Ethan fut réveillé en pleine nuit par de nombreux coups frappés à la porte. Il se demandait qui pouvait bien venir le déranger à une telle heure. Il alluma son téléphone portable, pour constater de nombreux appels en absence d’un numéro inconnu, il n’était que quatre heures du matin.
Secoué par un tel réveil, il ouvrit la porte en simple boxer. Les yeux à peine ouverts, les cheveux courts en bataille, Il n’était pas de très bonne humeur, et cela s'inscrivait sur son visage. Face à lui se tenait un homme d’une trentaine d’année vêtu d’un uniforme. Ethan allait lui fermer la porte au nez exaspéré par la venue de la police pour le même sujet, sa bande dessinée. Au moment où il s'apprêtait à claquer la porte au nez de ce "bel" inconnu, parce que oui, Ethan avait remarqué la beauté de cet homme, grand, élancé, musclé, brun, le teint mat, les yeux marrons en amande, la mâchoire carré... l’autorité qui se dégageait du charisme de cet homme le dérangeait infiniment.
L’homme retint la porte sans quitter des yeux Ethan. Il n’était pas venu par courtoisie mais pour une urgence. Il ne savait pas comment annoncer au jeune homme face à lui, la terrible nouvelle qu’il était venu lui révéler. Il força le passage ce qui surprit Ethan.
Thomas n’était pas de ceux qui se laissait facilement impressionner. Il s’était porté volontaire pour affronter Ethan. Il connaissait son histoire, son passé, ce jeune homme le fascinait par son talent artistique mais également par son silence. Thomas avait l’impression qu’Ethan communiquait d’une autre manière que par le langage et il avait l’impression de le comprendre. Il l'observait souvent en silence lorsqu’il le croisait au commissariat. Jamais jusqu’à présent il avait eu envie de se présenter face à lui mais aujourd’hui il n’avait pas voulu que ce soit une autre personne que lui qui vienne annoncer cette nouvelle catastrophe dans la vie du jeune écrivain.
— Désolé, je vais devoir entrer que tu le veuilles ou non. Comme tu l’as remarqué je suis en service, il est quatre heures du matin, ce qui signifie que je vais t’annoncer de mauvaises nouvelles.
Ethan n’exprima rien comme à son habitude il était debout dans le couloir à fixer l'agent, comprenant qu’il n’était pas là pour les meurtres de sa Bande dessinée mais pour une toute autre raison. Son cœur accéléra d’appréhension.
— Je vais être brutal dans mon annonce mais tu es capable d’encaisser. Ton beau père et ta mère ont eu un accident. Ils ne s’en sont pas sortis vivants.
Les oreilles d’Ethan se mirent à bourdonner, il s’écroula subitement au sol en larmes. Ce qui marqua Thomas était le désespoir dans son regard mais également son silence. Ethan n’émettait aucun son même en pleure comme s’il ne souhaitait pas être visible aux yeux des autres. Thomas était fasciné et inquiet par le comportement du jeune homme. Il aida Ethan à se relever, la proximité de son corps nu contre lui, éveilla ses sens. Ce n’était pas une surprise pour lui, il savait au premier regard qu'Ethan il le désirait, il était timide et très impressionné par le succès et la carrière fulgurante du jeune homme. Thomas préférait le couver du regard à distance ne voulant pas se faire remarquer.
Ethan s’écroula contre le canapé flottant dans un monde quasiment irréel. Il pensait rêver que tout ceci n’était qu’un mauvais cauchemar, mais non tout ceci était bien réel.
Thomas profita pour jeter un œil à l’intérieur de l’appartement, les murs du salon étaient recouverts d’illustrations toutes aussi violentes et désagréables les unes que les autres. Il admirait le talent de cet homme qui s’était fermé au monde dans un silence qui lui allait si bien.
Un dessin attira l’attention de Thomas, il eut du mal à y croire mais c’était exactement la scène qui s’était jouée sous ses yeux lorsqu’il était arrivé sur les lieux de l’accident. Comment Ethan avait-il pu dessiner ce moment ? Thomas approcha pour lire s’il y avait une date ou des mots griffonnés comme sur d’autres illustrations. Une phrase y était inscrite « La vie est une salope qui aime nous la mettre profond ». Il n’y avait rien de poétique là dedans mais la force des mots bouleversa le trent.
— Tu le savais déjà n’est-ce pas ?
Ethan ne leva pas la tête vers le policier. Il resta enfermé dans son mutisme. Bien entendu qu’il savait comme beaucoup trop de choses. Sa vie était faite ainsi d’images d’horreurs qui venaient le hanter chaque jour, voir même chaque nuit, son seul échappatoire était de dessiner ce qu’il voyait et il en créait des histoires à raconter pour partager sa douleur. Pour Ethan il était hors de question qu’il souffre seul, il voulait inonder le monde des images qu’il visionnait sans qu’il n’ait rien demandé.
— En réalité, les meurtres des derniers mois, ne sont pas inspirés par ta bande dessinée, tu les avais vus et tu les as reproduits.
Ethan fut surpris d’entendre les mots du flic. Il était le seul à avoir compris.
— Bordel de merde. Ça change tout.
Ethan ne pu lui répondre, il était assommé par le nouvelle du décès de sa seule et unique famille. Il n’arrivait ni à pleurer, ni à hurler de douleur. Il s’y était préparé mentalement. Ethan a toujours su que ses dessins étaient des prémonitions, il n’y voyait que la mort alors le jour où il a dessiné cet accident il a su que le temps avec sa mère et David était compté. Aujourd’hui tout se réalisait une fois de plus.
Ethan n’avait simplement pas mesuré l’impact que sa première bande dessinée avait suscité en terme de prédiction. Il n’était pas complètement certain d’avoir vu les meurtres avant qu’ils se déroulent surtout plusieurs années avant. Depuis des mois il hésitait entre quelqu’un qui s’inspirait de ses écrits et les prémonitions qu’il recevait. Il refusait de croire qu’il était capable de percevoir les horreurs de l’invisible. Thomas avait réussi à comprendre, lui.
— Je ne me suis pas présenté. Je t’ai croisé plusieurs fois au commissariat. Je m’appelle Thomas Maréchal.
Ethan savait qui était cet homme même s’il ne l’avait jamais vu. David parlait souvent de lui, il le trouvait taillé pour le métier, il pensait que cet homme irait loin grâce à sa détermination et son flaire. Comme à son habitude Ethan ne répondit pas, nul besoin de signer, il savait que personne ne comprendrait. De ce fait, il ne s’épuisa pas auprès de Thomas. Lorsqu’il le vit réaliser des gestes signifiants « Je peux te comprendre, tu n’es pas seul ». Ethan fut surpris par ce bellâtre qui malgré la situation commençait à l’interpeller. Bien entendu comme à son habitude, il ne prononça aucun mot, il était morne de réaliser petit à petit que tout ce qu’il voyait se réalisait forcément. C’est une chose d’avoir des prémonitions, c’en est une autre d’y être confronté.
Ethan se perdait petit à petit dans les limbes. Thomas remarqua l’éclat du regard d’Ethan s’éteindre petit à petit. Il s’en inquiéta immédiatement sans hésiter, il appela une ambulance car il en était certain, le jeune homme était en état de choc suite à l’annonce du décès de ses parents.