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1 - Chapitre 1 : Eve
2 - Chapitre 2 : Basil
3 - Chapitre 3 : Eve
4 - Chapitre 4 : Basil
5 - Chapitre 5 : Eve
6 - Chapitre 6 : Basil
7 - Chapitre 7 : Eve
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LiseBrey

Chapitre 3 : Eve

Comme je m’y attendais, Sasha était adossé à ma porte, les bras croisés et le visage caché par sa casquette qu’il ne quittait jamais. J’avais toujours mal, mais entre le froid et le Doliprane que j’avais pris, je pouvais garder les idées claires. D’un coup d’œil circulaire, je m’assurais qu’il était seul et avançais comme s’il n’existait pas. Maintenant qu’il n’était plus le petit chef d’un groupe de jeunes mal famés, je pouvais l’ignorer et enfin rentrer chez moi. Néanmoins, il ne l’entendait pas de cette oreille et m’immobilisa tout en me forçant à l’embrasser. Je le poussais de toutes les forces qu’il me restait, ce qu’il l’obligea à reculer d’un pas. Il semblait fou de rage et leva sa main pour me taper. Je fermais mes paupières et me recroquevillais, attendant le coup. Je savais me battre, mais face à l’homme qui avait partagé ma vie, mes réflexes n’étaient pas les mêmes. Néanmoins, rien n’arriva et lorsque j’ouvris mes yeux, je découvris Sasha enveloppé d’un masque de terreur. Son bras était resté au-dessus de moi, fermement tenu par une main qui me paraissait énorme. Je me retournais et vis l’individu étrange qui s’était assis à ma table à l’épicerie. Il scrutait Sasha avec un air de haine et je risquais de me trouver au milieu d’une seconde bagarre. Au lieu de ça, l’homme descendit ses yeux bleus vers moi. À l’instant où nos regards se croisèrent, son visage devint doux, presque désolé. Je le reconnus à cet instant. Il s’agissait de la personne qui était assise dans l’un des canapés de cuirs, mais surtout mon patron. Il lâcha Sasha et lui intima de partir. Mon ex ne fit pas plus de problèmes et parti la queue entre les jambes. Je le remerciais, mais tout ceci me semblait bizarre. Le croiser à la supérette était déjà une coïncidence alors le revoir devant ma porte d’entrée ne l’était plus. 

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— Merci de m’avoir aidé, mais est-ce que vous me suivez ? demandais-je méfiante. 

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— Je ne vous veux pas de mal.

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— Ce n’est pas ce que j’ai demandé.

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— Désolé, je souhaitais m’assurer que vous arriviez bien chez vous.

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— Excusez-moi si ma question vous parait un peu rude, mais en quoi ça vous concerne ?

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— Vous êtes mon employée, je me dois de garantir que les billes que j’ai misées soient en bon état, répliqua-t-il froidement.

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J’avais donc ma réponse, il ne s’inquiétait pas pour moi, mais pour l’argent que je représentais. Ne désirant pas être redevable à un homme comme lui, je lui demandais ce qu’il espérait en échange de son aide. Après quelques secondes de réflexion, il me rétorqua qu’il voulait un rendez-vous avec moi. Je ne comprenais pas sa requête. Un coup, il me traitait tel un objet, un coup, il souhaitait me voir. Néanmoins, je n’avais pas vraiment le choix et un tête-à-tête n’était peut-être pas si horrible. Ce ne sera qu’une journée après tout.

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— J’accepte à une seule condition, affirmais-je.

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— Je vous écoute.

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— Je décide où et quand.

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— Ça me convient, maintenant que vous êtes tirée d’affaire, je vais rentrer. Lorsque vous saurez ce que vous voulez faire, venez me voir dans mon bureau, dit-il en tournant les talons.

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Il s’éloigna de quelques mètres, mais revint sur ces pas, il avait l’air troublé, ce qui contrastait avec sa carrure imposante. 

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— Avez-vous besoin que je vous emmène à l’hôpital ? 

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— Je n’aime pas les lieux médicaux, me contentais-je de répondre.

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— Alors, préférez-vous que je vous soigne moi-même ? assista-t-il.

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— Je vais me débrouiller, merci.

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Sur ce, je me retournais et fonçais tout droit vers mon appartement et mon lit qui m’avait cruellement manqué. Quelques heures plus tard, mon réveil sonnait et je me préparais difficilement pour mon premier jour de travail. J’allais réaliser une entrée grandiose avec mes plaies et ecchymoses. 

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Alors que j’essayais de me faire petite derrière mon écran d’ordinateur, l’homme qui m’avait recrutée se posta devant moi.

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— Bonjour, as-tu pris le temps de t’habituer aux divers outils sur ton poste ? 

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— Bonjour, oui.

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Je ne voulais pas lui parler et lui répondre ces deux mots m’avaient déjà brulé la gorge. Il opéra une moue mécontente et continua : 

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— Ne sois pas rancunière, je suis ton formateur, tu vas très souvent me voir, m’informa-t-il en appuyant sur le très.

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— Si je n’ai pas le choix, lâchais-je dans un soupir.

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Je passais le reste de ma journée à éviter Lucas, mon formateur et le plus grand goujat de la boite, qui, étrangement, ne m’avait posé aucune question quant à l’état de mon visage, au contraire de mes collègues. La fin du jour venue, j’étais épuisée. L’emploi était faisable, mais les compagnons de travail étaient insupportables. Je ne voulais tout de même pas rentrer de suite chez moi. Je ne me sentais pas prête à confronter mon ex, j’avais eu ma dose d’hommes toxiques avec Lucas. Alors, je montais jusqu’au toit pour profiter de la fraicheur du soir et des premiers flocons. Nous étions encore au début du mois de décembre et la neige ne tenait pas, mais j’étais quand même contente de la voir tomber. Pendant que je jouissais de cette bulle de solitude silencieuse, j’entendais quelqu’un s’approcher de moi. Blasée, je jetais un œil à cet intrus : il s’agissait de mon patron.   

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