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CHAPITRE 29

Jeudi 21 octobre 2020, 6 h 20

Les moustaches de Macron qui chatouillaient sur son visage tirèrent Miranda des pauvres trois heures de sommeil qu'elle avait réussi à accumuler pendant la nuit. Elle étira ses muscles à l'agonie, puis caressa le chat entre les deux oreilles.

Un regard vers ses compagnons de mésaventure lui apprit qu'ils n'étaient pas en meilleure forme. Les jumelles dormaient l'une contre l'autre dans un coin du canapé, enlacées. Connor avait glissé à moitié sur le sol et tenait fermement contre lui la jambe droite de Frédéric, qui semblait agité. Miranda se crispa à la vue de son état. Ce n'était pas bon.

Elle s'avança pour aller poser une main sur son front. Le jeune homme réagit à peine. Il était brûlant. Infection. Même avec les meilleures précautions, les plus petits problèmes du quotidien pouvaient très vite tourner tragiquement. Miranda récupéra son sac et enfonça sa main dans la grande poche, à la recherche d'un sachet qu'elle n'utilisait pas souvent tant il était précieux : celui des médicaments. Plusieurs boîtes à moitié écrasées s'entassaient les unes sur les autres. Elle examina plusieurs choix, puis trouva une plaquette qui la satisfit suffisamment.

Elle retourna au chevet du malade et lui secoua l'épaule. Frédéric peina à ouvrir les yeux pour la regarder.

— Prends ça, lui dit-elle. C'est des antibiotiques. J'en ai pas beaucoup, donc pas plus d'un par jour. Il va falloir renettoyer la plaie avant de partir.

— Je vais bien... grogna-t-il.

— Non. Et ça ne va pas aller en s'arrangeant. On ne peut pas rester là longtemps, tu dois pouvoir suivre.

Dans un soupir, il obéit et avala le cachet avec un peu d'eau. Leur discussion avait réveillé les autres, qui émergeaient avec plus ou moins de difficulté. Connor en particulier n'avait pas l'air ravi d'avoir à se lever aussi tôt. Il s'était relayé avec Miranda toute la nuit, jusqu'à ce qu'elle décide vers quatre heures du matin qu'ils ne couraient plus de risques pour l'instant. Il ne devait pas s'être écoulé plus de deux heures depuis.

La journée allait être longue.

Pendant que Connor s'attelait à nettoyer une nouvelle fois la plaie de Frédéric, Miranda se rapprocha des fenêtres pour observer l'extérieur, et en particulier les hauteurs, où ils avaient perdu leurs assaillants la veille. Elle resta un quart d'heure devant la vitre sans détecter le moindre signe de vie. Leur seul problème restait l'autre personne qui logeaient avec eux dans le village. Avec un peu de chances, elle s'était enfui pendant la nuit et ils n'auraient pas de problèmes, mais mieux valait rester prudent.

Une fois les jumelles bien réveillées et les sacs remis en ordre, le groupe se réunit dans le salon pour discuter de l'itinéraire du jour. Les survivants se mirent d'accord pour continuer vers Bruges, à la file indienne, et de rester attentif à ce qui les entouraient au cas où les pilleurs du jour précédent revenaient à la charge. Miranda ne pensait pas qu'ils retenteraient, leur dissuasion ayant été plutôt efficace, mais elle savait que la détermination jouait beaucoup dans ces cas-là. S'ils voulaient les retrouver, ils les retrouveraient.

Elle s'assura une dernière fois que Frédéric pouvait suivre. Après une heure, il avait retrouvé des couleurs, bien qu'il semblât toujours un peu faible. Miranda décida de le placer cette fois-ci au milieu du groupe. Elle prit la tête, Macron dans son sac de transport, et laissa Connor protéger l'arrière. Elle ne lui faisait toujours pas plus confiance que d'ordinaire, mais ils étaient les deux seuls encore capables de se battre, ils n'avaient pas exactement le choix.

Pour leur sécurité, ils décidèrent de sortir par la porte vitrée qui menait dans le jardin. Si l'archer de la veille les surveillaient, elle ne voulait pas être surprise. Un portillon de bois pourri séparait l'arrière et l'avant du bâtiment. Malgré le cadenas sur le verrou, Miranda n'eut pas de grande difficulté à casser la porte et l'ouvrir. Elle tenait à peine sur ses gonds.

Lentement, elle passa la tête à l'extérieur. Ses yeux scannèrent la zone, à la recherche d'un mouvement suspect aux fenêtres des bâtiments qui les encerclaient. Elle ne repéra rien d'alarmant. Elle avança lentement, proche du mur et des voitures qui jonchaient la rue pour rester à couvert en cas d'attaque. Le groupe réussit à atteindre le bout de la rue de cette manière, sans incident notable. Il semblerait que Miranda ait eu raison : l'autre survivant avait dû fuir pendant la nuit, sûrement trop esseulé pour faire face seul à un groupe.

— On va essayer de regagner l'autoroute, murmura Miranda. On ne va pas aller directement dessus, on va la longer par la forêt. Elle mène directement à Bruges. On improvisera ensuite si on doit dévier, d'accord ?

Les survivants approuvèrent le plan d'un hochement de tête.

Ils avancèrent le dos courbé jusqu'à être sortis du village, puis se redressèrent une fois certain que personne ne les observaient, alors qu'ils atteignaient un grand champ qui délimitait la frontière entre surface habitable et agricole.

Miranda s'engagea dans les herbes hautes la boule au ventre. Elle se rappelait sans mal ce qu'il s'était passé la dernière fois qu'elle avait baissé la garde dans cette situation, près du phare. Si Bernard n'avait pas été là, elle serait morte étouffée par des racines, une fin peu enviable. Elle invita les autres à ne pas oublier que les hommes n'étaient pas la seule menace à l'extérieur. Les légumes s'étaient fait un peu trop discrets à son goût ces deux derniers jours. Le silence ne présageait rien de bon.

Ils atteignirent pourtant sans encombres les sols plus durs de la forêt. Les arbres commençaient à perdre leurs feuilles de manière exponentielles. Bientôt, les tapis de feuilles mortes seraient des repères à racines à leur tour, avant l'arrivée du froid bienfaiteur de l'hiver. Les légumes ralentissaient à cette période et offraient à tous les survivants quelques mois pour souffler. Malheureusement, il s'agissait aussi de la période où ils étaient les plus à risques : le froid mordant, le manque de nourriture comestible dans les bois, l'eau qui gelait en quelques heures... Elle espérait trouver un abri fiable et riche en ressources avant d'en arriver là. Il leur restait environ un mois avant les premières gelées si le calendrier qu'elle tenait à jour était toujours exact. Il allait falloir y songer rapidement.

La route apparut bientôt au-dessus de leurs têtes. Ils vérifièrent qu'ils se dirigeaient bien dans la bonne direction, puis se mirent en route plus sereinement en direction de Bruges. S'ils ne s'arrêtaient pas trop, il serait sur place d'ici la fin de la journée. Elle l'espérait, en tout cas.

— Miranda ! chuchota Connor. Baisse-toi !

La jeune femme s'exécuta, puis se retourna pour adresser un regard interrogateur au bout de la file. Connor regardait quelque chose derrière eux, visiblement inquiet. Elle observa dans la direction, et repéra ce qui l'avait alerté. Une silhouette humaine progressait dans les champs qu'ils venaient de quitter. Ils étaient suivis.

— Ça doit être l'archer d'hier, remarqua la jeune femme. Ou un des gars qui nous chassaient. On va traverser la route et la suivre de l'autre côté, en espérant que ça suffise à le perdre.

— Je ne sais pas, il a l'air bon pour nous traquer.

— Il n'attaquera pas si on reste groupés. Il était peut-être simplement de passage aussi. Venez.

Elle escalada la butte à la hâte, avant d'utiliser la couverture d'une voiture pour s'assurer que personne ne se trouvait sur la route. Elle fit un signe de main au reste du groupe qui trottina derrière elle de l'autre côté du chemin bétonné. Ils escaladèrent la barrière de sécurité et se réfugièrent derrière des fourrés, camouflés par la végétation. Miranda décida d'attendre, pour s'assurer que ce n'était pas après eux que l'inconnu en avait. Malheureusement, après quelques minutes, il apparut entre les arbres, alors qu'il aurait pu continuer.

Juste devant eux, une figure encapuchonnée se tenait droite, nerveuse, un arc à la main. Malgré le pull gris qui masquait ses formes, Miranda comprit rapidement qu'il s'agissait d'une femme et non d'un homme comme elle l'avait cru en premier lieu. Elle ne devait pas être plus âgée qu'elle, peut-être de quelques années au maximum. Une grande cicatrice barrait le côté gauche de son visage. Son œil semblait avoir été énucléé, il n'en restait qu'une orbite vide.

Elle n'avait pas la posture d'une personne en train de fuir, mais davantage d'une chasseresse sur ses gardes. Mais pourquoi ? Pourquoi gâcher tant d'énergie à courir après eux quand elle aurait pu être loin depuis bien longtemps ? Miranda avait-elle commis une erreur ? Faisait-elle partie du groupe qui les avaient poursuivi la veille ? Un éclaireur peut-être ?

— Qu'est-ce qu'on fait ? chuchota Frédéric bien trop fort à son goût.

Miranda grinça des dents et agita frénétiquement les mains pour le faire taire : trop tard. L'arc se banda dans leur direction.

— Montrez-vous ! cria la femme, autoritaire.

La survivante posa une main sur son front, désespérée. Elle indiqua aux autres de rester à couvert. Lentement, elle se releva, les mains en l'air.

— Il n'y a que moi. Je ne veux pas de problèmes.

— C'est ça, ouais. J'ai vu tes deux gigolos hier, et les gamines. Ou ils se lèvent, ou je tire au pif dans les buissons et tant pis si ça transperce l'œil ou l'estomac. Obéis !

Avant qu'elle ne puisse protester, Connor se redressa, suivi par Frédéric, puis les jumelles, avec hésitation. L'archère garda l'arc bandé quelques secondes, puis relâcha doucement la corde. Miranda se détendit légèrement. Elle n'avait de toute évidence pas l'intention de les tuer, ce qui se révélait une bonne nouvelle.

— Vous êtes qui ?

— Je pourrais te retourner la question, répondit Miranda du tac au tac. Pourquoi tu nous suis ?

— Curiosité. À part le groupe de pillards, personne ne vient jamais par ici. Et même eux n'osent plus s'aventurer dans le coin. Pourtant, j'ai shooté la main de ton pote et tu t'es quand même installée sur mon territoire. Je voulais voir jusqu'où t'irais, voilà tout.

— D'accord. Eh bien, voilà, tu nous a vu. Tu peux retourner sur ton « territoire » et nous laisser continuer notre route maintenant.

La jeune femme sourit, puis sortit un étrange appareil de la poche du vieux blouson de cuir qu'elle portait. Miranda haussa un sourcil, confuse, avant d'apercevoir Connor se crisper à côté d'elle. Elle tourna la tête vers lui, les yeux plissés.

Pourquoi, à chaque fois qu'ils rencontraient des difficultés, étaient-elles liées de près ou de loin à cet énergumène ? Miranda commençait à se dire que toutes ces coïncidences faisaient beaucoup. Même s'il avait subi des traitements extraterrestres obscurs comme il le prétendait, il n'y avait rien de normal à propos de cet homme. Elle se demandait toujours s'il ne continuait pas de lui cacher certaines choses.

— Qu'est-ce que t'as fait encore ? siffla-t-elle entre ses dents.

Les épaules de Connor s'affaissèrent, alors qu'un sourire naissait involontairement sur le visage de l'archère.

— Je ne pensais pas que c'était important. Ne me hurle pas dessus.

Il s'accroupit et sortit de son sac un dispositif similaire à celui de la jeune femme. Les yeux de Miranda allèrent d'un appareil à l'autre, confus. Ses poings se serrèrent.

Combien d'autres secrets cet homme avait-il encore ? Pourquoi les cachaient-ils à ce point ? Ils partaient en quête de réponses sur de supposés extraterrestres l'ayant kidnappé, mais elle n'avait pas la version complète de l'histoire ! Comment pouvait-elle seulement lui faire confiance ?

— Qu'est-ce que c'est ? demanda Frédéric, curieux. Ça n'a pas l'air de venir d'ici.

— Je ne sais pas exactement, expliqua Connor. C'est une des choses que j'ai emporté en fuyant le vaisseau spatial d'où je me suis évadé. J'ai toujours suspecté que c'était une balise, ou quelque chose du genre.

— C'est une balise, confirma la jeune femme qui leur faisait face. Je l'ai arraché du vaisseau où j'étais prisonnière. Hier, il a réagi bizarrement à votre présence, ça a vibré.

— Le mien aussi, confia Connor.

— Et tu ne pouvais pas le dire ? cria Miranda, excédée. Ça ne t'as pas semblé important ? Et si ça donnait ta position à peu importe ce qui t'as enlevé ? T'y as pensé ?

— Il n'y avait plus personne dans le vaisseau, ils sont tous morts.

— Comment est-ce que tu peux le savoir ? Comment est-ce que tu t'es échappé de ce vaisseau de mort ?

Connor baissa la tête.

— C'est une longue histoire. On devrait peut-être se poser quelques minutes pour que je puisse la raconter.

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