La journée avait déjà mal commencé pour Maddy. Son réveil n’avait pas fonctionné, ce qui la rendit en retard au boulot. Elle avait crevé en chemin, l’obligeant maintenant à se déplacer à pied. Et cela lui prendrait beaucoup plus de temps que d’ordinaire. Tout allait de travers depuis l’autre soir dans ce club. Le PowellFour avait changé de politique suite à un changement de propriétaire. De ce qu’elle avait compris, c’était le fils de l’ancienne propriétaire qui avait repris les rênes. Les mineurs de 15 ans et plus étaient maintenant autorisés, donc seulement les lycéens. Elle avait voulu voir comment ça se passait, elle qui n’allait jamais dans ce genre de lieu. Elle n’avait pas eu droit à un verre d’alcool à cause du tampon reçu à l’entrée, mais elle avait été ravie d’avoir pu profiter de la musique. Jusqu’à ce que tout parte en vrille. La lumière s’était coupée et tout s’était comme figé. Excepté elle, ainsi que trois autres jeunes. Elle n’avait rien compris de ce qui s’était passé par la suite. Tout ce dont elle se souvenait, c’était d’avoir vu une lueur verte et d’avoir été heurtée par celle-ci. Depuis, elle avait une marque au poignet droit représentant deux serpents qui se mordaient la queue. Un collègue lui avait parlé d’un symbole identique dans un vieux film des années quatre-vingt. L’adolescente s’était renseignée sur son nouveau tatouage. Il était d’origine celtique, personnifiant la vouivre, lié à la terre.
— Bonjour, vous avez déjà fait votre choix ? demanda l’Afro-Américaine en souriant à une dame accompagnée de son fils.
— Oui, ce serait possible d’avoir une assiette de pancake, deux milk-shakes chocolat et une gaufre s’il vous plait ! répondit la cliente.
— Je vous apporte ça rapidement.
À l’heure de pause, elle eut la chance que Milton, le fils de la patronne, avait regardé son vélo. Le pneu avait été changé. Ils étaient tous les deux dans le même lycée, mais ne traînaient pas vraiment ensemble. Milton était plutôt populaire alors que Maddy faisait partie de la catégorie des marginaux. C’était pourtant le jeune homme qui lui avait parlé du club.
Le reste de la journée se déroulait un peu mieux. Mais il se produit à nouveau quelque chose d’étrange. Alors qu’elle servait un client, la bande d’amis de Milton débarqua au café. Maddy ne pouvait pas les blairer. Ils faisaient toujours les malins sous prétexte qu’ils étaient les plus populaires du lycée. Deacon, l’un des membres de l’équipe de basket, ne cessait de lui parler comme si elle était un bout de viande et non un être humain. Et n’en parlons pas des allusions salaces qu’il lui faisait régulièrement. Encore une fois, il était venu la provoquer. Sa patience ayant des limites, l’adolescente ne supporta plus du tout les remarques de cet imbécile de première. Malgré son talent sur le terrain de basket, ses notes excellentes et sa popularité, il restait un crétin ! Ses parents avaient certainement oublié dans son éducation de lui apprendre à respecter les femmes.
Elle reçut une petite tape sur les fesses. Cette fois-ci, il avait été trop loin !
— Mais tu vas te …
Elle n’eut pas l’occasion de finir sa phrase que tout se figea une nouvelle fois.
— Non, pas encore ! pensa-t-elle.
Mais elle saisit cependant l’opportunité de se venger. Ce sera déjà ça de pris. Il était à deux tables derrière elle. Elle lui fit baisser son pantalon pour que ça lui tombe sur les genoux, tout en espérant avoir le temps de retourner auprès de son client. Ni vue, ni connue ! Une fois fait, le temps reprit son cours. Elle pouvait entendre la patronne crier sur Deacon en lui ordonnant de remonter immédiatement son pantalon. Maddy eut un sourire satisfait.
Lorsqu’elle eut fini son travail, elle salua ses collègues qui s’occupaient de la fermeture. Elle fut bien contente de pouvoir rentrer chez elle après une journée … aussi intense comme celle-ci. Quand elle fut dans son immeuble, elle rangea son vélo dans l’abri réservé pour les véhicules à deux roues. Dès qu’elle entra enfin dans son petit appartement, elle s’assit dans le canapé en poussant un soupir. Elle laissa son regard se promener un peu partout quand son attention fut attirée par une plante. Elle n’était pas dans un sale état ce matin ?