Mon père est là, encore à me prendre la tête sur les choix que je fais. Il m’a laissé un an pour trouver mon âme sœur et tenter de sauver notre peuple. J’ai donc agi, mais mes actions ne lui conviennent pas.
Oui j’ai « kidnappé » des personnes d’un autre monde. Mais elles correspondent le mieux à notre civilisation, que ça lui plaise ou non. Il veut que j’agisse en tant qu’homme? Très bien. Il va voir quel genre d’homme je peux être. Je ne suis plus l’enfant qu’il a élevé seul quand ma mère est partie. Et je veux qu’il le comprenne.
Je ne forcerais pas un mariage ou un accouplement, ce qu’il souhaite. Je ne suis pas un monstre. Je n’ai trouvé personne sur Faen, ce n’est pas pour rien. En choisissant ces hommes et ces femmes, j’ai surtout trouvé ce qui me correspondait le plus en termes de critères mais aussi ceux qui correspondent le plus à notre civilisation. Tout d’abord, ces personnes là prient les mêmes dieux que nous, Héra, Zeus ou encore Poséidon. Ils sont donc à même de comprendre mon point de vue de l’amour. Mais ils ont de nombreuses similitudes avec notre train de vie également. Ils aiment principalement lire et vivre paisiblement. Et encore je n’ai pas découvert. Comment je sais tout cela vous allez me dire? Et bien parce qu’avant de les emmener sur Faen, je les ai longuement analysé, observé durant leurs journées, durant leurs nuits. Certains m’ont tapés dans l'œil d’autres moins.
Je me suis fait une promesse. Je veux qu’ils se sentent comme chez eux du mieux que possible. Je leur enseignerai nos mœurs, les différents pays de notre planète. Et leurs expliquerait aussi les différences entre ces derniers.
Mon père interrompt mes pensées:
“- Elios? Tu m’écoutes?
- Oui Père, je t'écoute!
- Ramener ces gens ici ne servait à rien dans ce que je t’ai demandé de faire! Beaucoup de femmes attendent ici d’avoir ta main.
- Père! Notre civilisation se meurt! Et tu me demandes de prendre la main d’une des nôtres? Non. Je ne le ferais pas. Je n'épouserai pas une Faenne. Surtout si elle ne peut engendrer une descendance. Et tu le sais! C’est pour cela que notre civilisation disparaît peu à peu! Nous ne pouvons plus nous reproduire entre nous!”
Je souffle et regarde mon géniteur de travers. Il n’a pas appris la leçon. C’est en partie à cause de cela que ma mère est partie. Parce que mon père et elle n'arrivaient pas à créer un second enfant. Ma mère attristée à décidé de s’en aller loin de la famille pour prendre du temps pour elle et nous ne l’avons jamais revue ensuite.
“- Tu ne veux rien comprendre, je lui crache à la figure. Tu penses savoir ce dont à besoin notre civilisation mais tu ne vois que tes propres intérêts. Je suis jeune et j’entreprends au moins des choses pour nous sauver”
Je le regarde en colère, me lève et sort de la salle. Je crois l’entendre dire mon prénom pour que je revienne, mais je ne me retourne pas. Son comportement m’énerve. J’ai l’impression d’être un cancre irréfléchi pour lui. Ça fait longtemps que je n’ai plus la sensation d’être son fils adoré. À partir du moment où il a vu que je prenais des décisions qui n’allaient soit pas dans son sens soit au contraire qui allait dans son sens mais qui prenaient le dessus sur lui, il a mis une distance entre nous deux.
Dans un premier temps, j’en ai souffert. Je ne comprenais pas pourquoi il me rejetait. Puis j’ai compris et j’ai d’abord été en colère contre lui. Je le suis toujours d’ailleurs. Mais moins. D’un côté je peux le comprendre. Il a vu son fils grandir d’un coup. Cela a dû lui faire peur. Mais au point de me rejeter? C’est cette partie là que je ne comprends pas…
Je sors de la maison principale qui sert de lieu d’institution à mon père. J’ai enfin l’impression de respirer librement. Il ne fait pas trop chaud pour une fois et le premier soleil n’étant pas trop haut dans le ciel, l’éclairement me paraît assez sombre. Nous sommes dans la période la plus fraîche de l’année. Le premier soleil n’atteignant pas son zénith et le second restant au niveau de l’horizon. Cela nous permet d’avoir une température plus acceptable. Même s’il fait tout de même entre vingt-cinq et trente degrés de moyenne.
Nous avons l’habitude de dire que le Dieu Hélios, celui dont je tiens le prénom, nous a gâtés avec ces deux soleils présents dans notre ciel. Il est l’une des divinités que nous adorons en premier. En second, vient Héra. Même si je ne suis absolument pas d’accord avec les choix de vie de cette déesse, je l’adore. Je me suis promis de ne pas produire les mêmes erreurs que Zeus à fait avec elle.
Je me laisse guider à travers la ville par mes jambes, étant toujours dans mes pensées. Celles-ci me portent vers mon endroit favori. Il s’agit d’un point de vue sur la ville mais aussi sur le désert qui nous entoure et qui rend le tout magnifique entre les touches de dorés et d’ocre que le sable possède et les couleurs de notre marché. Les différences notables entre les bâtiments rendent notre ville nommée Derin plus belle que jamais. Je suis amoureux de cette vue, qui me permet de ne plus penser à rien quand je suis devant.
Je laisse mes pensées s’évader face à ce paysage qui me fait rêver tous les jours. Je me prends à réfléchir à la façon dont je vais expliquer notre monde aux étrangers que j’ai fait venir. Mais surtout à la façon dont ils pourraient se sentir le plus chez eux. Je pourrais d’abord leur parler des divinités histoire de les mettre en confiance dans un premier temps. Puis je pourrais essayer de leur raconter l’histoire de Derin.
Et s’ils me posent des questions sur comment ils se retrouvent ici? Et bien j’éviterais le sujet. Je n’ai pas forcément envie qu’ils le sachent dès leur arrivée. Et puis ils comprendront vite que je dirige quand même leur voix sur notre planète et qu’ils devront m’écouter si je veux qu’ils restent sur ce monde.
Les plus réticents seront renvoyés chez eux directement sans même avoir de réponses à leur question.
J’en ai déjà repéré certains qui pourraient potentiellement me poser des soucis. Tout ce que j’espère est que j’arrive quand même à maîtriser leur caractère. Cela risque d’être compliqué mais j’aime bien les défis, donc tant mieux. Cela m’en fait un de plus à résoudre.
Je reste de nombreuses heures posé à mon point de vue où je suis principalement perdu dans mes pensées à planifier et à m’interroger sur la réelle envie de mon père à repeupler notre civilisation. Je reste tellement longtemps que j’assiste au couché du premier soleil qui part illuminer les peuples situés de l’autre côté de Faen. Ce coucher de soleil me donne à chaque fois l’impression que Hélios nous laisse à l’abandon laissant place à une demie obscurité propice à Hadès pour venir retirer la vie de notre peuple dans son sommeil. Si je pouvais me battre contre lui, je le ferais. Et ce jusqu’à ce que moi-même je meure s’il le faut. Mais sauver mon peuple est ma priorité et Hadès n’est qu’une divinité que je ne verrais jamais de mes propres yeux comme certains ont déjà pu y assister autrefois.
Tout cela ne sont que des légendes mais j’ai envie d’y croire. Pour moi les dieux sont bien plus que de simples divinités, ils sont vivants.
C’est en pensant à tout ça que je me décide enfin à rentrer chez moi. Je passe d’abord par le marché afin de me prendre quelque chose à manger. C’est aux alentours d’un étal que je croise la femme d’Orestis. Je discute un peu avec elle et apprend que la femme qui est sous son aile à l’air de bien aimé le coin pour son premier jour. Mais Agathe ajoute ensuite:
“ - Mais elle a quand même l’air distante. Et à l’air plutôt futée et j’ai comme l’impression qu’elle prépare quelque chose. Je te conseillerais de te méfier d’elle. Dans la cellule, elle à dû se faire des amis et ils ont dû commencer à monter un plan. Fais attention.
- Merci Agathe, je ferais attention, je lui dit tout en lui souriant. Comment va Lina?
- Elle va très bien, elle est même en pleine forme! C’est gentil de demander Elios.”
Suite à notre petite discussion, je ne peux que me dire que j’avais raison. Certains me donneront du fil à retordre. Très bien, Kléïo, tu veux jouer? Et bien on va jouer! Demain, tu sera la première à venir auprès de moi. Je vais te former à notre civilisation et je vais tout faire pour que tu adores cela! Tu vas en apprendre des choses, mais je te ferais avorter ton fameux plan, si tu en as bel et bien préparé un.