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Phideliane
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Chapitre 3 bis

Chapitre bonus : L’histoire d’Elise, partie 2:

Le vent soufflait fort ce soir-là, fouettant les voiles sombres des nuages qui s’étiraient comme des ombres menaçantes au-dessus de l’école. Le corbeau, ce sombre messager, volait en cercles, suivant Élise à chaque pas, son cri perçant résonnant dans l’air froid de la fin d’après-midi. Elle n’avait jamais aimé ces oiseaux, mais aujourd’hui, sa présence lui donnait une sensation étrange, comme un pressentiment de malheur.

Elle s’éloigna du bâtiment principal, s’aventurant dans l’ombre des vieux arbres, là où les murmures du monde semblaient s’éteindre dans la solitude. Il était là, au bout du sentier, appuyé contre l’arbre où elle l’avait vu pour la première fois. Henri. Un homme plus vieux qu’elle, marié, qui, depuis des mois, avait tissé autour d’elle une toile de promesses et de caresses secrètes. Aujourd’hui, tout allait changer.

— Élise, murmura-t-il en la voyant, un sourire léger sur ses lèvres, comme si de rien n’était.

Mais il ne semblait pas le même, quelque chose dans son regard avait changé, un éclat d’inquiétude perçant ses yeux gris. Elle s’approcha, son cœur battant plus fort dans sa poitrine, mais son corps restait tendu, l'air devenant de plus en plus lourd autour d’eux. Elle l’avait appelé ici, seule, pour lui parler de ce qui pesait sur elle, ce secret trop lourd pour être gardé plus longtemps.

— Henri, j’ai besoin de te parler, commença-t-elle, la voix tremblante.

Il se redressa légèrement, inquiet mais distrait, comme s’il n’avait pas le temps pour des confidences. Elle hésita un instant, cherchant ses mots, mais l’urgence de la situation la força à parler sans détour.

— Je… je suis enceinte, Henri.

Un long silence s’abattit entre eux. Le corbeau cessa de voler autour d’eux, son cri se faisant soudainement plus proche, plus insistant. Élise se figea, son regard cherchant celui d’Henri, mais il ne la regardait plus, il avait détourné les yeux, comme si ce qu’elle venait de dire était une offense à sa propre existence.

— Qu’as-tu dit ? répéta-t-il, d’un ton qui ne laissait plus place à l’indulgence.

Il se tourna enfin vers elle, mais son regard était glacial, plus distant qu’elle ne l’aurait cru possible.

— Je suis enceinte, Henri, insista-t-elle, les larmes montant à ses yeux. Tu ne peux pas… tu ne peux pas me tourner le dos comme ça…

Un rictus de dégoût passa sur son visage, et il recula d’un pas, comme si elle venait de lui montrer quelque chose de répugnant.

— Tu… tu t’es laissée prendre, Élise. Et tu oses venir me dire cela ? Tu crois que je vais prendre la responsabilité d’une telle folie ? Je suis marié, et je ne peux pas risquer ma réputation à cause de toi. Tu n’as pas réfléchi, n’est-ce pas ?

Elle sentit le sol se dérober sous ses pieds, un vertige la gagnant. Le froid se faisait plus mordant, plus cruel. Les mots d’Henri résonnaient dans sa tête comme un écho lointain et déformé, un cri d'abandon. Ce qu’il disait, c'était la fin, la fin de tout ce qu’elle avait cru être. Le regard des autres, la honte… C’était trop pour elle.

— Alors quoi ? Tu vas me laisser seule avec… avec cela ? demanda-t-elle, les lèvres tremblantes. Elle chercha désespérément son regard, mais il s’éloignait déjà.

Le vent hurlait autour d’eux, et il s’arrêta un instant, le visage figé, sans compassion.

— Trouve un mari, Élise. Tu n’as plus le choix, mais ça ne sera pas moi. Tu as fait ton lit, maintenant, tu vas devoir coucher dedans.

Henri tourna les talons et s’éloigna rapidement, sans même un regard en arrière. Élise resta là, pétrifiée, les bras serrés autour de son ventre, comme pour y maintenir une force invisible qui menaçait de la submerger. Le corbeau revint, un cri strident déchirant l’air, comme un funeste présage. Elle se laissa tomber à genoux, le vent glacé fouettant son visage, emportant ses larmes dans l’obscurité. C’était fini, son secret n'était plus le sien. Ils la forceraient à se marier, à cacher ce qui était devenu son fardeau. Mais qui accepterait de l’épouser maintenant ? La brume, épaisse et lourde, se leva soudainement autour d’elle, et une forme apparut dans la vapeur, aussi pâle et irréelle que l’esprit d’un rêve. Élise releva la tête, un frisson parcourant son échine. La silhouette s’approcha lentement, une silhouette féminine drapée de blanc, comme un voile d’ombre et de douleur. La Dame Blanche.

Elle s’arrêta devant Élise, sa présence lourde et silencieuse, la regardant de ses yeux voilés.

"Tu es perdue, Élise. Il n’y a plus de retour possible pour toi."

Élise ne répondit pas, se contentant de fixer cette figure spectrale. La voix de la Dame Blanche était douce, mais emportait avec elle un vent de malheur, une lourde promesse de destin.

"Tu as choisi, et tu seras jugée. Mais il te reste un choix : suivre ce chemin, ou en emprunter un autre, celui de la rédemption."

La Dame Blanche tendit sa main vers Élise, mais au moment où elle la toucha, un frisson parcourut son corps tout entier, comme si une force invisible l’avait traversée. La brume se dissipa alors, et la silhouette se fondit dans l’obscurité, laissant Élise seule, seule dans sa douleur, avec le cri du corbeau toujours dans ses oreilles, résonnant comme un châtiment sans fin.

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2 Comments

8 days
Je suis tout autant curieuse de ce qu'il va advenir d'Élise et de sa place. Quant à ses hommes, si on peut le nommer ainsi, ce n'est qu'une raclure de fond de latrines.
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8 days
Bien dit 😄 mais a cette époque, ils avaient le droit.....
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