement sexy. Et pardon mais ce pantalon est un appel à la luxure, il te va bien trop à mes yeux. Franchement Kieran, tu es magnifique. Et tu es gros comme je suis pâle comme un cul, comme quelqu'un pourrait être mince, ou roux, ou les yeux vairons.
— Arrête, tu es parfait.
— Toi aussi. Je ne te forcerais pas à faire ce que tu n'as pas envie de faire, mais ton corps ne me révulsera jamais. On n'a pas besoin d'éteindre la lumière pour que j'ai envie de dévorer chaque parcelle de ta peau. Je le ferais si tu te sens plus à l'aise comme ça, mais je n'en ai aucune envie. Je veux te voir tout entier.

Je le vois baisser les yeux, il doit se battre avec lui-même dans tout ça. Et ça me tue qu'on ait réussi à le faire se remettre en question aussi violemment. J'ai envie de rendre la vie impossible à toutes ces personnes. Tout le temps.

— On n'est pas non plus obligé de faire quoi que ce soit ce soir. On peut juste se glisser sous les draps et rattraper le temps perdu.
— Je crois que ça me plairait.

Un léger sourire ourle mes lèvres et je me penche pour lui voler un baiser. Je ne peux pas dire que je ne suis pas frustré, mais si j'en crois la bosse qui déforme son pantalon, il n'est pas en meilleur état que moi. Et je ne peux pas vraiment lui en vouloir. Je me lève pour défaire mes chaussures et je soulève un pan de la couette pour me coucher dans son lit, lui ouvrant le deuxième côté pour qu'il puisse me rejoindre.

Il se glisse à son tour sous les draps après m'avoir imité et reste de son côté dans un premier temps. Je me tourne un peu vers lui, sur le côté, et attrape sa main pour jouer distraitement avec ses doigts.

— Alors, que fais-tu à Chicago ?
— Graham m'a envoyé étudier et démarcher à la Fan Expo.
— Oui, ça j'avais compris. Mais pourquoi toi ?
— Mes collègues concernés n'étaient pas dispo. Quant à Sage... Je crois qu'elle savait que tu étais là.
— Elle est au courant pour nous ?
— Non, je n'en ai parlé qu'à Cat. Mais elle a un sixième sens cette femme, c'est incroyable. Ou peut-être que je n'étais pas très discret dans ma déprime.

J'embrasse doucement ses doigts, le sentant frissonner sous mes gestes. Mais je ne vais pas plus loin, je me tiens à ce que je lui ai dit.

— Rappelle-moi de la remercier.

Un rire quitte ses lèvres et c'est le son le plus doux que j'ai entendu depuis des semaines. Je l'observe, découvre qu'il a une dent légèrement tordue sur le côté, mais ça lui donne un sourire unique et j'adore ça.

— Comment va Cat ?
— Elle va bien. Elle ne te porte pas vraiment dans son cœur, en ce moment.
— Elle ne m'aimait déjà pas lorsque l'on s'est rencontré la première fois.
— Elle se cachait. Elle t'adore dans Small People.

Je dois me renfrogner légèrement car il plonge son regard dans le mien, et c'est lui qui joue avec mes doigts à présent. Il se tourne vers moi à son tour et souffle.

— Et toi, comment ça va ?
— Moi ? Je suis un acteur à succès, ça va super.
— Bree, souffla-t-il en me signifiant qu'il ne gobait pas mon mensonge.
— Ne pas pouvoir te parler ces dernières semaines ça a été... Douloureux. Et ça m'a mis en perspective que tu avais raison, que je ne pourrais jamais être moi-même dans cette industrie et que je ne pourrais jamais faire ce que j'aime. Ces derniers mois n'ont pas été faciles.
— Je suis tellement désolé, j'aurais aimé pouvoir être là pour toi.
— C'est passé, on ne peut pas revenir en arrière.
— On fera mieux, maintenant.
— J'espère bien. Je ne vais plus te lâcher, je te le promets.

Il ne répond pas et s'approche de moi doucement pour m'embrasser à nouveau. Je glisse mes bras autour de son cou, caressant les petits cheveux présents sur le haut de sa nuque, et je me laisse aller doucement à ce baiser. J'ai envie de plus, terriblement, mais je refuse de brusquer ça.

— Et si on regardait la suite de Star Wars ? Me questionna-t-il en rompant le baiser.
— Tu sais comment me parler.

Il rit doucement et se tourna pour attraper la télécommande. Je me glissais contre lui alors qu'il choisissait le film sur Disney+ et il finit par passer un bras autour de mes épaules.

Je n'avais jamais vraiment eu de relation longue. La plupart du temps, les femmes avec lesquelles j'étais sortie s'envoyaient en l'air avec moi et s'endormaient de leur côté. Alors, cette position est presque intime pour moi. Je pose mon visage contre son épaule et je profite de sa chaleur, de son odeur qui emplit toute la pièce. Je me sens comme si j'étais à la maison, et c'est la meilleure sensation du monde.

La soirée passe comme ça, on discute du film, on aborde des sujets qu'on n'a pas pu évoquer lorsque nous étions à Londres. On parle de lui, de moi. On revient sur le sujet de son corps et je comprends que son précédent petit-ami n'était pas un tendre avec lui. J'ai envie de le retrouver et de lui coller une beigne parce qu'il a profité du manque de confiance de Kieran pour en rajouter, pour lui faire croire qu'il était la seule personne qui voudrait de lui. Et ça me tue de savoir qu'il a pu croire une chose pareille. On s'embrasse, beaucoup. Ses mains explorant mon corps, les miennes parcourant le sien. On se découvre petit à petit sans jamais dépasser un certain stade, on s'arrête toujours lorsque l'on devient trop fébrile. Le film n'a qu'une utilité sommaire puisque nous ne l'écoutons que d'une oreille et pourtant il nous permet de nous y raccrocher. Lorsque le silence se fait trop long, qu'on se manque l'un à l'autre alors même que nous sommes enlacés sous ces draps, il nous permet de rebondir sur un sujet quelconque. C'est honnêtement la meilleure soirée que j'ai passée depuis très longtemps. Tout me vient naturellement avec lui et je me demande même à quel point c'est normal.

Tard dans la nuit, Kieran fini par s'endormir dans mes bras, la joue posée contre mon t-shirt. On a pris le temps de se mettre à l'aise, d'enlever nos pantalons et Kieran a même changé de haut. C'est dommage, j'aurais adoré lui retirer cette chemise, mais je ne m'offusque pas. Nous sommes étroitement liés, nos jambes s'emmêlant les unes aux autres alors qu'on se raccroche à ce contact. Je prends le temps d'observer ses traits, de caresser sa peau du regard et c'est comme ça que je fini par m'endormir, la tête contre la sienne.

Je ne me réveille que plusieurs heures plus tard lorsque je sens le lit remuer sous la tentative de l'anglais de s'en extirpé. Je glisse mes bras autour de sa taille pour l'empêcher de se lever et viens déposer un baiser à la base de sa nuque.

— Salut, murmure-t-il alors que le sens frissonner sous mes lèvres.
— Tu allais m'abandonner seul dans ton grand lit ?
— Non, rit-il en posant l'arrière de sa tête contre mon front. J'allais juste aux toilettes.
— Je vois. Je vais devoir te laisser y aller alors.
— S'il te plaît, oui.
— Tu me promets que tu reviens là après ?
— Promis.

Je défais mon étreinte et me laisse retomber dans les draps encore chaud, frottant doucement mes yeux pour me réveiller. Je suis toujours dans cet état quand je me réveille juste, un état de flottement pendant lequel je ne suis jamais sûr de ce que je suis supposé faire. Je laisse alors mon corps prendre le temps de revenir à la réalité, et je me dis que c'est plus rapide que les soirs où j'ai bu pour m'endormir. Peut-être que ça joue sur mon état au réveil. Je garde cette pensée dans un coin de mon esprit alors que j'entends Kieran se brosser les dents dans la salle de bain. Je souris un peu, en coin. Je ne peux m'empêcher de trouver ça plutôt mignon, et ça me rappelle que mon haleine ne doit pas sentir la rose. Je me lève alors et le rejoins à pas de velours, attrapant son dentifrice pour m'en tartiner le doigt. Ca ne sera pas parfait et il faudra que je passe dans ma chambre pour corriger ça, mais ça devrait suffire pour les baisers du matin. Son regard croise le mien à travers le miroir et je vois ses joues se teinter de rose, je l'ignore en me saisissant du tube et nous effectuons ce geste si simple côte à côte. Nous rejoignons le lit sans un mot et on s'y rallonge en travers, la tête vers la fenêtre.

— Je n'ai aucune envie d'y aller, avouai-je à voix basse, les yeux presque clos.
— Pourquoi continues-tu d'accepter de faire ça si ça te met dans un tel état ?
— Aldo est persuadé que ça nuirait à ma carrière si j'arrêtais.

Il se pince les lèvres doucement et je me demande à quoi il pense, j'essaie de sonder son regard et il fini par venir m'embrasser, me faisant pivoter sur le côté. Je glisse une main à la base de sa nuque, répondant à son baiser avec tendresse alors que ses doigts glissent doucement sur ma peau. Je le laisse approfondir l'étreinte alors que ses doigts se perdent petit à petit sur mon corps. Mes doigts glissent alors sur le sien et je le pousse sur le dos délicatement avant de m'installer à califourchon sur ses hanches, posant mes deux mains de chaque côté de son visage.

— Est-ce que tu me fais confiance ?
— Oui, lâcha-t-il après une légère hésitation.
— Vraiment ?
— Vraiment.

1 : Ce sont deux marques de Whisky.

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