〔 L’Étherium et les composés qui lui sont rapportés sont la propriété exclusive de l’Empire, qui s'occupe de sa gestion et de sa commercialisation après extraction ▿ Gloire à l'Empire 〕
ᴇxᴛʀᴀɪᴛ ᴅᴜ ᴄᴏᴅᴇ ɪᴍᴘᴇ́ʀɪᴀʟ – ᴇ́ᴅɪᴛɪᴏɴ ᴠɪ
┈ ⋞ 〈 ⏣ 〉 ⋟ ┈
« Eden, c'est encore Kacie. T’es où ? Le Lieutenant Vargo et moi on t'attend. Crame pas tes chances s'il te plaît. Gloire à l’Empire »
Un grognement rauque, à mi-chemin entre le ronflement et la plainte, s’échappa de la bouche grande ouverte d’Eden, bien enfoncé dans sa couette douillette. Sans même prendre la peine d’ouvrir les yeux, il tendit le bras vers sa table de nuit, cherchant à l’aveugle son transpondeur dont le grésillement menaçait de faire exploser sa tête.
Aussitôt, il regretta d'avoir bougé. De ses épaules à ses cuisses, tout son corps se mit à protester. Point d’orgue, le bourdonnement dans sa tête s’intensifia, grondement presque métallique qui semblait résonner jusque dans ses pauvres os. Chaque soupir, chaque respiration était douloureuse, comme si une grosse foreuse à Étherium avait élu domicile entre son lobe frontal et sa boîte crânienne.
Que s’était-il passé ?
— Nngh...
La bouche pâteuse, il se risqua à ouvrir un œil, réprimant un sursaut de panique.
Son élégant appartement était sens-dessus-dessous. Ses vêtements, d’ordinaire pliés au cordeau sur le dossier de son fauteuil de lecture, étaient éparpillés aux quatre coins de la pièce, ses bottes de vinyle laissées pour compte dans l’entrée.
Le coup de grâce lui fut porté lorsqu’il remarqua le sous vêtement gris abandonné au pied du lit, aux prises avec une horrible veste de cuir jaune, bariolée de badges et de patchworks qui n’avaient rien à faire dans le lieu de vie d’un ingénieur gradé.
— Salut, mon petit ingénieur grognon. T’as une sale tête.
Eden sursauta, gémissant misérablement alors que sa migraine devenait plus intense. Il tourna lentement la tête avant de se laisser retomber en arrière en apercevant ce qui venait de sortir de sa salle de bain - torse tatoué, cheveux roux, sourire insolent, seulement vêtu d'une serviette qui lui appartenait.
— Me dis pas que c’est pas vrai... il couina, dépité, ramenant la couette contre lui alors qu’affluaient les souvenirs de la veille.
Le bar. Le tintement de la dizaine de verres qu'il s'était enquillés. Les doigts tatoués de ce type contre sa nuque. Les draps froissés. Le contact glacial de la baie vitrée, contraste saisissant avec les va-et-vient brûlants, entre ses cuiss-
— Prends ça.
Il releva un œil désespéré vers son coup d’un soir. Le rouquin s’était approché, deux cachets bleu pâle dans le creux de sa paume tatouée, sans quitter son foutu sourire :
— Promis, c’est pas du poison, j'ai pris ça dans ton armoire à pharmacie. Tu as besoin d’autre chose ?
Eden secoua la tête, attrapant les pilules d’Étherium sans quitter son air furibond. Face à cette mine peu engageante, son squatter surprise eut un petit rire, ébouriffant ses cheveux dans sa grande main comme s’il n’avait été qu’un petit chat en colère :
— T'es vraiment mignon en plus d'être un dieu au pieu.
Malgré lui, l’ingénieur sentit ses joues s’empourprer.
— Ryk. Je m'appelle Ryk. Si tu as oubli-
L’interrompant, le transpondeur d’Eden se réactiva :
« Eden, c'est la dernière fois que je te laisse un message. Vargo est à deux doigts de t’envoyer un droïde et tu sais qu'il en est capable. Alors grouille, crétin. (Silence) Gloire à l'Empire. »
Ryk eut petit rire, rassemblant ses affaires qui étaient elles aussi abandonnées aux quatre coins de l’appartement. Puis rapidement, il s'habilla, ajustant son pantalon de travail et son pull sous le regard d'un Eden qui tentait de remettre les choses en place dans son esprit, encore fumeux des dernières vapeurs d’alcool que l’Étherium peinait à dissiper.
Aidés par la substance, les douleurs dans son dos se résorbaient elles aussi, lui permettant bientôt de se redresser sur le bord du lit, la tête entre les mains. La couette avait glissé, le laissant nu, mais il se doutait qu’en vue de ce qu'il avait partagé avec le rouquin la veille, ce dernier n’en aurait cure.
Le silence s'installa, seulement troublé par le tic-tac du transpondeur cabossé que portait Ryk à la ceinture. Sa veste jaune sur les épaules, il se pencha sur Eden, prenant son menton entre son pouce et son index.
— Hé. Essaie de ne pas trop te miner. On a passé un bon moment, c'est tout. L'admin n'a rien à dire la dessus, on a encore le droit de prendre son pied.
— T’es psychologue ?
— Non, mécano.
Eden haussa un sourcil. Mécano hein ? Il était vraiment définitivement tombé bien bas.
— Dans les garages, ouais. A vrai dire... C'était la première fois que je me tapais l'incruste dans une cantina grade trois. Je voulais juste me bourrer la gueule à la base mais...
Ryk marqua une petite pause, l'air un peu gêné.
— J'ai été un peu lourdingue, je reconnais. Mais t’es vraiment putain de canon et je m'en serais voulu toute ma vie de pas essayer de te parler.
Cette fois, ce fut au tour d’Eden d’éclater de rire. Un rire sincère, presque douloureux tant cela ne lui arrivait jamais :
— Tu sais que tu es éclaté en drague ?
Ryk rit à son tour :
— Ma technique marche non ? Si je suis encore ici sans que tu m’aie viré à coups de pied aux fesses.
Il avait répondu du tac au tac, sans quitter son petit sourire. Un Eden qui n’aurait pas été en gueule de bois l’aurait bien foutu dehors immédiatement histoire de lui montrer qui était l’ingénieur gradé dans la pièce. Mais après avoir passé de nombreux mois à partager son appartement avec son ex un peu psycho-rigide, cette répartie était rafraîchissante.
Et étrangement... Cela lui plaisait. Cet inconnu lui plaisait.
Loin de la lumière glauque des brilleurs de la cantina, il découvrait un visage aux traits encore juvéniles, bien que marqué par les travaux au soleil, constellé de tâches de rousseur et de cicatrices. La plus récente, encore rouge, barrait son œil droit, lui donnant définitivement une allure de mauvais garçon qui n'était pas pour lui déplaire.
Oui, ce rouquin n'avait ni la plastique parfaite de son ex, ni l'air propre sur lui des administrés de l’Empire (Gloire à l’Empire !). Mais il avait indubitablement quelque chose d’attirant. Peut-être était-ce les compliments qu'il lui avait adressés - il l'avait tout de même comparé à une œuvre d'art ! - peut-être ses yeux qui restaient rivés sur lui, leur couleur verte si étrange semblant vouloir le dévorer, encore.
Alors, timidement, il se redressa, laissant le drap glisser pour venir l’embrasser, plus chastement que la veill-
« Eden ! Le droïde est en route. Alors tu vas magner tes fesses maintenant ! Gloire à l'Empire ! »
— Je crois que c'est même pas toi qui va me chasser. Rit Ryk contre ses lèvres. Je suis un peu en retard moi aussi. On se retrouve... Plus tard ?
Maudissant sa collègue trop zélée, Eden hocha la tête.
— Ouais. Plus tard. Gloire à l’Emp-
Le rouquin ne lui laissa pas terminer, lui arrachant un ultime baiser sur ses lèvres avant de tourner les talons, lui adressant un petit signe de main. Seul, Eden prit quelques instants pour se ressaisir. Il se sentait étrange, là tout de suite, couvert de suçons et de petites marques plus intimes encore, les joues étrangement rouges, l’esprit embrumé de souvenirs brûlants...
Une douche fumante plus tard - qu’il aurait aimé voir durer plus longtemps, mais la crainte de voir un droïde impérial (Gloire à l'Empire !) débarquer pendant qu'il se faisait plaisir sous la douche l’avait emporté - il sortit, habillé de pied de cap. Machinalement, il effleura la marque des trois étoiles qui avaient été arrachées sur sa combinaison, jetant un regard courroucé au miroir qui s'évertuait à vouloir lui renvoyer un reflet aux yeux profondément cernés et à la gorge marquée de suçons (l’Étherium n'avait pas encore fait ses miracles).
On frappa contre sa porte. Trois coups secs.
— Eden Valerianzzzz Ewardzzzz. Zézéya une voix robotique de l'autre côté du panneau imitation acajou. Je suis envoyézzz par le lieutenant Vargozzzz.
Avec un soupir, Eden s’équipa de son transpondeur avant de faire coulisser la porte. Son regard s’accorcha immédiatement sur deux yeux jaunes globuleux dominant une face de cuivre couverte de graisse et de poussière.
— Je suis là, inutile de s'énerver. Il lança avec énervement.
— Nous nous rendonzzz sectionzzz moins troizzzz. Répondit mécaniquement le droïde avant de pivoter sur sa roue, ses bras mécaniques indiquant le chemin du grand ascenseur.
Eden gonfla les joues, enfonçant une casquette sur le sommet de son crâne, mains dans les poches, suivant le chemin qu’on lui indiquait. Une fois dans la grande cabine vitrée qui parcourait la station de haut en bas, il ferma les yeux, ignorant le bourdonnement métallique du droïde hors d'âge pour essayer de se composer un visage professionnel.
Vargo était un grade six. Lui un grade rien du tout. Pour une fois, Kacie avait raison, ça n'était pas le moment de merder.
Débouchant au moins trois, toujours escorté de son androïde-nounou, il inspira une dernière fois avant de sortir de la cabine de verre, tentant de garder le dos droit malgré ses courbatures. Au-dessus de lui, de gros globes lumineux simulaient la lumière du jour : le soleil ne brillait jamais, si bas dans la station. Ainsi, tout semblait toujours plongé dans l'ombre des mines d’Étherium, les soleils artificiels projetant des ombres ternes sur les foreuses à la taille monstrueuse stockées le long de la promenade.
Dans ce décor sombre, gras et poussiéreux, Eden dénotait un peu, avec son uniforme d'ingénieur tiré à quatre épingles. De couleur gris pâle, sa propreté et ses sangles parfaitement ajustées contrastaient avec les vêtements anthracite attribués aux grades inférieurs de la station. Ces derniers s’activaient déjà malgré l'heure matinale, le cliquetis des clés de serrage joignant la cacophonie des moteurs en plein entretien.
Ryk était il parmi eux ? Songea Eden en laissant son regard bleu glisser sur un groupe d’ouvriers occupés à changer une grosse pièce sur un enrouleur, sous la surveillance étroite d'un soldat impérial (Gloire à l’Empire !). Il l'aurait bien vu, moulé dans son pull gris, penché sur l'un de ces grosses spires, couvert de graisse et de poussière.
Arg. À quoi pensait-il encore ?! Il n'avait plus vingt ans. Ça ne lui ressemblait pas de s'emballer autant pour un simple coup d'un soir...
— Icizzzz...
Tiré de son fantasme mettant en scène cambouis et main tatouées, il suivit le doigt de l’androïde qui lui désignait un petit préfabriqué un peu trop propre pour son environnement, devant lequel l’attendait une Kacie aux traits pincés. Reconnaissant Eden, elle lui fit un signe de main, ses yeux teintés par l’Étherium se plissant sous l’effet de la colère :
— Eden ! Purée d’eau douce ! T’as cru qu'on avait notre journée ?
Puis sans ménagement, elle l’attrapa par le bras, le tirant vers la porte du bureau improvisé tout en congédiant le droïde qui repartit travailler sur les machines (ce qui expliquait son air de vieille casserole rouillée, ça n'était pas un droïde destiné aux étages supérieurs). Aussitôt, une forte odeur de renfermé prit Eden à la gorge, à l'antipode de la douce odeur iodée qui avait toujours humée dans le bureau des ingénieurs.
L'intérieur du préfabriqué était exigu et plongé dans un chaos total, des pièces électroniques et mécaniques se mêlant à de gros dossiers qui menaçaient d'éclater tant ils étaient épais. Au centre de ce capharnaüm, le lieutenant Vargo était occupé à pianoter sur son transpondeur avec une mine sévère, les pieds sur le bureau.
—Valerian. Toujours aussi... ponctuel. Il commenta, sans même lever les yeux vers lui.
Le concerné ne chercha pas à répondre, se contentant de grimacer en entendant son nom d’usage.Vargo était un homme austère avec lequel il ne valait mieux pas rigoler. Sa combinaison, blanche, était ornée de six étoiles dorées, semblables à celles qu’on lui avait arrachées, signalant par-là même son statut dans la hiérarchie impériale (Gloire à l’Empire !).
Cessant de taper sur son transpondeur, il leva un œil bleu vers Eden, les lèvres pincées.
— Tes derniers tests sont bons ?
— J'ai eu quatre-vingt-dix-sept pourcents, lieutenant. Vous les connaissez, c'est vous qui me les avez fait pass-
— Réponds uniquement aux questions que je te pose, j'ai déjà perdu assez de temps comme ça. Le coupa Vargo avec un claquement de langue agacé. T’es là parce que j'ai personne d'autre sous la main. Alors écoute ce que j'ai à te dire, compris ?
Eden inspira doucement par le nez, retenant la remarque désobligeante qui lui brûlait les lèvres (et qui avait à voir avec la manière totalement injuste dont on l'avait renvoyé, lui dont le travail avait été irréprochable jusqu'à la fameuse affaire avec Brad). Mais insensible à la tension qui l’habitait, Vargo soupira, ses bottes en vinyle quittant le bureau alors qu'il se redressait pour attraper un petit réceptacle électronique de silice et d’acier, empli d'un liquide bleu légèrement phosphorescent.
— Trois vaisseaux cargos ont été foutus en l'air lors du dernier envoi en hyper-espace. Le code de sécurisation des capsules est censé protéger l’Étherium dans ce cas précis. Hors cette fois, il n'a pas été un obstacle. Les rebelles ont cassé l’encryptage comme s'il s’agissait d'une simple devinette. La propriété de l’Empire - éternelle soit sa gloire - est aux mains de ces criminels.
Disant cela, il fit rouler la capsule entre ses doigts, tapotant l’embout où l’on insérait normalement la clé permettant de libérer le précieux Étherium.
Bras croisés, Eden fronça les sourcils. Ces réceptacles de stockage, il les avait vu toute sa vie, que ce soit en salle d’extraction ou dans les caisses de chargement. Véritables petits bijoux de technologie, ils étaient réputés inviolables.
— Je suis ingénieur-extracteur, c'est pas à moi de-
— Tu étais ingénieur-extracteur. Rétorqua Vargo. Et crois moi, si j'avais le choix, tu ne serais pas dans ce bureau. Tu vas me trouver la faille dans le cryptage actuel, et le sécuriser les prochaines cargaisons. Et si jamais quelqu'un casse ton code... ça sera toi le prochain à te faire casser, pigé ?
La voix était froide, sans appel. Ouch. Le lieutenant Vargo avait la réputation d'être sévère mais là...
— ...compris. il marmonna.
— Bien. Tu commences maintenant, ici-même, comme ça tu pourras tester les procédés d’encapsulation sur les extractrices en maintenance. Il n'est pas sans dire que tu travailleras seul, tu as assez fait de dégâts comme ça.
Eden leva les yeux au ciel. Il allait passer ses journées sous terre, dans ce bureau en bordel, avec pour seule compagnie l'odeur nauséabonde de moisi qui s'échappait des vieux dossiers de Vargo. Tout était génial.
— Kacie est responsable de ta mission. Tu es tenu de lui faire un rapport chaque soir afin de notifier ton avancée. En présentiel, là-haut, pas avec ton transpondeur.
— Merveilleux. Elle doit m’accompagner au dodo aussi ? Pour m'assurer que je me brosse bien les dents ?
Derrière lui, Kacie s’étrangla. La remarque acerbe était sortie avant même qu’Eden ne puisse la contenir. Vargo lui adressa un regard glacial :
— Je ne crois pas que tu sois en position de faire le malin.
Avec un petit bruit métallique, l’ingénieur impérial (Gloire à l'Empire !), avait déposé deux petites étoiles sur le bureau. Dorées, elles semblaient trop brillantes pour cet environnement où la moisissure régnait en maître.
Eden sentit sa gorge s'assécher.
Deux étoiles.
Pas trois.
Il ouvrit la bouche, prêt à protester, mais Vargo l'interrompit d'un signe de la main :
— Je t’annonce dès maintenant que récupérer la troisième maintenant est hors de question. Range toi Eden. Tu as quel âge...? Trente ? Trouve toi un partenaire, fais une demande auprès de l’empire pour prendre une pupille. J'y réfléchirai à ce moment.
Le ton était sans appel : même du temps où Eden était dans ses bonnes grâces, c'était toujours Vargo, qui mettait fin aux conversations. L’homme se leva, lui adressa un léger signe de tête :
— Ce soir. Kacie attend son rapport. Essaie de ne pas me décevoir encore. Gloire à l’Empire.
— Gloire à l’Empire... Répondit Eden, les dents serrées, enfouissant au plus profond de lui l’envie qu'il avait de répondre.
Il entendit la porte claquer, se retrouvant seul, dans son odeur de décomposition, face à une vieille capsule et un ordinateur de commande pas en bien meilleur état. Avec un soupir, il se laissa tomber sur la chaise de bureau occupée par Vargo quelques minutes auparavant, les bras croisés derrière la tête.
À ce stade, c'était même plus une mise au placard. On l'avait carrément enterré dans l’étage moins trois, en lui confiant une tâche hors de son champ d’expertise. Sisyphe et sa foreuse. Le cryptage, il en avait fait lors de ses études ; mais là...
— Allez vieux. Il marmonna en attrapant la capsule explosée pour la brancher au vieil ordinateur en fin de vie qui disparaissait presque sous les dossiers entassés dans le bureau.
Avec un ronflement de vaisseau-cargo, l’écran s’illumina en vert, affichant un bureau vide. Pas un dossier, pas une fiche technique à l’horizon. De dépit, il tapota la capsule d’Étherium vide, espérant activer quelque chose. Il brancha, débrancha, secoua... Mais rien à faire.
Son regard fut soudain attiré par une feuille qui dépassait de l'un des gros dossiers périlleusement empilés autour de lui. Il tira sur le papier thermique un peu fragile (à ce stade, et vu sa couleur, il aurait pu être confondu avec torchon) instinctivement attiré par une série de caractères imprimés.
Une note technique sans doute. Mais quelque chose clochait.
— C'est quoi ce bordel... Il souffla, tirant la feuille sous la lumière pour la défroisser.
C'était une série de caractères. Un alphabet même. Chaque lettre était associée à un symbole, chaque symbole à une clé de six chiffres.
— Attends...
Le goût amer de la réalisation lui montait à la gorge alors qu'il tirait d’autres feuilles qui dépassaient ça et là, certaines datées, d’autres paraphées dans la langue de l’ancienne république.
La vieille république était tombée bien avant sa naissance.
Il réalisa.
— Putain...
Les dossiers défraîchis, stockés dans ce bureau pourri (qui n'en était même pas un) n'étaient pas un simple décorum.
C'était officiel. l'Empire (Gloire à l’Empire !), avec ses vaisseaux-cargo et ses précieuses caisses d’Étherium, utilisait un système d'encryptage datant de l’ancienne république. Pire encore : ce fichu système était si ancien qu'il n'avait jamais été retranscrit sur le système informatique impérial (...Gloire à l’Empire ?!).
Soulevant un nuage de poussière, Eden se laissa retomber sur le fauteuil, la tête entre les mains.
Non définitivement, dire qu'il avait la haine était un bien bel euphémisme.