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Audefz

Chapter 1

Le soleil se couchait lorsque Ethan s’apprêtait à rentrer chez lui, il avait presque atteint la porte de son domicile, que des policiers l’interpellèrent, ce n’était pas la première fois. Ce mois-ci ils étaient venus déjà deux fois, ce qui l'agaçait sérieusement. Il ne comprenait pas pourquoi, les flics étaient persuadés qu’il était coupable de meurtres. Ethan trouvait ça drôle, il était auteur de bandes dessinés à succès, des histoires sombres d’assassinats d’une rare violence. Tout ce qui le gratifiait, était de libérer ses démons à travers des dessins glauques, ensanglantés et terrifiants. Un univers jugé malsain par la communauté littéraire, et adulé par les lecteurs.

Depuis petit, Ethan s’exprimait au travers de la langue des signes, des illustrations et de l’écriture. Il n’était pas muet et n’avait aucun souci d’ordre médical, un simple blocage psychologique.

Enfant il avait vécu un kidnapping qui l’avait traumatisé au point qu’il n’arrivait plus à s’exprimer. Malgré les années, Ethan n’avait pas retrouvé l’usage de la parole. Sa mère avait de ce fait décidé de lui faire apprendre la langue des signes pour qu’il puisse communiquer à sa manière. Tout le monde au sein du foyer avait appris à signer pour faciliter leur communication.

Malgré de nombreuses thérapies, l'enfant n’avait jamais réussi à débloquer la parole. À l’époque c’était par traumatisme, aujourd’hui par habitude.

Sa vie lui allait très bien ainsi, il ne voyait pas y changer quoi que ce soit, même si la police était une fois de plus à sa porte.

D’après les forces de l'ordre, depuis plusieurs mois, un individu s’amusait à reproduire les meurtres de la toute première bande dessinée d’Ethan, la plus violente et la moins connue du public. Dès qu’un cadavre apparaissait, les flics se pointaient.

— Ethan voudrais-tu bien nous suivre.

Le policier qui venait de lui parler n’était autre que son beau père David. Un homme qui l’avait élevé comme son fils, depuis le suicide de son père. David était le coéquipier de son père biologique. Tout le commissariat connaissait l’histoire d’Ethan et de sa famille.

David l’aimait comme son fils, il avait refusé d’avoir un autre enfant lorsqu’il avait épousé sa mère, il estimait qu’Ethan avait besoin de toute son attention.

Il souhaitait s’en occuper comme s’il était de lui. Ce n’était pas pour autant qu’il lui laissait tout passer bien au contraire.

David était contrarié, par cette histoire d’imitateur. Quelque chose clochait et il ne comprendrait pas réellement quoi. Pour lui, le jeune homme était trop confiant ce qui le troubla, comme si Ethan avait des réponses qu’il ne partageait. Il refusait de constater son beau fils en danger.

La vie du jeune homme avait été déjà bien compliquée, entre le kidnapping, la perte de son père. David estimait qu’il avait eu son lot de malheur.

Alors, enquêter sur des meurtres qui impliquent les bouquins de son beau fils, il avait du mal à le supporter surtout avec la pression de son chef, sans omettre ses collègues qui jasaient sur les goûts bizarres et malsains d’Ethan. II n’était qu’un simple artiste, il n’avait tué personne c’est en tout cas ce dont était persuadé David contrairement aux autres.

Comment pouvaient-ils imaginer Ethan assassiner qui que ce soit.

Mais voilà ses bandes dessinées choquaient certaines personnes qui estimaient que le jeune homme de vingt et un an était un déséquilibré mental.

David se rappelait les questions incessantes des psychiatres concernant ses dessins. Ils essayaient de comprendre d’où pouvait provenir cette noirceur. Toutes ces histoires avaient longuement inquiétait Méline sa maman, elle voulait l’aider au mieux sans réellement savoir s’y prendre. Elle craignait qu’il se suicide un jour comme l’avait fait son père.

David sentait ses collaborateurs agacés de l’attitude nonchalante du jeune homme qui aimait provoquer leur réactions.

il voulut y mettre un terme avant qu’il ne frappe l’un d'entre-eux.

— Il va nous suivre, rassurez-vous les gars.

Ethan communiquait avec David par signe lui exprimant son ras le bol face à cette situation ubuesque.

Ethan ne porte pas dans son cœur les forces de l’ordre même s’il reconnait que son beau père excelle dans ce métier. Tout lui rappelle le suicide de son père. Sa mère et son beau père n’ont jamais voulu lui expliquer les raisons de son geste, mais Ethan connaissait la vérité et le lourd secret de ses parents.

Ethan suivit les policiers jusqu’au commissariat. Les questions étaient toujours les mêmes, « Combien d’exemplaires avez-vous vendu », « cette œuvre est-elle disponible sur internet », « où étiez vous à l’heure du crime », « avez-vous un fan qui vous harcèle ».

L'enquête piétinait, les flics tournaient en rond. Ethan n’avait pas de temps à perdre avec cette équipe de bras cassés. Ils étaient loin de trouver la réponse à leurs questions.

Dans son monde de silence il n’aimait pas entendre les gens jacasser pour rien. La parole est d’or pour un jeune homme comme Ethan qui n’a jamais réussi à décrocher un mot. Les blablas le mettaient mal à l’aise, et lui procuraient de violentes migraines.

Il vivait seul enfermé dans son univers, il ne voyait personne d’autre que sa mère et son beau père. Il ne sortait que très rarement, l’extérieur le terrorisait. Chez lui tout un équipement de sécurité était installé pour éviter d’éventuelles intrusions, une peur qui ne le quittait pas depuis l'enfance.

Il redoutait le monde, il s’en tenait le plus éloigné possible. Il ne sortait que pour se nourrir ou pour flâner non loin du fleuve, là où il ne croisait personne à part quelques promeneurs de chiens qui ne lui prêtaient jamais attention.

Ethan voulait être invisible aux yeux des autres, son allure filiforme quasiment fantomatique le rendait presque irréel. Il avait parfois l’impression d'être mort et d'errer entre deux mondes. Ses parents lui rappelaient par leurs visites qu’il était bel et bien vivant dans ce monde qui l’oppressait.

Après plusieurs heures d’interrogatoire, Ethan sortit enfin du commissariat. Il s’apprêtait à réserver un Uber, lorsque la voiture de David s’arrêta devant lui.

— Je te ramène, monte.

Sur la route, les deux hommes n’échangèrent pas un mot.

David aurait souhaité le protéger davantage mais il savait que c’était peine perdue. Tout ce qu'ili pouvait faire était d’être présent pour le jeune homme qu’il aimait du plus profond de son âme.

David pensait souvent au père d’Ethan, Nicolas, il se demandait encore comment il avait pu se suicider laissant son fils et sa femme derrière lui. Ils venaient de vivre l’horreur et il en a rajouté une couche.

David avait pris la relève non pas uniquement pour soutenir Ethan et sa maman mais parce qu’il était tombé éperdument amoureux de la veuve de son ami et collègue.

— Je ne suis pas ton ennemi Ethan, j’aimerai que tu te confies davantage à moi. Nous ne t'accusons pas, mais avoue que le fait que chaque meurtre ressemble trait pour trait à ta bande dessinée est quand même surprenant, et te connaissant je pressens que tu me caches un élément important.

Ethan entendait ce que lui expliquait son beau père, mais il ne voyait pas ce qu’il pouvait ajouter, oui il avait un indice qui avait son importance mais personne ne le croirait, il préférait donc ne rien révéler 

Pour seule réponse, Ethan haussa les épaules.

David n’insista pas davantage, Il connaissait son beau fils et son mutisme. Même sa réaction lui brisait le cœur, il comprenait les silences de son beau fils.

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