Le désarroi qui pesait sur les épaules de la famille Kim débuta au temps où les vampires se déchiraient sur si la nécessité d'avoir un souverain était saine ou non. Alors que celle-ci était issue d'une lignée d'êtres de la nuit étant assez connue de son époque tumultueuse, par bien des actions, la douloureuse flèche ayant traversé l'hanok maintenant bien lointain de cette famille semblait ravie de voir ses membres tomber un à un. Tout en se délectant de cette amertume si sucrée, de cette rage ayant emporté la capacité de mourir d'une personne dont l'un de ses membres désirait tant tuer, le malheur créa des tensions dans la société vampirique. L'annonce d'une nouvelle guerre faisant trembler chaque vampire du monde de la nuit. Car, pour une raison encore obscure, le vieillard voulant profaner des mérites auprès de la dame rousse paraissait garder une lucarne tout attentionnée sur la famille malheureuse. Des enjeux aussi importants que désastreux avaient l'air de l'intéresser.
Si cette personne pouvait de manière si simple finir aux oubliettes, alors la famille royale pourrait enfin respirer de l'air frais.
Or, il montrerait bien que celle-ci avait un lien tout particulier avec la malchance surplombant, la famille dont la couronne d'épines seyait magnifiquement bien leur port de tête.
La pluie ne cessa pas de verser ses larmes. Dans une pièce pouvant s'apparenter à un salon moderne, la reine s'attarda à ranger cet endroit où une tornade l'avait traversé de long en large. Elle pollua des injures sur le vampire l'ayant accompagné pour délibérer sur le dernier discours prononcé. D'abord charmant, celui-ci l'avait suggéré d'aller se promener dans le but ultime de recevoir son sang le plus précieux. Ce trait de la personne de cet être pouvant immédiatement devenir très accommodant avait joué sur la patience de la dame qui se faisait de plus en plus rare. Profitant qu'elle fut absente, le rapace s'était jeté sur elle, des mots dont même un enfant en connaitrait la signification s'étaient échappés de sa bouche.
Après l'avoir propulsé hors du Sénat, la vampiresse s'était téléportée vers ce salon, n'inspirant aucune once de bienveillance.
Les documents et les livres trônant sur le sol, une fois que ceux-ci furent à leur place, une voix enfantine s'émana dans les airs.
– Maman, tu sais où est mon grand frère ?
Un livre se compressant petit à petit dans les bras du jeune garçon, la reine soupira un bon coup. Devant la mine triste du noireau, elle se retint de transformer ses yeux en laser ayant la capacité de le réduire à néant. Cette question, cette incessante question sortie de la bouche de son fils, apparaissait dans son esprit telle une bombe pouvant être sujette à une destruction irréversible. La mère descendit de sa chaise alors que ses espaces de rangement étaient encore couverts de poussière. Elle s'assit sur le seul fauteuil de son salon puis, d'une voix appelant à la crainte, elle conseilla son enfant d'aller jouer dans sa chambre.
– Mais... Maman, tu sais où il est ? Il m'a promis de jouer avec moi...
– Pour la dernière fois Tae Seong, ton grand frère est dans le monde des humains.
– Je sais, mais il m'a fait une promesse ! Et les promesses, elles se doivent d'être respectées !
Tremblotant comme une jeune feuille, le petit garçon haut comme trois pommes se mit bruyamment à pleurer. La dame rousse regarda péniblement le noireau en train de s'essuyer cette eau roulant le long de ses joues. Cette scène, depuis le départ de son premier enfant, se produisait de manière quotidienne au sein de ce château dont même les pierres commençaient à montrer ses signes de fin de vie. Tandis qu'elle tendit un mouchoir pour le noireau, un coup de poing s'abattit avec violence sur l'immense porte principale de la bâtisse. Elle ordonna au noir de jais d'aller lire son ouvrage sur le fauteuil où elle fut assise.
D'un pas irascible, elle se dirigea vers son hall d'entrée puis ouvrit la porte avec dégoût.
– Qu'est-ce qui vous amène ici, Byun ?
– Oh, mais vous savez bien ma chère Cho Min, je viens pour avancer dans notre relation si particulière.
Se jetant sur elle à la manière d'une bête sauvage, le dit Byun s'attarda à serrer de peu la chevelure rouge de la dame rousse. Cette pression exercée sur son cuir chevelu ne laissa cependant aucun son sortir de ses entrailles. Tout en observant la reine ne pas bouger d'un poil, l'homme d'un âge mûr se précipita sur ses lèvres. Or, contrairement à ce qu'il pourrait penser, Cho Min braqua son regard dans le sien et laissa ses yeux prendre leur couleur de sang.
– Écoutez, que cela soit clair... Jamais vous serez roi, compris ? Alors, hors de ma vue.
À peine que ces paroles furent prononcées que Byun disparut dans un écran de fumée.
Retournant dans son salon, elle vit Tae Seong contempler le plafond ne possédant qu'un lustre pour le décorer. Il ne ressentit pas sa mère avancer vers lui. Tout en soufflant un peu, il se leva puis se cogna en voulant retourner dans sa chambre. Elle ne se rua pas à lui faire une quelconque remarque sur son action et lui proposa d'aller dans la cuisine avec elle.
– Maman ? C'était qui ?
– Rien qui ne puisse te concerner. Va boire ton lait et prépare-toi à accueillir ton professeur.
Le monde des vampires, en plus de prier nuit et jour dans l'espoir qu'une guerre ne prit pas place à l'intérieur de leur terre, était confronté à un malheur qui lui était bien réel.
Le roi était malade.
Bien que les vampires étaient dotés de la capacité à se régénérer de toute maladie, blessures ou autres, le roi semblait avoir attrapé un virus rarissime.
Vieillir plus vite que la normale et de voir ses habiletés vampiriques diminuer de jour en jour n'était pas propre à la logique même des êtres de la nuit. Ce supposé virus était diagnostiqué très tard par les médecins. Kim Tae Woo, le nom du souverain actuel, avait très peu de temps à vivre.
Une à deux années humaines à pouvoir respirer convenablement ne représentait rien dans la conscience vampirique. Ce temps si précieux aux humains, les nocturnes le sentaient passer tel un battement de cil.
Des feuilles insignifiantes tombant sans répit d'un arbre pour atteindre un sol froid paraissaient avoir plus de temps de se désintégrer dans une berne remplie d'ordure.
Cette maladie apportait quotidiennement de la peur au sein de ce monde déjà entaché par de nombreux événements. La cérémonie de passation de pouvoir, une cérémonie suivie par de nombreux nobles et déchus se projetant sans pudeur sur le futur couronné de la famille royale, s'avérait bien compromise pour l'avenir du royaume.
Son déroulement consistait à mordre le roi et à se trancher la peau. La marque se situait en général au niveau du bras. L'épée royale, symbole du chef des armés, était brandie couverte de sang afin de faire peur aux troupes ennemies. Le sang du futur roi était dispersé tout autour de la couronne et du livre de la famille royale pour prêter serment devant le monde entier.
La présence d'un mâle vampire était cruciale pour le bon déroulement de cette cérémonie, sinon ce serait un désastre chez le clan des déchus, car tous les nobles désiraient naïvement posséder la couronne. Cela expliquerait pourquoi l'un des membres de ce clan était venu importuner la mère de Tae Seong, juste pour rêver d'obtenir la couronne par une simple demande.
L'ironie de cette scène était bien placée. Une réception vampirique allait se dérouler dans quelques semaines, pendant un jour de pleine lune.
Une occasion rêvée de pouvoir se débarrasser du roi ainsi qu'espérer conquérir le cœur froid de la reine.
Mais plus les jours avançaient, plus l'état de santé de Tae Woo empirait, mais la famille Kim ne pouvait rien y faire.
Leur fils aîné bien-aimé ne voulait pas du trône.
Le monde des humains vit le soleil le couvrir d'une douce chaleur. La boule de poil termina son semblant de petit-déjeuner puis mit ses chaussures à la hâte. L'odeur du sang n'avait toujours pas quitté son esprit. D'ailleurs, il s'interrogea sur les paroles que son ami Hoseok avait délibérément ignorées. Cette phrase sortit d'une candeur inconnue l'avait empêché de dormir. Pourquoi voudrait-il que l'orangé le mordre alors que celui-ci ne lui avait pas demandé ? Il s'était questionné sur tout le long du discours du directeur qui, comme il l'avait prévu, s'était contenté de recracher ses mots sans aucun altruisme. Il avait cependant réussi à passer à autre chose lorsque son ami lui avait proposé d'aller chez lui pour jouer à un jeu vidéo.
Toutefois, rentrant chez lui après avoir subi une défaite, cette scène habituelle avait fait renaitre ses acquis. Le long du mur faisant face à la cuisine de l'ancienne maison familiale, le dos glissa lentement et le front rencontra sans ménagement les genoux collés côte à côte.
La nuit avait été très longue et l'appétit n'était pas de sortie. C'était en arrangeant une énième fois ses cheveux qu'il se décida à franchir le seuil de la porte.
Le chemin pour aller à l'université Han parut durer une éternité. Voulant céder sa place à une vieille femme, le conducteur avait brusquement freiné pour laisser les piétons traverser une grande allée. Enragée, la passagère avait insulté l'homme puis avait quitté le car. L'étudiant s'était assis en mettant une main sur le cœur. L'action ayant éclaté la bulle de son monde musical, il s'était retenu de lâcher une injure. De la même façon, l'employé ne s'était pas excusé et son action avait entrainé tous les passagers du bus dans un embouteillage non désiré en pleine matinée.
Se croyant en retard, Jimin avait bipé sa carte à la hâte et avait quitté le bus en ratant la marche. La réception de sa chute avait renversé son porte-carte. Celle-ci se vit récupérer de justesse avant que le car ne l'écrase. Pour ne rien arranger, le gris, en levant la tête, avait subi un léger vertige.
Génial, cette journée commence bien.
Il passa une rapide main sur ses vêtements pour enlever de la poussière qu'émettait le véhicule. La marche pour pénétrer dans le hall de l'établissement s'entama alors.
– Coucou toi. Salua le gris.
– Bonjour.
Dans l'un des couloirs le menant dans les escaliers, le plus petit de taille avait croisé la route de Yoongi. Celui-ci semblait avoir encore la tête dans les nuages. Ses cheveux étaient rapidement coiffés et son sac était mal fermé. De plus, sa voix feignait avoir baissé de deux octaves. Chose aussi rare sauf si le noireau était en colère contre une personne. Il paraissait distant, comme si un problème l'avait empêché de dormir. La boule de poil émit la pensée des devoirs abondants impossible à réaliser en une nuit qui l'avait mis dans cet état.
– Hyung, tu avais beaucoup de choses à faire cette nuit ?
Yoongi se contenta de hocher la tête, son cadet avait vu juste. Juste avant de se tourner vers les couloirs qui menaient aux escaliers, le plus vieux fit remarquer à son benjamin que l'un de ses lacets était mal lacé et que sa chemise était, elle aussi, mal attachée. Voyant qu'il était monté dans un bus en ayant mal mit une chemise, le plus jeune partit de suite aux toilettes pour s'arranger. Bien que le jeune homme semblait être une personne qui s'en fichait royalement de la mode et de devoir porter les mêmes vêtements pendant deux-trois jours sur une semaine, en réalité, il aimait bien prendre soin de lui. Malgré ses préjugés sur la mode et à tout ce qui touche sur le sujet, avoir une bonne image de lui vis-à-vis des gens sur son apparence vestimentaire était nécessaire.
Une fois que celui-ci eut correctement attaché le bouton lundi avec son ourlet, il fila à toute allure dans ce couloir dont l'odeur se rapprochait des produits ménagers. Enjambant une à une les marches, par peur qu'il ne fut arrivé en retard, il remarqua la silhouette du nouvel arrivant se superposer à la sienne. La flagrance qu'il lâcha à son passage fit rougir de peu la boule de poil. Sa longue veste ainsi que son pantalon semblaient appartenir à une autre époque. Se remémorant du style général de son centre de formation, il constata que c'était la première fois qu'une personne portait ce genre de vêtement. La pensée de savoir à quelle enseigne le blond les avaient achetées traversa son esprit, mais se vit rapidement balayé par la sonnette vibrant avec énervement.
Un énervement qui se traduisit aussi par les sourcils du décoloré.
Il arriva à bout de souffle à quelques mètres de sa salle de classe. Par chance, il remarqua la plupart de ses camarades de classe passer le seuil de leur salle commune. Arrangeant son sac sur ses épaules, il entama à petites foulées sa marche le ramenant à sa place favorite.
D'un coup, alors que celui-ci eût posé ses affaires sur la table, un étourdissement le força à aller aux toilettes. Le professeur n'était pas encore arrivé et la classe était bien bruyante pour une matinée. L'heure affichée sur son portable ne laissa de temps en plus à la réflexion et partit en rangeant l'objet dans sa poche. Tandis que le couloir était en train de se vider petit à petit de ses occupants éphémères, un silence régna dans les airs. La boule de poil se rua dans les sanitaires les plus proches de sa salle de travail. L'eau coulant sans trop de peine, Jimin se pencha puis avala quelques gorgées. La sensation de n'avoir pas pris un bon petit-déjeuner permit à son ventre de lâcher un petit cri. Il frappa celui-ci et quitta l'endroit.
Or, à peine que le gris fut parti hors des toilettes, le nouveau se rua dans l'une des cabines de cette pièce et commença à avoir un coup de chaud. Des bouffées d'airs bruyants ordonnèrent au silence de s'en aller. Il enleva avec précipitation sa veste noire et la balança sur le devant de la porte, l'accrochant sans peine.
Des crises pouvant s'apparenter à un appel à l'aide prirent le dessus sur l'ambiance assez inconfortable des sanitaires.
Dans la salle de classe, le cours avait débuté, les élèves devaient répondre à des questions sur un texte. Le professeur les surveillait, car ils étaient tenus de ne pas utiliser leurs téléphones portables pour traduire tout le texte ou rechercher du vocabulaire.
Pendant que Jimin se concentra à répondre à toutes les questions, Taehyung s'installa à côté du gris et lui tapota l'épaule :
– Excuse-moi, que faut-il faire ?
– Il faut lire le texte et répondre aux questions, le prof a dit qu'il interrogerait quelqu'un pour passer à l'oral.
Le blond fit apparaître de son sac un cahier et de quoi écrire pour pouvoir effectuer l'exercice.
– J'ai vu que tu n'avais pas de manuel, remarqua le gris, tu as pu récupérer tes livres au CDI ?
Aussitôt que le mot «livre»sortit de sa bouche, il s'aperçut qu'un autre était sur leur table.
– Ah... tu pouvais me dire que c'était déjà fait...
Pas un seul son ne s'éclipsa des cordes vocales du décoloré. Le stylo déjà entre les doigts de son propriétaire, le cendré écrivit à la hâte les réponses avant qu'elles ne s'échappassent de son cerveau. Ses yeux scrutèrent avec la moindre attention les mots du texte. Apparemment, celui-ci avait instantanément oublié l'intervention de son voisin de table.
Une sensation qui n'échappa pas à la constatation de Jimin et qui lui fit froncer des sourcils.
Il se munit d'un objet au hasard et se concentra à poursuivre la réalisation de l'exercice.
Ses lèvres joufflues oublièrent de se fermer.
– Ok, je ne le sens pas celui-là...
La phrase qu'il eût lâchée fit au buste de son camarade se rapprocher du sien, un sourire narquois se dessina sur son visage.
– Tu sais, je t'entends, chuchota le jaune.
Un soupir traversa à l'horizontale la conscience de la boule de poil. Ses joues empourprées de colère, il poussa le jeune qui se mit à retravailler. Le crayon tapant assez fort sur la table, le cerveau du décoloré bouillait progressivement. Alors qu'il poursuivit son exercice, sa gomme tomba de ses mains. La ramassant puis la posant sur son espace de travail, il rencontra le regard du cendré. Il lorgna sur le texte pour essayer de le traduire une fois rentré chez lui. Cette insistance dans la lucarne, cette aura qui ne connaissait que depuis la veille semblait le mettre à mal.
– Mais... Tu sais, on n'est pas obligé de le traduire ce texte. Arrête de le regarder si fixement !
– Je ne te regarde pas à ce que je sache. Si je veux le traduire, je le ferai. Concentre-toi sur ton travail.
– Je n'ai jamais dit que tu me regardais ! Enfin, non...
D'un air joueur, Taehyung se rapprocha de nouveau de Jimin. Il caressa à l'aide de son stylo la joue de la boule de poil perdu dans ses pensées. À la manière d'un prédateur observant tranquillement sa proie, il lui souffla dans les cheveux. Ce geste fit montrer d'un cran l'énervement de son voisin de table, le repoussant encore une fois.
Pourtant, cette fois-ci, il prit le manuel et lut le contenu de la double-page.
– Qu'est-ce qu'il lui prend !? Je...
La cloche retentit, coupant la boule de poil dans son élan. Tandis qu'il mit dans son sac ses affaires à la va-vite, les autres partirent en chantant des louanges au professeur. Il quitta la salle sans faire attention au cendré qui rangeait tranquillement les siennes dans une neutralité euphorisante. Dans sa quête, l'argenté se pressa pour aller voir son aîné. L'information liée au fait que le nouvel arrivant n'était pas une personne fréquentable prit de la place dans son esprit. D'ailleurs, plus il avançait vers l'endroit où pouvait être le noireau, plus la scène qu'il qualifierait de « déstabilisante » tourna en boucle dans sa tête. La manière dont son voisin de table avait effleuré sa peau avec ce stylo à bout portant avait fait naitre un poids au sein de sa poitrine.
Si déstabilisante...
Qu'au moment où il voulait répliquer, ses mains avaient pris la décision de le repousser encore une fois.
Allongeant la distance qui les séparait.
– Yoongi-Hyung ! cria-t-il, presque.
Le noireau se retourna après que son prénom fut scandé dans les airs. Regardant la boule de poil prendre son souffle, il notifia son visage fermé et ses lèvres tremblantes de colère. Le gris, bien trop occupé à faire le tri dans ses émotions, ne remarqua pas la personne à côté de son ami. Celle-ci était littéralement en train de frotter l'une de ses joues sur l'une des épaules du noireau.
Un regard libidineux s'encra sans pudeur dans celui de la boule de poil.
– Ah ! Arrête ça tu veux ? Bref, oui Jimin, pourquoi tu m'appelles ?
Cette séquence fit partir la raison du pourquoi l'argenté voulait s'entretenir avec son aîné.
– Dis... C'est qui à côté de toi ?
– Ah, mais enfin ! Lâcha Yoongi. Pardon. Lui, c'est Jungkook...
Jungkook était l'un des amis proches de Yoongi. Il avait rencontré Yoongi quelques mois auparavant. À l'allure de « gentil garçon », il pouvait se montrer insolent envers ses aînés. Bien que ses principaux traits de caractère furent le jeu et la taquinerie, ses ainés et en général ceux qui le fréquentaient mirent son insolence sous le ton de la plaisanterie.
Or les personnes voulant lui faire du mal après son arrogance ne se comptaient plus sur les doigts des deux mains.
– Enchanté Jungkook, je suis Jimin.
Le dit Jungkook regarda de long et en travers le visage de la boule de poil. Son allure et le comportement qu'il avait pressenti lorsque celui-ci fut arrivé devant eux avaient rompu quelque chose entre lui et son aîné. Il n'aimait pas ça. La main que Jimin lui tenant pour serrer la sienne se fit valser d'un seul revers. La boule de poil, voyant ce geste, se contenta d'ajouter une remarque pouvant frustrer sa nouvelle connaissance.
Qui s'était rapprochée de manière provocatrice de son ami.
– Je sais, je sais ! Ce n'est pas la peine de me le dire ! Rétorqua le jeune. D'ailleurs Yoon, tu ne m'as toujours pas dit si l'on sortait ce soir ou pas...
La prononciation de la dernière voyelle du prénom du noir de jais irrita les oreilles de l'étudiant. S'avançant tout en sautillant comme une puce vers son aîné, le regard de feu du châtain essaya vainement d'attirer l'attention de ces yeux qui lorgnait sans but précis dans le couloir. Des élèves marchant vers eux, le brun souffla dans le visage du plus vieux.
– Tu vas me répondre ? J'ai bien envie d'aller plus loin avec toi.
Une main dangereuse s'approcha de l'entre-jambe du plus vieux du groupe. Ne le lâchant pas du regard, Jungkook laissa passer des soupirs d'impatience dont leurs significations pouvaient rapidement être devinées. L'atmosphère les entourant devint lourde, si lourde que l'argenté ressentit le toucher de Taehyung sur son visage.
Yoongi claqua la langue sur son palet et écarta la main qui allait bientôt le mettre à nu.
– Ne commence pas avec ça. La sortie, on va voir selon mes devoirs.
– Ne dis pas ça ! Tes devoirs, tu pourras bien les faire chez moi. Je me suis même avancé pour toi.
– Continue comme ça et je te dirai non pour ta sortie.
– J'adore quand tu me résistes.
Le plus jeune resserra son emprise du bras du plus vieux. Très vite, une moue boudeuse et emplie de malice s'empara de son visage. Il regarda Jimin avec une mirette acérée, comme si la jalousie allait d'une minute à l'autre prendre place sur son visage. Tandis que le plus jeune injuria par la pensée le gris les observant avec curiosité, Yoongi, lui, se contenta juste de soupirer.
– Bah, de toute façon, on se voit plus tard Chim.
Le dit Chim fit un signe de la main, il se dirigea vers le réfectoire, avant d'entendre :
– Sache que l'on se reverra le nain !
Un étonnement suivit d'une plainte s'échappa de la bouche du supposé concerné.
Quelle manière de parler ! Tu m'étonnes que Hyung n'ait pas dormi cette nuit !
Le caisson scolaire sonna. Une panse moitié pleine de l'interaction étrange avec ce brun poussa le grisé à se diriger vers le réfectoire de l'université.
Il croisa des groupes de personnes qui continuèrent et toujours à émaner des rumeurs sur le nouvel arrivant. D'après leurs dires, celui-ci devait quitter sa ville natale pour pouvoir espérer devenir célèbre.
Peut-être chanteur pour certains ou musicien pour d'autres.
Pourquoi venir étudier ici ? Aucun cours de musique n'est dispensé dans cette fac...
Il en conclut que son voisin de classe avait ses raisons et que ce n'était pas son problème. Il finit par penser que ce n'était pas le problème des commères, aimant bien dire tout et n'importe quoi sur des personnes de leurs entourages.
En arrivant au réfectoire, il prit son plateau et composa son repas. Aujourd'hui, c'était Jajangmyeon, des nouilles avec une sauce noire à base de haricots de soja fermentés. Le 4ᵉ jajangmyeon de la semaine obligea le gris à prendre le plat des mains des dames de cantine. En entrée, il avait opté pour une salade et comme dessert, une simple pomme.
Le mot simple prit plaisir à dénigrer ses parents ne voulant pas acheter des fruits malgré un salaire confortable.
Une fois son plateau-repas plein, il ne prit pas de temps en plus à rester debout pour chercher une table et se dirigea vers celle qu'il avait vue en arrivant dans le réfectoire.
À peine qu'il eut le temps de se saisir de ses baguettes qu'une silhouette se donna à lui.
– Namjoon, je suis là !
Le susdit Namjoon remarqua le signe du jeune homme, son visage neutre laissa place à un sourire rayonnant, il composa le plus vite possible son repas et s'installa en face du gris.
– Alors Chim, comment ça va ?
– Et toi ?
– Hum, tu es sûr que tout va bien ? Il regarda le jeune homme droit dans les yeux.
– Ah, je vois que Yoon ne t'a pas informé... c'est à propos du nouveau-là, il m'énerve déjà.
– Ça va passer, tu n'es pas obligé de parler avec lui.
– Oui bah le prof nous a mis à côté, ajouta-t-il sur un ton boudeur, j'ai essayé d'être sympa avec lui, mais il m'a cloué le bec
– Ah bon, « cloué le bec » ? Répéta le vert sous un air moqueur. C'est bon, ce n'est pas la fin du monde Chim.
– Ne sois pas comme Hoseok ! C'est dur pour moi à cause de ma fierté vois-tu ?
– 'Faudrait que t'en ait déjà une de fierté.
Aussitôt que Namjoon eut sorti cette phrase qu'il reçut de la part de son cadet un coup de pied dans le tibia. Un «la ferme» sous un ton, certes rechigné, mais mignon égaya son visage d'un rire joyeux.
Ces étudiants s'étaient rencontrés, non pas à l'université, mais dans une école primaire non-loin de Busan, suite aux succès non explicable du père de Jimin. Le plus petit de taille avait dû tout quitter pour pouvoir s'installer à Seoul auprès de ses parents, laissant le petit Kim seul. Quelques années plus tard, alors que le petit Park était allé faire ses courses dans l'un des grands supermarchés de la ville, il croisa un collégien dont les mimiques lui rappelaient quelque chose. L'image collant avec le prénom, il avait sauté dans les bras de celui-ci, heureux d'avoir retrouvé son ami qui jouait avec lui dans les bacs à sables.
Car Jimin n'avait pas réellement d'amis durant son enfance.
On lui reprochait d'être excessivement curieux sur ce qui l'entourait.
Vouloir à chaque fois savoir ce que ses petits camarades de classe faisaient était le passe-temps quotidien du jeune Park. Avoir un père qui passait le sien à le rabaisser, ses questions autour du monde qui l'entourait ne pouvaient qu'être répondues qu'au travers de ses observations. Seulement, il en était ainsi, c'était bien normal pour un enfant de se poser autant d'interrogations sur ce sujet. Voir ces petits grandir sous la générosité des adultes qui étaient là pour les aider les aideraient dans leur éducation.
Toutefois, ces adultes de cette école primaire ne partageaient pas cet avis.
Des plaintes à répétition donnaient du rythme au quotidien du jeune noireau.
« Dégage, je ne veux plus te voir, pourquoi faut-il toujours que tu saches ce que je fais hein ? Si je te vois encore une fois, je vais le dire à la maîtresse ! »
« Petit garçon... veux-tu jouer avec moi... ? Tout le monde ne m'aime pas... »
Namjoon avait toujours eu une sorte d'aura paternelle envers le décoloré. Même s'ils n'étaient pas dans les mêmes établissements scolaires, il avait toujours voulu prendre soin de défendre son meilleur ami s'il était retrouvé dans une mauvaise passe ou d'essayer de résoudre ses problèmes.
Le vert fut le premier à être informé de la mort du père de son ami. Cette confiance totale que Jimin portait en son meilleur ami était débordante. La peur de lui confier ses peines et ses craintes ne s'était jamais mis en travers de leur chemin.
Si seulement le décoloré pouvait en faire de même...
– Hum, pour parler plus sérieusement Chim, ça va depuis le temps ?
– Euh... oui, oui, ne t'inquiète pas. Je lui ai parlé hier.
– Ok. Dit-il en croquant dans son fruit. Ah, il y a Seokjin qui arrive.
Un jeune homme avec des cheveux roses apparut dans le champ de vision du décoloré. Celui-ci portait une longue veste noire, avec une chemise grise et un jean noir, agrémenté d'un petit béret sur la tête. Son aura sucré présentait une forme d'acidité. À première vue, on pourrait croire que l'individu était en réalité un jeune professeur débutant tout juste dans le métier.
– Mais, il n'est pas censé être à la cantine...
– Ne t'en fais pas pour ça. Comme son père, en plus d'être le dirigeant d'une grande édition de livres étrangers, est aussi chargé de ramener des livres dans le CDI alors, on peut dire qu'il fait partie de l'université.
– Ah bon... je ne savais pas.
Cet aspect fit la fourchette de Namjoon s'échapper de ses mains.
– Pourtant vous vous connaissez ?
– Oui mais... à part « Bonjour ça va ? / Oui, je vais bien et toi ? » et suivi de deux-trois lignes sur nos vies respectives...
– C'est dommage.
Le rosé posa son plateau sur la table et déposa un bisou sur la joue de Namjoon, geste qui surprit le plus jeune. Il but son verre d'eau avant de lancer un «Mais... ?» rempli de questions, ce qui amusa légèrement le décoloré.
– Coucou Jimin ça va ? Tu m'as l'air légèrement choqué de mon geste...
– Non, non, non pas du tout, lança l'étudiant en secouant la tête de droite à gauche. C'est juste que je ne m'y attendais pas... et sinon ça va euh...
– Voyons, comment as-tu pu oublier mon prénom ? Je suis beau, mais quand même...
Seokjin, Kim Seokjin mon enfant.
– Ah oui, désolé... mais du coup Nam, tu connais Seokjin-Hyung ?
Le vert lâcha son portable du regard, il zieuta du coin de l'œil son meilleur ami, avant de saisir son pain d'une manière nonchalante afin de répondre :
– Jin ? Pourquoi je ne le connaitrai pas ? C'est mon amant Jimin.
Le gris manqua de s'étouffer avec son verre d'eau, la surprise revint de plus belle pour posséder son corps. La scène du blondin lui revenant en tête, il rougit de peu en ayant osé confronter cette phrase avec cette séquence. Tout en toussant bruyamment, il se contenta juste de taper timidement dans ses mains et de baisser la tête. Le couple traduisit son geste qui semblait vouloir dire « Félicitations ».
Non sans un léger rire.
– Il faudrait vraiment que l'on trouve un moyen de mieux se connaître toi et moi Hyung... tu es l'amoureux de celui que je considère comme un frère quand même... Et je n'ai pas ton numéro...
Comme s'il savait que le plus jeune allait sortir cette longue phrase, Seokjin sourit en face de son amant avant de répondre à son cadet :
– Bah mon cher Jimin, énonça le rosé, j'ai justement une proposition à te faire.
~Une proposition qui invita les enfers à s'installer confortablement dans leur siège de cendre~