Thomas fit ce qu'il n’aurait jamais dû, fouiller dans les affaires du jeune auteur. Il profitais de l’absence de celui-ci pour examiner avec plus de précision ses dessins, il cherchait surtout les originaux de la bande dessinée qui devenaient réalité dans les moindres détails. Si Thomas ne se trompait pas, il pourrait anticiper les actions de ce tueur en série. Il n’en doutait plus, c’était bel et bien un tueur en série. Ses collègues n’avaient pas voulu l’écouter et il allait devoir enquêter seul dans son coin sans l’aide de sa hiérarchie. Il était prèt à tout pour arrêter ce malade. Il mit deux jours quasiment complets à découvrir chaque illustration, toutes les plus effrayantes les unes que les autres. Lorsqu’il mit la main non pas sur les originaux qu’il souhaitait mais sur une autre oeuvre qui n’avait pas été éditée, il en était certain, vu qu’il avait lu tous les numéros qui étaient parus.
Il s’étonna de voir cet exemplaire unique traînait sous le lit de l’auteur. L’enquêteur se demandait comment le jeune homme pouvait dormir entouré de tous ces dessins horribles.
Installé sur le lit d’Ethan, Thomas tournait les pages de ces dessins qui représentaient la mère d’Ethan, ce qui amplifia la curiosité du policier. celui-ci se perdit entre les pages, décortiquant chaque illustration, chaque texte. Il sursauta lorsqu’il reçut en plein visage une basket noire, Il cria et se trouva face à Ethan en rage, il se tut immédiatement.
Ethan ne cessait de le dévisager, comment avait-il pu pénétrer chez lui alors qu’il était hospitalisé. Sans oublier que ce cher Thomas était allongé dans le lit avec le livre interdit. Ce bouquin qu’il avait fait imprimer juste pour lui, personne n’aurait jamais dû le découvrir et encore moins le lire. Ethan avait envie d’arracher les yeux de ce parasite qui s’autorisait l’interdit. Il était hors de question qu’il se laisse faire même si le corps de ce policier installé dans son lit l’excitait. Il ne voulait céder à l’appel de l’attirance aussi beau soit-il, ce flic n’avait pas à roderici et encore moins lire ce qui était privé. Ethan remarqua que Thomas s’était permis de bouger ses affaires. Pourquoi ? Que lui voulait il ? Il avait compris qu’il n’était pas le criminel, alors pourquoi s’entêtait-il ? Aucune réponse rationnelle ne lui venait. Ethan garda malgré tout le silence, au plus la situation le dépassait, au plus son mutisme se confirmait.
Hors de question pour lui de perdre du temps avec l’intrus. Il avança d’un pas décidé vers Thomas, lui arracha le livre des mains. C’est avec horreur qu’il remarqua que ce sale policier de malheur était arrivé à la fin du livre. Depuis combien de temps était-il allongé sur ce lit à le lire. Thomas comprit la question silencieuse d’Ethan, il saisissait son fonctionnement en découvrant son travail et constatant que depuis enfant il bénéficiait d'une faculté qui devait lui gâcher parfois la vie.
— Ça fait deux jours, que je suis enfermé ici. J’aimerai rester davantage pour étudier de plus près tes dessins. Ce que tu vois ne doit pas être simple à accepter. Comment fais-tu pour vivre ainsi ?
Le jeune homme surpris par les mots du policier écarquilla les yeux. Comment ce flic pouvait en apprendre autant sur lui sans qu’il n’ait eu besoin de prononcer un seul mot. Il répondit à Thomas en signant.
— Tu n’as rien à faire chez moi. Je ne t’ai pas invité à fouiner. Arrête de prétendre que tu me connais. Sors d’ici.
Les gestes et les expressions d’Ethan étaient vifs, ses gestes brouillons. Thomas eut du mal à déchiffrer tout le message tellement Ethan était agité.
— Ok, j’ai compris. Ce qui m’intéresse est qu’il y a toutes les réponses dans tes dessins. Laisse-moi les étudier s’il te plaît. Il faut arrêter ce tueur et tu es le seul à pouvoir aider. J’ai compris ce que tu voulais cacher, je ne dirai rien sur l’histoire de ta famille et encore moins sur ce que tu vois. Je te crois Ethan. Je veux juste arrêter ce tueur. D’après ta bande dessinée, il n’est qu’au début de ses meurtres. Entraidons-nous pour sauver ces gens.
Thomas espérait sensibiliser Ethan aux futures victimes. Il pensait jouer sur la corde sensible mais la réponse d’Ethan le surprit.
— Non. Tout ceci n’a aucun rapport avec mon livre.
Thomas n’en croyait pas ses oreilles.
— Tu te moques de moi, j’espère. Chaque meurtre s’est déroulé, comme dans ton bouquin, tu as tous les éléments sous la main pour mettre à terme cette folie.
— Je refuse. Signa à nouveau Ethan. Je ne suis pas un justicier, ni un policier. Je veux que cette horreur s’éloigne de moi.
Thomas désabusé, trouva malgré tout un levier qui pourrait attendrir le jeune homme.
— Et si la solution était d’arrêter les tueurs grâce à tes talents.
La bouche d’Ethan s’ourle dans un sourire qui ressemblait davantage à une grimace de dégoût. Il n’avait aucune envie de s’impliquer il subissait déjà toutes ces visions, hors de question de souffrir davantage et il avait d’autres chats à fouetter comme gérer l’enterrement de ses parents.
Ethan se dirigea vers son bureau pour y récupérer le croquis de ses parents, ce dessin datait d’il y a six ans. Il avait paniqué en voyant cette scène, il pensait que c’était encore son imagination. Ce qui l’avait secoué était de ressentir les derniers minutes de vie de sa mère et de son beau père.
Depuis le début des assassinats qui ressemblaient trait pour trait à son livre, il s’était demandé s'il s'agissait d'un copieur ou s’il y avait autre chose comme des visions et des sensations. Ethan a vite compris qu’il détenait des informations sur les victimes que ni la police, ni la bande dessinée racontait. Ce sont des détails qui l'ont questionné. Il avait du mal à accepter qu’il voyait des meurtres avant qu’ils soient commis. Ce que Thomas avait compris en quelques secondes, avait pris plusieurs mois à Ethan.
Plongé dans ses pensées, le jeune homme ne vit pas Thomas approcher. Ethan sursauta sentant le souffle du policier dans le cou, ce qui le fit frissonner.
— Dis-moi que je peux rester avec toi. Tu ne peux pas être seul pour affronter cette situation. Tu le sais aussi bien que moi.
Thomas, faisait exprès d’approcher autant le jeune homme, il souhaitait qu'il réagisse. Il aurait aimer l’embrasser, le serrer dans ses bras pour le consoler et le rassurer mais le moment était mal choisi, Ethan était vulnérable. Thomas s’en voudrait d’abuser de lui de cette manière, alors il s’intéressa davantage aux dessins de l’auteur de talent.
Ethan n’aimait pas l’intérêt que portait le policier sur ses esquisses, il le trouvait suspect. Le jeune homme se questionnait sur ses véritables motivation. Une promotion ? Être mis en avant dans les médias ? ou l’attirance pour le glauque ?
Cette situation perturbait Ethan, il récupéra sa tablette, y écrivit un mot qu’il montra à Thomas.
« Laisse-moi seul, le temps du deuil, nous en reparlerons par la suite ».
Thomas n’était pas étonné de voir Ethan le rejeter, il avait fait tout ce qu’il lui était possible pour rester auprès du jeune homme le plus longtemps possible, et la bonne nouvelle qu’il en retirait, était qu’Ethan souhaitait le revoir dans quelques temps pour son enquête.