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AlodieRomand
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Chapitre 1

 

     « Correspondance de Jonathan Harker à l’attention de Lucy Harker.

     30 avril

 

Ma chère Lucy,

Je profite de quelques instants de calme pour t’écrire.

Je suis bien arrivé à Bistrita, hier, en fin d’après-midi. C’est un endroit absolument charmant !

Je suis sûr que tu adorerais l’hôtel où je suis descendu. L’endroit se nomme « la Couronne d’Or ». Il s’agit d’une très vieille maison, tenu par un couple très agréable. Madame Stoica m’a d’ailleurs préparé du Paprika Hendl, hier soir. Il s’agit de poulet assaisonné au poivre rouge. Je sais, en me lisant tu grimaces certainement. C’était délicieux ! Je lui ai d’ailleurs demandé sa recette pour pouvoir en refaire à la maison. Ne t’en fais pas, je demanderai aux domestiques de ne pas avoir la main lourde sur le poivre, pour que tu puisses goûter également.

Nous sommes encore le matin, je ne vais pas tarder à reprendre la route. Une diligence doit partir à dix heures. Les autres passagers, d’après ce que l’on m’a dit, seront déposés avant moi. Je suis le dernier arrêt, aussi n’arriverais-je que ce soir au château du Comte Dracula. M. Renfield, le cocher, m’a assuré que je devrais arriver avant l’heure du dîner.

Je t’écrirai à nouveau dans quelques jours, lorsque j’aurais posé mes bagages.

Prends bien soin de toi.

 

Ton Johnny »

 

     Je n’avais pas voulu inquiéter Lucy, aussi lui avais-je menti sur un point. Il était presque midi et la diligence n’était toujours pas partie. Nerveux, je patientais dans la salle commune de l’auberge, une petite pièce rustique embaumant le feu de cheminée et les épices.

     Ce retard m’incommodait. Je voulais faire bonne impression devant le Comte, ce qui ne risquait pas d’être le cas si je n’arrivais pas à l’heure prévue. Je n’avais même pas les moyens de le prévenir. Pourtant, la veille au soir, lorsque j’avais rencontré M. Renfield, il était on ne peut plus confiant pour la route d’aujourd’hui. La neige, encore présente dans ces contrées, n’avait pas encore eu le temps de recouvrir à nouveau les chemins. Nous devions pouvoir rouler sans difficulté.

     Mais ce matin, peu avant dix heures, alors que les autres passagers de la diligence commençaient à se rassembler devant notre auberge, M. Renfield, fort contrarié, avait annoncé ne pas pouvoir prendre la route. L’un des essieux de son véhicule s’était cassé, de même que deux de ses roues. Si ces dernières pouvaient être réparées en quelques heures à peine, il fallait en revanche compter au moins deux jours pour fabriquer un essieu neuf !

     Deux jours ! Je ne pouvais me permettre un tel retard !

     Mais le plus étrange avait été les réactions de mes compagnons de voyage. Ils m’avaient lancé des regards soulagés, avant de hausser les épaules, un sourire dépité aux lèvres. Eux même ne paraissaient pas du tout contrarié par ce « petit contretemps » comme ils l’avaient appelé. Quant à M. Stoica, il s’était empressé de remonter mes bagages dans ma chambre en me disant que je pouvais rester aussi longtemps que nécessaire. Etant donné ce « malheureux incident » qui contrecarrait mes plans, lui et sa femme m’offraient gratuitement le gîte et le couvert, en attendant qu’il soit réglé.

     Etrangement, il n’avait pas proposé la même chose aux autres voyageurs. La plupart de ces derniers occupaient d’ailleurs la même salle que moi. Ils bavardaient comme si de rien était, détendus, jouaient aux cartes, fumaient la pipe ou des cigarettes roulées à la main. De temps en temps, ils me lançaient un bref coup d’œil, puis un sourire furtif quand ils réalisaient que je les observais en retour.

     Leurs propres déplacements n’avaient-ils donc aucune importance pour qu’ils aient l’air tous à ce point de bonne humeur ? Je savais que je faisais tache dans ce tableau, j’étais le seul à tapoter nerveusement le sol du pied et à jeter des regards à travers la fenêtre, comme si un miracle allait arriver.

     Ma lettre terminée, je fis signe à Mme Stoica qui traversa la salle pour me rejoindre. C’était elle qui récupérait les lettres et se chargeaient de les envoyer.

     — Ne faîtes pas cette tête, me lança-t-elle avec un fort accent. La diligence finira par être réparée.

     — C’est-à-dire que… Enfin, n’y a-t-il pas un autre moyen de me rendre chez le Comte ? Je suis en voyage d’affaires, je ne puis me permettre de…

     — Aucun autre moyen ! me coupa-t-elle un peu trop vite et fort. C’est une toute petite ville, ici. Le train ne passe pas ici. Les diligences et les calèches sont rares. Ce sont des choses qui arrivent, voilà tout.

     Je voulais protester, insister, pour lui faire comprendre l’importance de mon voyage. Je ne le fis pas en captant une lueur dans son regard.

     Elle me mentait.

     Ce genre de choses n’arrivait pas fréquemment, ici. Petite ville ou non, cet endroit bénéficiait d’une diligence pour accompagner des voyageurs et ces derniers n’étaient pas si rares. Nous étions une bonne dizaine à être concernés par le trajet du jour. De ce que je savais, elle servait plusieurs fois par semaine ! De plus, durant mon échange, la veille, avec le cocher, il m’avait donné l’impression d’être un homme très sérieux dans son travail. Et un essieu ne casse pas ainsi ! Sa contrariété, tantôt, me paraissait bien trop sincère.

     Je l’observai, tandis qu’elle tournait ma lettre entre ses mains tout en faisant semblant de lire l’adresse pour ne pas croiser mon regard.

     — Serait-il possible d’avoir une carte locale ? Je pourrais peut-être faire la route à pied…

     — Grands dieux, non ! s’exclama-t-elle en faisant disparaître mon courrier dans la poche de son tablier. C’est bien trop dangereux, mon jeune monsieur ! Même si les routes ne sont pas trop enneigées, nous ne sommes jamais à l’abri que la neige revienne ! C’est encore courant à cette période de l’année, par chez nous ! Vous pourriez glisser et vous rompre le cou ! Sans parler des animaux sauvages ! Il pourrait vous arriver n’importe quoi ! Mieux vaut que vous restiez ici !

     J’étais à peu près sûr que la route était suffisamment praticable pour que je me lance dans l’aventure. En partant tôt le matin et en marchant d’un bon pas, je devrais pouvoir réussir à atteindre ma destination, le soir. A Londres, j’avais pris le temps d’étudier des cartes de la région. Je me souvenais m’être fait la réflexion que, s’il faisait beau, je pourrais faire cette route à pied. Ce serait long, mais j’aurais tout le loisir d’admirer les paysages des Carpates.

     J’avais renoncé à cette idée en apprenant que les hivers étaient plus longs, ici, et qu’il n’était pas rare que la neige tombe encore, même au début du mois de mai. Par conséquent, je n’avais pas emporté de carte dans mes bagages. Quelle erreur. Nul doute que mon hôtesse ne m’en fournirait pas et trouverait un prétexte pour se justifier.

     Je la remerciai d’un sourire aimable en inclinant la tête.

     — Très bien, vous savez mieux que moi ce qu’il en est. Excusez-moi pour ce dérangement. Je vais patienter.

     Le soulagement qui se peignit sur ses traits m’effraya presque. Elle me tapota l’épaule avec un large sourire.

     — Vous avez bien raison !

     Mme Stoica s’éloigna de ma table.

     Les autres voyageurs me hélèrent, m’invitant à les rejoindre sur leur partie de cartes. Je déclinais en montrant mon écritoire, ma plume et mon encrier, indiquant que j’allais les remonter dans ma chambre et défaire mes bagages.

     Cette déclaration fut accueillie par de nouveaux hochements de tête ravis. Ils voulaient vraiment tous que je reste ici.

     Tout en montant l’escalier, j’en vins à me demander s’il me serait réellement possible de partir dans deux jours, comme annoncé. N’allaient-ils pas trouver un autre problème ? Non… Ils ne pouvaient pas immobiliser la diligence un temps indéterminé, trop de gens avaient besoin d’elle. Pourtant, je ne pouvais me défaire de cette impression de malaise qui commençait à me coller à la peau.

     Je regagnai ma chambre, les sourcils froncés, habité par l’incertitude.

     Tout en sachant cette attitude vaine, je fouillais dans les quelques livres que j’avais pu emporter. Aucun ne contenait de carte. Il n’y en avait pas non plus dans ma chambre.

     Pensif, je me caressai le menton, tout en me demandant où je pourrais en trouver une. La demander n’était pas envisageable étant donné les réactions de mes compatriotes. A moins de m’adresser au cocher ? En tant que conducteur, il devait forcément en avoir une quelque part. Peut-être qu’il accepterait de me la prêter, en tout discrétion. Nous nous étions plutôt bien entendu, hier soir…

     Décidé, je sortis de ma chambre en cherchant quel prétexte j’allais devoir inventer si on me voyait rendre visiter au bonhomme. Depuis ce matin, je me sentais observé dès que je me mettais en mouvement. Ce n’était pas du tout un sentiment agréable.

     A l’instant où je posai le pied dans le couloir, j’entendis la porte de l’auberge s’ouvrir en trombe. Le battant claqua avec violence contre le mur.

     Le temps de m’avancer sur le palier, j’aperçus M. Renfield qui avançait à grands pas furieux vers Mme Stoica. Le silence s’était abattu dans la salle. Le gérant de l’hôtel sortit d’une petite pièce à l’arrière pour s’interposer entre le cocher et sa femme.

     Sidéré, en haut de l’escalier, je ne pouvais que comprendre la crainte de M. Stoica. M. Renfield dépassait tout le monde d’une bonne tête. Sa carrure, digne d’un forgeron, pouvait être aussi intimidante que rassurante, selon si on demandait son aide ou si on s’en faisait un ennemi. Quant à son visage, à l’instant, il était rouge de colère. Les veines saillaient sur son front et dans son cou.

     Mes compagnons de voyage se faisaient soudain tout petits et discrets, les mains pétrifiées autour de leurs cartes. Ils n’osaient même plus porter ou retirer leur pipe de leurs lèvres, comme pour ne pas attirer son attention. Cependant, je compris aussitôt que sa colère n’était pas dirigée contre eux, mais bien contre le tenancier. M. Stoica lui faisait bravement face alors que le cocher se mettait à lui hurler dessus.

     Il parlait très vite, en roumain, mais mes quelques notions de la langue me permirent de comprendre quelques mots.

     « Roues neuves », « essieu récent », « sabotage ». Il répéta trois fois ce mot.

     L’aubergiste fronça les sourcils, le front en sueur, tout en tâchant de garder une distance raisonnable entre lui et le cocher. Dès qu’il reculait, M. Renfield avançait. Prenant son courage à deux mains, M. Stoica bafouilla en roumain également. Il tremblait tellement que j’eus du mal à discerner autre chose que : « Satan » et « Enfer ».

     Immobile, toujours en haut des marches, je retins mon souffle tout en me concentrant pour mieux suivre l’échange.

     Mme Stoica s’avança pour essayer de soutenir son époux : « Le Comte ne l’aura pas, celui-ci… ». Sa réflexion agaça le cocher qui souffla par le nez, avant de lever des yeux exaspérés au ciel en décrétant d’une voix ferme et catégorique : « Vous n’allez pas le garder prisonnier ici ! Le Comte n’est pas votre ennemi, ni le sien ! »

     Ils se turent tous les trois en se tournant soudain vers moi. Poussé par ma curiosité, j’avais avancé d’un pas. La marche venait de grincer sous mon poids.

     J’affichais mon sourire le plus innocent, préférant ne pas leur faire savoir que j’avais compris une partie de leur dispute.

     En m’apercevant, l’un des clients me héla aussitôt, dans un anglais maladroit :

     — M. Harker, vous avez fini de ranger votre chambre ? Venez donc avec nous !

     Déjà, il tirait une chaise pour m’inviter à les rejoindre.

     Ne sachant que faire, je descendis l’escalier. Si je me joignais à eux, que je faisais mine de me résigner à rester ici, peut-être me surveilleraient-ils moins d’ici quelques heures… ?

     Je n’eus pas le temps de pousser ma réflexion plus en avant. M. Renfield abandonna le couple de gérants pour se diriger vers moi. La colère ne transperçait plus son visage, bien au contraire. Il était totalement serein. Ce fut dans un anglais presque parfait qu’il m’adressa la parole avec tranquillité :

     — Savez-vous monter à cheval, M. Harker ?

     L’espoir m’anima aussitôt. Au frémissement de ses lèvres qui retinrent un sourire, il devina ma réponse avant qu’elle ne m’échappe.

     — Oui ! Je suis plutôt bon cavalier.

     — Alors nous partons, vous et moi, dans une heure. Je vais préparer les chevaux et vous conduire personnellement au château.

     Mme Stoica laissa passer un petit cri effrayé. Je l’ignorai, à deux doigts de saisir les mains de mon sauveur avec gratitude. J’acquiesçai, sans cacher mon soulagement.

     — Nous ne pourrons pas prendre tous vos bagages. Mes chevaux auront des sacoches pour porter un maximum de vos affaires, mais une partie devra rester ici. Prenez l’essentiel, je me chargerai de vous faire parvenir le reste dans les prochains jours, vous avez ma parole.

     Je plongeai dans ses yeux bruns débordant de certitude et de sincérité. Dans son dos, les voyageurs se penchèrent les uns sur les autres en échangeant des murmures et coups d’œil inquiets. Sans s’en préoccuper, il poursuivit :

     — Je me dois de vous préciser que nous ferons une partie de la route, de nuit. Nous arriverons bien après l’heure du dîner. Sans diligence, nous irons plus vite, mais comme nous partons bien plus tard que prévu, nous ne pourrons rattraper tout le retard accumulé.

     — Le Comte risque-t-il d’être contrarié ? me risquai-je à demander. Je ne souhaite pas faire mauvaise impression pour cette première rencontre.

     Un franc sourire éclaira son visage, il secoua négativement la tête. Sa tignasse noire suivit le mouvement. Sur le moment, il me fit presque penser à un chien en train de s’ébrouer.

     — Ne vous en faîtes pas. Il comprendra la situation, je la lui expliquerai. Allez vite préparer vos affaires, puis rejoignez-moi devant l’auberge.

     J’acquiesçai avec empressement, tout en le remerciant avec chaleur pour son aide et pour cette solution. Je n’avais qu’une hâte : quitter cet endroit qui devenait de plus en plus oppressant.

     Dès qu’il se détourna, je remontai l’escalier quatre à quatre, grisé à l’idée de voyager à cheval pour la fin de mon voyage.

     Lucy et moi avions appris à monter, des années plus tôt. Nous adorions nous promener dans les forêts non loin de Londres. C’était l’un des rares moments où nous pouvions nous retrouver et passer du temps ensemble. Quelques années plus tard, lorsque j’avais acheté le manoir où nous logions à présent, j’avais bien fait attention à prendre un terrain avec un bois privé. Le dimanche, nous nous baladions souvent en nous racontant notre semaine et autres anecdotes que nous ne voulions partager qu’entre nous.

     De retour dans ma chambre, j’étalais toutes mes affaires sur mon lit pour trier les plus importantes. J’imaginais assez bien à quoi pouvaient ressembler les sacoches dont m’avait parlé le cocher, aussi n’eus-je pas trop de difficulté à séparer mes possessions. Je devais absolument emporter un maximum de documents pour le Comte, ainsi que quelques vêtements, mon rasoir et le journal sténographié, écrit par mon parrain, qu’il avait tenu à ce que j’emporte. Mes valises étant trop imposantes, je remis à l’intérieur les quelques habits et effets qui ne pouvaient pas me suivre aujourd’hui.

     Je finissais d’empiler ceux qui m’accompagnaient lorsque le plancher grinça devant ma porte. Le toquement discret qui suivit ne me surprit pas et j’invitai la personne à entrer. Sans grand étonnement, il s’agissait de Mme Stoica qui se tordait les mains de nervosité.

     — Vous partez si vite, mon jeune monsieur. Je vous en prie, soyez très prudent !

     Son front était barré d’un pli soucieux. Une lueur de peur brillait dans ses yeux bleus délavés.

     — Je le serai, ne vous tracassez pas pour moi, répondis-je en lui adressant mon sourire le plus rassurant.

     Elle essaya de m’imiter, sans grand succès. Ses mains tremblaient tant qu’elle dut s’y reprendre à deux fois avant de réussir à les plonger dans la poche de son tablier. Elle en sortit une petite croix qu’elle me tendit.

     — Prenez-là. Pour vous protéger. Que vos parents puissent retrouver leur fils sain et sauf.

     Mon air aimable se fissura. Je refusai d’un signe de la main.

     — Mes parents ne sont plus de ce monde, répliquai-je plus froidement que je ne l’aurais voulu. Et je suis déjà équipé.

     Glissant un doigt dans le col de ma chemise, j’en extirpais un petit crucifix tandis qu’elle se confondait en excuses pour sa maladresse. Son regard s’illumina tellement à la vue de la croix qu’on aurait pu croire que le Christ venait de lui apparaître en personne.

     — Oh ! Ne la quittez surtout pas ! me conseilla-t-elle.

     Agacé, j’opinais sèchement tout en enfilant mon manteau et en rassemblant mes affaires entre mes bras. Cette sollicitude déplacée était de plus en plus difficile à supporter.

     Elle me suivit dans le couloir, puis dans l’escalier. En bas, son mari et les voyageurs me dévisageaient tous comme si j’avais deux têtes. Un couple murmurait des prières dans un coin, les mains serrées autour de chapelets. D’autres se signèrent lorsque je les dépassai pour me diriger vers la porte d’entrée grande ouverte.

     Leur inquiétude à tous, leur angoisse, étaient sincères, je le voyais. Je le sentais. Au point qu’au moins une personne, M. Stoica sans doute, avait saboté la diligence, retardant tout le monde, dans le seul but de me retenir ici ! 

     Dans les faits, j’aurais pu m’inquiéter. Visiblement, le Comte les effrayait assez pour qu’ils prennent ce genre de risques. Mais je ne me sentais pas en danger vis-à-vis de mon prochain hôte, pour être honnête. Je ne le connaissais même pas ! En revanche, oui, je commençais à me sentir en insécurité, ici, à Bistrita. Mieux valait que je parte, le plus tôt et le plus vite possible !

     En ce qui concernait le Comte et la panique qu’il déclenchait chez ces habitants… ma foi, je me ferai ma propre opinion en le rencontrant.


Un chapitre en ligne tous les lundis et les vendredi ! J’espère que ce début est à votre goût.

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