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1 - Préface
2 - Avant Propos - Univers
3 - Prologue G.R
4 - Chapitre I - Part I - Découverte
5 - Chapitre I - Part II
6 - Chapitre II - Part I - Failles
7 - Chapitre II - Part II
8 - Chapitre III - Part I - Infiltration
9 - Chapitre III - Part II
10 - Chapitre IV - Part I - Braises
11 - Chapitre IV - Part II
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Chapitre III - Part II

Vous trouverez un lexique en fin de chapitre.

Nyssa Erelith – Le Sanctuaire – Lunaris – Niv 3

Nyssa se retourna brusquement. Un vieil homme chauve, à la peau aussi claire que la sienne, se tenait à l'entrée de la salle. Vêtu d'une robe simple, d'un blanc immaculé, le regard aussi vif et tranchant que l'acier, il la regardait comme s'il savait déjà tout d'elle.

Il était grand, d'au moins une tête de plus qu'elle, large d'épaules, et semblait solide dans ses appuis malgré son grand âge. Ses yeux gris respiraient la sagesse, mais laissaient également transparaitre une détermination tranquille. Un petit quelque chose dans son regard la laissait perplexe ; de la tendresse ? De la joie ? Non, elle devait se faire des idées.

— Qui êtes-vous ?

— Nous faisons donc l'impasse sur les politesses... Très bien saï , je suis Le Khel'ra de Lunaris, j'ai plusieurs noms, à vous de choisir celui que vous voulez me donner.

— Je n'ai jamais compris que l'on vous nomme différemment.

— La Zar'ka et moi non plus, que voulez-vous ?

— Je me suis perdue.

Elle avait certainement répondu un peu trop rapidement pour être crue.

— Et c'est pour cela que vous sembliez fouiller dans les papiers de Lunaris ?

Khashta.

— Je crains d'être très curieuse.

— Surement trop mon enfant. Veuillez me suivre, les résidents temporaires ne sont pas autorisés dans cette partie du Sanctuaire.

Soit il était d'une grande naïveté, soit il prenait le parti de faire celui qui ne comprenait pas. Dans les deux cas, elle n'avait pas avancé d'un Keph et se retrouvait en présence d'un individu qui la regardait avec insistance, alors qu'elle s'épuisait à maintenir en place sa foutue apparence !

Elle hocha la tête et suivit le vieil homme, ses pas légers résonnant à peine sur les larges dalles en pierre ivoires de la bibliothèque. De l'extérieure, elle ne paraissait pas si grande, de l'intérieure elle semblait s'étendre à l'infini, ses couloirs sinueux et ses étagères remplies de secrets qu'elle n'aurait jamais le temps de découvrir. Chaque pas la rapprochait de l'échec, et cette pensée la rongeait.

Soudain, le Patriarche s'arrêta devant une porte en bois, ornée de symboles anciens. Il se tourna vers elle, son regard toujours aussi intense.

— Vous cherchez quelque chose, n'est-ce pas ?

— Je vous ai dit m'être perdue.

— Allons-nous jouer à ce jeu encore longtemps ? Vous n'êtes pas la première à venir sur ces terres ces derniers jours. C'est l'Accyum Pur qui vous a amené ici, comme tous les autres.

Elle était sans voix, tout en se trouvant ridicule de l'être. Bien sûr que d'autres étaient venus et allaient venir. Evidemment que les administrateurs de cet îlot en étaient conscients. Ça se saurait, si les codirigeants de Lunaris étaient des imbéciles.

— Que comptez-vous faire ?

— Il a été découvert, tout le monde en cherche la preuve, je vais vous le montrer et vous partirez sans délais.

— Vous allez me le montrer ? Pourquoi ?

— Vous ne voyez que ce que vous venez chercher. La Zar'ka et moi, voyons la préservation de Lunaris. Vous le montrer ne nous engage à rien, j'évite toute forme de violence, vous ne pourrez pas l'extraire seule, même avec votre magie.

Ses yeux s'écarquillèrent légèrement, il était très rare que qui que ce soit puisse déterminer si quelqu'un manie l'Inhérence juste en le regardant. Cet homme n'était pas ordinaire. Lui, continuait de parler avec un ton docte et beaucoup de calme ;

— Lunaris est un lieu de paix, mais aussi de connaissance. Nous savons beaucoup de choses, saï. Et nous savons reconnaître ceux qui ne sont pas ce qu'ils prétendent être. Cette terre est également protégée par des traités. Le Monde a les yeux rivés sur nous. Lunaris est le berceau de Varhen depuis le Grand Renversement . Personne ne s'attaquera frontalement à nous, pas tant que cet endroit restera le plus sacré entre tous.

Il avait décidément la langue bien déliée.

— Vous êtes trop sûr de vous.

— Et pas vous ?

Elle se tue, suivant sagement le grand chauve qui se gaussait de sa surprise. Elle ne savait si elle était heureuse de l'évolution de la situation. Elle allait obtenir ce qu'elle était venue chercher, mais le fait était, que si elle s'était contenté de demander, la mission aurait été terminée le jour de son arrivée. Finalement, elle était mortifiée.

— Les Varhéniens ne sont pas réputés pour leur franchise saï, vous n'êtes pas la seule à avoir tenté de le découvrir par des moyens douteux. Quoique, simuler une grossesse, vous êtes la première !

Il plaisantait toujours et elle grinçait des dents. L'ambiance aurait pût être chaleureuse, le papi blagueur un peu lourd, pas si irritant. Mais elle sentait sa peau la tirailler, son nez la démanger, son cuir chevelu la gratter. Elle perdait sa concentration et il lui semblait que c'était ce que cherchait le Patriarche. Seule La Cabale connaissait son incapacité et elle avait toujours eu ordre de ne laisser aucune trace de cette inaptitude en dehors de l'Ordre. Si elle en perdait le contrôle maintenant, il n'y aurait plus qu'une Matriarche sur Lunaris, aussi agaçant et paradoxalement sympathique soit son collègue.

Ils arrivèrent en périphérie du cœur du Sanctuaire, dans une cour ouverte sur le ciel désormais habitée par ses deux soleils, cloisonnée par les quatre bâtisses qui l'entouraient. Le sol pavé et décoré de mosaïques colorées était lisse et lustré par des cycles de passages.

— Vous avez entendus les chants, mais jamais vu les rituels, votre égarement a eu lieu au bon moment, nous allons arriver juste à temps.

Il s'approcha de l'immense fontaine, sculptée dans une pierre blanche et luminescente, presque translucide sous la lumière de Liora et Kael, qui trônait au centre de l'espace dégagé. Sa base était large et circulaire, ornée de motifs gravés représentant le cycle des astres ; Onaril, Liora, Kael et Sar'yn. L'eau coulait en fines cascades le long des bords, formant un voile liquide qui reflétait les couleurs changeantes du ciel et terminait sa course dans de très fines évacuations en forme d'ondulation creusées dans le sol. Cette mission sur Lunaris, lui avait offert ce cadeau, de pouvoir observer des fontaines d'eau ; objet décoratif qu'elle n'avait jamais vu ailleurs.

Au centre de la fontaine, s'élevait une colonne élancée, surmontée d'une sphère ajourée de cristal, qui capturait et diffusait la lumière des soleils. Autour de ce pilier, disposées symétriquement, se trouvaient des sculptures d'animaux ; solarys , luminis , thalassien , vorrak , sylphide et autres, s'entremêlaient en un ensemble très harmonieux. Chacune était une représentation minutieuse et vivante des créatures qui peuplaient les îlots flottants, taillées dans des matériaux précieux et colorés.

Il leva un bras, et actionna un mécanisme dissimulé à l'extrémité d'une arabesque, qui dépassait de l'œuvre faite d'eau et de pierre.

— La vérité saï, c'est que ce que je perçois chez vous m'encourage à vous montrer ce que vous allez bientôt découvrir. Je n'ai pas mené les autres sur ce chemin.

Pourquoi le lui dire ? Et qu'avait-il bien pu percevoir de convainquant chez elle, alors qu'elle mentait depuis son arrivée ?

— Que voulez-vous dire ?

— Je pense, que vous vous savez être la cause de votre propre déséquilibre.

— Je ne comprends pas.

— Bien sûr que si, vous bataillez perpétuellement.

— Contre qui je vous prie ?

— Vous-même évidemment.

— Je me passerai de votre analyse hasardeuse.

— Elle ne l'est pas saï Erelith. La Lame ne vous a pas apporté que du bien. Vous leur êtes redevable de tant de choses, que vous refusez de voir ce qu'ils vous ont pris.

— Comment est-ce qu...

— Encore une chose, une fois en bas, lâchez prise, vous ne tiendrez pas de toute manière.

Elle ne répondit rien, les engrenages de son esprit s'enraillaient. Le vieil homme avait jeté une poignée de sable dans la machine et elle toussait pour s'en défaire. Qui était-il ? 

***

Lexique

Saï : Traduit dans l'Algue commune par « Madame », « Dame » et « Maitresse ». Inspiré des sonorité arabes ; « Sayyida » (سيدة), qui est un terme honorifique pour désigner une dame de haut rang ou de respect.

Khel'ra : Patriarche dans l'Algue commune, traduit littéralement par « Père ».

Zar'ka : Matriarche dans l'Algue commune, traduit littéralement par « Haute mère ».

Khashta : Equivalent de « Bingo » dans l'Algue commune ; littéralement « compris avec succès » ou « réalisé soudainement »

Keph : Tiré du Nhaïrn, une des langues ancestrales de Nharos, où le suffixe « -keph » était utilisé pour marquer une instabilité ou une perturbation. Dans le contexte moderne, « Keph » est devenu un terme utilisé pour désigner la plus petite unité de perturbation ou de changement, quelque chose d'infime et d'insignifiant, mais qui peut avoir un impact symbolique ou réel. Equivalent à l'iota ; qui est la plus petite lettre (par la taille) de l'alphabet grec que l'on emploi pour renforcer le fait qu'on ne bouge pas du tout.

Cycles : Siècles.

Grand Renversement : Toujours noté G.R.

Solaris : Une créature à la silhouette puissante et élégante d'un lion, couvert d'écailles cristallines, semblables à de l'obsidienne polie, qui reflètent la lumière. Ces écailles changent de couleur selon la température, passant du rouge ardent au noir profond lorsqu'il est au repos.

Luminis : Un petit animal nocturne, semblable à un renard, mais avec une fourrure argentée bioluminescente.

Thalassien : Une créature marine serpentine, aux écailles irisées et aux nageoires délicates. Elle possède une mâchoire très large pourvu de quatre rangés de dents acérées.

Vorrak : Un animal robuste, semblable à un ours, mais avec une carapace cristalline qui reflète la lumière et des griffes-dards.

Sylphide : Une créature ailée, mi-oiseau mi-insecte, aux ailes translucides et colorées, d'une grande délicatesse, dont l'envergure - chez les plus imposants - pouvait éclipser un soleil. 

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