Loading...
Link copied
Loading...
Loading...
Mark all as read
You have no notification
Original
Fanfiction
Trending tags

Log In

or
@
Charlye
Share the book

~ đťź“ ~

La lueur du Serpent projette de doux éclats sur leurs corps enlacés. Les membres encore lourds de cette torpeur béate qui suit le plaisir, ils dessinent des arabesques infinies sur leurs peaux, en caressent la surface hérissée par le froid ambiant.

Blotti contre la chaleur de Kaen, Tolunay suit du doigt les cicatrices qui parsèment son torse, sourit lorsque ses caresses font frissonner son partenaire. Mais quand ses yeux tombent sur la marque qui déchire son aine, son corps se fige, ses muscles se contractent.

Kaen sent sa soudaine raideur et en cherche la cause du regard. Lorsqu'il la découvre, un léger sourire fleurit sur ses lèvres qu'il dépose près de l'oreille de son compagnon, à la naissance de ses cheveux.

— C'était mal parti mais ça a bien guéri, chuchote-t-il en caressant le ventre de Tolunay.

— Tu aurais pu en mourir...

— Oui. Mais je me suis souvenu de tes conseils.

Intrigué, le concerné hausse un sourcil en se redressant sur les coudes.

— Les plantes, sourit Kaen en réponse à sa question muette. Je me suis souvenu lesquelles utiliser pour arrêter le sang et empêcher le mal de rentrer en moi.

— Tu râlais parce que tu disais que je parlais trop.

— J'ai eu tort.

Les deux hommes échangent un regard complice et Tolunay ne peut s'empêcher d'être une nouvelle fois surpris par cette douceur, si inattendue, qui s'est installée entre eux. Loin de ses éclats de voix et sauts d'humeur habituels, Kaen est tendre, patient, il apprivoise son corps comme si c'était la plus belle chose au monde.

— As-tu beaucoup souffert ? souffle Tolunay en retraçant les contours de la terrible cicatrice.

— Oui, mais je savais que je survivrai. Je t'avais fait une promesse.

— Tu n'étais pas obligé de la tenir...

A son tour, Kaen se redresse sur ses avant-bras et lui lance un regard noir.

— Bien sûr que si, gronde-t-il en contractant la mâchoire. Je n'ai qu'une parole.

— Tiens, la voilà, s'amuse Tolunay en caressant la ride que la colère a creusé entre les sourcils de son compagnon. Je me demandais combien de temps elle allait mettre à réapparaître.

Le fils du Volcan pousse un grognement agacé avant de rouler sur le flanc et d'attirer son compagnon contre lui.

— Tu m'as manqué, souffle-t-il en plongeant son visage dans les cheveux blancs. Chaque jour, à chaque instant, j'ai pensé à toi.

Le cœur de Tolunay fait un tel bond dans sa poitrine qu'il se sent obligé de presser le poing contre cette dernière de peur qu'il s'en échappe.

— J'aurais voulu t'empêcher de partir, avoue-t-il, la tête pressée contre le torse de Kaen. J'aurais voulu être là pour te protéger... pour empêcher que tu aies à vivre tout ça.

— C'était mon destin. C'est le rôle des hommes de ma famille de protéger le clan... Il fallait que je parte, il fallait que je me rende digne... Je n'aurais pas pu te regarder à nouveau dans les yeux si je ne l'avais pas fait.

— Tu n'avais pas besoin de partir à la guerre pour être digne de moi, proteste Tolunay en fronçant les sourcils.

— Et attendre lâchement que le danger s'abatte sur le clan ? Que tu sois en danger parce que je n'ai pas eu le courage de partir au combat ? Jamais. Tu sais que le feu n'est pas patient.

Tolunay acquiesce en silence et s'abandonne un instant à la chaleur délicieuse des doigts de Kaen sur sa peau. Ce dernier s'interrompt cependant brusquement et le jeune homme sent aussitôt la colère qui crépite en lui.

— Pourtant, ça n'a pas suffi, gronde le fils du volcan en frémissant de rage. Je n'ai pas réussi à te protéger... je n'ai pas été là.

Ébranlé par le feu qu'il sent bouillir dans la poitrine de son partenaire, Tolunay se fige, bloque sa respiration dans sa gorge.

— Tu ne pouvais pas savoir, murmure-t-il d'une voix étranglée tandis que les doigts de Kaen parcourent la peau brûlée de sa tempe, retracent la cicatrice qui a affaissé son œil droit. Ce n'est pas de ta faute.

— Ils le paieront, jure le fils du volcan d'une voix granitique, chargée de soufre. Ils le paieront tous de leur vie.

— C'est moi qui dois régler ma dette de sang, pas toi.

— Mais tu es mien. Tu es mon compagnon. Si je ne sauve pas ton honneur, qu'est-ce que cela dit de moi ?

— Ne dis pas de sottises, proteste Tolunay en se reculant, brusquement submergé par une émotion qui lui glace le sang. Tu n'as pas à sauver mon honneur... Je ne suis plus rien, je ne fais plus partie du clan.

Avec une lucidité cruelle, le jeune homme reprend brutalement conscience du réel, de sa position, de leur situation. Le rappel à l'ordre est si brutal qu'il se sent obligé de se défaire de l'étreinte de Kaen, de retrouver de l'espace pour respirer et ne pas s'abandonner dans une illusion qui risque d'éclater à tout moment.

Son mouvement de recul fait froncer les sourcils du fils du volcan.

— Qu'as-tu ? demande celui-ci en tendant le bras pour toucher le sien.

— Je suis tien, tu as raison sur ce point, répond Tolunay d'une voix blanche. Peut-être même est-ce le cas depuis bien longtemps... Mais tu ne pourras jamais être mien. Tu es fils de volcan, tu es notre futur chef, une femme t'attend... une femme qui t'est promise et qui te donnera des héritiers. Je ne peux pas... je ne pourrai pas...

— Tais-toi, l'interrompt aussitôt Kaen, un grondement sourd coincé dans la gorge. N'éveille pas ma colère en proférant des paroles insensées.

— Ce ne sont pas des paroles insensées ! Tu sais que j'ai raison !

— Penses-tu vraiment que quiconque à part toi m'a attendu ? ricane amèrement le fils du volcan. Ma femme, comme tu dis, a épousé depuis bien longtemps un autre homme. Crois-tu sincèrement que son père l'aurait laissée attendre indéfiniment un homme qui risquait chaque jour de mourir au combat ? Même la promesse de terres fertiles n'est pas suffisante pour prendre le risque. Et si ç'avait été le cas, j'aurais refusé de l'épouser. J'ai passé un temps bien trop long loin de toi, j'ai eu le temps de grandir, de réfléchir... Tu ne peux pas me reprocher de savoir désormais ce que je veux.

— Ton père ne te laissera jamais...

— Mon père est mort, le coupe une nouvelle fois Kaen en braquant ses yeux incandescents sur son visage. Je suis le chef de clan, je suis celui auquel doivent obéir tous les fils du volcan. Comprends-tu cela ? J'aurais pu... j'aurais pu sauver mon père, j'aurais pu essayer avec plus d'ardeur de panser ses plaies... mais je ne l'ai pas fait. Comprends-tu ce que je te dis ? Je ne l'ai pas fait parce que je savais ce que je voulais et que pour cela, il fallait que mon père disparaisse.

Le visage de Tolunay doit exprimer toute sa stupeur car son compagnon reste silencieux un long moment, se contentant de soutenir son regard choqué.

— Je ne l'ai pas tué, se sent-il obligé de préciser face à l'intensité des yeux d'acier. Il est réellement mort au combat, j'ai juste...

— Je sais, sourit le plus jeune en posant sa main sur la bouche de son partenaire. Je sais ce que tu as fait... Kaen... Réalises-tu quel chemin tu t'apprêtes à prendre ?

— N'est-ce pas ce que tu souhaites ? s'enquiert le concerné, une lueur inquiète au fond des iris.

Tolunay observe avec un léger amusement l'effort que fait aussitôt Kaen pour dissimuler la faiblesse qu'il a laissé entrevoir. Doucement, il se rapproche de son amant, enjambe son corps brûlant et prend son visage en coupe.

— Bien sûr que si, souffle-t-il en frissonnant sous la morsure du regard de braise sur sa peau. Bien sûr que je souhaite être à tes côtés, mais... Ce n'est pas si simple. Je ne suis plus juste à l'écart du clan, j'en suis complètement banni. On n'acceptera jamais que tu me prennes comme compagnon, tout fils du volcan que tu sois. Si tu fais cela, tu prends le risque de tout perdre... ta place, ton honneur, le respect qu'on te voue... Ne prends pas de décision hâtive, je ne supporterais pas d'être celui qui a gâché ta vie... On vient à peine de se retrouver, tu ne sais pas si tu veux vraiment faire ta vie avec m...

— Tais-toi, par la colère du volcan, tu parles trop, soupire Kaen en l'attirant contre lui pour l'étouffer contre son torse. Je sais ce que je fais, d'accord ? Je sais ce que je veux. Je t'en prie, n'en doute pas... j'ai besoin que tu n'en doutes pas, j'ai besoin que tu sois certain de ce que je fais... Si tu ne veux pas, si tu n'es pas sûr... alors j'attendrai.

— Tu en es incapable, le taquine Tolunay en haussant un sourcil moqueur.

— Je peux très bien essayer, rugit en réponse son partenaire en lui jetant un regard noir.

Le fils du Serpent éclate de rire et le son surprend tellement son amant que ce dernier se fige, émerveillé.

— Je ne t'avais encore jamais entendu rire ainsi, murmure-t-il, les yeux brillants.

— Et moi je ne t'avais encore jamais vu aussi docile, sourit le concerné. Le temps a finalement bien fait les choses.

Tendrement, Kaen glisse ses mains sur ses hanches et les fait basculer de sorte Ă  se trouver au-dessus de son amant.

— Ton frère ne te laissera pas reprendre ta place aussi facilement, l'informe Tolunay en fermant les yeux sous les baisers que Kaen égraine dans son cou. Il a pris goût au pouvoir.

— Qu'importe. Je la lui arracherai si besoin. Il a perdu tout mon respect et toute mon affection le jour où il t'a touché.

— Que le feu est possessif...

Une morsure Ă  la base de son cou arrache un glapissement Ă  Tolunay et l'empĂŞche de pousser sa provocation plus loin.

— Oh tu n'en as aucune idée, gronde Kaen contre sa peau froide.

A ces mots, le fils du volcan plonge entre ses jambes et marque de son passage l'intérieur de ses cuisses.

— Où as-tu... où as-tu appris tout cela ? halète Tolunay en se rappelant l'intensité du plaisir qui l'a traversé plus tôt dans la soirée, cette cascade d'émotions qui l'a fait passer du rire aux larmes.

Kaen redresse la tête à temps pour voir l'étincelle accusatrice dans les yeux gris. Amusé, il regarde un instant son amant essayer de se reconstituer une figure impassible mais la grimace ne lui a pas échappé. Elle le ravit même.

— J'ai beaucoup observé, répond-il en glissant son nez le long de l'aine de son compagnon. Il se passe beaucoup de choses dans les campements, surtout quand les hommes restent seuls trop longtemps.

— Tu... tu n'as pas... ?

Kaen redresse la tête pour happer le regard incertain de son amant puis dépose un baiser brûlant sur son ventre.

— Jamais. Tu es le seul à qui je veux appartenir.

Comment this paragraph

Comment

No comment yet