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1 - Préface
2 - Avant Propos - Univers
3 - Prologue G.R
4 - Chapitre I - Part I - Découverte
5 - Chapitre I - Part II
6 - Chapitre II - Part I - Failles
7 - Chapitre II - Part II
8 - Chapitre III - Part I - Infiltration
9 - Chapitre III - Part II
10 - Chapitre IV - Part I - Braises
11 - Chapitre IV - Part II
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Chapitre III - Part I - Infiltration

Projet en cours, toute remarque ou retour est bienvenu.e !

Vous trouverez un lexique en fin de chapitre.

Nyssa Erelith – Le Sanctuaire – Lunaris – Niv 3

Son accoutrement était vraiment effroyable à porter. Son faux ventre qui lui donnait l'allure d'une génitrice en début de gestation l'agaçait prodigieusement. Et non seulement, elle avait troqué ses bottes et ses pantalons contre une robe et des sandales, mais il avait également fallu qu'elle se départisse de ses armes.

Malgré toutes ses couches de tissus et cet appendice artificiel qui gratte, elle avait la sensation d'être à moitié nue. Une fausse perception on ne peut plus dérangeante, qui la mettait à fleur de peau. Nyssa Erelith ne se sentait pas à sa place ici, sur Lunaris, le berceau de la paix incarné. Avec ses mains sales, ses ruminations perpétuelles, son manque criant d'émotivité, et ses mauvaises intentions ; elle avait l'impression de trimballer avec elle une aura rougeâtre qui hurlait à qui voulait l'entendre « Espionne ! » « Fraudeuse ! ». Très inadaptée à sa situation, s'il en était.

Ça faisait quatre jours qu'elle était là, logée dans une petite chambre bien trop lumineuse, entourée de bienveillance et nourrie généreusement. Personne ne l'avait forcé à exposer son ventre, ou n'avait demandé à prendre les constantes de l'enfant imaginaire pour le moment. Il fallait dire aussi, que personne de saint d'esprit, n'aurait eu l'idée tordue de singer une grossesse ici.

Les chants des rituels de la Matriarche et ses apprentis la réveillaient chaque jour dès la 1ère pulsation croissante ; il fallait être fou ou très déterminé pour répéter ce rythme inlassablement chaque matin. A cette pulsation, la brume enveloppait Lunaris comme un linceul, étouffant les sons et les lumières de l'île. Le premier soleil commençait tout juste à se montrer, son jumeau loin derrière n'apparaitrait vraiment que trois pulsations plus tard. Si elle avait bien compris, les rituels venaient en remerciement à Onaril et en salutation à Liora et plus tardivement Kael .

Elle n'avait jamais compris cette personnification des astres, bien qu'elle ait toujours trouvé le spectacle qu'ils offraient magnifique. Sa préférence allait à Sar'yn , vestige d'un passé révolu, dont les éclats parsemaient le ciel. Elle avait toujours été fascinée par la puissance de ce gros rocher céleste morcelé, qui influençait toujours Varhen. Et qui, malgré son apparence peu flatteuse, les maintenait tous en vie aujourd'hui.

Levant les yeux, son regard fixa la porte close qui faisait face à son lit, légèrement éclairée par la lumière produite par les cristaux de Vrith. Elle n'avait plus de temps, le monde entier était sur le dossier de l'Accyum Pur et elle n'en avait toujours pas trouver la moindre trace. Se redressant, elle se dirigea vers le sas d'hygiène corporel. Le risque que quelqu'un puisse voir à travers la grande fenêtre en vitrail coloré était trop grand ; elle laissait donc les occulteurs fermés, le temps de se préparer.

Face au miroir, elle gardait les paupières closes. Ses épaules, d'abord rigides, se soulevaient au rythme lent d'une respiration qu'elle voulait maîtrisée. Mais à chaque souffle, un frémissement trahissait la tension tapie sous la surface. Sa mâchoire se crispa. Une veine pulsa à sa tempe. Elle compta mentalement, encore, jusqu'à quatre... puis six... mais rien n'y faisait. L'agacement rampait en elle comme une vrille brûlante.

Ouvrant les yeux, elle alluma la lumière d'une commande vocale, puis fixa son visage qui revêtait une peau aussi noire que la nuit, ses yeux étirés sur les tempes aux iris bleu quartz puis orangé, son né retroussé puis légèrement empâté, ainsi que sa bouche pulpeuse aussi sombre que sa peau. Le tout était du plus bel effet.

Malheureusement, la femme enceinte ayant débarquée sur Lunaris était rousse, avec des taches brunes, des yeux ronds et gris cendre, à la peau si translucide qu'on percevait ses veines. Surtout, sa colorimétrie ne fluctuait pas, sa physionomie non plus... Elle devait se concentrer !

Fixant la glace hexagonale richement décorée, elle observa sa peau s'éclaircir, ses yeux vaciller, le coin externe retombant pour former une courbe bien plus arrondie, les iris retrouver leur teinte pour ne plus changer, et les cheveux raides et blancs, gagner en gainage, ondulassions et couleur de feu. Essoufflée, un demi sourire satisfait orna ses lèvres rosées, devenues si fines que s'en était presque disproportionné.

Dans la glace, son reflet tremblait imperceptiblement ; un battement de paupières trop rapide, un éclat dans l'iris qui vacillait. Trop longtemps. Elle s'imposait de tenir cette forme depuis trop longtemps...

Ses doigts se crispèrent sur le rebord du lavabo.

— Tss... Un souffle sifflant. Elle se mordit l'intérieur de la joue.

Cela faisait des jours qu'elle bridait ce qu'elle était. Des jours à maintenir cette illusion, comme une armure qui commençait à peser trop lourd. Et maintenant, chaque seconde de plus était une lutte contre elle-même.

Aux vues de ses difficultés à contrôler Le Voile , la limite approchait. Elle le sentait dans sa peau, dans ses os. Et elle la haïssait. Elle n'avait plus le choix, c'était maintenant ou jamais.

***

Nyssa Erelith avançait silencieusement dans les couloirs étroits de l'immense bâtisse principale du Sanctuaire. Lunaris était l'équivalent d'un morceau d'îlot, tant il était insignifiant en comparaison des autres. Le plus petit pourvu d'une telle stabilité sur tout Varhen.

Lorsqu'on sortait de l'un des bâtiments du Sanctuaire vers l'ouest, et que l'on traversait la forêt qui l'entoure, on arrivait déjà au bord du territoire. En contre bas, au-delà du vide, on pouvait parfois apercevoir relativement bien les bords de Zytheor et de sa ville Crystalis, construite à flan de précipice. Les rivières Sol'veth et Zar'lun l'entourant de leur bras, et s'écoulant en cascade dans le vide ; leur eau était collectée plus bas, par les grands récupérateurs, installés à flanc de falaise, il y avait plus de 100 rotations.

Ses pas se faisaient discret sur les pavés humides de la rosé. Cet endroit était celui d'érudits et de soigneurs, un lieu paisible, et en pleine journée, empli de rires et d'insouciance, presque trop pour elle. Mais ce calme ne la trompait pas. Si l'Accyum Pur était bel et bien présent dans ses strates, alors cet îlot dissimulait certainement bien d'autres secrets. Elle avait toujours été de nature curieuse, ça lui avait valu bien des sanctions plus jeune. Toujours était-il, que sa mission n'impliquait pas de mettre à nu Lunaris. Tout du moins, pas aujourd'hui.

La Lame lui avait donné pour mission d'infiltrer le Sanctuaire, c'était chose faite, mais aussi de localiser l'Accyum Pur et d'en rapporter un fragment. Elle pataugeait depuis plusieurs jours, à arpenter les bâtisses de long en large, fouillant les temples, la forêt, cherchant des accès souterrains, en vain. Personne n'avait idée de la forme que pouvait prendre l'Accuym Pur, si ce n'était ceux dans la confidence. Beaucoup parlaient de minerai, d'autres d'un métal natif, comme l'était l'Impur de Volkyn ; une ressource, difficile à extraire des montagnes de feu présentes sur les îles basses. Mais peut-être était-il dénaturé, qui pouvait le dire ?

La Cabale convoitait cette ressource, et entrait dans la course contre tous les grands gouvernements de Varhen. Elle avait l'intime conviction qu'au-delà de ses propriétés stabilisatrice et énergétique, l'Accyum Pur devrait pouvoir renforcer la magie de l'Inhérence. Cette mission, c'était l'opportunité de prouver sa valeur sans prendre de vie, de faire dans la finesse et de montrer à La Lame que ses difficultés avec Le Voile n'était pas un obstacle pour elle et ses missions.

Elle était déjà reconnue par ses paires, respectée depuis des rotations, et même crainte par certains. Mais son inaptitude à contrôler sa physiologie entachait ses réussites. Par les Flux, elle en avait oublié son propre visage ! Et les agents les plus âgés à avoir rencontré les mêmes difficultés, avaient aux alentours de 12 rotations ! Elle était loin, très loin du compte du haut de ses 35 ans.

Elle s'arrêta devant un bâtiment imposant, une bibliothèque immaculée, aux murs couverts de lierres, qui dissimulaient le travail des sculpteurs sur les façades qui pointaient vers le ciel. Les fenêtres décorées étaient éclairées, projetant une atmosphère chaude et invitante ; la lumière de Liora étant encore trop éloignée pour réellement éclairer ces terres. Nyssa savait, que c'était ici, que les érudits conservaient leurs précieux manuscrits et artefacts. Elle savait également, que ce bâtiment faisait partie de ceux qui n'étaient pas accessible aux visiteurs.

Elle le contourna, cherchant une entrée discrète. Elle longea la paroi dans un silence mesuré, les épaules rentrées, le regard en alerte. Ses doigts glissèrent sur les pierres moussues, palpant leur rugosité, traquant les veines humides sous la pulpe de ses doigts. Elle ralentit volontairement son souffle, calant chaque inspiration sur le froid qui suintait des jointures de la pierre.

Une goutte d'eau, tombée de la voûte, éclata contre sa tempe. Elle ferma brièvement les yeux. S'ancrer. Ici. Maintenant. Ne pas laisser filer. Sa paume se posa à plat sur un pan fissuré du mur. Un point d'appui. Elle se concentra sur la sensation : le grain, le frais, la pression. Chaque détail devenait une balise. Elle sentait déjà le frémissement en elle, cette vibration traîtresse qui annonçait la perte de contrôle.

Non. Pas maintenant. Un pas. Puis un autre. Elle s'imprégnait de chaque geste, de chaque contact, traquant les pensées parasites comme des ombres fuyantes. Son souffle effleurait à peine ses lèvres. Elle allait finir par croiser quelqu'un. Elle le savait. Et aucune variation ne devait paraître.

Nyssa trouva enfin une petite porte au bois usé par le temps, à moitié cachée par un buisson. Certainement une sortie de secours oubliée depuis longtemps. Elle tira sur la poignée et se glissa alors à l'intérieur, la refermant silencieusement derrière elle. Lunaris était vraiment un endroit abritant des personnes confiantes ; on entrait partout sans la moindre difficulté. Il n'y avait pas un garde, pas la moindre surveillance, même en ses lieux interdits.

La bibliothèque était sombre, seulement éclairée par quelques cristaux de Vrith et lampes dispersées. Les étagères étaient remplies de livres anciens, de parchemins et d'objets étranges. Elle avança avec précaution, ses sens en alerte. Elle savait que si les habitués de cet endroit n'étaient pas des combattants, ils étaient intelligents. Et elle n'avait pas prévu d'être bannie ou d'engendrer un incident diplomatique avec son organisation.

Elle atteignit une salle circulaire au centre de la bibliothèque. Au milieu de la pièce, sur un piédestal de marbre, reposait un objet recouvert d'un tissu noir. Elle ne s'y arrêta pas, ce qu'elle voulait c'était une carte, un plan de Lunaris, pour trouver des accès qui mène aux sous-sols. L'Accyum Pur était menacé d'extraction, il était donc toujours dans son milieu naturel pour le moment. Enfin, ça c'était seulement s'il est vraiment là.

Elle fureta, feuilleta, ouvra, souleva, épousseta, souffla, allant d'une allée à l'autre, approchant son visage pour lire les écritures effacées. Constatant une nouvelle fois, que son manque de vocabulaire dans les différentes langues de Varhen, était un véritable obstacle dans ses missions.

— Vous ne devriez pas être ici. 

***

Lexique

Onaril : La lune.

Liora : Soleil 1.

Kael : Soleil 2.

Sar'yn : Petit satellite fragmenté en orbite autour de Varhen.

L'Inhérence : Nom officiel de la magie sur Varhen post Grand Renversement (P.G.R)

Le Voile : Une des aptitude de Nyssa qui est une manieuse de l'Inhérence. Il est supposé être contrôlé et permet de modifier son apparence.

La Lame : La Cabale à laquelle appartient Nyssa ; groupe secret et conspirateur, impliqué dans des intrigues politiques et des manigances.

Rotations : Années. 

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