Althéa
Il pleuvait. Beaucoup trop pour un mois de juillet. Voilà quatre jours que le soleil avait déserté, laissant sa place aux nuages et aux orages. Et cela commençait sérieusement à taper sur les nerfs d’Althéa. Elle avait, au début des vacances, décidé qu’elle avancerait sur ses lectures personnelles. Dehors, allongée sur l’herbe et surtout seule. À cause du mauvais temps, elle se voyait reléguée au rangement des livres dans la petite bibliothèque du foyer. En théorie, cela aurait pu être une activité agréable. Mais, c’était sans compter sur le fait qu’elle devait également surveiller une partie d'autres enfants de l’orphelinat. Il était à peine 14 heures. Et, elle commençait déjà à perdre patience. Soudain, un fracas assourdissant brisa l’ambiance calme qui s’était installée, suivi de sanglots perçants. Althéa leva brusquement la tête. Ella et Noé, deux enfants plus jeunes qu’elle, venaient de renverser une rangée entière de livres. Une de celles qu’elle avait méticuleusement rangées la veille. Elle se précipita pour libérer les deux enfants de la montagne d’ouvrages qui venaient de les écraser, rapidement rejointe par Madame de Sachy, la directrice de l’orphelinat. À elles deux, elles dégagèrent les deux petits des conséquences de leurs bêtises.
– Pourriez-vous me rappeler la consigne que je vous avais donnée lorsque vous m’avez demandé de passer l’après-midi à la bibliothèque ? leur demanda Madame de Sachy.
– Que vous étiez d’accord, mais seulement pour venir ranger les livres… Répondit Noé entre deux sanglots.
– Et vous pensez que renverser toute une étagère, c’était une bonne idée ?, répondit-elle, d’un ton cinglant
- Mais on ne l'a pas fait exprès, Madame de Sachy, je vous jure ! ajouta Ella. C’était un accident !
- Pas à moi Ella ! Je vous vois depuis tout à l’heure courir entre les rangées. Si vous aviez respecté mes consignes, cela ne serait pas arrivé ! Sermonna la directrice.
Althéa était restée en retrait pendant que la directrice grondait les enfants. Elle savait que la directrice était quelqu’un qui aimait l’ordre et le respect des règles, mais que derrière son masque froid, elle était attachée à chaque enfant qui passait dans son orphelinat. Son objectif était simplement de les guider sur le bon chemin, afin que même si la vie les avait privés de parents, ils puissent bénéficier d’une bonne éducation qui leur permette, plus tard, de s’élever dans la société. Même si l’orphelinat était un lieu un peu austère en apparence, Madame de Sachy faisait tout son possible pour que les enfants se sentent chez eux, et acceptés, en cet endroit.
– Ce n’est rien, Madame de Sachy, interrompit Althéa. C'est seulement des livres renversés, et je suis persuadée qu’Ella et Noé se feront un plaisir de tout ranger, ajouta-t-elle en adressant un clin d’œil aux deux enfants.
– Oui madame ! On est désolé ! On va tout ranger, c’est promis ! répondirent les deux petits.
– Bien, je compte sur vous pour que cette étagère soit comme neuve dans deux heures ! Je passerai vérifier votre travail tout à l’heure, acquiesça la directrice. Althéa, je te laisse le soin de leur expliquer ta méthode et de surveiller leur tâche. Tu pourras prendre une pause après.
– Entendu, madame la directrice, je m’occupe de tout, pas d’inquiétude ! répondit Althéa
Madame de Sachy sorti de la bibliothèque et prit la direction de son bureau, sous le regard d’Althéa et des deux enfants. La jeune fille avait bien compris que son prochain moment de liberté dépendait exclusivement du travail des deux garnements. Et que plus vite ils avanceraient, plus vite, elle pourrait sortir d’ici ! Elle se tourna donc vers les enfants afin de leur donner les directives pour remettre les ouvrages à leur place. Elle reprit tranquillement son travail de son côté, tout en les surveillant du coin de l’œil. Les petits mettaient du cœur à l’ouvrage et elle ne doutait pas qu’ils finiraient rapidement. Une fois son étagère rangée, elle alla tout de même leur donner un coup de main afin que le travail soit terminé dans les temps. À la fin du temps imparti, l’étagère était redevenue telle qu'elle était quelques heures auparavant : rangée, classée et ordonnée. La directrice fut satisfaite du travail effectué, et libéra les trois enfants de leur tâche. Althéa en profita pour emprunter un livre, et se dirigea vers un de ses endroits préférés : l’Orangerie. Cet endroit était peu fréquenté par les autres enfants de l’orphelinat, et c’était justement une des raisons qui faisait qu’elle s’y sentait bien. La seule personne qu’elle pourrait rencontrer dans ce lieu était le jardinier, qu’elle assistait parfois. Lorsqu’elle arriva à destination, l’Orangerie était vide. Elle s’installa confortablement dans le petit coin qu’elle avait aménagé près de la verrière. D’ici, elle observait les gouttes de pluie qui ruisselaient sur les vitres. Elle se plongea dans sa lecture, bercée par le tapotement des gouttes sur les grands carreaux de verre. Le temps passa au rythme des pages. Althéa, qui était toujours plongée dans sa lecture, ne vit pas approcher le jeune homme qui s’était introduit dans son refuge à pas feutrés.
– Je savais que je te trouverais là, lui dit-il doucement
Althéa étouffa un grand cri en levant la tête vers celui qui avait brisé le silence qui s’était installé depuis plusieurs heures maintenant.
– Aiden ! S’exclama-t-elle en reconnaissant le garçon. Tu exagères !
– Si tu voyais ta tête ! ricana-t-il. Juste pour cette scène, ça valait le coup !
Althéa lui lança un des coussins qu’elle avait installés sur le rebord de la fenêtre. Aiden l’évita facilement, habitué à cette réaction de la part de sa petite sœur.
– Qu’est-ce que tu lis cette fois ? demanda-t-il.
– J’ai repris le livre de la dernière fois, répondit-elle. Il n’y a pas encore eu de nouveaux arrivages à la bibliothèque cette semaine, alors je m’occupe.
Aiden ne répondit pas. Il avait l’habitude d’être plus loquace d’habitude, et cela inquiéta Althéa.
– Qu’est-ce que tu fais là d’ailleurs ? Il n’est même pas six heures, reprit-elle
Aiden prit une profonde respiration, et un air un peu grave.
– Il fallait que je te parle Althéa, c’est important, et je préférais t' annoncer directement la nouvelle.
– Que se passe-t-il Aiden ?
Quelques secondes passèrent et Aiden avait l’air de quelqu’un qui portait tout le malheur du monde.
– J’ai trouvé un maître d’alternance grâce à Madame de Sachy, finit-il par avouer.
– Mais c’est génial Aiden ! Félicitations !
Mais, son frère n’affichait pas le même enthousiasme. Cela alerta immédiatement Althéa.
– C’est quoi le problème Aiden ? Parce que vu ta tête, quelque chose cloche là.
– La boutique de Monsieur Brunnes, mon maitre d’alternance, se trouve à Paris, Althéa. Je vais devoir quitter Saint-Clément.
Cette phrase resterait à jamais gravée dans l’esprit d’Althéa. Parce qu'elle signifiait que le pilier qui maintenait son monde venait de disparaitre. Aiden était celui avec qui elle avait grandi, avec qui elle avait tissé des liens profonds, et le seul à qui elle pouvait tout confier. Et, il allait s’en aller. Pour construire sa propre vie, dont elle n’en ferait pas partie. Des larmes se mirent à couler le long de ses joues, témoins du choc qui venait de la traverser. Aiden la prit dans ses bras et murmura des paroles qui échappaient à Althéa. Elle entendait seulement la petite voix dans sa tête qui s’exprimaient beaucoup trop fort et beaucoup trop vite. “Tout le monde t’abandonne”, “personne ne t’aime”, “même Aiden préfère vivre loin de toi”, “tu vas finir SEULE”. Ce dernier mot résonna davantage que les autres, car il représentait sa peur la plus profonde. La peur qu’elle avait surmontée jusqu’à aujourd’hui grâce à Aiden. Et, son départ signifiait pour elle qu’il faudrait continuer cette lutte seule.
– Althéa, regarde-moi, lui dit Aiden en la prenant par les épaules. Je ne vais pas t’oublier d’accord. 800 km ne changeront rien. Mais, c’est une opportunité que je ne peux pas refuser, tu comprends ?
Elle resta silencieuse en séchant doucement ses larmes. Une vague de culpabilité l’envahit. Elle s’était laissé submerger par sa douleur, oubliant que le rêve de son frère était enfin à portée de main. Depuis qu’elle l’avait rencontré, Aiden n’avait jamais cessé de lui parler des grandes maisons de luxe parisiennes, des collections de vêtements qu’il aimerait créer, et qu’il avait déjà dessiné dans ses carnets de croquis. Il était tellement passionné et investi que la directrice elle-même avait commencé à lui trouver du matériel pour voir de quoi il était capable. Ainsi, quand elle avait vu le talent qu’il avait, elle lui avait promis qu’elle lui trouverait un moyen d’intégrer le milieu. À présent, c’était chose faite. Althéa avait simplement pensé que cela prendrait plus de temps. Elle se reconnecta au moment présent, et observa son frère : son visage était un mélange d’inquiétude et d’espoir, et elle n’avait pas à cœur de briser ses rêves par égoïsme. Elle se jura mentalement de le soutenir coûte que coûte jusqu’à son départ, et ensuite, elle verrait comment tout cela évoluerait. Elle prit une grande inspiration avant de reprendre, enfin, la parole.
– Je suis heureuse pour toi Aiden, sincèrement. Je ne vais pas te mentir sur le fait que ton départ me rend triste, mais je suis tellement fière de toi. Tu mérites cette opportunité !
Alors, elle vit la joie s’afficher sur le visage de son frère, et elle sut qu’elle avait pris la bonne décision.
– Si tu savais comme j’avais peur de t’en parler ! Je te promets que rien ne changera entre nous, je t’appellerais toutes les semaines. Et, tu sais, c’est un contrat ! Donc, je vais pouvoir gagner un peu d’argent et te payer un billet pour que tu viennes me voir !
Les mots d’Aiden la rassurèrent. Il était bien décidé à rester en contact avec sa sœur malgré la distance. Il allait juste falloir s’habituer à ce que leurs échanges soient plus espacés dans le temps. Et, elle allait pouvoir aller visiter la capitale ! Pour elle qui n’était jamais allée plus loin que Montserein, la ville la plus proche de l’orphelinat, cela allait être un sacré changement. Sa crainte diminua légèrement, et elle se laissa embarquer dans le récit d’Aiden, impatient de lui expliquer comment il avait réussi à obtenir ce poste, et tout ce qu’il allait pouvoir faire une fois installé. À la fin de ses explications, ils se regardèrent, conscient que ce genre de moment se ferait bientôt plus rare.
L’horloge qui se trouvait au fond de l’Orangerie se mit alors à sonner. Sept coups qui signifiaient que le repas était servi dans la salle à manger, et qu’ils étaient en retard. Althéa remit rapidement son coin en place, et ils filèrent rapidement en direction de leur diner. Lorsqu’ils arrivèrent dans la grande salle, tous les pensionnaires de l’orphelinat étaient déjà assis et mangeaient leur diner avec engouement. Ils s’installèrent à leurs places habituelles, à la table de Madame de Sachy, comme ils étaient les pensionnaires les plus âgés. Du haut de ses dix-neuf ans, Aiden était le plus ancien d’entre eux, suivit par Althéa qui venait d’en avoir dix-sept. Ils avaient donc des responsabilités plus importantes vis-à-vis des plus jeunes. Et, arriver en retard ne faisait pas partie des exemples à donner. Aiden adressa quelques mots à la directrice qui, consciente de la situation, ne leur en tint pas en rigueur pour cette fois. À la fin du repas, tout le monde aidait à débarrasser et à nettoyer la salle et la vaisselle. Althéa remonta dans sa chambre après avoir vu Aiden partir avec la directrice en direction de son bureau. Elle avait eu le droit il y a un an d’obtenir une chambre personnelle après le départ d’une des pensionnaires, et avoir son espace privé était une sensation qui ne la dérangerait jamais. Après avoir refermé la porte de sa chambre, elle essaya de digérer les évènements de la journée : Aiden s’en allait dans une semaine. Elle allait donc tout faire pour que leurs derniers souvenirs ici soient gravés dans leurs mémoires, pour qu’il ne l’oublie pas, même à 3 000 km d’elle. Elle passa donc une partie de la nuit à construire un planning de toutes les activités qu’elle voulait faire avec lui avant son départ. Elle finit par s’endormir, satisfaite de son travail et excitée à l’idée de présenter ses idées à Aiden.
La semaine passa trop rapidement aux yeux d’Althéa. Aiden avait adhéré à ses idées, et ils avaient passé leur temps ensemble pour se créer des souvenirs qu’Althéa espérait inoubliables. Leur dernière soirée touchait progressivement à sa fin. Madame de Sachy les avait autorisés à aller en ville pour manger. Ils avaient même eu l’autorisation d’aller se promener dans les boutiques de la ville avec un peu d’argent de poche. Ils en avaient profité pour s’acheter un bracelet tressé, bleu pour Aiden et violet pour Althéa, afin qu’ils aient toujours, avec eux, quelque chose qui les relie. Au crépuscule, ils prirent le trajet de l’orphelinat, qui se trouvait à deux kilomètres de la ville. Le chemin du retour se fit sans un bruit. Ils n’avaient pas besoin de mots, ils s’étaient déjà tout dits. À présent, ils profitaient simplement de leur présence mutuelle, et de la chaleur estivale qui retombait doucement à l’approche de la nuit. Soudain, Aiden s’arrêta au milieu du chemin qui menait à l’orphelinat, près du petit jardin où ils aimaient passer leur temps libre. Il lui prit tendrement la main et la guida vers l’entrée du parc. Ensemble, ils traversèrent le portail en acier et prirent la direction du grand arbre centenaire, qui se trouvait au centre du parc. Lorsqu’ils l’atteignirent, Aiden l’attira avec lui et enjamba la bordure qui délimitait l’espace dédié à l’arbre. Il avança un peu loin qu’elle, pour se retrouver dos à elle.
– Althéa… Murmura-t-il.
– Aiden ? Tout va bien ? s’inquiéta la jeune fille
– Tu sais que je ne t’oublierai jamais, hein, lui dit-il en se retournant vers elle.
Althéa vit une lueur étrange dans ses yeux. Une lueur qu’elle n’avait jamais vue chez celui qui l’avait épaulé toute sa vie. Un mélange de tristesse, de peur et de fierté qui évoluait dans ses yeux verts, si semblables aux siens.
– Depuis le jour où on est arrivé ici, je redoute cet instant, reprit Aiden. Le moment où je devrais te dire au revoir, sans vraiment savoir quand je te reverrai. Maintenant, je vais devoir espérer que tu arrives à t’en sortir toute seule, jusqu’au jour où on se retrouvera.
Althéa ignorait quoi répondre à cela. Elle savait qu’il était aussi triste qu’elle de devoir partir, même si c’était pour réaliser ses rêves. Mais, elle ne comprenait pas la peur qui continuait de grandir dans ses yeux. Il leva la tête vers les hauteurs du grand chêne, observant les feuilles frémirent sous le souffle du vent.
– À partir de demain, je ne serai plus là pour t’épauler dans tes choix, repris Aiden. Tu dois arriver à le faire toute seule, que tu crois en toi et tes capacités. Tu n’es plus la petite fille fragile que tu étais quand nous sommes arrivés dans cette ville. Tu es forte et intelligente, tu sauras t’en sortir par toi-même. J’ai confiance en toi Althéa.
– Je ne comprends pas pourquoi tu me dis tout cela, mais j’essaierai d’être à la hauteur de tes espérances. Je te le promets, répondit-elle en franchissant l’espace qui les séparait.
– Promets-moi surtout d’écouter ton instinct et surtout, de ne faire confiance à personne d’autre qu’à toi-même, d’accord ?
– C’est promis.
Aiden prit sa sœur dans ses bras et la serra aussi fort qu’il le pouvait. Après leur étreinte, ils s'installèrent contre le grand arbre sans rompre pour autant le contact de leurs mains.
Lorsque qu’elle s’adossa, elle ressentit une vive douleur au niveau de son cou, comme si un insecte l’avait piqué. Elle porta immédiatement la main à sa gorge, retenant un petit cri de douleur.
– Tout va bien ? Demanda Aiden en voyant sa sœur sursauter.
– Oui, je crois que quelque chose vient de me piquer.
– Laisse-moi regarder ton cou, répondit son frère. Ah, je ne vois rien du tout, il fait trop noir. On devrait rentrer de toute façon, il est tard et je pense que Madame de Sachy doit se faire un sang d’encre.
Ils se levèrent et reprirent le chemin de l’orphelinat, main dans la main.
Arrivés à destination, la directrice les attendait sur le perron, accompagné d’un homme en costume.
– Eh bien mon garçon, je m’inquiétais de ne pas te voir arriver ! s’exclama l’homme qu’Althéa ne connaissait pas.
- Monsieur Brunnes, salua Aiden. Vous ne deviez pas arriver demain matin ?
– Il est vrai, mais j’avais indiqué à Madame de Sachy qu’il serait plus commode pour moi de te récupérer ce soir pour que nous voyagions de nuit. Elle ne t’en a pas parlé ? Qu’importe, beaucoup de travail nous attend demain matin !
Le cœur d’Althéa rata un battement.
– Ce soir ? Vous partez ce soir ?
– Nous partons maintenant ! répondit l’homme. Va chercher ta valise Aiden, je te prie.
Aiden adressa un regard dévasté à sa sœur en montant les marches qui menaient à la porte d’entrée du bâtiment. Althéa devint blême. Il partait maintenant. Pas demain, tout de suite. Aiden revint quelques minutes plus tard, avec son sac à dos et ses affaires qu’il déposa dans la voiture qui les attendait, lui et Monsieur Brunnes.
– Madame de Sachy, dit Aiden en se tournant vers la directrice, je vous remercie infiniment pour tout ce que vous avez fait pour moi. Je ne vous demanderai qu’une seule chose. Prenez soin de ma petite sœur en mon absence.
– Ne t’en fait pas Aiden, elle est entre de bonnes mains. Je te souhaite bon courage à la capitale et j’attends de tes nouvelles régulièrement !
– C’est entendu, répondit le garçon. Et toi, dit-il en se tournant vers Althéa. N’oublie pas tout ce que je t’ai demandé tout à l’heure.
Il la prit dans ses bras.
– Je t’aime petite sœur… Murmura-t-il à l’oreille de la jeune fille. Prends soin de toi, et fais attention, d’accord ? Je te retrouverai toujours, n’en doute pas.
Il libéra son étreinte, dévisagea la jeune fille une dernière fois, et sans attendre sa réponse, il monta dans la voiture. Celle-ci démarra, Monsieur Brunnes ayant pris place côté conducteur le temps qu’Aiden fasse ses derniers adieux. Althéa regarda le véhicule s’éloigner doucement sur la route, observant le geste de la main qui lui était adressé depuis la fenêtre côté passager du véhicule. Et, les larmes se mirent à couler. Elle entra en trombe dans le bâtiment, abandonnant la directrice sur le perron, et se dirigea en courant vers sa chambre. Une fois à l’intérieur, elle libéra enfin toutes ses larmes, témoins de la tristesse qu’elle avait renfloué ces derniers jours. Épuisée, elle s’allongea sur son lit, et finit par sombrer lentement dans un sommeil profond.