Dieu était mort.
Et ils l'avaient tué.
Les populations fuyaient. Le feu grimpait sur les maisons, les temples, les palais, il consumait chaque vie qui passait à travers lui, les cris imploraient la mort de les prendre. Les fleurs qui s'éparpillaient sur les façades, auparavant empreintes de couleurs flamboyantes, n'étaient plus que des cendres volantes, noircies par les flammes. Les esprits s'enflammaient sous les hurlements de la guerre, les habitants de Sarcoce se démenaient pour évacuer la ville et limiter les morts.
Mais les Divins bataillaient.
— Courez vers les portes ! Laissez toutes vos affaires derrière !
Les gardes tentaient de maintenir l'ordre, en vain. Dans les rues, les familles criaient de peur, les larmes des enfants déchiraient l'air alors que tout le monde se poussait, s'écrasait. Un des soldats leva les yeux au ciel, pour contempler le fabuleux combat entre les entités. Les nuages s'emplissaient d'éclairs violacés et bleutés ; ils s'abattirent sur un homme, muni de grandes ailes d'or, dont les plumes brillaient d'un éclat radieux.
Les plus belles existantes.
Celles de Maximilien.
Ce dernier ravala les larmes qui naissaient au coin de ses yeux quand la douleur éclata dans son corps et un cri sourd s'éteignit dans sa gorge.
Ses semblables souhaitaient le voir mort.
Contre son torse, il tenait un orbe violet, tendant parfois vers le bleu : aussi petit qu'une mûre, scintillant comme la pleine lune et chaud comme la braise, il incarnait son dernier espoir. Maximilien leva ses yeux roses vers les Divins, ceux qu'il avait un jour considérés comme sa propre famille ; aujourd'hui, ils étaient son bourreau.
Ses paupières se fermèrent quand un second éclair érafla son dos, un liquide poisseux coulait sur sa peau pâle et parfaite — était-ce réellement ce qu'il pensait ?
— Rends-nous l'orbe, Maximilien, et tu seras épargné d'avoir succombé à tes désirs !
Le concerné s'attarda sur celui qui venait de parler. Elios De Sarte.
Son propre frère.
Malgré la menace, il ne craqua pas : peu importait si cela coûtait sa vie, même son âme, la protection de l'orbe primait sur tout. Mais une sueur froide glissa sur sa tempe quand tous les Divins se dressèrent face à lui, prêts à le déchiqueter. Leurs regards froids et monstrueux luisaient de haine à son encontre.
Une colère causée par sa propre bonté.
Parce qu'il avait découvert l'imposture.
Celle des Dieux.
La seule façon pour lui de fuir et protéger ce qu'il restait de bon était de fuir.
De rejoindre le monde humain.
Un dernier éclair s'écrasa sur son torse, tout près de son cœur, et il dévia sur son visage, mutilant légèrement son œil gauche.
Son cri résonna dans tout Sarcoce, déchirant et malheureux. Certaines plumes de ses ailes volèrent, tout son corps tomba dans le vide entre les nuages, l'orbe toujours contre sa peau.
Dans sa chute, avant de sombrer dans l'inconscience, son regard se porta une dernière fois sur Elios.
La seule image qu'il retint fut sa haine pour lui.
Pour sa propre famille.