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EmmaWilson
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Chapitre 2 : Les règles du jeu.

Point de vue Elijah.

Installer face à Costa, mon cœur bat sous la surface calme que j’affiche. Ce dernier s’accoude à la table, entrelaçant ses doigts avec une aisance qui respire l’assurance. Rocco lui, s'est installer derrière lui, les bras croisés, un mur inébranlable prêt à intervenir au moindre faux pas.

— Alors Carter, murmure Costa en faisant à présent tourner un jeton entre ses doigts. Vous voulez travailler pour moi. Mais pourquoi devrais-je vous faire confiance ?

Je souris légèrement, jouant mon rôle à la perfection.

— Parce que je suis doué dans ce que je fais et que vous avez besoin de gens compétents. Votre casino est une machine bien huilée, mais même les meilleures structures ont leurs failles. Je peux être un atout.

Lorenzo laisse échapper un rire bref, amusé par ma réponse. Il aime les défis, les esprits vifs, cela se voit. Je dois donc être à la hauteur.

— Et quelles sont ces failles, selon vous ?

Je me penche légèrement en avant, baissant la voix pour capter toute son attention.

— Vos tables VIP sont infiltrées par des tricheurs mieux organisés que vous ne le pensez. Vous perdez 3 % de vos revenus annuels à cause de joueurs qui exploitent les erreurs des croupiers. Vous avez un schéma de blanchiment bien conçu, mais vulnérable aux audits imprévus. Et surtout… Vous avez des hommes en qui vous ne devriez pas avoir confiance.

Son sourire s’efface légèrement. Il sait que j’ai raison. Il effleure la surface de la table du bout des doigts avant de me fixer intensément.

— Vous parlez bien. Trop bien. Ça me rend méfiant.

Je hausse les épaules en réponse.

— Un homme dans votre position a raison d’être méfiant. Mais moi, tout ce que je veux, c’est un emploi.

Un silence s’étire entre nous. Le patron me jauge, pesant chaque mot, chaque expression sur mon visage. Finalement, il hoche la tête lentement.

— Dîtes moi Carter… Pourquoi est-ce que je devrais vous faire confiance ?

J'esquisse un sourire discret mais maîtrisé.

— Parce que je suis celui qui peut vous éviter d’avoir à vous poser cette question. Vous avez besoin de quelqu’un comme moi. Pas juste un consultant. Un stratège.

Le silence s’étire entre nous, seulement interrompu par les bruits feutrés du casino. Lorenzo me scrute avec une intensité presque suffocante, cherchant sans doute à percer mes véritables intentions. Mais dans ce jeu de regards et de manipulation, nous sommes deux experts. Puis, lentement, il se redresse et fait un geste à Rocco.

— Donne-lui un verre.

Ce dernier hésite une fraction de seconde avant d’obéir. Le patron prend en main son propre verre de whisky et en boit une gorgée avant de me fixer à nouveau.

— Très bien, Carter. Vous avez toute mon attention. Montrez-moi ce que vous savais faire.

Je sais à cet instant que j'ai franchi la première étape. Mais je sais aussi que ce n’est que le début du jeu. Je décide d'adopté une posture décontractée, bien que je suis parfaitement conscient du regard acéré que me lance mon hôte. Je marche sur un fil, à la frontière entre la méfiance et l’intérêt et je dois donc faire très attention. Costa lui, finit par me poser une question fort intéressante.

— Que cherchez-vous exactement en travaillant pour moi, monsieur Carter ?

Cette fois, je lui adresse un sourire énigmatique.

— Un challenge. Vous avez construit un empire avec intelligence, et je pense pouvoir contribuer à le rendre encore plus prospère.

Lorenzo appuie son coude sur l’accoudoir de sa chaise, se penchant légèrement en avant.

— Un homme comme vous aurait pu choisir n’importe quelle grande entreprise légitime. Pourquoi un casino ?

— Le monde de la finance est ennuyeux, réplique-je en attrapant mon verre. J’aime l’adrénaline du risque. L’incertitude. Les stratégies qui se jouent en coulisses.

Je porte la boisson à mes lèvres sans quitter Lorenzo des yeux. Ce dernier sourit légèrement, appréciant visiblement la réponse mais restant sur ses gardes.

— Vous comprenez que ce n’est pas un simple casino, n’est-ce pas ? Il y a des règles différentes ici.

A sa tirade, je hausse un sourcil, feignant l’innocence.

— Je ne suis pas du genre à me plaindre des règles. Tant qu’elles servent mes intérêts.

Un silence s’installe de nouveau, pesant, presque électrisant. Lorenzo observe chaque détail de mon comportement: mon calme, ma manière de masquer mes émotions, l’aisance avec laquelle je joue ce rôle. Il déteste ne pas avoir le contrôle total sur son environnement, je le sais, ce n’est pas difficile à comprendre. Finalement, après de longues minutes de réflexion, le patron du casino déclare:

— Bien. Mais comprenez ceci, Carter: ici, la moindre erreur se paie comptant.

Il se lève et Rocco en fait de même. Avant de quitter la pièce, Costa me lance un dernier regard perçant.

— Ne me décevez pas, Carter. Vous n’aurez pas de seconde chance.

Je laisse échapper un souffle discret alors que la porte se referme derrière eux. J’ai gagné cette manche mais ce n’est que la première de toutes celles qui suivront ensuite. Je me lève lentement de ma chaise, mes muscles tendus par l’adrénaline qui bat encore dans mes veines. Ce face-à-face a été éprouvant. Pas à cause de la peur – je savais à quoi m’attendre – mais parce que j’ai senti toute la puissance que Costa dégage. Cet homme n’est pas seulement dangereux, il est fascinant.

Lorsque je sors du bureau à mon tour, l’atmosphère du casino me semble plus lourde qu’à mon arrivée. Chaque regard posé sur moi devient une menace potentielle, chaque murmure un jugement silencieux. Rocco, postait non loin de là, me suit du regard, une expression indéchiffrable sur le visage. Une part de moi sait que je viens de mettre le pied dans un monde dont on ne ressort pas indemne. Une autre savoure déjà le frisson du danger.

Le véritable défi allait commencer demain et je n'aurai de repos que lorsque cette mission sera terminée. Qui sait, cependant, combien de temps cela me prendra. Ce qui est certain, c'est que je viens de me jeter dans la gueule du loup. Vouloir attirer de cette façon l'attention de Lorenzo Costa relève du suicide et je ne suis plus si confiant. J’ai pourtant passé beaucoup de temps à imaginer cette entrevue mais tout a été au delà de ce que j'ai pu penser. Son regard inquisiteur, cette aura dangereusement menaçante, le moindre de ses faits et gestes calculés, ses paroles à doubles tranchants, ses menaces à peine voilés... J'en ai presque perdu le souffle et je ne suis parvenu à le reprendre qu'en sortant du casino. Pourtant, je sais que même en rentrant chez moi, je devrais rester sur mes gardes.

A présent, je n'aurais plus aucun moment de répits. Pas tant que je n’ai pas gagner le jeu qui vient de débuter entre nous.

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