Cette nuit était très étrange. Je me sens étonnamment bien reposée alors que j’ai l’impression de ne pas avoir dormi tant que ça. Probablement à cause de la légère luminosité créée par le phénomène des deux soleils présents sur cette planète.

Après m’être changée, je vais dans le salon et y voit Agathe accompagnée de Lina. Je souris à cette vue attendrissante. Elle me rappelle ma propre mère quand j’étais plus jeune. Lorsqu’elle me voit Agathe m’annonce ceci:

“ - Ah! te voilà réveillée. Je te laisse aller prendre un bon petit déjeuner et ensuite je t’amènerais à la maison du dirigeant. Tu seras la première à passer ta journée avec son fils.

Ah bon? Pourquoi moi, je réponds surprise.

Et bien tu iras lui poser la question quand tu le verras! »

Me répond Agathe en me faisant un clin d’œil. J’ai l’étrange impression de faire face à un complot. Pourquoi passer du temps avec le fils? Est ce lui plus instruit de ce monde? Peut-être mais je n’y crois pas forcément. Il doit bien y avoir des anciens, comme chez nous. Qui connaissent des tas de choses sur le monde et la vie.

Je prends donc mon petit déjeuner et suite à cela, Agathe m’emmène jusqu’à la maison du dirigeant. Nous passons encore par la sorte de marché avant d’y arriver. J’aimerais bien y passer plus de temps afin de découvrir les différents produits qui peuvent s’y trouver mais ce ne sera pas le cas pour aujourd’hui.

Quand nous arrivons sur le parvis de la maison, je sens le stress monter. Agathe me dit qu’elle me laisse ici et me souhaite une bonne journée. Je regarde la grande maison, le jardin est assez grand, une statue s’y dresse. Je la regarde de plus près, il s’agit de la statue d' Héra. Pourquoi est-elle là? Si elle y est, ça doit être pour une bonne raison. Peut être qu’il s’agit de leur déesse principale…

Je continue de contempler la statue quand j’entends derrière moi:

«  - La statue te plaît? »

Je sursaute et me retourne sur Elios, le fils du dirigeant. Ses yeux mystérieux m’hypnotise comme s’il souhaitait que je l’accompagne. J’en oublie presque qu’il m’a posé une question et qu’il faut que j’y réponde.

“ - Je préfère dire qu’elle m’intrigue, ce n'est pas habituel de voir une statue d’Héra au sein d’un jardin. Comment ça se fait qu’elle soit ici?”

Je décide de jouer la carte de la curiosité afin d’étouffer ses craintes. Elios semble pris au dépourvu de ma question mais me répond tout de même:

“ - Sur Faen, Héra est la déesse la plus importante. Elle a plusieurs prénoms: Héra, Ere ou encore Reine. Ce dernier lui a été donné par Zeus, car bien qu’il l'ait trompé de nombreuses fois et qu’elle se soit vengée de lui à de multiples reprises, elle était toujours sa reine. Tu entendras très souvent le second prénom pour cette déesse car elle représente la famille et souvent une nouvelle ère, une nouvelle génération.”

Sa voix grave aux intonations anciennes rendait son discours bien trop intéressant et contre mon gré me donnait envie d’en savoir plus sur cette planète. Mais je ne m’attendais pas à ce qui allait se passer l’autre partie de la journée. Je reste tout de même méfiante. Tout en parlant, Elios s’éloigne, je ne comprends pas. Pourquoi s’éloigne-t-il s’il m’explique quelque chose? Ne veut-il pas m’en apprendre sur sa planète? Peut-être qu’il à un but derrière la tête après tout.

Je le suis donc et me rends compte qu’il a changé de discours. Il est en train de m’expliquer où il m’emmène. Il m’annonce qu’une arène se situe en ville et qu’aujourd’hui se passe un évènement particulier.

“- Aujourd’hui est un jour important pour nous. Tous les habitants de Faen se retrouvent dans l’arène pour assister à un spectacle. Aujourd’hui pas de combats de gladiateurs, mais nous aurons quand même le droit d’assister à une mise à mort.”

A ces mots, je suis sous le choc. Une mise à mort? D’un homme? Mais pourquoi? Je lui pose donc la question:

“- S’agit-il d’une mise à mort d’un homme? Si oui qu’à-t-il fait? Je refuse de voir cela!”

A ma grande surprise Elios se met à sourire puis à rire d’un rire qui se veut malsain.

“- Non, il ne s’agit pas de la mise à mort d’un de nos congénères, même si j’aurais aimé faire la peau d’un de nos ennemis. Il s’agit d’un taureau. Celui-ci à attaqué une de  nos citoyenne et donc nous devons le tuer pour qu’il ne recommence plus. Nous organisons donc un jeu avec des gladiateurs qui s’amuseront à le fatiguer puis à le tuer. Tu verras, c’est très exaltant comme spectacle.”

Son sourire malicieux en dit long sur la façon des habitants de cette planète à apprécier ses jeux. Personnellement cela me fait énormément penser au corrida en Espagne et du sud de la France et je n’aime pas du tout cela. Ça me répugne pour ces pauvres bêtes qui n’ont rien demandé. 

Enfin, l'arène apparaît. Elle est immense! Faites de pierre blanche et haute de plusieurs mètres. Son architecture digne des fils d’Athéna est tellement splendide, avec ses arches gigantesques dans lesquelles les lumières de deux soleils jouent à se croiser entre chaque pilier de celle-ci. Je suis juste stupéfaite par cette création. Elle est le centre de la ville. Je peux remarquer que les rues partent de cet endroit pour se perdre dans la ville. Comment j’ai fait pour rater cette arène. J’étais tellement inquiète et subjuguée par cette nouvelle planète que j’ai n’ai même pas fait attention aux grands monuments qu’elle pouvait contenir. Après tout c’est normal, je découvre un monde qui n’est pas le mien et en plus de cela de force. Normal que je sois déstabilisée.

Elios me fait rentrer à l’intérieur et nous restons bien en bas. Il m’explique qu’une loge d’honneur est placée au-dessus même de l’endroit d’où sort le taureau dans l’arène. Il me fait monter des escaliers et enfin nous nous retrouvons à l’endroit de la loge. Le père d’Elios est présent, mais ce dernier le salue à peine et me fait installer juste à côté.

Je peux sentir l’excitation des citoyens de la ville. Mais je sens que l’air y est oppressant, comme si le fait qu’autant d’humains rassemblés dans ce genre d’endroit rendait celui-ci palpable. A moins que ce soit mon stress qui fasse penser ceci. Car oui je suis stressée. Je n’aime déjà pas l’idée de voir une mise à mort que ce soit d’un taureau ou d’un autre animal mais en plus en présence du dirigeant de la ville. Cela rend la chose encore plus horrible que prévue.

Depuis l’entrée dans l’arène, Elio ne m’a plus du tout regardé ni même adressé la parole. Pourtant j’avais cru y voir de la pitié lorsque je me suis retrouvée avec lui juste avant d’y entrer. Comme s’il savait déjà que le spectacle n’allait pas me plaire.

Une musique annonce le début de ce spectacle et le taureau entre en scène. Ce dernier est énorme et possède un pelage noir de jais. Puis vient le tour des gladiateurs d’entrer en scène. Ils saluent la foule en délire avant de se concentrer sur le taureau. Tout autour de moi les paris vont bon train. Certains se font dans des langues qui me sont inconnues et d’autres se font sans enjeux.

Soudain, je vois un premier gladiateur courir vers l’animal, sa lance devant lui et planter ce dernier tandis qu’un autre l’occupe. Le taureau se retourne et charge l’homme. Ce dernier surpris du changement de direction soudain n’a pas le temps de courir se réfugier et se prend la bête directement dans le thorax. Il fait un vol de plusieurs mètres avant d'atterrir sur le dos du sang sortant de sa bouche avec l’impact de la chute. Je me lève et crie faiblement surprise par la violence du choc. L’homme ne se relève pas et je comprends que s’était déjà fini lorsque le taureau l’a touché.

Encore choquée de la scène, je me rassois. Je ne peux m’empêcher de regarder la tâche de sang encore présente sur le sable après l’évacuation du corps du défunt.

Quand je détourne enfin le regard, je vois que le taureau à une nouvelle lance dans le ventre. Enfin un troisième gladiateur réussit à le planter une nouvelle fois. Le taureau se couche donc et un homme vient lui trancher la gorge alors que l’animal est encore vivant. A ce moment s’en ai trop pour moi. Je ne peux m’empêcher de détourner la tête et je sens des larmes s’échapper de mes yeux. Je me lève dans le but de fuir cette boucherie. Et j’entends Elios m’appeler de loin mais je ne lui réponds pas. je veux qu’il me laisse tranquille pour le reste de la journée. Pourquoi m’avoir montré cela dès le premier jour? Je suis horrifiée par ces pratiques barbares. Comment est-il possible de faire ça? Que ce soit à l’animal ou aux hommes qui l'affrontent? C’est inhumain de faire cela aux deux. Je ne trouve pas cela respectueux. Une fois sortie de l’arène, je m’effondre en larmes sur le muret et je sens soudain deux bras musclés m’attirer contre eux dans le but de me réconforter.