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CHAPITRE 28

Mercredi 20 octobre 2020, 10 h 15

Le groupe courait depuis une vingtaine minutes à travers bois, mais leurs poursuivants se trouvaient toujours sur leurs talons. Miranda tenait fermement la main de Rose pour l'encourager à garder le rythme, l'autre soutenant le sac contenant Macron, tandis que le reste du groupe commençait à traîner à l'arrière. Connor portait Blanche sur son dos et encourageait Frédéric à avancer à la voix. Ce dernier peinait à reprendre son souffle. Ses jambes flanchaient régulièrement sous l'effort.

Ils ne tiendraient plus très longtemps.

— On doit trouver un refuge ! chuchota Connor en la rejoignant. Une grotte, une maison, n'importe quoi qui pourrait nous permettre de les semer.

— Je ne fais que chercher ! s'enflamma Miranda. Il n'y a rien dans ces bois de mort ! Il faut qu'on rejoigne une route, n'importe laquelle, et qu'on la suive. Ils peuvent suivre nos pas en forêt, ce sera plus compliqué sur le béton.

Connor hocha la tête. Ils patientèrent quelques secondes le temps que Frédéric les rejoignent, puis ils repartirent de plus belle dans une direction aléatoire. Ils n'avaient pas assez de temps pour regarder la carte. Ça devrait attendre un moment de répit.

Miranda se tourna pour regarder derrière elle. Des silhouettes humaines étaient perceptibles dans le lointain. Elle en compta peut-être une dizaine. Ils n'avaient pas l'air de vouloir discuter. Les pilleurs en voulaient à leurs ressources ; ils avaient en général peu de compassion pour la vie humaine. La survie avant tout.

La précipitation dont leur groupe devait faire preuve l'inquiétait de plus en plus. Elle craignait que leurs assaillants les rabattent comme des lapins vers leur camp, ou vers la deuxième partie de l'embuscade. Elle s'alarmait aussi de l'absence de légumes dans les environs. Affolés comme ils l'étaient, il serait difficile de prévenir une attaque enfouie. Ils devaient faire plus attention à leur environnement.

— Ils sont là-bas ! cria une voix sur leur droite, plus proche que ce que Miranda espérait.

Elle tourna la tête vers sa direction, et écarquilla les yeux. Des chevaux se rapprochaient au galop vers leur groupe. La jeune femme décrocha son couteau de sa ceinture, prête à se battre. Connor remarqua son empressement et dégaina le pistole d'une poche de son sac-à-dos. Miranda avait presque oublié ce détail.

Son compagnon retira la sécurité et visa plus ou moins bien, avant de faire feu. La détonnation retentit en écho autour d'eux. L'un des cavaliers sembla avoir été touché à l'épaule et s'époumonnait de douleur, ce qui ralentit les autres.

— Vite, on ne doit pas traîner !

Ils traversèrent des herbes hautes à toute hâte, puis un grand buisson. Ils débouchèrent sur une autre portion de l'autoroute qu'ils emprûntaient plus tôt, sûrement en sens inverse. Ils enjambèrent la barrière de sécurité et reprirent leur course.

— Là bas, des maisons ! cria Connor.

De l'autre côté de la route, en bas d'une pente terriblement rêche, plusieurs petites habitations apparaissaient au loin.

— Les arbres pourront nous couvrir. Restez groupés et surtout, soyez prudents, dit Miranda, avant de s'engager prudemment dans la descente.

Frédéric, toujours à la traîne, ne reçut pas le message. Il tenta de freiner en apercevant le vide sous ses pieds, mais trop tard. Miranda et Connor s'éloignèrent précipitemment de chaque côté alors que le pauvre homme roula dans la pente entre les deux.

Miranda souleva son bras pour s'assurer qu'il allait bien. Frédéric, sur le dos, leva simplement son pouce pour indiquer qu'il avait survécu. La chute était heurement plus impressionnante que dangereuse.

Quelques minutes d'escalade plus tard, le groupe se rejoignit sur la terre ferme, à l'abri des arbres. Miranda les encouragea à la suivre en longeant les buissons. Il lui parut qu'ils étaient désormais hors de vision de leurs poursuivants, mais elle pouvait toujours entendre les sabots des chevaux sur la route, signe qu'ils n'avaient pas abandonné leurs recherches. Frédéric titubait un peu après son accident, mais tenait bon.

De petits reniflements interrompirent sa réflexion sur le chemin à suivre. Elle baissa les yeux. Rose s'essuyait les yeux, essayant de ne pas faire de bruit. Contrairement à sa soeur sur le dos de Connor qui restait insensible à la situation, la petite fille avait bien du mal à se calmer dans cette situation stressante. Miranda serra sa main un peu plus fort, espérant que cela suffise à lui rappeler qu'elle n'était pas seule dans cette situation.

Ils allaient s'en sortir. S'ils atteignaient les habitations, ils pourraient peut-être se cacher suffisamment longtemps pour dissuader leurs assaillants de continuer la chasse.

— Courage, chuchota-t-elle. On est presque arrivés. On va s'en sortir, d'accord ?

Rose hocha la tête. Elle prit une grande inspiration, puis la suivit de nouveau.

Après avoir longer d'épais fourrés, le groupe déboucha sur le sentier qui menait aux habitations. La jeune femme resta accroupie dans la végétation, à l'affût du moindre mouvement suspect. Pour atteindre les maisons, ils allaient devoir sortir à découvert pendant une minute ou deux, assez pour être repérés par les sentinelles qui devaient surveiller la zone. S'ils couraient, peut-être qu'ils réussiraient à ne pas être vus.

À voix basse, elle expliqua la situation au reste du groupe, qui patientait en ligne derrière elle. Connor approuva la course. Ils se tournèrent tous les deux avec inquiétude vers Frédéric. Il hocha la tête, malgré ses jambes douloureuses.

— On y va chacun son tour. Les autres attendent derrière la première maison, d'accord ? leur indiqua Miranda.

Elle n'attendit pas leur accord et se baissa pour que Rose puisse monter sur son dos. Pendant que la petite fille s'exécutait, elle releva la tête des fourrés pour s'assurer que personne ne les avait vu. Une fois qu'elle sentit Rose en place, elle courut en direction de la première habitation, le dos courbé pour rester aussi discrète que possible. Elle atteignit son objectif sans difficulté, puis s'accroupit devant la porte du garage. Elle passa la tête hors du mur, puis fit signe à Connor d'y aller. Le carrillonneur n'hésita pas plus longtemps et s'empressa de suivre son exemple, lui aussi sans encombre.

Il ne restait que Frédéric, toujours tapi dans les hautes herbes.

Miranda garda un oeil sur le haut de la butte, d'où ne filtrait plus aucun mouvement ou son. Elle hocha la tête, et Frédéric s'élança. Une flèche rata son visage de quelques centimètres et alla se planter dans sa main. Le jeune homme réprima un cri de douleur. Il mordit dans son bras de toutes ses forces.

La jeune femme leva la main pour lui faire signe d'attendre, malgré la panique, et scanna les arbres pour savoir d'où venait le projectile. Une autre flèche de bois se ficha dans le sol à son mouvement. Nerveuse, elle réalisa alors que la flèche ne venait pas de la butte, mais des habitations, du côté opposé. Si le tireur ne les avaient pas encore touché, ils devaient quand même être couverts par le mur.

Une maison en forme de tour dépassait les autres en taille, à l'arrière. Sur la dernière fenêtre, elle vit quelqu'un s'abaisser précipitemment, ayant probablement remarqué qu'elle l'avait vu.

— Cours, vite ! cria la jeune femme à Frédéric, profitant de l'absence d'angle de tir.

Frédéric ne se fit pas prier pour boîter dans leur direction, la flèche fichée dans la main. Son bras tremblait et il faisait tout pour ne pas regarder la plaie, qui n'avait pas l'air très belle. Il devrait faire avec pour l'instant. La jeune femme se glissa contre le mur et fit attention à bien rester hors d'atteinte du tireur. Elle poussa la porte de la maison derrière laquelle ils s'étaient réfugiés. Elle s'ouvrit sans difficulté.

— Déjà fouillée, chuchota la jeune femme.

Le groupe se glissa à l'intérieur, puis Miranda ferma la porte dans un soupir. Ils se trouvaient dans une situation de sécurité précaire, mais ils avaient au moins des murs pour quelques minutes. Elle espérait que leur nombre dissuaderait l'archer de s'attaquer à eux.

— Je vais inspecter la maison. Connor, occupe-toi de bander sa main. Les filles, prenaient des chaises dans le salon une fois que je vous donne le signal et barricadez la porte.

Tout le monde approuva. Miranda passa les salles au crible une à une, pour s'assurer qu'aucun légume ou racine ne les prennent en traître. L'habitation avait été bien vidée. Il ne restait presque plus rien dans les placards, si ce n'était quelques couvertures qui leur seraient bien utiles s'ils décidaient de passer la nuit ici. Miranda n'avait pas très envie de s'éterniser, mais le reste du groupe était fatigué. Lorsque l'on était fatigué, on commettait plus facilement des erreurs qui pouvaient s'avérer fatales, non seulement pour soi, mais aussi pour le reste du groupe.

Une fois certaine qu'il n'y avait pas de danger, Miranda aida les jumelles à boucher les fenêtres avec plusieurs objets, prenant garde à toujours laisser un aperçu sur l'extérieur, au cas où ils devraient organiser une fuite précipitée.

Dans un vieux canapé moisi, Connor avait réussi à retirer la flèche de la main de Frédéric. Le morceau de bois n'avait pas traversé entièrement, mais avait tout de même laissé une vilaine plaie, profonde. Le carillonneur prit le temps de bien désinfecter la plaie, et retirer tous les morceaux d'échardes restés coincés. Il entreprit ensuite de bander sa main. N'importe quelle infection pouvait les tuer, ils devaient être très prudent avec ce type de blessures. Plus vite ça guérirait, plus vite ils seraient rassurés.

Une fois les soins terminés, le reste du groupe les rejoignèrent sur le canapé. Miranda ouvrit son sac et en sortit un paquet de biscuits. Ce serait suffisant pour l'instant. S'ils avaient besoin de continuer à courir, rien de tel que du sucre rapide pour encourager leur organisme. Même si le sucre rapide était périmé depuis un an et demi. Aucun d'entre eux ne faisait plus attention aux dates limites de consommation. La ressource était trop rare pour être gâchée. Certes, les biscuits étaient un peu vert ou gris sur les coins, mais ce n'était pas comme s'ils avaient beaucoup d'autres choix. Aucune communauté n'avait assez de temps pour se poser et se lancer dans l'agriculture. Peu de survivants avaient la main verte de toute manière. Ces choses-là se perdaient avec le temps. Tant qu'ils n'auraient pas ce sentiment de sécurité qu'ils recherchaient tous et une stabilité au niveau des ressources, il y avait peu de chance qu'une quelconque forme de civilisation puisse renaître de ses cendres.

Les survivants mangèrent en silence. Macron s'occupa de les divertir en se dégourdissant les pattes de son sac. Le chat se mit à explorer les environs, puis se dirigea finalement sur les quelques bouts de biscuits que le groupe lui lança pour se nourrir. Un vétérinaire du temps d'avant criserait sûrement devant tant de négligence, mais aujourd'hui, même les paquets de croquettes pouvaient faire office de nourriture pour les humains. Ils évitaient quand ils le pouvaient, bien sûr, mais ça restait de la viande, avec un bon apport en protéines qui leur manquait terriblement ces dernières deux années. Miranda n'osait pas imaginer l'état de ses carences si elle était amenée à refaire une prise de sang, un de ces jours.

— Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? demanda Connor.

— On regarde où on est sur la carte d'abord, et ensuite on improvise. Je pense que le groupe a perdu notre trace, mais il vaut mieux rester prudent. Si on peut, on dort ici. Mais en cas d'alerte, il faut que tout le monde soit prêt à partir en quelques secondes. Je propose qu'on se relaie pour surveiller les autres. Il faut aussi faire attention à la personne qui vit dans le lotissement. On est chez elles, elle pourrait nous surprendre. Demain matin, on se remet en route. Si on trouve une voiture, tant mieux. Sinon... Eh bien, on verra.

Les autres hochèrent la tête, abattus. Un coup d'oeil sur la carte leur apprit qu'ils avaient légèrement dévié de leur itinéraire, mais ils n'étaient plus très loin de Bruges. Avec un peu de chance, ils y seraient en une demi-journée à pied s'ils réussissaient à reprendre l'autoroute.

Miranda laissa les autres aller se coucher, tous installés dans le salon. Elle s'écarta pour aller surveiller une des fenêtre, son couteau dans les mains. Macron sauta sur ses genoux et se roula en boule. Son ronronnement calma légèrement la jeune femme.

Ils pouvaient le faire. Une nuit, et ils seraient sortis des problèmes.

Il fallait tenir bon.

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